Alone in the world

vengenz

Le ciel donne l'impression d'être détruit, d'être explosé par la noirceur. C'est bien la première fois qu'un jour de mauvais temps, je ne me sens pas bien. Je n'aime pas cette situation, tout ça m'exaspère. Je suis molle, nostalgique et détruite. Je n'aime pas ce sentiment, je ne me sens pas bien, j'ai cette délicieuse impression de n'être qu'une moins que rien. Je n'aime pas mon comportement, je déteste ma lenteur, ma mauvaise humeur et ma façon de vivre mes journées. Chaque jour ressemble au précédent. Je me lève d'un pas lent, je sors difficilement de mon lit et je tente de trouver une occupation pour la journée. Et puisque je ne trouve rien, je finis par m'asseoir sur le canapé et je m'abrutis avec les images de la télévision. La vie était bien plus simple à l'époque où je n'étais pas face à cette technologie ridicule. Alors que maintenant, je suis incapable de m'en passer. J'étouffe et je me déteste, je ne supporte plus d'être comme ça, je ne supporte plus mon comportement, ma situation, ma façon d'agir chaque jour et pourtant, je n'arrive pas à me résoudre à changer. Comme si ça allait vraiment arranger les choses, comme si ça allait réellement être aussi simple que ça. Alors que non, c'est parfaitement impossible en réalité. J'ai beau tout essayer, tenter vainement de m'arranger et d'avancer, mais j'en suis incapable, je n'arrive à rien, je n'ai qu'une envie, en terminer maintenant pour que les choses évoluent dans le bon sens. Mais je n'y arrive pas, j'en suis incapable. Alors je reste assise là et j'essaie de faire en sorte que les choses n'empirent pas. Ce qui est impossible bien sûr. Normal de toute manière..

Je me lève doucement et m'approche de la fenêtre. Personne dans la rue, comme d'habitude. Je m'installe sur le rebord de la fenêtre alors que je suis dans ma chambre, plusieurs mètres me séparent du sol et je n'aurais pas à trop bouger pour passer par dessus. Et ça ne me dérangerait absolument pas. Mais je ne le fais pas. En bas, j'entends l'aspirateur et je sais. Je sais que si je faisais ce genre de chose, ma mère ne s'en remettrait jamais. Elle est seule après tout. Et puisque je suis la seule à être présente pour elle, je ne peux pas lui faire ça, j'en ai consciente. Mais ce que je lui inflige n'est pas mieux. Elle ne me reconnaît plus. Elle ne sait pas qui je suis. Et elle pense sérieusement qu'elle m'a perdu. Ce qui n'est pas simple. Pas simple du tout. Je l'insupporte. C'est comme si je n'étais plus sa fille en faite. Je sais bien qu'elle ne me le dira jamais en face. Mais je le ressens. Elle me fuis, je la dégoûte par mon manque de volonté. Elle n'en peut plus. Je me meurs, je ne supporte plus cette vie, j'explose je crois. Je ne supporte plus cette situation. J'ai juste une seule envie, c'est de m'exploser le crâne contre un mur. Je n'en peux plus.

Mais je ne peux rien faire contre ça. Je m'éteins doucement, il ne me reste sans doute plus qu'à attendre de m'éteindre vraiment. Oui, peut être que ça ira mieux après ça. C'est peut être ce que j'espère. Peut être que je souhaite disparaître et m'éteindre, d'une manière ou d'une autre. Je veux juste quitter ce monde. Parce que j'y suis seule. Parce qu'Il n'est plus là et que je n'en peux plus. Les larmes se mettent une nouvelle fois à couler sur mes joues, sans que je ne puisse rien y faire. Je n'en peux plus. Je m'imagine ses lèvres collées sur les miennes, comme il aimait le faire si souvent. Ce goût que j'adorais. Sa douceur, sa tendresse. Sa peau contre la mienne. Mais tout ça n'est plus qu'un vaste souvenir auquel l'accès se fait bref, se fait loin, se fait insupportable. Je suis seule. Toute seule maintenant. Il a quitté ma vie, il s'est envolé.

Non, ce terme n'est pas juste. Je n'ai pas le droit de donner cette illusion de lui, en train de partir de son propre chef. Alek est mort. Et même si j'ai encore du mal avec ça, il faut que je l'accepte. Il est mort, il ne reviendra pas. Je ne veux plus vivre. Je n'en peux plus. Et j'ai cette ignoble et sordide impression qu'il est mort à cause de moi. Alek est mort. Henri est mort. Et leur point commun aura été d'avoir partagé ma vie. Je suis le mal, je suis la personne à fuir, à ne surtout pas fréquenter. Je n'en peux plus, je ne supporte plus cette situation. J'ai juste envie de partir, de prendre le large et de filer vers une toute autre destination dont j'ignore encore l'endroit. J'ai envie de m'éloigner de mon monde, même si c'est impossible, absolument impossible. Je ne peux pas partir maintenant. On ne me laisserait pas faire et en plus, je ne pense pas en être capable. Je manque de force, d'énergie. De tout même, probablement. Je n'ai rien, je n'ai absolument rien, en réalité. Et je suppose que c'est mieux ainsi, en réalité. Même si c'est loin d'être facile. Très loin.

Je finis par quitter mon recoin alors que des flashs me reviennent. Ses lèvres sur les miennes. Ses « je t'aime ». Ses délicates attentions. Ses gestes tendres... Mais j'aurais beau dire ce que je veux, ce n'est probablement pas ça qui aurait vraiment changé grand chose à la situation. J'étouffe. Je ne souhaite qu'une chose. Mais je ne le peux pas. Je suis coincée ici. Et je serais éternellement seule dans ce monde.

Sans toi. Et tu n'imagines même pas à quel point tu me manques.

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