ambre
Pierre Miglioretti
Les grains dorés s’amoncellent
Les dunes en cils se dessinent
Sous le fil de lumière étincelle
Une silhouette qui m’hallucine.
Elle veille au grain sur le marmot.
Au réveil il ne restait que ce mot.
Sans que cesse la rêverie
En goguette il me prend par les hanches
Et tandis que le rêve rie
il hoquette en dents blanches
Se floutant en blême halo.
Au réveil il ne restait que ce mot.
Délicat cocon où la vie s’enferme
Il y coule des jours paisibles
Mais où jamais rien n’y germe
Inaltérable réel inextensible
Intouchable ouvrage d’émaux.
Au réveil il ne restait que ce mot.
Pourtant presque diaphane
Elle darde des reflets puissants
Aux couleurs d’une fleur qui se fane
Aux teintes de l’automne naissant
Couvrant les ombres de ses rameaux.
Au réveil il ne restait que ce mot.
Des fragments de vie y perlent
Des fragrances se devinent
Le scintillement de la mirabelle
Se confond dans la vitrine
De ces dorés filaments lacrymaux.
Au réveil il ne restait que ce mot.
La suave sève soliloque
Elle s’écoule en cercle
Séparant ci ou là ses cloques
Bulles à l’air sans couvercle
Solitude dont elle ne sent pas les maux.
Au réveil il ne restait que ce mot.
Ambre
26 mai 2011