AMERICA WANTS YOU

lollapalooza

Voilà 8 jours que je suis chez l’oncle Sam. Fébrile et déboussolé par le périple parcouru, et à parcourir, je ne ferme plus l’œil de la nuit. Afin de me délecter davantage de ce voyage, je me suis coupé de tout. Pas besoin de portable ou de se connecter à quoi que ce soit lorsque l’on est à 10000 km de chez soi … 

Je suis sensé chercher une nouvelle faculté pour finir mes études, mais je sais déjà que cette tâche est vouée à l’échec : braquer une banque ne suffirait pas à payer ce que je devrai à ces requins. Malgré cela, je prends plaisir à me savoir ici, loin de tout. 

Trop de temps s’est écoulé depuis mes derniers jours de répit, faussement octroyés. Je ne gâcherai pas cette unique occasion. Je savourerai chaque seconde écoulée loin de mon passé, loin de mon semblant de vie. Je savourerai chaque verre levé en compagnie d’un redneck de comptoir. Je savourerai chaque femme avec laquelle je passerai mes nuits. Je savourerai chaque instant passé sur ce sol plombé par le soleil et la crasse …

Detroit est une ville au charme fou. Passé le choc visuel, le cachet « ville fantôme » vous transforme, vous excite. Les nuits y sont électriques et enivrantes. Les autochtones y sont chaleureux au point d’en être mièvres. Les bruits et les odeurs s’y marient avec douceur. Créchant à Greenfield Avenue, le son des revolvers et autres armes de guerre me calme, m’apaise. Les afro-américains m’y regardent curieusement, souriant de ma dégaine nonchalante, t-shirt mauve et babouches noires aux pieds sur des routes défoncées. 

En quittant « mon pays », je craignais presque tout. Arrivé ici, je suis roi d’une ville sans le sou. Je ne veux pas quitter Detroit. Je ne veux pas quitter ce lieu béni par Dieu, maudit parle le reste du monde … Pour revenir où, d’ailleurs ?! Je n’ai nullement de foyer, n’ai personne pour m’y attendre, et n’ai pas de vie si ce n’est celle que je crée à cet instant.   

Everything is a beginning in Detroit Rock City.

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