Accord parfait
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Alunissons, ordonna le commandant Oktav à son équipage, avec un fort accent russe.
Fly, entonna le quartier-maître Allegro, l'italien, sur un mi.
Me, lui répondit instantanément Crosh, le navigateur américain, sur la même note.
To, chanta Yodel, l'ingénieur de bord allemand, d'une voix plus rocailleuse qu'un cratère lunaire.
The, reprit en écho Harmonie, l'astrophysicienne française.
Moon, compléta le commandant, les yeux extatiquement fermés.
Quand les voix des cinq membres de la mission spatiale internationale vibrèrent enfin à l'unisson, chacun tenant parfaitement la note, il y eut comme un moment de grâce dans l'habitacle, qui dura une poignée de secondes. Sans un bruit, la fusée, continuant sur son erre, se crasha alors sur le sol sélénite. Personne n'avait exécuté les manœuvres nécessaires à l'alunissage.
Dans l'espace infini, nul ne vous entend chanter.