Alchimie du poison
Jean Claude Blanc
Alchimie du poison
Les femmes sont ma passion, suffit pas de l'écrire
J'ai compulsé les livres, d'histoires de vampires
Princesses galantes amantes, depuis la nuit des temps
Pour leurs mâles estourbir, empoisonnent l'existence
Ulysse, je m'embarque, dans mes explications
Pour le chant des sirènes, j'ai trouvé l'antidote
Vais pas m'embarrasser, de donneurs de leçons
Mais pour vous tourmenter, serai toujours votre hôte
En guise de préambule, prenez vos dictionnaires
Définition «poison», diverses sens contraires
Drogue pour faire bander, le pauvre solitaire
Ou funeste élixir, pour occire partenaire
Evoquée la jalouse, qui cache son arsenic
Dans bague trafiquée, pleine de potion magique
Qu'elle verse dans la soupe, de son lâche seigneur
Qui s'est laissé tenté, séduire, par tant de cœurs
Depuis qu'ils sont sur Terre, les Hommes jouent les chimistes
Sans arme, sans courage, se fient à la nature
De branloter l'acide, ça comporte des risques
Ecolos avant l'heure, combinent des tisanes
Vénéneuses plantes vertes, connues des courtisanes
Envoient ad-patres, les précieux ridicules
Empereurs, roitelets ou simples patriciens
C'est sûr en ont usé, devenus praticiens
Médications bio, mais aux effets tragiques
Apothicaires serviles, sans doute magiciens
Pour les plus affamés, toujours avoir la trique
Mélusine, Agrippine, prénoms qui portent la poisse
A l'origine sorcières, ébouriffée tignasse
Sur la pharmacopée, connaissaient un rayon
Substances démoniaques, à en perdre la raison
Plus habiles les femmes, pour manier le cyanure
Locuste, initiatrice de cette science occulte
Elle vous anesthésiait, l'espace d'une seconde
Certains se réveillaient, déjà dans l'autre monde
Le comble des dépravés, c'était Caligula
Il a touché à tout, obsédé par son sexe
Brandir sa quéquette, ça ne le gênait pas
S'enfilait jeunes éphèbes, et bêtes, sans complexe
Ont appris sur le tas, les vertueux botanistes
Pour le bien ou le mal, qu'importe le résultat
Les adeptes d'Hypocrate, jadis hypocrites
Elisaient au hasard, la vie ou le trépas
A cette époque maudite, tellement on avait peur
Avant passer les plats, à leurs protecteurs
Les esclaves obligés, se soumettaient goûteurs
Et s'ils n'en mourraient pas, festoyaient les seigneurs
Aujourd'hui pour l'honneur, tradition respectée
Le maître de maison, lui, trinque en premier
Suffit d'une herbe sauvage, plus âpre que les autres
Pour qu'on lève broche, pour les convives, c'est moche
Parfois pour plaisanter au sujet d'un défunt
On affirme qu'il a bu, le bouillon de onze heures
Le crime accompli, on dit «cherchez la femme»
Traitée d'empoisonneuse, déjà avant qu'il meurt
Il y a 1000 façons, pour passer l'arme à gauche
Mais la plus mystérieuse, ne souffre d'aucun reproche
Odeurs, saveurs, humeurs, tellement, elles se ressemblent
Si bien qu'on n'arrive pas , à faire la différence
Ce sont toujours les femmes, que l'on montre du doigt
L'homme, cet abruti, est une facile proie
D'une belle fille en fleur, il en devient gaga
Elle, en catimini, lui sert fatal repas
Alexandre (dit) Le Grand, Cléopâtre, Arafat
Ont-ils subi un jour, cette mort douceâtre
Amour, haine, jalousie, fourberies politiques
L'historien cherche en vain, tous les protagonistes
Socrate, baratineur, au sens philosophique
Méditant, doux rêveur, a avalé tout cru
Sans s'en apercevoir, sa potion maléfique
Folklore, mythologie, on n'est pas convaincus
N'est que le reflet sombre, de notre âme humaine
Affaire des poisons, au siècle du Roi Soleil
Britannicus, Néron, ces dignitaires déchus
Sont morts dans leur plumard, par excès de cigüe
Au monde des croyances, est relié le poison
Doit avoir ses raisons, que la raison ignore
Cabinet des horreurs, ensemble visitons
Car face à ces énigmes, notre cœur bat plus fort
Symbole d'impuissance, s'enfume le cerveau
Qu'importe le parfum, le goût, couleur de peau
On avale tout ce qui passe, avides de plaisirs
Oubliant l'amertume, pour jouir du beau
Souvent à notre insu, on souffre le martyr
Puis à la fin des fins, on plonge dans le délire
Le poison nous enivre, pour mieux nous estourbir JC Blanc avril 2022 (Merci Trotte menue)