Ailleurs c'est le printemps
cedille
Tout autour, je vois les ailes des papillons qui grignotent mon cadrant. Tout renaît autours, moi je ne me sens pas renaître.
Ce matin , j ai pourtant pris l appareil photos.
Je me suis dit « Paul si tu arrive à attraper le printemps d'un clic il va venir à toi.
Dix huit fleurs et bourgeons, quatorze papillons, une pie, deux hirondelles...
Je ne suis pas au printemps.
Ma tête est pleine de feuilles mortes, quand je passe ma main dans les cheveux, il neige.
D'ailleurs, j'ai remplis ma bouillotte en rentrant,allumé un petit feu et mis mon par-dessus polaire.
Le journal parle de la fête annuelle des jeunes filles en fleurs.
Une fête des catherinette en plus positif, je suppose.
Ma vie à moi, tire plus sur la fin que sur le début.
Notez, elle a été forte en rebondissement : J'ai aimé ,on m'a aimé. J ai voyagé aussi un peu, fait du camping ,du vélo et vécu ,en somme, pleinement bien d autre printemps.
Celui là, ne me touche pas .Je me souvient pourtant d'être sorti jadis à cette même époque des journées entières pour n en pas perdre une miette.
Des sept heure en ouvrant grand les fenêtres pour respirer l'odeur si particulière que la rosée révèle chez les fleurs. Je mettait mon short stretch moulant, et mon maillot à poids (le même que pour le tour de France). Je hurlais alors « Marie ou Anne « (ça dépend de l'époque) « les enfants . Papa pars en ballade ! »
Et je faisait le jeunot ,célibataire le long des petites routes de campagne. J adorais ça !
La canne à pêche débordait de ma sacoche, le pollen s'emmêlait à mes cheveux blondies par le soleil. Et enfin , je m arrêtais au bord du canal épuisé mais ravi.
J'installais la canne à pêche, souvent sans hameçon (je ne pensais jamais à en acheter) et m étendais sur un matelas moelleux d'herbe fraîche, protégé par une couverture de rayons de soleil.
Le soir, je rentrais " épuisé mais ravi », pour dîner en famille, sous le tilleul à hélicoptère dont les graines volantes tapissaient la table. On récitait du Baudelaire et du Rimbaud entre les singeries des gosses....
Les enfants ne viennent jamais me voir. Ils habitent loin et m appellent le dimanche.
Marie c est remariée avec un géant de la finance, quand à ma fleur de printemps Anne, elle a fané à cause d un cancer de l utérus. Une histoire d'h.p.v 18 que je lui aurait refilé en allant voir ailleurs...
C'est ce que croit mes fils, mais moi je sais bien que tout le temps ou son rire cristallin à raisonné à mes oreilles, les autres femmes pouvaient bien sortir tout le tralala, je ne les voyais même pas.
Le jour dure trop longtemps se soir. J'ai l'impression qu'il ne vas jamais se refermer.
Les oiseaux me grillent les synapses de leurs querelles sonores.
Et se ciel, une invitation à la vie, une cohorte d'espoir, un panel de plaisir à venir.
C'est comme si j'était devenu spectateur. Je regarde je comprend ce que je devrait ressentir. Je mets les mots qu'il convient mais l'émotion n'y est plus.
Émotion : ce mot m'a toujours fasciné d abord parce qu'il contient en lui tout le pétillant de la vie humaine, des maux et des sens, du bon comme du mauvais. Il n'est pas manichéens lui .
Les motions ne sont plus voté par mes neurones dégénérescents. Ça n est même pas triste, ça ne m'est rien.
Je m'éteins dans l'hiver quand ailleurs tout chante le printemps