ADDICTION

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     Dimanche, au Salon du Bourget. C’est ça d’avoir un père haut-placé : ça vous donne le droit de vous lever à 7h pour partir à 8 (bouchons de la petite couronne oblige) et de prendre une troisième coupe de champagne à l’apéro sans passer pour une squatteuse alcoolique. Mais ne crachons pas dans les canapés au saumon, ce fût  malgré tout une excellente journée. Il y avait abondance de beaux garçons (pourquoi les pilotes sont-ils toujours aussi beaux ? Est-ce le prestige de l’uniforme ? J’approfondirai  la question très prochainement… Ben quoi ? On s’investit dans son boulot d’investigation ou on s’investit pas !), le déjeuner Le Nôtre était délicieux et j’ai conduit un avion !!! Bon ok, OK ! Peut-être pas mais si j’avais réussi à débrayer et trouvé le bouton ON j’aurais pu le faire ! 

   Mais pendant la visite du pavillon du CNES (pavillon très intéressant, soit dit en passant, et je ne fais pas de pub, ce serait tout à fait inconvenant !), quelque chose d’autre que la suprême beauté des hommes hôtesses (oui, je sais, normalement on dit « hôtes », mais je trouve que ça somme moins bien, pas vous ?) retint mon attention : une interview-fiction dans laquelle les protagonistes expliquaient que , grosso modo, si tous les satellites voguant actuellement dans l’espace se mettaient en grève, ce serait alors la confusion la plus totale ! Et là, détrompez-vous, ce n’est pas la peur  ni la panique ni  bon nombres d’idées noires associées qui me submergèrent, mais plutôt cette simple phrase : nous nous créons des addictions. Il y a 50 ans les satellites étaient peu voire pas développés et nous vivions très bien. Françoise Sagan, malgré ses nombreux problèmes métaphysiques ne fit pas une seule fois allusion au manque de satellites  géostationnaires dans sa vie. Un demi -siècle plus tard, on ne pouvait plus s’en passer !

   Quand on y réfléchit, c’est le cas pour beaucoup de choses : il y a dix ans, rappelez- vous, quand vous ignoriez même ce qu’était une cigarette (cela dit, dans les années 50, on ignorait aussi ses bienfaits cancérigènes, mais je m’égare). Aujourd’hui sans elle vous vous sentez comme Paris Hilton sans culotte (ah non pardon mauvais exemple, autant pour moi). Alors disons comme une belle plante sans engrais : vous vivez, mais pas pleinement. Et dans une relation, c’est exactement la même chose. Vous viviez très bien avant , rappelez-vous, sans Ben, Romuald ou Jean-Eude. Mais maintenant que c’est fini… ? Sommes-nous des addict anonymes ?  Bien sur, dans le cas des hommes, tout ce cirque est purement psychologique (ou dans quelques cas rarissimes physique, quand l’amant est vraiment très bon). Sommes-nous à ce point imparfaites, incomplètes pour avoir  besoin d’une entité masculine pour vivre totalement ?

  Dans certains cas, comme pour une drogue, ils nous apportent quelque chose de plus : du sexe (oui, non mais je parle de « vrai » sexe au sens bestiale, pas de celui, quoique « addictif » aussi, avec vos mains, qui même si elles vous envoient en orbite avec nos fameux satellites, ne remplacerons jamais le poids d’un morceau de barbaque mâle sur vous). Et il n’y a pas que le sexe : selon le personnage, il peut aussi s’agir d’un sourire béat dû aux picotements dans le bas ventre (et j’ai bien dit ventre !) quand vous pensez à lui, et qui vous met le rose aux joues pour peu que vous ne soyez pas toute seule). Seulement voilà, comme tout drogué qui se respecte, plus on est accroc, plus le sevrage sera difficile. Et là encore, il ne s’agit que de remplacer une addiction par une autre : lui contre la glace Ben&Jerry Chocolate Fudge, et Bridget Johns . Et puis ce sera le renouveau : on remplacera le bédot (votre ex) par l’héro (votre nouveau jules aux allures d’Apollon). Après tout certains s’en sortent. Vous pourrez toujours écrire un bouquin à la William S. Burrought sur votre propre expérience de junky. Et puis si notre sort dépend quoi qu’il arrive de circuits électriques de boîtes de conserve propulsées dans l’espace, on ne va pas se compliquer la vie pour un vulgaire humanoïde. Nous ne sommes que des êtres humains finalement, nous sommes faibles et influençables par définition (enfin celle qui se trouve dans un livre au succès phénoménal depuis 21 siècles maintenant. J’aimerais bien connaître le nom de leur éditeur, si quelqu’un a une info…).

   En parlant de renseignement, vous savez où on peut trouver de la bonne ? Je suis un peu en manque là…

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