A une Passante III ( Extrait)
sadnezz
" [Paris, Le Chatelet, ses geôles]
Béatrice première, Reyne de France a été assassinée. Au coeur des geôles du Chatelet, deux coupables. Deux victimes. Fruit d'une liaison dangereuse, résultat d'une tragique relation, le couple régicide a été jeté à l'obscurité d'un huis clos. Quatre heures de route, pieds et poings liés, hissés sur des chevaux au galop sans grâce dans les méandres de Fontainebleau. Blessés, insultés, battus, ils ont été débarqués avec leur escorte forcée sous le regard de Notre Dame.
L'irlandais n'était pas du voyage. Perdu de vue, dieu savait où. Lors de cet interminable chemin, elle est restée silencieuse, le regard fuyant, l'esprit en otage. Lorsque le loquet claqua derrière eux, elle sembla reprendre un souffle perdu, retrouver sa respiration après de longues heures d'apnée mentale. Roland est là. Ils sont pour l'heure entiers et réunis, dans un tombeau certes, mais réunis.
Genoux dans la paille, qui d'ailleurs ne devait certainement pas leur être destinée, elle accuse le coup. De cette matinée, de cette journée incertaine et de ses blessures. Celle de la Ladivèze s'est réveillée, réouverte, elle lui fait un mal de chien. Se trainant jusqu'à Lui, elle se rapproche des pierres sombres et humides qui leur font un ciel de nuit. Se recroqueviller, attendre. Le palpitant aux abois, Corleone sent venir les représailles. Elle l'a vu tuer. Elle ne veut pas le voir tué. Belladone sent l'ébullition extérieure, une agitation trop vive, ça grouille et ça cavale, ça cavale... Sa main tremblante vient forcer celle de l'Araignée pour s'y réfugier.
Elle l'a suivi en enfer, Sadnezz sait pourtant que le pire est à venir. Elle l'a suivi depuis ce premier regard au milieu d'une place de marché bondée, l'homme de main d'Aleanore... Et dans son être, tout ne lui a pas survécu."