Addio Vicenza
luinel
Vrai, je pourrais en dire, établir l’inventaire
De ces vingt deux années passées près de Venise,
Enumérer palais, tableaux, châteaux, églises,
Pourrais tout consigner comme font les notaires.
Pourrais même inventer un voyage à Cythère
Faire le catalogue un peu rudimentaire
Comme don Giovanni, seigneur en vantardise
De ces dames aimées, dogaresse ou marquises.
Pourrais prétendre aussi avoir quelque expertise
Des fêtes en palais, où de grands dignitaires
Poursuivant de la sorte un art héréditaire,
S’adonnent aux complots et à la paillardise.
Plus simplement parler d’un verre qui s’irise
Sous un beau vin rubis qui n’est jamais austère,
Sous un blanc liquoreux qu’on goûte et qui vous grise ;
Les lèvres et la coupe ont jeu complémentaire.
Je pourrais raconter bien d’autres gourmandises,
Et l’on dirait de moi : voilà qu’il improvise.
Mais des fruits de la mer, du ciel et de la terre
L’Italie face au monde, en est dépositaire.
Si je n’ai jamais fait campagnes militaires
Aux motifs obscurs, aux issues indécises,
Comme nos anciens rois, suis pourtant tributaire
De cette sœur latine, objet de convoitise.
Voilà, j’arrête là, la décision est prise,
Je mets un point final, cesse le commentaire.
Isa et moi partons, la chose est bien admise,
Nous n’avons pas l’esprit de vrais propriétaires.
Encore un mot pourtant, il est élémentaire :
A-di-o Vi-cen-za et adieu à Venise.