Absolu
belles-notes
Ce matin c'est le goût de l'amertume qui me réveille. Ce goût d'inachevé, de bâclé, de fausseté. Je me réveille en compagnie de ma gueule de bois et de mes rêves inaboutis. Ils se bousculent, se pressent pour savoir lequel s'exprimera le premier et le plus fort. Face à eux, je ne peux rien, je ne suis rien. Je les écoute, les comprends mais ne peut rien faire pour eux. Ils veulent vivre mais semblent en ce jour condamnés à mourir. Je ne peux les sauver tous, il y aura des sacrifiés et des célébrés. Comment choisir ?
Après réflexion, je décide d'organiser une assemblée, une cour où chacun se présentera, exposera ses projets et ses regrets. A la fin de cela je serai je pense plus à même de décider, de trancher et donc de renoncer. Pour le moment je suis aussi perdue que le petit poucet sans ses cailloux, dans la forêt de mes pensées je me perds et m'égare et doute même de vouloir retrouver le chemin. Le chemin vers où, vers quoi ? Je ne le sais pas. Je ne sais plus ou ne sais pas ce que je veux, ce que je peux. J'aimerai que cet instant de réflexion ne finisse jamais, on n'est jamais plus tranquille que dans le possible car celui-ci est infini.
Malheureusement pour moi et mes rêves, la réalité cours plus vite que nous et il est temps de se mettre en route pour aller travailler. Travailler pour ne pas penser, pour ne pas se torturer d'idées mais également pour ne pas respirer. Je fais ici référence à la véritable respiration, celle qui vient de l'intérieur, du cœur et de l'âme voir du désespoir. La respiration qui part de l'intérieur, qui s'enfuie à l'extérieur pour revenir à l'intérieur. Passant par la bouche elle parle à la place des mots, volant dans les airs elle cherche les réponses qu'elle porte ensuite à nos regards.
Que le monde dans lequel j'évolue me paraît futile face à mes préoccupations véritables. Les ragots et les idées annoncées me paraissent vides de sens et les grandes idées des bouts de papier. Mes pensées sont plus lointaines, peu explicables et encore moins raisonnables. Elles sont liées à l'émotion, l'émotion ressentie lorsque j'écris, lorsque je joue, lorsque je pense, lorsque je dors, lorsque je vis. L'émotion, cet état indescriptible qui me prouve que j'existe. Sans elle je n'existe pas et pourtant j'ai le sentiment qu'elle me tuera. De plus en plus incontrôlable, elle pollue mes nuits et hante mes journées. L'émotion est infinie et égoïste.
En écrivant ces mots écoutant Time – Inception – Hans Zimmer je constate que mes yeux parlent pour moi, mes mains tremblent un peu, l'écriture devient douloureuse. Comment s'exprimer face à une telle perfection ? L'émotion intense que suscite ce morceau. Au delà des notes et du rythme, ce morceau est juste et respire l'éternité, l'absolu. Je profite de cette pause pour me poser la question, qui autour de moi a t il pleuré en écoutant ce morceau ? Je ne parle pas de la première écoute non je fais référence à l'émotion ressentie à chaque passage. Chez moi c'est immédiat et la 100ème écoute n'y change rien, c'est même le contraire. A chaque fois je ressens quelque chose de plus intense. J'ai l'impression de sentir ce qui ne peut être touché, de voir ce qui ne peut être vu, de vivre ce qui ne peut pas mourir. L'absolu.
Et parce que je suis persuadée que je ne pourrai pas aller plus loin ce soir en écrivant cette page, j'arrête maintenant pour retourner à mon émotion, à ma sensibilité voir mon hypersensibilité, à ma vérité.