Abîmé.

Christophe Hulé

J'étais un gars conscient de ses failles, mais l'autre (couillon) en a fait des abîmes, quitte à  en inventer d'autres, tant et tant que tout cela n'est plus crédible.

Je crâne un peu aujourd'hui, mais j'ai mis bien du temps à comprendre l'arnaque.

L'« autre » peut vous accuser des pires abominations, auxquelles vous n'auriez même pas pensées.

C'est sans doute que ma gueule ne leur plaît pas, ou que ce prédateur sent la peur et la culpabilité, pour qui a eu une éducation, disons un peu stricte.

Stricte n'est pas le mot, aucun écart permis, et notre « société » est évangélisée et docile.

J'ai vécu l'enfance sur un petit nuage, entre bonnes sœurs et curés, entre mer et falaises, avec ce petit doute sur l'atlas qu'on me permettait de voir.

Mais que sont ces territoires ?

Tu es trop petit, on te le dira plus tard.

J'ai tôt fait hélas de les découvrir, brutalement comme on s'en doute.

Les étoiles d'or et d'argent, et les petits anges, et la crèche, et le petit Jésus, ou autres merveilles …

« Je te quitte, j'en suis désolée, j'ai tout gâché je sais ».

« Et en quoi Monsieur ce rapport serait-il mensonger, il émane de la hiérarchie ».

« Eh Ducon casses-toi, t'es pas à la hauteur ».

J'en passe et des bien pires.

Les soldats du bien sont les plus mal chaussés.

Tant qu'on ne dépasse pas les frontières de ces paradis, on continue à croire que la Terre tourne ainsi.

Et plus dure est la chute, ne dit-on pas ?

Trop conditionnés pour rejoindre les armées d'anges déchus.

«  Désolé, mais votre profil ne convient pas, bon courage dans vos recherches ».

Alors il faut errer dans les sables mouvants, et cet « autre » qui revient pour vous vendre les vertus des chutes et des écueils.

- Cent fois tu tomberas, cent fois tu te relèveras.

Bon, il y a eu les deux guerres, la Shoah, et toutes les atrocités d'après ou d'avant.

Qui oserait dire que « relativiser » fait qu'on se sent mieux.

Moi je crois, au contraire, que ceux qui sont nés fragiles se sentent d'autant plus coupables de toutes ces saloperies passées et à venir.

Oui, la croix est plus ou moins lourde, oui, les supplices ne se valent pas.

Se dire qu'il y a eu pire, est-ce glorieux ?

Que pourrais-je avec mes petits poings cruels pour inverser la courbe, comme disait François, non pas celui-ci, non, pas celui-là non plus.

Je suis marchand de misère, et j'en ai conscience, que personne ne se sente obligé de franchir le seuil de ma pauvre boutique de plusieurs millénaires.

Je ne suis pas apothicaire car il n'existe aucun remède.

Quiconque vient pour acheter n'importe quoi ou non, et se sentir un peu mieux, est le bienvenu.

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