Adam et Eve

franz


J'ai vu le fauteuil basculer

Les fleurs jetées sur le plancher

La frénésie sur leur visage

Leurs yeux tourmentés par la rage

Entendu la cruche se casser

Pendant leurs étreintes déchaînées


J'ai frémi quand les draps de soie

Ont grossi dans un torrent d'émoi

Les tentures brûlant sous l'envie

L'ouragan engouffré dans le lit

J'ai eu peur de leur folie

De leurs bras dressés

De leur bouche déboussolée


Depuis la table de nuit j'étais tout ouïe

Intacte, épargnée, témoin de l'orgie

M'est revenu le jardin du paradis

De nouveau j'étais le fruit interdit

 
Ils ont bouclé porte et fenêtre

Pressés de jouir loin du maître

Insouciants du brasier de l'enfer

Obsédés de baisers adultères

 
Ils ont banni lois et différences

Aboli privilèges et convenances

Au diable les marquises, adieu les valets

A eux la nuit, à moi le secret

 
J'ai reconnu Eve qui me lorgnait

Gourmande à genoux elle suppliait

Adam pas du tout disposé

A résister à mes attraits

 
J'ai tremblé sous la lubricité

De leurs lèvres affamées

J'ai vu leur corps s'harmoniser

Leurs spasmes s'accélérer

Leurs gémissements rivaliser

Leurs dents avides briller

 
Et un ultimatum :

Laisse-toi croquer

Pomme !

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