Adopte un chat de gouttière

walkman

Sinople.

« Je n'ai pu, comme cela m'arrive trop rarement je pense, m'empêcher de revenir t'importuner. N'est-ce pas là le début d'un incident ? Je te le souhaiterais mineur si, par honnêteté, la réalité de mes arrières pensées ne m'amarrait pas au pilot de la vérité. Je m'autorise donc quelques longues lignes certes écrites pour se rendre agréables à lire mais peut-être pénibles. Après quelques insomnies et d'autres réveils afterrêves délicats de réalisme me voici armé de mots qui veulent te faire sourire. Je sais que tu ne m'aimes finalement trop peu après tout ce temps passé à se connaître trop à peine ; la faute sincère de mes maladresses, j'ai su peaufiner nos interactions en t'entraînant de déceptions en déceptions. Voyages que, malheureusement, j'invite à faire trop régulièrement. Je vais tacher ici d'invoquer d'autres rivages, dans l'espoir que, comme moi sur cette page, tu aies des envies de jeter l'ancre. J'accuse la tempête de la vie de brouiller tes instruments, car ma boussole te ramène bien plus à mes pensées, à mes souvenirs, à mes fantasmes que ne semble s'affairer la tienne, vraisemblablement. Bien loin de le déplorer, je le comprends, je m'efforce juste de le corriger. Et bien loin de jeter ce message à la mer, je le fais lire aux yeux espérés. J'aimerais qu'on doive se voir, que ce soit un truc immanquable auquel aucun obstacle ne viendrait opposer d'empêchement, mais si j'aime mettre les mots les uns avec les autres, je me sais encore trop peu convaincant. Non, il est évident que toutes mes chances résident dans un simple doute. Celui qui t'agrippe parfois sans pour autant t'envoyer vers moi. Et dans ces doutes, laisse-moi y glisser - j'en sais rien - comme une lumière, un sentiment, un avertissement. 

Moi je suis sans destin compliqué, mais aux desseins complexes, parfois vigilant de politesse ou alors grossier de paresse. Capable de ne jamais être prêt et attendant naïvement de l'être. Je confie quand même souvent les dés aux accidents qui viendront à naître. Je tourne les talons, marche en arrière, cours en avant et je danse pourtant malhabilement. C'est désespérant je trouve. A croire que mon âme s'exprime autrement. Elle choisit en tout cas des biais branlants de courage, ou d'arrogance, ou d'inconscience pour satisfaire à ce que l'esprit pense. Et je reconnais humblement que tu l'occupes. Des fois c'est chiant, j'aime bien maîtriser ce que je pense. De là à te dire qu'il ne doit en être autrement... bref, je suis là à traîner dans des choses auxquelles tu ne fais pas gaffe, à errer dans l'effort d'être vaguement quelque part à vue, à toiser l'horizon des fois où on s'est croisé, à répéter en silence que la prochaine fois serait mieux. Je suis un mec à phrases qu'on lit plusieurs fois, pas comme pour le chef d'œuvre, mais à cause du malentendu. Et finalement, espérant t'inviter à de futures lectures, je m'attache un peu trop à une hypothétique future entrevue. Qui d'ailleurs aussi préparée qu'elle soit, sera sujette à tous les vents contraires. Je voudrais avoir la place de te promettre des trucs. Mais je suis relativement au chien d'aveugle un genre de chat de gouttière. J'aimerais te convaincre que c'est tout aussi bien, mais ça va pas être facile, et faudra du temps. Ce qui tombe bien pour moi finalement. Faudrait que tu m'en prêtes. Je voudrais t'offrir des « ah ouais, d'accord » quand tu apprendras à me connaître. Je voudrais qu'on s'accidente. J'arrête bientôt le rentre-dedans. Ma plume s'émousse en mièvreries. Tout ça pour dire, songe un jour à m'adopter pour un café, un foxtrot, un bavardage nocturne ou n'importe quoi qui me fera un souvenir. Je te laisse ces mots pour y réfléchir. »

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