À une Folie

Jean Talabot

Je ne sais plus ton nom, tu en as eu 100, 200, combien ? Mais tout le monde a le sien.

Tu me manques, tu es si loin, si douloureusement inarrachable, alors que tu naquis dans je ne sais quel hémisphère. Tu es si électriquement loin. Si quantiquement loin.

Je ne sais pas bien ce qu'est la folie : le mot des pauvres qui explique un peu trop tout, comme un monde converse dans lequel tout le monde tomberait un jour.

Mais ce n'est pas le monde des morts, ni celui des froids, des apathiques ou des malades.
C'est une dimension, une division, si tu préfères, qui est propre à un je, au jeu, au moi.

Folie tu n'es pas le noir
incommensurable
de l'espace.

Tu es l'étoile la plus proche de moi, dans la gravité des aires, tu brilles la nuit, subsiste le jour, ce jour, toujours, je me questionnerais sur toi.

Folie, loi de la minorité, tu n'es pas un espace joyeux où les habitants inter-agissent autrement.
Tout est un à chacun, plusieurs chez soi, seuls dans la complexité unique de quelques lobes et d'un muscle.

Parfois, assis sur le trône, je me dis être toi
Être la fin de la raison elle-même, le ressenti pur d'où les cœurs de la logique je serais le roi.

Et toi logique, parlons de toi :
Petite fille bâtarde dont le sens est exotique, tu es la conclusion sensée de deux actes mathématiques, comme si c'était une loi.

Toujours sur ce trône, je pense que je le serais
La saison où illuminé, fusant, diaphane, en train de chier dans la rue
J'aurais peur et, content d'être voyant, je m'allumerais comme le savoir nu.

Mais parfois, une musique, un parfum, une passante dépassée ou une passée
Me raccrochent aux anciens élans de la loi pour comprimer les 5 portes.

Et cette passante, nous fait tous recommencer.
Nous repartons à un, à deux, à un, perdus et contents, car c'est ainsi
que se finit la fin.  

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