Alyzé sur l'Elysée

mr-scarecrow

Alizé sur l'Elysée


C'est un bruit qui, tout d'abord, se fait entendre du bout de l'avenue et qui, aux oreilles des passants, humains bien vivants d'apparences, siffle tel un train fou. Chacun continus sa route, ce n'est qu'un bruit après tout, la ville en est pleine et  celui-ci sonne comme la même rengaine. 

La clameur qui monte alors change tout. Le bruit devient son ; un son qui monte en crescendo, agressant les oreilles, torturant l'envie de pas d'envies, des pauvres personnes présentes ici ; certaines se retournent, juste pour voir, et se détournent en croisant le regards d'autres qui voulaient apercevoir, sans en être aperçus. Mais la folie du bout de l'avenue s'avance à leurs rencontre.

Une cacophonie incroyable de klaxons, de cris, de chants, de vie même, s'élance à l'assaut de la grisaille ; les carrosseries des voitures se froissent, les dents des gens grincent, et les policiers mettent la main à la ceinture, matraques et flingues pour stopper  l'incontrôlable inconnu ; mais bientôt le voilà en vue, et c'est abasourdi par cette vision qu'ils restent de marbre ; c'est bien la le rôle de ces drôles qui n'en sont pas. Dans leur champ de vision, s'agrandissant à une allure de plus en plus démente, une créature !  Apparition sortie de l'imaginaire ; des récits d'utopistes, de rêveurs, d'éméchés ; une créature de cauchemar, dont parle parfois les hommes en bleu le soir ; et qui, ici, au grand jour, les défie, les attaque !

La foule présente alors dans l'avenue ne se cache plus, elle regarde la créature, ces multiples bras, ces innombrables pieds et têtes, ces voix, ces regards, ces sourires, certains regardent et s'approchent ; tous se touchent et se voient, comme pour la première fois, le chant leur viens aux lèvres ; certains restent de côté et regardent, sans comprendre, horrifiés, paniqués ; la créature crie sa soif, sa faim, son envie. Et, dans  le vent hurlant s'entend alors les voix de ceux qui la composent : Vie et liberté, que le vent détruise l'Elysée.

La tempête des corps en mouvements se déchaîne, les voitures sont retournées, les panneaux et feux de signalisations arrachés ; la joie éclate au grand jour, au beau milieu de l'avenue, face au faciès terrorisés des condamnés. La liberté vivante et personnifiée leur fais face ! Les armes restent à la ceinture, les cris dans la gorge tandis que la liberté fond sur eux. Soudain le souffle s'assagit, la tornade ralentit, la fureur diminue, et se fait sentir alors un doux vent, passant entre les gens d'armes, les passants restés de côté, les matraques et les flingues. Poussant les portes, la créature d'un pas calme à déjà gagner, plus vivante que ces bouffons en col serrés ; et alors que se fait sentir la folie et la liberté, souffle enfin un alizé sur l'Elysée.


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