A toi mon grand-père qui m'a tant appris
lanad76
Tous mes proches, parents, grands-parents, cousins, parrain, marraine, amis ont accueilli mon arrivée, à l'âge de dix-huit mois, chez Jacques et Mauricette avec bienveillance et gentillesse. Je suis devenue leur fille tout naturellement et acceptée comme telle par mon entourage, jamais une réflexion déplacée ou une action maladroite qui aurait pu me faire penser le contraire. Lorsque Pépère est décédé (c'est ainsi que je l'appelais à l'époque, même si maintenant je me demande comment j'ai pu dire ce mot si laid à une personne si tendre pour moi), je n'avais que neuf ans, je n'ai pas énormément de souvenirs de lui, mais ceux que j'ai, je veux les garder comme des petites pépites de bonheur. Il m'appelait sa “coquinette” et nous aimions regarder la télé ensemble, lui assis sur son fauteuil préféré (j'ai d'ailleurs chez moi ce fauteuil en bois vintage, très moderne pour l'époque car il possède trois positions d'assises) et moi en tailleur, par terre sur le tapis de la salle, installée entre ses jambes, mes coudes sur ses cuisses. Nous répondions aux questions du jeu “des chiffres et des lettres”, en mangeant, en cachette de ma grand-mère du chocolat noir Suchard que j'affectionnais particulièrement. Lorsque le temps s'y prêtait, nous allions dans la cour de l'immeuble (appelé Îlot 34) et je faisais du vélo en toute sécurité sous sa surveillance. Lui qui était considéré comme un homme assez froid et dur, n'était que guimauve avec moi, il m'adorait, me soutenait et je me souviens parfaitement du large sourire qui illuminait son visage quand il voyait arriver sa petite fille chérie, et ça, ça vaut tout l'or du monde.