Aimer, même à corps perdu
eroliange
Fred
Eroliange
Aimer,
Même à corps perdu
Presque détruite
Me voilà le nez dans la cuvette des chiottes.
Je vomis à n'en plus finir.
Je brûle de l'intérieur, de l'estomac à l'œsophage.
Je vomis à grands jets, avec de puissants spasmes nerveux qui me donnent l'impression que tous mes organes veulent sortir par ma bouche. Je souffre.
Je vomis.
Je me vomis. Ce que je suis devenue, ce que j'ai perdue, ce que j'ai fait.
Je me nourris d'alcool, pour pouvoir dormir sans penser.
Je me nourris d'alcool, pour oublier.
Je me nourris d'alcool, car je me hais.
Je me nourris d'alcool, parce que je suis faible, parce que j'ai été faible.
Je vomis, pour évacuer ce que je suis devenue.
Je vomis, pour n'avoir pas su m'arrêter.
Je vomis, parce que je n'ai vu que la facilité, cette facilité a assouvir mes caprices superficiels.
Je vomis, car j'ai détruit mon bonheur.
Comment n'ai je pu rien voir.
Comment n'ai je pas réagi.
Comment ai-je pu faire autant de mal?
Comment ai-je pu m'avilir à ce point, sans m'en apercevoir?
Je le vomis.
Oui, je le vomis. Lui avec qui j'ai passée la nuit.
Je vomis le goût de son sexe.
Je vomis son foutre.
Je vomis l'odeur de son parfum sur mon corps.
Je vomis sa langue dans ma bouche.
Je vomis l'odeur de sa sueur dans la pièce et sur les draps.
Je vomis la douleur dans mon vagin.
Je vomis mes tétons enflés d'avoir trop été bouffés.
Je vomis sa langue sur mon corps.
Je voudrais vomir toute cette nuit.
Je voudrais vomir toutes ces nuits.
Je voudrais vomir mes pensées, ma mémoire, mes sentiments.
Mais tout ce qui sort de moi ne me vide de rien et ne fait que pénétrer mes narines, s'étaler sur mon menton, goutter sur mon corps.
Un moment d'accalmie.
Je cherche un bout de papier pour m'essuyer un peu.
Je ne trouve que ce billet de 500 euros inséré dans mes bas résilles déchirés.
Je m'essuie avec et le jette dans la cuvette.
Oui, j'ai fais la pute toute la nuit.
Un inconnu.
Enfin, un inconnu. Un cadre supérieur.
Il m'a payée.
Cinq cent euros la nuit.
A ce prix là, il a prit son pied toute la nuit.
Enfin, pas toute la nuit, je l'ai épuisée avant.
Un gros con marié, la cinquantaine, qui vient se taper une jeunette, car sa femme ne lui donne plus rien. C'est ce qu'il dit, et bizarrement, ce qu'ils disent tous.
Une connexion sur ma messagerie, mise à jour de mon agenda, et le voilà.
Pourquoi?
Pourquoi, ai je acceptée?
Pourquoi, ai je acceptée si souvent?
Pourquoi, n'ai je jamais su refuser?
Aujourd'hui, que me reste t-il?
Rien.
Il ne reste plus rien de moi, et je ne me supporte plus.
Seul lui pourrait m'aider.
Il est parti, tu le sais.
Oui, mais peut-être, une ultime fois, la bonne, cette fois.
Oui, l'appeler.
D'abord me laver.
Je ne peux l'appeler salie.
Mon amour, aide moi.
Le déclencheur
Après un an de galère à préparer le concours, me voilà enfin en école d'ingénieur.
Une année de sacrifices.
Me voilà arrivée.
Suivre quelques années tranquilles, en travaillotant, et je serai sortie d'affaire.
Une école de commerce réputée.
Un petit studio sur Paris.
Une bourse qui me permet juste de manger.
Mes parents ne sont pas pauvres, mais, malheureusement, pas riches non plus. Ils font ce qu'ils peuvent pour moi, mais j'ai un jeune frère, et ils ne peuvent pas tout me donner non plus.
L'année scolaire débutant, ma vie se résume en, mes cours, et rentrer dans mon studio pour travailler et regarder la télévision.
Un restaurant, je ne peux pas.
Une sortie en boîte, je n'ai pas les moyens.
Une vie d'étudiante qui se résume à des cours et un minuscule studio.
Je vois mes camarades de cours toujours bien habillées, avec tout ce qui est à la mode.
Moi, je me contente de ce que j'aie.
Deux tailleurs classiques, un sac à main.
Je regarde l'abondance de certaines, et j'essaie de ne pas les envier.
Un trimestre se passe ainsi.
J'essaie de rentrer voir mes parents le plus souvent possible, pour respirer, et revient m'enfermer dans cette vie limitée.
Le second trimestre débute.
Je finis par sympathiser avec deux filles qui ne sont, certes, pas de mon milieu, mais qui sont adorables.
Nous prenons un café ensemble de temps en temps.
Elles sont toujours bien habillées, tendance comme on dit, sans être bourgeoises.
Elles m'invitent à des soirées que je refuse systématiquement.
Jusqu'à cet après-midi.
A peine sommes nous sorties de cours qu'elles me demandent de venir avec elles le soir même.
Je leur explique que j'ai un budget limité, et que je ne peux pas.
Elles me proposent de m'inviter.
Dans un premier élan, je refuse.
Elles insistent, tant et si bien, que, en en ayant envie au plus profond de moi, je finis par accepter.
Nous voilà toutes les trois au restaurant, à discuter des profs, des cours, des mecs.
Après le restaurant, elles me proposent de partir en boîte de nuit.
Je me montre réticente, et elles insistent pour finir par me convaincre.
Nous voilà en boîte de nuit, une bouteille de gin à trois.
Je ne suis pas habituée à boire.
A peine le troisième verre débuté, que je commence à perdre mes inhibitions.
Elles me disent qu'il faut que je me décoince, car je suis mignonne, et que je devrais profiter de la vie.
Je leur réponds que je n'ai pas leurs moyens financiers, que mes parents font ce qu'ils peuvent.
Et là :
Mais nous non plus.
Je ne sais plus qui de Sylvia ou Isabelle a dit ça, mais je suis restée interloquée.
Je ne comprends pas.
Voilà la seule chose que j'ai pu dire.
A partir de là, elles se sont positionnées de chaque côté de moi, et ont commencé à me parler.
Les phrases ont fusées dans mon cerveau, un peu en désordre, l'alcool aidant.
Nos parents ne sont pas plus riches que les tiens.
Nous avons un plan pour gagner de l'argent facilement.
On peut te lâcher le tuyau.
Tu te laisses aller et tu encaisses.
Réfléchis, mais si ça te dis, on te lâche le tuyau.
Par contre, motus, ça restera entres nous.
Je suis rentrée le soir, perturbée.
La journée du lendemain fût difficile, n'ayant pas l'habitude de boire et de veiller.
Quelques jours ont passé, dans cette pesante morosité qu'était ma vie d'étudiante.
Quelques jours à m'apitoyer sur mon sort.
Quelques jours à réfléchir.
Quelques jours à penser qu'un peu d'argent de poche serait le bienvenu.
Quelques jours, et puis, ce jour.
Ce jour, ou, à la sortie des cours je leur ai dit que je souhaitais gagner un peu d'argent.
La première
Un site.
Une inscription.
Je suis nerveuse.
Premiers contacts.
Tu es nouvelle?
Récurrent.
Puis, une proposition.
Le lendemain.
Trois cent euros.
J'accepte, sans trop savoir ce que j'accepte.
Je dois le rejoindre à l'hôtel pour la nuit, n'ayant pas acceptée chez moi.
Il a une cinquantaine d'années.
Je dors difficilement toute cette nuit.
Dans quoi me suis-je embarquée?
Je n'ai eue que quelques relations, toutes enrichissantes quelque part, mais surtout décevantes.
A chacunes de mes relations, je n'étais pas amoureuse, ou peu, ça ne durait pas, mais je découvrais.
Mais là, c'était un homme expérimenté.
Au petit matin, j'avais peu dormi.
La journée se passa dans un coton.
Mes cours, j'étais présente, mais absente.
Je ne pensais qu'au soir.
Que me réservait cette soirée?
La journée de cours terminée, je me précipitais chez moi.
Point de dessous sexys, ou autres tenues sensuelles.
Une culotte et un soutien gorge assortis feront l'affaire.
Un tailleur.
Un chemisier.
Une veste.
Voilà, nous verrons bien.
Si ça ne lui plaît pas, ce n'est pas grave. Je rentrerai, et n'aurais rien perdue.
Prendre le métro.
Marcher vers l'hôtel.
A chaque mètre qui me rapproche de l'hôtel, mon estomac se serre, je respire de plus en plus difficilement.
Que vais-je découvrir?
Et si je ne revenais jamais.
Je pourrais tomber sur un malade?
J'essaie de me convaincre de ne plus penser, mais je n'y arrive pas.
A force de penser, je suis arrivée devant la porte de la chambre d'hôtel, sans m'en rendre compte.
Il ne me reste qu'à frapper.
Je suis prise d'une crise d'angoisse.
Respirer fort.
Je reste ainsi, devant cette porte, quelques secondes, qui me paraissent des heures.
Soudain des voix dans l'escalier.
Vite, je frappe à la porte.
Il m'ouvre.
J'entre.
Il referme aussitôt.
Nous y sommes.
Il a la cinquantaine grisonnante, un peu bedonnant, un visage jovial.
Il me regarde, me scrute, de haut en bas.
Tu es jolie.
Merci.
Il s'approche de moi, me prend dans ses bras, et essaie de m'embrasser.
Je me tends de tout mon corps, et recule mon visage.
Il me lâche, avant de me demander :
C'est ta première fois?
Non, lui dis-je un peu effrontée.
Si, ça se voit.
Oui.
On va se détendre.
Il me fait signe de le suivre.
Je le suis jusqu'à la chambre.
Il me fait signe de m'assoir sur le lit.
C'est une belle suite. Petit salon, chambre.
Il me demande :
Que veux-tu? Gin tonic? Whisky?
Gin tonic.
Il me sert.
Il nous sert.
Il s'approche de moi et me tend mon verre.
Il s'assoit à côté de moi.
Nous trinquons.
Je bois.
Il me caresse les genoux.
Je bois.
Il me caresse les cuisses.
Je bois.
Il me caresse le ventre.
Je bois.
Il me ressert.
Il me caresse les seins.
Je bois.
Il commence à me déshabiller.
Je bois.
Je suis en culotte.
Il me ressert.
Je bois.
Il enlève ma culotte.
Je bois.
Il descend son pantalon.
Je bois.
Il sort son sexe.
Je bois.
Il est debout.
Je bois.
Il s'approche de moi.
Je bois.
Il est debout devant moi.
Je bois.
J'ai son sexe devant mon nez.
Je bois.
Il passe sa main sur ma nuque et m'attire vers lui.
Premières impressions
Enfin chez moi.
Je suis salie, mais chez moi.
J'ai mal au sexe, mal aux seins, je me sens sale.
Je suis vivante, chez moi, et j'ai mes trois cents euros.
Je me jure de ne plus recommencer.
Lui, je n'en ai aucun souvenir.
Juste un sale goût dans la bouche, des odeurs qui ne sont pas les miennes et qui me dégoutent un peu.
Vite, une douche.
Une longue douche brulante, pour évacuer tout.
Essuyer la vapeur du miroir.
Se regarder nue.
Tu es jolie.
Se coiffer.
Se coucher.
Oublier.
S'endormir.
Au réveil, je me sens bien.
Je ne me souviens pas de tout, mais en regardant les billets, j'ai ce sentiment de ne pas être sale.
Je vais pouvoir me faire plaisir.
Un nouveau tailleur.
Allez, aujourd'hui, je fais les boutiques.
Encore une dernière?
A peine deux jours.
Deux jours, et adieu mes 300 euros.
J'aurai voulu m'acheter un autre sac à main, des chaussures.
Pas assez.
Ce n'est pas grave, j'ai un tailleur neuf.
Oui, mais un sac à main.
Je n'ai pas les moyens.
Oui, mais c'est facile. Je me connecte, une nuit, et voilà chaussures neuves et sac à main.
Non, rester saine.
Oui, mais, plus aucun restaurant.
Pas grave.
Aucune sortie.
Pas grave.
Plus de sorties avec les copines.
Pas grave.
Travailler, et regarder la télévision.
Oui.
Rester isolée.
Oui.
Se faire draguer par des étudiants boutonneux.
Oui.
Sortir avec eux.
Non.
Non, non, non et non.
Je veux vivre une vie de femme.
J'ai sacrifiée une année de concours, pour vivre recluse?
Je peux me payer une nouvelle paire de chaussures, un sac à main.
Je pourrais sortir quand je veux.
Oui, mais à quel prix.
Oui, mais cela ne semble pas te perturber plus que ça.
Oui, mais c'est se salir.
Oui, mais je peux vivre ma vie.
Oui, mais c'est devenir une femme objet.
Oui, mais cela peut être, être une femme fatale.
Oui, mais c'est dégradant.
Oui, mais enrichissant.
Oui.
Bon, juste une dernière fois, histoire de me payer les chaussures et le sac à main qui va avec.
Oui, mais après fini, j'arrête.
Oui
Et les autres... et puis... toi
Je n'ai pas arrêtée.
La vie était plus facile.
Je pouvais sortir avec mes amies, faire un restaurant, me payer des fringues, et des fringues de marque.
Les premières fois, je m'en voulais.
Une étrange sensation de culpabilité. Une étrange conscience qui me taraudait pour me dire d'arrêter là.
Mais je vivais mieux.
Mes factures étaient réglées, je n'avais plus à sacrifier ma jeunesse à rester chez moi.
Je n'avais pas de petit ami, donc, je ne faisais de mal à personne.
Petit à petit, j'ai aimée cela.
Un homme différent à chaque fois. Certes il y avait des réguliers.
Des pratiques sexuelles différentes à chaque fois.
Du timide qui cherchait à tout prix à me donner du plaisir en douceur, à l'égoïste qui se fait plaisir en quelques minutes. Du respectueux au vicieux.
Je vivais de multiples façon de voir la sexualité, sans payer le prix de l'exclusivité.
Je découvrais des pratiques, nouvelles, ou faîtes différemment, à chaque fois.
J'avais ouvert ma boîte de pandore.
J'étais une fille rangée et sérieuse, plutôt pudique et timide.
Là je devenais experte de l'homme, plus du tout effarouchée.
Plus je pratiquais, plus je demandais. Ils acceptaient.
Des hommes, j'en ai vu. Tous entre quarante et soixante dix ans.
Tous frustrés sexuellement.
Qu'ils soient célibataires timides, mariés en manque de sexe, divorcés et déçus.
Et des sexes. J'en ai vu.
Petits, gros, circoncis, propres, à l'hygiène qui laisse à désirer.
Je me suis accommodée de tout.
Ils avaient de l'argent.
J'avais ce qu'ils désiraient.
Le but du commerce, en fait.
Je rentrais de moins en moins souvent chez mes parents, et ils me le reprochaient.
Mais rentrer le week-end, c'était perdre une somme non négligeable.
Quand je rentrais, je devais rattraper en semaine.
Le niveau de vie.
Dans ces cas là, j'étais fatiguée ma journée de cours.
Oui, mais je conservais ma clientèle.
S'ils vont voir ailleurs, je perds du chiffre d'affaire.
Quelques jeunettes se sont connectées, et m'ont fait concurrence.
Elles m'ont détournées quelques clients.
Pour la plupart, ils sont très vite revenus.
Si je sentais que j'allais perdre le client, j'offrais un plus. Soit une remise pour fidélité, soit un acte qu'ils désiraient et que peu leur donnaient.
C'était le jeu du commerce.
Je suivais mes cours sans encombres, et menait ma double vie, sans problèmes.
Pas de sentiments, mais de l'argent.
Plus de cas de conscience, mais le plaisir de vivre comme je le voulais.
Jusqu'à ce jour.
Ce jour ou je t'ai aperçue.
Tu n'étais pas un apollon, c'est sûr.
Tu n'étais même pas musclé, même pas beau mec.
Tu étais juste là, naturel.
Pourquoi aie-je fait attention toi?
Je l'ignore.
Tu étais là, à ce self universitaire.
Seul.
Un peu atypique.
Alors que tout était bruit et excitation, tu étais calme et serein.
Tu mangeais, un livre dans une main, la fourchette de l'autre.
De temps en temps tu posais ta fourchette pour prendre quelques notes sur un carnet.
Tes cheveux étaient un peu fous. Mi longs, tu frisais, ondulais, certains étaient raides. En bref, une chevelure libre, naturelle, mais qui choquait à côté des cheveux courts, remplis de gel ou travaillés.
Tu avais un petit bouc irrégulier.
En faisant la queue au self, je ne pouvais te quitter des yeux.
Tu me paraissais un extra-terrestre dans ce monde très superficiel.
Une sorte d'ange.
Moi qui ne l'étais plus du tout, je suis attirée par toi. Un comble.
Le temps de faire la queue et de payer mon repas, tu es toujours là. Toujours seul.
Je ne sais si c'est ma nouvelle vie, mais je me suis avancée vers toi, sans complexe.
J'ai posé mon plateau devant le tien, en te demandant :
Je peux m'installer là?
Tu m'as répondu oui, sans lever ton visage du livre, comme un automate.
Ta voix était grave.
Un aspect un peu féminin, et une voix d'homme mûr.
J'ai commencé à manger.
Tu étais pris dans ton bouquin et tes notes.
Tu ne faisais nullement cas de ma présence.
J'aurais pu avoir le décolleté le plus plongeant depuis la création que tu n'aurais rien vu.
Je mangeais et te regardais.
Des yeux clairs. Des yeux qui se cachent, qui se découvrent.
Pas des yeux bleus pétants, ou des yeux qui se remarquent. Des beaux yeux discrets à qui les voit.
Des yeux qui passent du gris au vert avec des éclats de noisette. Des yeux qui paraissent marrons, mais qui recèlent mille secrets.
J'avais envie de te parler.
Tu ne me regardais pas.
Et puis, faisant fi de mes inhibitions, je t'ai demandé :
Tu lis quoi?
Pardon?
Tu as levé les yeux sur moi.
J'ai répété :
Tu lis quoi?
Rien.
Mais encore?
Terre des hommes de Saint Exupery.
Et c'est bien?
C'est magnifiquement écrit.
Et tu prends des notes?
Oui.
Tu fais une thèse dessus?
Non. C'est ma passion.
Lire et prendre des notes?
Non.
Tu te tais.
Je sens bien que tu ne me fais pas confiance.
J'ose :
Tu n'es pas obligée de me parler, si je te dérange, n 'hésite pas à me le dire.
Tu ne me dérange pas.
Mais tu ne veux pas me répondre.
Je t'ai répondue.
Avec de vrais réponses, ce serait mieux. Oui ou non, ne sont pas des réponses.
Soudain, tu lèves la tête de ton bouquin, et pose ton regard dans le mien, et tu me dis :
Et ma réponse t'intéresse?
Je ne lâche pas ton regard.
Et pourquoi ne m'intéresserait-elle pas?
On ne se connaît pas.
C'est vrai, et alors? Comment fait-on pour faire connaissance ici? Il faut bien commencer.
Je te sens réfléchir et ton visage se détend.
Tu as raison. Tout a un début.
Merci.
Tu es spéciale.
Et ça veut dire quoi?
Tu as un aplomb, une sincérité, pas habituelle ici.
C'est un compliment?
Plutôt, oui, enfin venant de moi.
Merci. Je peux te poser une question?
Vas-y.
Pourquoi prends-tu des notes?
Pour moi.
Mais encore?
C'est magnifiquement écrit et je me note les phrases, les mots, les façons d'exprimer les sensations.
Pourquoi?
C'est une de mes passions.
Prendre des notes?
Non, l'écriture.
Ah, je comprends mieux.
Ne va rien t'imaginer.
Que je m'imagine quoi?
Que je suis écrivain ou journaliste, ou je ne sais quoi.
Et que dois-je m'imaginer.
Que j'aime écrire, mais que je suis débutant.
Un débutant qui veut progresser.
Tout à fait.
A partir de là, tu t'es un peu plus donné, et nous avons sympathisé.
Tu étais en dernière année, tu étais scientifique, et tu aimais la littérature et la culture dans son ensemble.
Tu m'imaginais littéraire, mais quand tu as su que j'étais dans le commerce, tu as été surpris et tu as rajouté :
Le commerce prend même les esprits les plus affûtés.
Nous nous sommes quitté, en prenant nos numéros de téléphone.
Alors que j'étais quelque peu délurée, je me sentais midinette face à toi.
Tu m'aurais demandée de coucher avec toi sur le champ, par habitude, je l'aurai fait.
Mais non, juste un échange de téléphone.
Il reste des hommes comme cela.
Je suis rentrée dans mon appartement.
Ce soir là, j'ai annulée le rendez vous que j'avais.
Je voyais ton visage.
Qu'aurais tu pensé de moi?
De plus, je voulais penser à toi, à cette rencontre.
Je ne comprenais pas pourquoi, mais ton regard sur moi me renvoyait à un passé ou je n'avais rien à me reprocher.
Tu avais une voix sensuelle, tu parlais calmement, et tu me paraissais être d'une sagesse intellectuelle immense.
Sans le savoir, j'étais conquise à la première rencontre.
Une si facile vengeance
Le lendemain, J'attaquais ma matinée de cours, avec une seule obsession.
Serait-il au self?
J'espérais l'y voir.
Midi, la libération des cours.
Je me précipitais au self.
Il n'était pas là.
Je suis restée ainsi à l'espérer, jusqu'à 14h, heure de reprise.
Tu n'es pas venu.
Quelle déception.
Tu ne m'avais pas dit que tu serais là le lendemain, mais je me sentais trahie. Je t'en voulais.
Le reste de l'après-midi, je me demandais si je devais t'appeler.
Et si je t'appelais, quoi te dire, et pour quelle raison.
Je regardais mon téléphone portable.
Il ne voulait pas sonner, et aucun sms ne me parvenait.
Je rentrais chez moi, me disant que tu m'appelerais dans la soirée.
Je me souviens, c'était un jeudi soir.
Mes copines étaient en soirée, et moi, je t'attendais.
Je regardais ce téléphone muet, prête à bondir dessus à la moindre sonnerie.
Rien.
L'appeler?
Non, je dois me faire désirer.
La soirée se passe, et j'erre autour du téléphone.
Rien, toujours rien.
Je t'en veux de ne pas m'appeler.
22h00.
Tu n'appelleras pas.
Je me connecte.
Un client.
Il veut venir ce soir.
J'accepte, de colère envers toi, de déception.
L'homme arrive une heure plus tard.
C'est un habitué.
Je passe la nuit avec lui, mais je ne suis pas là.
Il profite de mon corps, mais je ne suis pas là.
Il m'aime une partie de la nuit, mais je ne le vois pas.
Je ne le vois pas, je ne le ressens pas. Il n'est pas là.
Tu es là. Toi.
Je ne pense qu'à toi.
Pourquoi?
Pourquoi ne m'as tu pas appelée.
Je ne te plais pas?
Je ne suis pas assez intelligente?
Pourquoi?
Certains sont prêts à payer, et toi tu peux avoir l'exclusivité, et cela gratuitement, et tu ne m'appelles pas?
Plus cet homme, marié de surcroît, me besogne, plus je t'en veux.
Tu le sais?
N'as tu pas vu que tu me plaisais?
N'as tu pas vu que je souhaitais te revoir?
Non, tu n'as rien vu.
Tu ne vois rien.
Tu es un homme.
Tu vois ton petit bout de nez et rien d'autre.
Tu es comme les autres.
Pourquoi me suis je intéressée à toi?
Tu ne l'as pas vu ça? Que je suis venue pour toi? A ta table?
Non, tu es trop occupé à te regarder le nombril.
Tu écris?
Super.
Je t'en veux.
L'homme part, comme il est arrivé, sans que je m'en aperçoive.
Mon corps était absent.
Se coucher.
Je suis déçue de toi.
Premiers remords
Nous voilà vendredi.
Je me lève avec une migraine et le corps marqué par cette nuit.
Je prends un café, et je reprends mes esprits progressivement.
Mais enfin, pourquoi as-tu fait ça cette nuit?
Que voulais-tu lui faire payer?
Tu le connais à peine, et tu t'imaginais qu'il allait t'appeler comme ça, pour te dire bonsoir?
Il a peut-être aussi du travail.
Je m'en voulais de ma réaction de la veille.
D'accord, il t'a plu, mais ce n'est pas une raison.
Tu l'as vu une fois, et si ça se trouve, la prochaine fois que tu le verras, le charme sera rompu.
De plus, il a un physique anodin.
D'accord, il a ce mélange de masculinité et de féminité, plutôt craquant.
Mais pourquoi lui.
Tu es pourtant habituée aux hommes.
Bon, n'y pensons plus.
Ne pensons plus.
Partir pour les cours.
Deux heures de cours, où j'ai du mal à garder les yeux ouverts.
Vivement le repas et un bon café.
L'après-midi est occupé par deux heures de cours supplémentaires, et après, le week-end.
Me reposer.
Prendre un sandwich au self.
M'isoler.
Relire mon cours de l'après-midi, en luttant pour ne pas m'endormir.
Je suis concentré dans les probabilités.
Je n'étais pas amatrice de mathématique, mais, les probabilités, je ne sais pourquoi, ça me convient.
Un étudiant pose son plateau en face du mien, ce qui est habituel vu le manque de place, ici, dans les heures pleines.
Je n'y prête pas attention et reste plongée dans mes cours.
Puis, cette voix douce se fait entendre :
Puis-je?
Je lève les yeux, et vois mon bel inconnu.
Oui bien sûr.
Bien sûr que tu peux, je n'attends même que ça.
Je ne te quitte pas du regard pendant que tu t'assois.
Là tu ouvres ta fine bouche:
Bonjour.
Oui, bonjour.
Je m'aperçois que je ne l'aie pas lâchée du regard.
Je me reprends et replonge mon nez dans mon cours.
ça va?
Je relève la tête.
Oui, et toi?
Toujours, c'est vendredi.
Oui.
J'ai apprécié discuter avec toi l'autre jour.
Oui, moi aussi. Nous avons même échangé nos téléphones, tu te souviens?
Je dis ça, un peu vacharde, pour le culpabiliser un peu de ne pas m'avoir appelée.
Oui, je sais, et je dois dire que j'avais envie de t'appeler hier soir.
Mon sang se met à bouillir... Pourquoi ne l'as tu pas fait, je ne me serais pas connectée. Tu vas voir qu'il va me faire culpabiliser.
Tu aurais pu.
Oui, merci...
Je le sens un peu mal à l'aise, il hésite, puis continue :
Mais je ne savais pas quoi te dire, et surtout, je ne connaissais même pas ton prénom.
Là, je me souviens que nous avons échangé nos téléphones, mais que nous n'avons pas pensé à échanger la plus élémentaire des choses: nos prénoms. Et je n'ai même pas percutée que je ne connaissais pas ton prénom non plus.
Oui, c'est vrai que nous ne nous sommes pas présenté.
François.
Et il me tend la main.
Julie.
Je lui tends la main à mon tour, et je rajoute :
Nous pouvons peut-être nous faire la bise.
Oui, bonne idée.
Nous nous levons et regardons les longues tables qui nous entourent.
Mon regard revient vers le sien, et je le sens un peu mal à l'aise.
Je m'avance au dessus de la table. Lui aussi.
Quatre bises.
Il a la peau douce, et cette odeur d'homme viril. Je suis sûre que c'est Azzaro. J'adore ce parfum chez un homme. Il souligne merveilleusement la masculinité.
Il s'assoit.
Nous nous mettons à discuter de tout et de rien.
J'ai l'impression de le connaître depuis des années, alors que nous nous connaissons à peine.
Nous discutons tant et si bien, que nous ne nous apercevons même pas que le self s'est vidé.
Je me perds dans ton regard expressif. Un tel regard ne ment pas.
J'admire tes fines lèvres soulignées par un bouc entretenu.
Je me sens bien.
Une femme de ménage s'approche de nous et nous demande si nous pouvions débarrasser nos plateaux, qu'elle puisse finir de nettoyer la table.
Affolée, je regarde l'heure.
15h00.
J'ai ratée mon cours.
Je me sens mal, et je vois bien que lui aussi.
Il est mal à l'aise, et me dit.
J'imagine que je t'ai fait rater ton cours. Je suis désolé.
Je le vois tout penaud, il me fait encore plus craquer.
Tu as raté le tien aussi, non?
Oui.
C'était important?
Non.
Moi non plus.
Je le sens soulagé.
Je n'ai ratée aucun cours depuis le début de l'année, je peux en rater un. Je le récupèrerai de toute façon.
Il débarrasse mon plateau et le sien, et nous restons deux bonnes heures supplémentaires à nous découvrir, petit à petit.
Soudain, il ose m'approcher plus directement, mais je vois son visage rougir légèrement.
Puis-je t'inviter à dîner un soir?
Enfin.
Oui, bien sûr, avec plaisir.
Son visage reprend ses couleurs habituelles.
Tu es disponible quand?
Quand suis-je disponible. Voilà la question à laquelle il ne faut pas répondre à la légère.
Si je réponds ce soir, il va penser que je n'attends que lui. Rester évasive.
Je suis étudiante, je n'ai pas un emploi du temps de ministre. Quand tu veux.
Je ne suis pas là demain soir, mais, je sais que c'est rapide, si tu es disponible ce soir, je serai ravi.
Je suis disponible ce soir.
On dîne ensemble ce soir?
Avec plaisir.
Première soirée
Pourquoi aie-je fait ça?
Pourquoi l'ai-je embrassée?
C'était un baiser furtif, certes, mais un baiser fou.
Que va t-il penser de moi maintenant?
Je ne sais ce qui m'a pris, mais il fallait que je le fasse.
Une pulsion plus forte que moi.
Je ne pouvais le laisser à une autre.
Il était pour moi.
La soirée s'est très bien déroulée.
Il a sonné chez moi.
Je suis descendue.
Il m'a ouvert la porte de sa vieille 206.
Nous sommes sorti de Paris, roulé près d'une heure, pour rentrer dans un petit restaurant tout à fait charmant.
Apparemment, il était connu dans ce restaurant.
Il m'avouait que c'était des amis à ses parents.
Je me sentais mal. De suite la famille.
Il me rassura en me disant que ses parents étaient à l'étranger, et qu'ils ne rentraient qu'un mois en été.
Un repas fabuleux.
Foie gras, magret, profiteroles.
Parfait pour le régime.
Mais, que c'est bon.
Nous avons ri, nous nous sommes racontés.
Pas tout, certes, mais j'ai raconté ce qui était racontable.
Mes parents, ma famille, mes études, mais bien sûr, rien sur le reste, et d'ailleurs, il n'en saura jamais rien.
Au moment de partir, le patron du restaurant et sa femme viennent nous faire la bise.
Ils sont jovials, avec beaucoup d'humour. On sent qu'ils sont heureux de vivre.
En me faisant la bise, la femme du patron me prend à l'écart et me dit :
C'est un ange, prends en soin.
Je ne sais que lui répondre. Je lui réponds la seule chose qui me semble adéquate :
J'essaierai.
Elle me serre dans ses bras et me fait la bise.
Nous repartons.
A peine avons nous commencé à rouler, il me dit :
Je suis désolé.
Pourquoi?
De t'avoir amenée là.
Pourquoi?
J'aurai dû t'amener dans un autre endroit.
Pourquoi? C'était sympa.
Oui, mais ils ont pensé que tu étais ma petite amie.
Je m'en suis rendue compte.
Je suis désolé.
Il ne m'ont pas menacée non plus, et j'ai passée une excellente soirée.
Le reste du trajet, nous avons continué à rire, à nous raconter des petites anecdotes croustillantes.
Je me sentais bien.
Arrivés devant chez moi, il s'est arrêté, est sorti de la voiture pour m'ouvrir la porte.
Je suis sortie.
Il m'a accompagnée au pied de mon immeuble, à quelques pas de sa voiture.
Là il m'a souhaitée une bonne nuit, a souligné qu'il avait passé une soirée géniale.
Puis, il m'a fait quatre bises, que je lui ai rendues.
Il est reparti vers sa voiture.
Je me sentais frustrée.
Il a ouvert sa voiture.
Il me manquait quelque chose.
Il s'est assis.
J'avais envie d'un baiser.
Il a allumé le moteur.
Il me fallait ce baiser.
Il a ouvert la fenêtre, et a commencé à me faire un signe de la main.
Je ne sais ce qu'il m'a prise, mais j'ai courue vers la voiture, j'ai passée ma tête par sa vitre ouverte, et l'ai embrassé.
Il m'a rendu le baiser, surpris de tout son corps.
Un peu honteuse, je suis repartie en courant, et suis rentrée dans mon immeuble sans m retourner.
Et voilà.
Maintenant, je m'en veux.
Il va me prendre pour qui?
Je tourne et je vire dans mon studio.
Dois-je l'appeler pour m'excuser?
Non.
En avait-il envie?
Oui... Peut-être... Je ne sais pas, je l'ai pris au dépourvu.
Mais, j'en avais tellement envie.
Je me sentais tellement bien.
Oui, mais tu n'en as fait qu'à ta tête, encore une fois.
Soudain mon téléphone sonne.
Un texto.
C'est lui.
Merci pour cette soirée géniale. Merci pour ton baiser.
J'étais à la fois rassurée et inquiète pas ce message.
Je ne savais pas s'il le désirait.
Je lui réponds par texto.
merci à toi pour cette soirée. Pour le baiser, il était mérité.
Quelques minutes d'attente et une réponse.
J'espère en mériter beaucoup d'autres.
Je saute de joie. Il en avait envie aussi.
Répondre sobrement. Ne pas montrer ma joie.
Si tu es sage. Bonne nuit.
Voilà, je vais pouvoir m'endormir comme une enfant.
Quelle bonne soirée.
Proposition indécente et mauvaise habitude
Le lendemain soir, nous nous bercions de mots doux pour nous endormir.
Sa voix me rassurait et me détendait.
La semaine suivante, nous avons mangé ensemble tous les midis, et sommes sortis presque tous les soirs.
Il m'embrassait, mais nous n'allions pas au delà.
Il n'était pas pressant sur ce sujet.
Je savais qu'il m'aimait, mais il allait à son rythme.
N'ayant pas l'habitude, je suivais le sien, de peur de l'effrayer.
D'ailleurs, à ce sujet, comment allais-je aborder l'acte, le jour venu?
Comment allait-il l'aborder également?
J'éludais rapidement la question. Nous verrons en temps voulu.
Il est parti en voyage, rejoindre sa famille, pour une semaine.
Je n'avais pas eu le temps de découvrir son corps, et lui le mien.
Une semaine, ce n'était pas long.
Non, mais pour moi, c'était une éternité.
J'avais pris l'habitude d'une activité sexuelle fréquente, et cela commençait à me manquer.
Mes quelques économies avaient maigries à vu d'œil, elles aussi.
Je ne voulais pas manquer de respect à François, mais son absence, son manque, ajoutés à mon envie et mes besoins financiers, tout cela me laissait à penser que je pouvais faire un écart, qu'il ne le saurait pas.
De plus, nous en étions au flirt, donc, j'avais des excuses.
A peine eût-il le pied dans l'avion que je me suis connectée.
Un plan pour le soir même, dans un hôtel.
C'était bien payé, et je connaissais l'homme.
Une nuit de sexe, où je me suis imaginée que j'étais avec François.
L'homme n'a pas du s'en remettre.
Puis, après réflexion, je me suis dit qu'à son retour, je ne pourrais plus me connecter, et que ce ne serait pas plus mal.
Il fallait donc que je profite de suite, pendant ces quelques jours, pour mettre un peu d'argent de côté.
Je me suis connectée tous les jours, et comme de bien entendu, j'ai eu des contacts tous les soirs.
En une semaine, j'avais mis de côté 4,000 euros. Cela me suffirait pour presque deux mois, en faisant attention, et en limitant mon train de vie.
Je me disais que pendant cette période, je ne serais qu'à François, pour peu qu'il veuille me garder.
Il rentrait le dimanche soir.
Nous étions samedi midi.
Une nouvelle connexion. La dernière.
L'homme de la semaine précédente me contactait à nouveau.
Visiblement, je l'avais marqué.
1,000 euros pour une nuit.
C'était une somme. Je l'avais vraiment marqué.
Par contre, il voulait un plan un peu particulier.
Je luis demandais de m'en dire plus.
Il m'annonçait qu'il était avec un ami, en pleine séparation, et qu'il voulait qu'il me connaisse.
Jusque là, je n'y voyais pas d'inconvénients.
Je lui indiquais que je pouvais rencontrer son ami ou il le désirait.
Je le sentais hésitant. Il me dit que son ami était timide, et que me rencontrer seul, le gênais.
Je compris que son ami voulait que mon habitué nous regarde.
Visiblement, je n'avais pas encore comprise ce qu'ils voulaient.
Après quelques explications hésitantes, il me lâchait enfin le morceau.
Ils désiraient me faire l'amour, tous les deux.
A la fois outrée et vexée, je lui annonçais que je ne faisais pas ce genre de plan, même pour 1,000 euros.
Et là, il me proposa 1,500 euros.
Mille cinq cent euros... Pour une nuit.
J'étais tranquille pour un moment avec cette somme.
Puis, il ajouta un mais.
Mais quoi fis-je, inquiète.
Mais tu nous offre une partie de ton corps, très très intime.
Non, jamais. J'étais offusquée.
Penses-y, et contactes nous si tu es partante. Mais fait vite, à ce prix, nous trouverons vite.
Non, je ne pouvais pas. C'était trop intime.
Les minutes passaient, et je pensais à ces 1,500 euros.
Mille cinq cent euros en une nuit.
Je savais que c'était dégradant pour moi, mais la somme était telle.
Une nuit de dégradation.
Ce ne serait pas la première.
Il y avait quelque chose en plus, mais la somme était engageante, et une nuit de sexe serait vite passée et oubliée.
Allez, pense à la somme que tu vas gagner en une nuit.
Je me connectais.
Banco.
Une nuit.
La dernière.
L'humiliation
Humiliée.
Je rentrais chez moi en pleurant tout ce que je pouvais.
A peine rentrée, je me prenais un bain.
Je n'arrivais pas à cesser de pleurer.
Mon corps me faisait mal.
Ils m'avaient humiliée.
A aucun moment ils ne m'avaient respectées.
Ils m'avaient tout fait.
Toute la nuit.
J'étais passée par toutes leurs insultes, toutes leurs bassesses, toutes leurs perversions.
Ils m'avaient dégradées.
Mais j'avais été payée.
Je regardais cet argent salement gagné.
Pourquoi?
Pourquoi avais-je acceptée?
Cela avait duré toute la nuit.
Je voulais qu'ils arrêtent, mais ils continuaient.
Ils avaient payé. J'étais à eux.
Je ne pouvais m'arrêter de pleurer.
Je me haïssais.
Si François savait cela, il me jetterait, comme on jette une pute.
Voilà ce que j'étais devenue. Une pute.
Une pute que l'on se paie, et à qui l'on fait n'importe quoi, pourvu qu'il y ait du fric à la clé.
Qu'étais-je en train de devenir?
Le téléphone sonnait.
Ne pas sortir du bain. Ne pas répondre.
C'était sûrement François.
Je n'étais pas en état de lui répondre.
Il me fallait oublier.
Je ne pouvais m'imaginer trouver le réconfort dans les bras de François.
Pas après ça.
Pas après ce que je lui avais fait.
Je finis par sortir du bain.
Il m'avait laissé cinq messages.
Je lui manquais, et il voulait me voir le soir même.
Je ne pouvais le laisser sans réponse.
J'essayais de me reprendre, afin de pouvoir l'appeler.
Au bout de quelques minutes, j'étais en état.
Je l'appelais.
Je pris une voix enrouée pour l'appeler, mais vu ce que j'avais pleurée, je n'avais pas à me forcer beaucoup.
Je lui avais manquée.
Il voulait me voir.
Il était désolé pour ma grippe. Je n'avais rien trouvée de mieux.
Il me dit de me reposer, qu'il m'appellerait le lendemain.
J'avais une bouteille de gin dans mon bar.
Ce soir là, afin de pouvoir dormir, je buvais un peu trop.
Encore un excès, mais celui là était pour me permettre d'oublier un peu.
Au petit matin, je me levais en pleur.
Rendez-vous avec le médecin.
Arrêt d'une semaine.
Une semaine pour récupérer.
Il me fallait ça.
Je ne voulais pas de contacts d'hommes.
Pendant une semaine, nous avons eu, avec François, un contact exclusivement téléphonique.
Il m'appelait plusieurs fois par jour, pour savoir comment j'allais.
Si il avait su.
Je m'en voulais.
Une semaine de bonheur gâchée, pour une nuit de trop.
Je ne pourrais jamais lui en parler, et je m'en voulais tant.
Ces deux hommes avaient détruit mon image. L'image que j'avais de moi.
Il me fallait me reconstruire, pour mieux construire après.
Ces quelques jours isolés, m'ont permis de faire un bilan sur ma vie, et ce que j'en avais fait jusque là.
D'un côté scolaire, c'était parfait.
Par contre, le côté argent, sexe, amour était à revoir complètement.
Je finissais par me dire que je devais faire une croix sur cette nuit, comme si elle n'était jamais arrivée.
Par contre, je me jurais bien de ne plus jamais recommencer.
Une semaine pour noyer une nuit au plus profond des eaux troubles de mes souvenirs.
L'oubli et le nouveau départ
A force de repos, de solitude, d'oubli et d'alcool, j' étais à peu près arrivée à me reconstruire.
Je me sentais prête à affronter le regard de François.
Par contre, pas encore assez pour affronter la société.
Son regard pur.
Nous étions samedi.
Je finis par l'appeler, et l'inviter pour le soir.
Une livraison à domicile, et le tour était joué.
Il voulait m'inviter au restaurant.
Je refusais, prétextant que je n'avais pas encore la grande forme.
Il accepta l'invitation.
Lorsque je je lui ouvris la porte, c'était un ange.
Un ange avec un énorme bouquet de roses.
Je retrouvais le sourire et l'envie de vivre instantanément.
Nous avons pris l'apéritif, en plaisantant.
Il me faisait tout oublier.
Il était cultivé, doux, avec un grand sens de l'humour.
Il était d'une grande simplicité, d'où ce look un peu hors d'âge et sans apprêts.
Il avait une voix calme, rassurante et virile à la fois.
Ces yeux sur moi, me faisaient penser que j'étais une princesse.
La soirée était ponctuée de baisers tendres et furtifs.
Le repas nous fût livré par coursier.
Il voulut payer.
Je refusais vivement.
Le repas, un peu de vin.
J'étais joyeuse, et la tête me tournait légèrement.
J'étais enivrée par cette soirée.
La soirée terminée, nous nous lovions l'un contre l'autre, sur le canapé.
Quelques petits baisers.
Nous nous sommes mis à parler de nous.
A parler de nous au futur.
Combien d'enfants nous voudrions, quelle maison nous souhaiterions, etc.
Des discussions de jeunes adultes.
Mais n'en étions nous pas?
Nous avons parlé de nos projets professionnels.
Il voulait être écrivain ou journaliste, et raconter les travers de ce monde.
Je voulais faire du marketing ou de la communication pour, quelque part, profiter de ces travers.
Nous étions si différents, et si semblables à la fois.
Il me disait qu'il écrirait, et que je ferais sa pub.
C'était une idée.
L'heure tardive mais inévitable vint, ou il fallait se séparer.
Je l'accompagnais jusqu'à la porte d'entrée.
Il l'ouvrit.
Avant qu'il ne parte, nous nous sommes embrassé longuement.
Je ne voulais pas qu'il parte.
Je l'ai serré très fort contre moi.
Il a fait de même.
J'ai osé lui chuchoter, au prix de beaucoup d'efforts et tout en retenant ma respiration :
Tu ne veux pas dormir ici?
J'avais le visage en chaleur. Il était tout contre moi, et ne le voyait pas, mais je devais être rouge pivoine.
Pendant quelques secondes, je cessais de respirer, dans l'attente de sa réponse.
Il ouvrit enfin la bouche :
J'aurais bien aimé, mais je n'ai rien prévu pour dormir.
Soulagée, je lui dit :
Si tu acceptes de mettre un de mes tee-shirts, cela pourrait faire l'affaire.
Mais, je ne veux pas que tu penses... enfin que tu t'imagines...
Je le sentais hésitant.
Je ne m'imagines rien, j'ai juste envie de te sentir près de moi.
Dans ce cas, j'accepte.
Il a mit un de mes vieux tee-shirt.
Nous avons ri.
Il avait l'air ridicule.
Nous nous sommes allongés, l'un contre l'autre.
Après un baiser un peu furtif et gêné, je me suis blottie contre lui.
Il était sur le dos
La tête sur son épaule, mon corps tout le long du sien, un bras sur sa poitrine.
Il m'entourait d'un bras, et de l'autre me caressait les cheveux.
Nous avons parlé ainsi pendant quelques minutes, n'osant pas bouger.
Au bout d'un moment, nous avons décidé de dormir.
Je me suis relevée vers lui pour l'embrasser et il s'est avancé vers mon visage, dans l'obscurité totale.
Nos lèvres se sont frôlées.
Ce qui ne devait être qu'un baiser pour nous souhaiter une bonne nuit, s'est transformé en lent baiser sensuel.
Petit à petit nos corps se sont rapprochés, caressés, frôlés, frottés au travers de nos tenues de nuit respectives.
A force de se donner envie, nous avons fini par nous aimer longuement, lentement, sensuellement, amoureusement.
Je découvrais le plaisir d'être contre un homme aimant et aimé.
Cette première fût magique.
Il était un ange, et j'étais sa princesse.
Le bonheur tranquille
Les jours sont passés.
Je l'aimais et il m'aimait.
Dès que nous le pouvions, nous étions ensemble. Les repas, les nuits, les révisions, tout était partagé.
J'étais sa princesse, sa reine, sa muse.
Il était mon ange, mon équilibre.
Nous étions deux, nous étions un, nous étions seuls au monde.
Certes, au début, nous avons du nous découvrir intimement.
De nos caractères au réveil, à la gestion du quotidien, à la découverte de nos passions, nos peurs, nos joies, nos secrets (presque tous), et nos corps.
Ce fût un apprentissage progressif, mais intense.
Mes apports financiers inavouables duraient plus que prévus, car nous partagions tout, et que nous ne sortions que peu, occupé que nous étions à nous découvrir.
Petit à petit nous construisions notre cocon.
Un amour sain et fait de douceur et d'intimité partagée.
Oui mais voilà. Il y avait ce passé dont je ne pouvais parler à François, et cette sensation de bonheur total ne pouvait durer.
Pourtant, cela durait.
Je poursuivais mes études et lui avait commencé à travailler. Ce n'était pas ce qu'il aurait voulu, mais le salaire était intéressant.
Nous avions décidé de vivre ensemble et avions pris un appartement plus grand à deux.
Ses parents étaient venus nous rendre visite quelques jours à leur passage en France.
Visiblement, le courant était passé.
Ils avaient de bonnes situations.
Nous allions voir mes parents de temps en temps.
Ils adoraient François.
Somme toute, tout allait bien dans le meilleur des mondes.
Oui, mais voilà. Nous ne sommes pas dans le meilleur des mondes, et nos erreurs passées peuvent parfois perturber le futur annoncé.
L'inévitable retour aux réalités
François travaillait dans le pôle communication d'une grosse société.
Il aurait préféré le journalisme, mais il avait trouvé cela, en attendant que ces écrits finissent par être remarqués.
Suite à un salon métier, ou il avait du passer des heures dans les préparatifs, une soirée était donnée. Cette soirée réunissait toutes les sociétés présentes, de près ou de loin, dans le domaine des télécommunications.
Une aubaine pour François, pour pouvoir faire de nouvelles connaissances.
Il voulait que je l'accompagne, car tous ses collègues venaient accompagnés.
Je n'étais pas très chaude, mais pour lui, j'étais prête à tout.
L'agenda était une grande messe avec les discours des grands dirigeants des sociétés majeures de l'activité, à laquelle succédait un apéritif, un repas et une soirée dansante.
Nous étions jeudi soir, et j'avais prévenu mon école que je ne serais pas là le lendemain.
François avait prit sa journée.
Nous étions donc en route pour la nuit.
Les longs discours absous de toute réalité effective des dirigeants passés, nous voilà dans une énorme salle, à quêter une coupe de champagne et à Dire bonjour aux personnes que François connaissait.
Autant dire que ce n'était pas passionnant.
François ne me lâchait pas d'une semelle, ce qui fait que je ne me sentais pas cruche.
Au fil des verres, nous progressions dans la salle, pour découvrir de nouvelles têtes.
Le manège consistant à fiabiliser et faire évoluer son réseau professionnel à force d'accolades et autres plaisanteries graveleuses battait son plein.
François se dirigea soudain vers un petit groupe.
Son directeur était dedans, mais il n'était pas seul.
Je ne l'ai pas vu de suite, mais j'ai senti mon corps se tendre avant même de le voir.
Il était parmi ces gens.
Il discutait cordialement avec le patron de mon François.
Lorsqu'il s'est retourné vers nous, pour les présentations, il n'a vu que moi.
Lui, qui m'a dégradée.
C'était lui.
Son ami n'était pas là, mais je ne désespérais pas de le voir ici.
Dès lors, il insista pour mieux connaître François.
Il me regardait à la moindre occasion.
J'étais mal à l'aise. Je souhaitais partir, ne jamais être venue.
L'intérêt de cet homme pour François, flatta sûrement l'égo du directeur, qui prît mon homme à part pour une longue discussion amicale.
Mon bourreau en profita pour s'approcher de moi.
Le monde est petit, me dit-il.
Pourquoi, fis-je en feignant l'ignorance.
Seuls les pôles ne se rencontrent pas.
On se connaît? Fis-je, en prenant l'air étonnée.
Ne fais pas ta mijaurée, tu sais que l'on se connaît.
Mes nefs craquaient.
Et alors?
Alors? Je ne te vois plus depuis longtemps.
Vous savez pourquoi, maintenant.
Mais, j'aimerai peut-être te revoir.
Moi non.
Ton homme sait.
Je le regardai droit dans les yeux, avec une envie de le massacrer, et effrontée, je lui répondit:
Oui.
Je peux lui en parler, alors.
Oui
Il tourna les talons pour se diriger vers François.
A bout de nerfs, je l'interceptais avant que François le voit fondre sur lui.
Non il ne sait pas.
Ma belle, il ne faut pas mentir, ce n'est pas bien.
Sa voix moralisatrice et pédante m'écœurait.
C'est un passage de ma vie, je me suis rachetée depuis.
C'est tout à ton honneur jeune fille.
Merci.
Ce merci était rempli de dégoût.
Mais tu m'as laissé sans nouvelles longtemps.
Vous en avez, là.
Oui, mais j'aimerais en avoir un peu plus à l'avenir.
C'est à dire.
Que l'on discute en tête à tête.
Comment ça? Ou ça?
Dans une chambre d'hôtel, ou on peut se sentir plus à l'aise.
Jamais.
Ah?
Oui, jamais.
Je ne voulais pas crier, pour ne pas attirer l'attention, mais je voulais l'étrangler, et la façon dont je murmurai en disait long.
Pas de soucis, j'en informerai ton homme.
Quoi? Vous êtes un salaud.
J'avais envie de le frapper.
Je sais, et c'est pour cela que je suis à mon poste.
Et que voulez vous?
J'étais vaincue, et je n'avais pas de plan de repli.
Une nuit tous les deux.
Je ne suis pas une pute.
Non, mais je t'ai payée, tu te souviens.
Je me sentais ivre de rage, de honte et de peur. Mes jambes flageolaient.
Je me souviens, merci.
J'aimerai te payer une dernière fois.
J'étais écœurée. C'était un être abject.
Et si je refuse.
On peut aller voir ton homme de suite.
J'étais prise au piège.
Quel salaud.
Vous êtes un salaud.
Vous vous répétez, ma chère.
Parce que je le pense.
Vous acceptez, ou je vais faire plus ample connaissance de votre homme.
J'accepte.
Vous toucherez 1,000 euros.
Et alors.
Ah oui, nous serons deux.
Non, fis-je fermement.
Si si.
Enculé.
Non, ce sera toi l'enculée.
Vous êtes ignobles.
Je sais ça aussi. Mais n'en rajoute pas trop, je pourrais te le faire payer.
Ok
J'étais anéantie.
Il me tendit sa carte.
Prends ma carte.
Je la pris, sans rien dire, complètement détruite.
Je n'avais plus rien à dire. Je n'étais plus rien.
Ton homme va partir en déplacement dans quelques jours.
Je ne dis rien.
Tu m'appelles dès qu'il part, et nous convenons de la nuit.
J'avais envie de vomir.
Ne t'inquiète pas, il aura une promotion.
Être immonde.
Nous allons passer une bonne nuit.
Non.
Tu es une bonne fille, je te laisse, mais n'oublies pas de m'appeler.
Il me quitta.
Je me retrouvais seule.
François discutait toujours avec son patron, et l'homme les rejoignait.
Une envie de vomir me vint.
Je courus aux toilettes.
François, voyant ça, me courut après.
Je m'enfermais dans les toilettes pour me vider de mes angoisses, et de mon dégoût.
J'entendais François, à la porte, me demander si ça allait.
Le pauvre. C'était un ange.
Pourquoi?
Fallait-il que je subisse cela pour pouvoir continuer à l'aimer?
Fallait-il qu'il subisse cela pour qu'il puisse m'aimer?
Fallait-il que je lui dise enfin la vérité pour qu'il puisse vivre sans être discrédité par son amie?
Je ne savais plus que penser.
Mon François tapait à la porte des toilettes, inquiet, et je ne savais que lui répondre.
Il m'appelait son amour, me demandait si ça allait.
D'où je méritais son amour?
Chacun de mes faux pas nous enfonçait tous les deux.
C'était injuste.
C'était injuste, mais par facilité, je l'avais cherchée, cette situation.
Je voulais partir de cette soirée.
Il fallait que je parte.
Je finis par sortir, comme une furie.
François me prit dans ses bras et me dit:
Tu veux que l'on rentre?
Je m'effondrais dans ses bras et arrivais à peine à prononcer un oui.
Il me serra très fort et me dit :
rentrons chez nous, je vais m'occuper de toi.
Il me fît un baiser sur le front.
Il était pur, il était bon. C'était mon ange.
La réflexion
Je n'ai pas pue dormir de la nuit.
Je me posais mille questions.
Si je lui dis, il me quitte, j'en suis persuadée.
Si je ne lui dis pas, nous restons ensemble, mais je lui mens, et il est la risée de cette ordure, voire d'autres, car ce sont des hommes qui se vantent.
Si je lui dis, il sera la risée de cet homme également, et en plus, cela risque de porter préjudice à sa carrière.
Si j'y vais, il voudra me refaire le coup une autre fois, et encore un autre.
Si je n'y vais pas, il informera François.
Si je n'y vais pas, il peut informer le patron de François, qui a l'air d'un ami.
Que faire?
Si j'y vais, il va m'humilier physiquement.
Si je n'y vais pas, il va m'humilier moralement.
Il est puissant, je ne le suis pas.
Que dois-je faire?
Je retournais toutes ces questions dans tous les sens, et ne trouvais aucune réponse.
Il y avait trop d'impacts dans les deux cas.
François dormait.
Lui, n'avait pas de cas de conscience.
Il dormait profondément.
Tu es beau quand tu dors, tu sais, mon amour.
Même lorsque tu dors, tu es un ange.
Je te regarde, et je pense à cette vermine.
Que vous êtes différents, tous les deux.
J'ai cette impression étrange que tous les hommes puissants sont des vermines. Des états d'esprits pourris.
Le prolétaire est presque un esclave, qu'il est soumis à leurs décisions, quelles qu'elles soient.
Il sont tellement mégalomanes, que ce qui n'est pas eux, ou pas comme eux, n'est rien de plus que du domaine de l'objet, du jouet.
Certes, nous pouvons profiter de leurs miettes, mais à quel prix.
Quel prix à payer pour des miettes?
Eux se gavent, sans raison, et sans compétences particulières, juste un carnet d'adresse de personnes qui se ressemblent, aussi lamentables les unes que les autres, mais qui se protègent, et nous devons les subir?
Je suis peut-être jeune, mais je vois que ce monde ne tourne pas très rond.
Nos élites ne sont plus des exemples et plus du tout à la hauteur.
Et moi, que dois-je perdre, dans tout cela?
L'idée commence à venir.
Je ne peux pas lutter contre le puissant?
Je veux protéger l'homme que j'aime.
Je veux protéger ma famille.
La décision
Aujourd'hui, je me vomis.
L'alcool est mon essence, et je ne suis tout de même pas assez faible pour me droguer.
Qu'ai-je fait pour en arriver aujourd'hui, à me vomir ainsi?
Je voulais protéger ceux que j'aimais, et ne pas laisser profiter le puissant.
J'ai pris la seule et unique décision qui me semblait juste.
J'avais fauté une fois de trop, il me fallait payer. Je ne pouvais laisser les autres payer à ma place.
Oui, ce soir, j'ai une envie irrépressible de l'appeler.
Mais pourquoi?
Tu l'aimes.
Oui, mais ce n'est pas possible, tu le sais.
Tu ne dois plus le revoir.
Il en a rencontrée une autre, tu le sais.
Lui ne te vois pas, mais toi, tu le vois.
Lui, t'a cherchée, longtemps.
Toi, tu l'a juste surveillée, cachée.
Pour tout le monde, j'ai disparue.
C'est mieux ainsi.
Paris est tellement peuplé, qu'il est possible de disparaître à quelques centaines de mètres, et ceci pendant des mois.
C'est la décision que j'ai prise, lors de ce fameux soir.
Disparaître aux yeux de tous.
Tout d'abord, trouver une sous-location au noir.
Ce fût dur, mais j'ai pu trouver en quelques jours, via internet, une personne qui partait travailler à l'étranger, et plus particulièrement aux États-Unis, et qui ne souhaitait pas perdre sa location à Paris, et qui, par la même occasion n'avait pas les moyens d'entretenir cet appartement vide.
De plus, les propriétaires étaient en province: l'aubaine.
Je lui payais le loyer et les charges, il me laissait ses meubles et internet.
C'était parfait.
Maintenant, se séparer de son homme et de ses parents, sans qu'ils s'inquiètent au point d'en parler à la police.
Ces lettres me prirent beaucoup de temps, mais je finis par y arriver.
Il ne me restait qu'à attendre l'invitation officielle de mon coquin, et tout se déclenchait.
Je n'eus pas à attendre longtemps.
Quinze jours après cette rencontre inopportune, François m'annonçait qu'il devait partir en déplacement quelques jours.
Et voilà, c'était l'élément déclencheur.
La dernière nuit avant qu'il ne parte, je l'ai aimé de toute mon âme et de tout mon corps.
Au petit matin, il ne voulait plus partir.
Je l'ai accompagné à l'aéroport, et l'ai embrassé à perdre mon souffle.
Je voulais garder ses odeurs, ses goûts, son épiderme en mémoire.
Lui ne se doutait de rien.
Je l'ai regardée partir.
Je pleurais.
Il pleurait aussi, mais me rassurait en me disant que ce n'était que quelques jours.
Si il se doutait.
J'ai regardée son avion décoller.
Et voilà.
Je suis rentrée à l'appartement, et j'ai préparée mes valises.
J'avais finalement peu de choses.
Je me suis connectée.
Il était là.
Il me donna rendez-vous le soir même dans un hôtel.
Ils devaient être deux.
Et bien, ils allaient m'attendre.
J'ai passée ma journée à faire des allers retours en métro, pour amener mes affaires dans mon nouveau logement.
J'ai laissée mon jeu de clés dans la boîte aux lettres de François.
J'avais laissée les lettres destinées à François et à mes parents au locataire de l'appartement que j'habitais.
Il devait les poster des États-Unis.
Il attendait mon mail.
Ce fût la première chose que je fis en arrivant dans mon nouveau logement.
Puis, j'ai détruit mon téléphone portable et ma carte sim.
Je me suis créée un nouveau compte pour des contacts personnels rétribués.
Je me suis créée une nouvelle identité, au cas ou. Au marché noir, c'était facile, et il me restait un peu d'argent.
Je ne suis plus retournée à mes cours.
Je me suis faîte teindre en brune et aie coupée mes cheveux courts, à la garçonne.
Voilà, tout avait été prévu.
Je n'existais plus.
La première nuit, je n'ai pas arrêtée de pleurer. Je pleurais mon François, je pleurais mes parents.
Je devais en passer par là.
Mes parents, je les retrouverais, un jour ou l'autre.
François, je savais que je le perdais à jamais.
Je me suis connectée dès le second soir, car je devais rapidement trouver des fonds.
Et rapidement, je trouvais un retraité pour la nuit.
400 euros pour une première nuit, sachant que j'étais censée être nouvelle.
C'était pas mal.
Redémarrer à me faire un carnet d'adresses. Je n'étais pas inquiète.
Je dormais, me connectais, rencontrais.
Voilà un emploi du temps tout à fait calme, même si mes nuits ne l'étaient pas.
Certes, je pensais à François, mais je me forçais à l'oublier.
Voilà une semaine que j'avais demandé à mon locataire d'envoyer les lettres à François et à mes parents.
François devait être rentré pour trouver son appartement vide de moi.
Ils avaient dû recevoir mes lettres maintenant.
Comment l'avaient ils vécu?
Je ne sais pas.
Lettre à François
Mon amour,
Je t'aime, mais je dois te quitter.
A l'heure ou tu liras ces lignes, je serais loin.
Ne me cherche pas, tu ne trouverais que déception et regrets.
Je ne suis pas qui tu espérais, j'en suis désolée.
Avant de te connaître, j'étais peu fréquentable.
Tu m'as rendue meilleure, mais chasser le naturel, il revient au galop.
Je croque les hommes pour de l'argent.
Voilà qui je suis.
Tu n'as rien a regretter.
Tu as été parfait.
Tu es un ange, et tu rendras une femme chanceuse heureuse.
Moi, je suis loin maintenant, et j'ai suffisamment d'argent.
Je n'aurai sûrement plus à travailler de ma vie.
Je ne serais jamais aussi bien qu'avec toi, mais tu n'aurais jamais pu m'apporter ce que je cherche.
Oublie moi, et sois heureux.
Adieu, mon ange.
PS : un ange ne fait que passer dans une vie. Merci.
Lettre à mes parents.
Bonjour mes amours,
Ne m'en veuillez pas, je suis partie sans vous prévenir.
J'ai trouvée un homme génial, et je l'ai suivie.
Je ne suis pas perdue ou en danger.
Je suis juste heureuse.
Je suis partie loin, pour le suivre.
Je vous le ferais découvrir aussitôt que je serais de retour.
Merci pour tout.
Je vous aime.
Ne vous inquiétez pas, je sais ou je vais.
François est malheureux, et il n'y est pour rien.
Il a toujours été adorable avec moi, ne lui en veuillez pas.
J'ai juste trouvée un autre sens à ma vie.
Votre fille qui vous aime.
L'écœurement
A force de rencontres, j'avais un pécule non négligeable en liquide de côté.
Mais tout cet argent, je commençais à en être dégoutée.
Cela faisait presque un an.
Je ne pouvais plus continuer à faire cela.
Je ne le supportais plus, ou je finirais par me mettre une balle dans la tête.
Cette dernière rencontre m'avait écœurée.
L'alcool ne me suffisait plus pour accepter.
Je savais que François avait une nouvelle conquête.
Il était perdu, je ne devais plus y penser.
Je me décidais donc à partir quelques semaines en voyage, histoire de bronzer un peu, et d'oublier.
A mon retour, je me décidais à rentrer chez mes parents pour trouver un boulot près de chez eux.
Mes billets étaient pris.
Inde, Thaïlande, Madagascar, Maroc.
4 semaines.
Souffler.
Mais avant cela, une dernière nuit à me vomir.
Pour la dernière, c'est un homme qui me reçoit à l'hôtel, mais masqué, et qui ne veut pas que j'entende sa voix.
Encore un vieux vicieux plein de fric qui ne veux pas être reconnu.
Il doit être connu.
Pour accepter son masque, il me propose 1,000 euros.
Un peu d'argent de poche supplémentaire ne sera pas de refus.
Tout est prévu.
J'arrive dans sa chambre, je me mets à l'aise.
Il veut me caresser. Soit.
Puis, nous devons faire l'amour, et ceci toute la nuit.
Une dernière.
Une ultime fois à me préparer, à mettre des dessous sexys, qui ne me ressemblent pas. Après, je les jette.
Un dernier effort.
Boire une dernière fois.
Me vomir une ultime fois.
Et la dernière
Me voici devant la porte de la chambre d'hôtel.
Derrière cette porte, il y a ma dernière nuit de prostitution.
Je me le suis jurée.
Par contre je ne cesse de penser à tous ces films de guerre que j'aie pue voir, ou l'homme dit annonce que le lendemain il rentre au pays, que c'est sa dernière mission et couic, il meurt.
Mon estomac se noue, soudain, devant cette porte.
Et si c'était la fois de trop.
Personne ne sait que je suis encore là.
Personne ne s'inquiètera.
J'hésite à frapper.
Je regarde ou je suis.
Les couloirs de l'hôtel sont luxueux.
C'est une chaîne respectable.
Non, je ne risque rien, ne soit pas sotte.
Une profonde respiration et je frappe à la porte.
La porte s'ouvre légèrement.
Elle n'était pas fermée.
Prise d'une légère panique, je me recule d'un pas.
Là, je vois une enveloppe collée au milieu de la porte.
J'imagine que c'est pour moi.
Je m'en saisis, l'ouvre pour découvrir un papier cartonné avec ces mots manuscrits :
' Entrez sans frapper, la porte est ouverte, puis dirigez vous vers la chambre. Je vous y attends'.
J'entre donc, et referme la porte derrière moi.
Je traverse le couloir ou je devine une salle de bain sur ma droite.
Un salon coquet le jouxte.
La chambre est la dernière pièce.
La porte est entrouverte.
J'entre.
La lumière est allumée.
La pièce est claire et spacieuse.
Mon regard cherche un présence.
Soudain je sursaute.
Il est là, assis sur le lit, et son visage, ou ce que j'espérais voir, me fait peur.
Il a une cagoule en cuir, qui lui enveloppe toute la tête. Seuls les yeux et la bouche sont visibles.
Je suis tombée sur un fan de SM.
Je commence à regarder derrière moi, pour bien me situer si il y avait un problème.
Puis, je le regarde à nouveau.
Il me fait signe de m'avancer vers lui.
Je m'approche lentement avec appréhension, en le fixant.
Toi, si tu veux la jouer violent, je vendrais chèrement ma peau.
Il y avait, dans sa tenue, quelque chose qui clochait.
Mis à part ce masque immonde, il était habillé de façon tout à fait élégante.
Un costard bleu marine, une chemise claire, et un cravate.
Vu le masque je me serais attendue à un ensemble en cuir.
Ne pas se réjouir, il l'avait peut être dissimulé sous son costard.
Il ne me semblait plutôt fin de corps pour fréquenter ces milieux.
On ne sait jamais.
Rester sur mes gardes.
A quelques décimètres de lui, il me tendit une main, comme pour me rassurer.
Je la lui saisis.
Elle était douce.
Il me fit m'assoir à ses côtés, sur le lit.
Il n'avait pas lâché ma main.
Puis il resta là, à côté de moi, à me caresser la main, sans bouger.
Cette situation était à la fois attendrissante et inquiétante.
Je ne savais quoi en penser.
Je regardais dans sa direction, mais il ne me regardait pas.
Cela dura ainsi quelques minutes.
Peut-être fallait-il que je sois plus entreprenante. Peut-être était-il tout simplement timide.
Je me décidais, comme il était initialement convenu, à me mettre à l'aise.
Je retirais ma main des siennes et commençais à dégrafer mon chemisier.
Il me fit arrêter.
Il me montra une coupe de champagne posée sur la table de nuit, avec deux coupes.
Je compris que je devais aller nous servir.
J'étais de dos à lui, et commençais à nous servir du champagne.
Je ne l'entendis pas arriver dans mon dos.
Un souffle dans ma nuque, et des mains qui essaient de passer autour de ma taille.
Je me retournais d'un bond, lui renversant une partie de la coupe sur le costard.
Je voulais me débattre.
Il était tout contre moi maintenant, et à peine en face de lui, il m'embrassait.
Il avait les lèvres douces.
Je me lassais faire.
J'adorais son baiser.
Je me détendis, et me laissais faire.
C'était bizarre de sentir ce contact de cuir si froid, assorti d'un baiser aussi profond.
Habituellement, je n'insistais pas trop sur les baisers, mais ses lèvres et sa langue m'hypnotisaient.
Je flottais.
Je me suis retrouvée allongée sur le lit sans m'en apercevoir.
Puis, il m'a caressée, embrassée, aimée, comme jamais je n'avais vécue dans ce milieu.
Je me laissais faire.
C'était délicieux.
Cela dura une éternité. Une éternité de bonheur.
Je me sentais femme et non plus prostituée.
J'étais heureuse, et ceci depuis bien longtemps.
J'avais envie de lui arracher ce masque, mais le plaisir qu'il m'apportait m'empêchait toute réaction.
Depuis combien de temps n 'avais-je pas ressentie un orgasme?
Mais là, pour le coup, ce fût un bouquet.
Une fois nos corps complètement détendus, il s'allongea sur un côté du lit de dos à moi, dans une position fœtale.
Il avait gardé sa chemise et son caleçon, et bien évidemment son masque.
Je m'allongeais sur le dos à ses côtés, sans le toucher.
Je ne sais pourquoi j'eus ce réflexe, mais je lui dis merci.
Je l'avais dit naturellement.
Je me sentais bien.
En général, une fois l'homme rassasié, je me lavais, et partais.
Là, je me surpris à avoir envie de rester dans ce lit, près de lui.
Envie qu'il recommence.
Oh, certes pas de suite, mais c'était si bon, et je me sentais si bien, que je me sentais complètement à l'aise.
Il me tournait le dos, ne bougeait pas, et ne me répondait rien.
Je ne connaissais toujours pas sa voix, ni son visage.
Après quelques minutes allongée ainsi, à repenser à ces caresses, J'eus à nouveau envie de faire l'amour. Mais faire l'amour avec cet inconnu.
J'avais oubliée qu'il me payait, et soudain, je me suis lovée contre lui, en passant mes bras autour de sa taille.
Il me rejeta d'un geste, sans un mot.
Voilà.
Il me renvoyait à ma condition d'un geste.
Tu l'avais méritée. Tu n'es pas avec ton homme. Il te paye.
Je n'avais pas droit au bonheur. J'étais une pute.
Un profonde envie de pleurer me vint, et pour qu'il ne devine rien, je courus vers la salle d'eau.
Une douche.
Me laver de ce que j'étais.
Il m'avais amené un tel plaisir.
Il m'avait aimée.
Certes, le temps d'une nuit, mais je savais qu'il m'avais aimée.
Il m'avait donné ce que seuls des hommes amoureux savent donner: de la tendresse, de la sensualité, de la volupté, de l'amour. Certes, pendant quelques heures, mais je venais de réaliser que je voulais être aimée à nouveau, partager cet amour. Il venait de me faire réaliser que je désirais être aimée, et que le sexe, même si l'on pouvait en vivre, n'était pas un équilibre. Il manquait cet amour.
Je me décidais à ne pas prendre l'argent qu'il m'offrait, car la leçon qu'il m'avait donnée valait plus que tout.
Une fois douchée et séchée, je me dirigeais vers la chambre pour me rhabiller.
Il n'avait pas bouger.
Je me suis habillée rapidement.
J'ai laissée l'argent sur la table de nuit.
Je me suis dirigée vers la porte de la chambre.
Je devais lui parler, même si je savais qu'il ne me répondrait pas.
Avant de quitter la chambre je lui dis ces quelques mots :
Merci pour cette soirée. Merci beaucoup. Tu m'as rappelée ce que c'était que d'être aimée et ce qu'était l'amour. Merci. Tu ne sais à quel point tu m'as ouvert les yeux. Je ne souhaite pas que tu me payes, car je te dois plus que tu ne me dois. Adieu. Tu es un ange, certes bizarre, qui m'est tombée dessus, au bon moment. Merci.
J'attendis quelques instants dans l'espoir d'entendre sa voix.
Peut-être était-ce réellement un ange.
Aucun mot.
Je quittais la pièce, et au moment même ou je refermais la porte de la chambre derrière moi, j'entendis l'inconnu pleurer.
Il pleurait comme un enfant.
J'aurais pu partir comme cela.
Après tout, je n'avais pas pris son argent, il était majeur, et sa vie ne me regardait pas.
Mais, une nouvelle fois, je fis ce que l'instinct me dicta, au risque de me faire insulter ou virer, comme une pute que j'étais.
Je rouvris la porte doucement.
Ne pleurez pas monsieur. Je ne sais pas de quoi ou de qui vous souffrez, mais je suis là, si vous voulez parler.
Aucune réponse, et les pleurs persistaient.
Il me fallait insister, je ne pouvais laisser cet homme dans cet état.
Je m'approchais du lit et m'assis sur le lit, à l'autre extrémité de son corps.
Je ne vous toucherez pas, ne vous inquiétez pas. Je suis une pute, comme on dit, je le sais. Mais je suis intelligente, et vous pouvez me parler. Rien ne sortira d'ici, croyez moi.
Les pleurs continuaient.
J'avais envie de lui parler, le rassurer.
Je ne pouvais le toucher.
Je me suis mise à parler.
Vous savez, je n'ai pas toujours été une pute. J'ai été amoureuse aussi. C'était un ange. Je ne vous raconterais pas mon histoire, elle est pathétique. Mais, vous savez, si je fais ça aujourd'hui, c'est que j'ai fait un choix. Je n'ai peut-être pas pris le bon, mais c'est le seul qui m'ait venu dans le temps dont je disposais. Jeune, j'ai déconné, et j'ai eue le retour.
Entre perdre mon honneur et celui de mon homme, ou perdre mon honneur et celui de ma famille, j'ai choisi de ne perdre que le mien.
Il ne me disait rien, et persistait à pleurer.
Quelques instants de silence.
Je ne vais pas vous embêter plus longtemps. Je tenais à vous remercier, car malgré tout, je n'appartiens à personne, et vous m'avez donné le courage pour retrouver ma vie d'avant. Nous ne nous reverrons plus. J'aurais aimée vous aider aussi. Visiblement, je ne peux pas. Gardez espoir, la vie bascule parfois sur un détail.
Je me suis levée du lit.
Il pleurait toujours.
Je me suis dirigée à nouveau vers la porte.
Mais, je voulais savoir.
Une dernière question, et je pars. Qui vous a mis dans un tel état?
Pas de réponse.
J'allais quitter la chambre, quand j'entendis enfin sa voix. Cette voix tant aimée avant.
Toi.
Merci pour ce commentaire, Alice.
· Il y a plus de 12 ans ·Ecrire est une passion, mais pas mon boulot. J'écris dans mes moments perdus.
Voir que des personnes aiment ce que j'écris est gratifiant pour moi.
Et surtout, cela me donne envie de continuer... Même si cela ne plaît à personne.
eroliange
Bouleversante et fracassante, cette nouvelle. Sublime. Douloureuse. Magnifique. Une descente aux enfers, saisissante. Bravo.
· Il y a plus de 12 ans ·Alice Neixen