Aly.

Aly.

Après une certaine conversation, j'me suis lancée à écrire c'qu'est ma vie à travers ces mots autobiographiques.

Bon.

Si vous voulez savoir le pourquoi du comment vous êtes en train de lire ça, bah je peux pas vraiment vous dire, en réalité moi-même je ne sais pas, et je ne sais même pas comment j'étais censée commencer c'foutu bouquin, faut dire que parler de moi et tout, c'est pas ce qui m'fascine le plus vous voyez. De plus, si ça ne tenait qu'à moi, jamais j'l'aurai jamais faite, mais il ne faut visiblement jamais dire jamais, et peut-être bien que vous comprendrez le pourquoi d'ce bouquin, si on peut appeler ça comme ça, après tout.

Du coup, faudrait sûrement que j'vous parle d'mon enfance et tout, même si pas nécessairement la meilleure partie comme on essaie de toujours le faire croire, d'ailleurs la meilleure partie de ma vie elle vient bien après, une fois qu'ces petits gens sont rentrés dans ma vie, en attendant c'est qu'un amas de bordel et tout. J'vais pas non plus rentrer dans les détails, sinon vous allez arrêter de lire avant même d'avoir vraiment commencé.

Du plus loin que j'me souvienne, c'était pas toujours la joie à la maison, j'étais pas d'ces gosses malheureux et battus, loin d'là, seulement j'étais pas très proche de ma mère, et puis mon père était pas nécessairement présent comme il l'aurait fallu. On étais trois gamins à l'époque, j'étais « la petite dernière. » Avec ma grande sœur, c'était pas vraiment la joie non plus, c'était elle qu'était proche de ma mère et tout, qui faisait un peu c'qu'elle voulait, l'genre de gamine qu'à toujours ce qu'elle veut et qui fait ce qu'elle veut, parce que c'est la première de la fraterie et tout. J'étais plutôt proche de mon grand frère si vous voulez savoir. On était un peu comme les deux doigts de la main, souvent fourrés ensembles, cul et chemise. On inventait de ces jeux bidons qui ne faisait probablement rire que nous, du genre inventer la méteo et se sauter dessus pour se bagarrer, imaginer des histoires et des mises en scènes avec nos peluches, se faire peur devant des dessins-animés sans grand intérêt, construire des cabanes sous nos lits avec nos couvertures, rentrer dans nos housses de couette. D'ailleurs en parlant de cabane sous les couvertures, j'me souviens que quand mes parents s'disputaient l'soir, souvent parce que mon père était pas spécialement présent et qu'il aimait bien boire et jouer à son ordinateur, bah j'm'y cachais sous ma couverture, c'était comme mon refuge, mon coin secret, j'me bouchais les oreilles et j'attendais que ça passe, pour tout vous dire, j'en chialais souvent. J'voulais pas les voir s'disputer, ça pouvait pas être la meilleure des solutions, de se disputer, devait bien y avoir un autre moyen. J'voulais leurs dire, mais les enfants, on les écoute jamais vraiment dans ce genre de cas, on leurs dit d'aller se coucher, de rester dans leurs chambre, ou d'aller jouer, alors c'que j'ai fait c'est que je suis resté sous ma couette moi, puis j'attendais, bien souvent je finissais par m'endormir, et le lendemain, j'me levais sans vouloir y penser, et ça allait parfois mieux.

M'arrivait souvent d'me sentir un peu seule parmi eux, comme si j'étais pas vraiment à ma place, que tout ça c'était pas pour moi, que je devais pas être là, mais peut-être ailleurs, ou pas là du tout. D'ailleurs on me répetait souvent que j'étais un bébé accident, pas spécialement voulu, mais malgré ça, on m'regrettait pas, bien qu'à certains moments j'avais du mal à y croire, ça aidait pas forcément à vivre c'genre de conneries, même si maintenant j'vis plutôt bien avec ce fait, et qu'parfois j'arrive à en rire, j'me dis que j'ai quand même gagner cette putain de course et que je suis encore là aujourd'hui pour vous raconter ça. Mais merde, quand on est gamin c'est pas drôle. Genre, vraiment pas.

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