Agression

tipchit

C’est un vendredi. Il est 12h10 et Lisa attend le bus pour se rendre au centre-ville de Rennes. Il fait beau ce qui présage un très bon week-end et rend la jeune femme de 23 ans particulièrement de bonne humeur.

Deux minutes plus tard Lisa monte dans le bus. Elle valide sa carte de transport et s’installe tranquillement sur un siège libre côté fenêtre. Il n’y a pas grand monde ce qui rend le trajet calme et agréable.

Quelques kilomètres plus loin, le bus marque un arrêt près d’un campus et une quinzaine d’étudiants monte à bord. Un homme s’assoit à côté de Lisa. Elle ne fait pas attention à lui et se décale un peu plus vers la fenêtre. Quelques secondes passent, l’individu colle sa jambe à la sienne. La jeune femme ne bronche pas, elle pense qu’il veut juste se mettre à son aise, mais très vite elle comprend qu’il ne s’agit pas d’une question de confort. L’inconnu se frotte à elle. Lisa ne sait pas quoi faire, elle ne va quand même pas faire un scandale par ce qu’ un homme frotte sa jambe contre la sienne. Alors elle se colle le plus possible contre la vitre et décide de jouer la carte de la patience. L’homme se fait très insistant, il ne fait aucun doute de sa petite manœuvre. Il appuie son coude contre les côtes de Lisa qui le repousse tant bien que mal. Il lui donne des coups de genoux pour attirer son attention. De plus en plus mal à l’aise, la jeune femme désespère de voir arriver le terminus où elle doit descendre. Elle espère que l’individu partira avant elle. Trois arrêts avant la fin du trajet, l’homme lui colle la main entre les cuisses. Lisa tente de la retirer mais l’homme met toute sa force et elle n’arrive pas à la dégager d’un centimètre. Une petite lutte invisible aux yeux des autres passagers a lieu entre elle et cet homme. Il lui a saisi la main qu’il compresse dans la sienne. Il lui fait mal.

Le bus arrive enfin au terminus. Tout le monde descend, mais l’homme ne semble pas pressé de partir. Lisa se lève et arrive à passer tant bien que mal. L’individu est sur ses talons et lui demande son numéro de téléphone. Bien sûr elle ne lui répond pas et surtout elle ne se retourne pas. Elle s’éloigne le plus vite possible et grimpe dans un autre bus où elle lutte pour ne pas pleurer.

Le soir,  seule chez elle, elle se laisse aller. Elle s’est sentie si faible, si impuissante. Elle avait toujours pensé que si il lui arrivait quelque chose, elle serait capable de se défendre, mais aujourd’hui elle s’est rendue compte à quel point elle était fragile. Elle décide de n’en parler à personne, encore moins de porter plainte. Elle n’a pas envie qu’on lui reproche de ne pas avoir crié, elle n’a pas envie qu’on lui dise qu’après tout ce n’est pas si grave. Non, elle ne veut pas entendre que c’est de sa faute.

Dans les jours suivant son agression, Lisa est vigilante. Elle évite de s’asseoir dans le bus préférant rester debout. Elle a peur de recroiser l’individu et dévisage chaque personne montant à bord du bus.

Deux semaines ont passé. Les soucis de la routine quotidienne ont pris le dessus sur la vigilance de Lisa. Alors un soir, elle prend le bus et se lance dans le déchiffrage de son bulletin de salaire.  Elle ne remarque pas  quelques minutes plus tard que l’homme monte à bord. Lui l’a bien repérée et lorsqu’elle descend et prend une correspondance il la suit. Ce n’est que lorsqu’elle sort à l’arrêt  près de chez elle qu’elle se rend compte qu’il est là. Prise de panique, elle se dirige vers son immeuble à pas rapides. La rue est déserte, personne ne pourra l’aider. Elle arrive devant la porte et plonge sa main dans son sac à la recherche de ses clés. Elle ne les trouve pas, les secondes qui passent lui semblent interminables. Elle les empoigne enfin, mais c’est trop tard, elle sent son souffle sur sa nuque.

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