AMERICAN BEAUTY
Christian Chaillet
American Beauty
Le changement tue. J'avais été bouleversé par ce film à sa sortie (2000) à cause de ce message là. Vouloir faire de sa vie ce que l'on en rêve tue. Le héros d'American beauty sera tué par sa fille, l'ami de sa fille, sa femme, son voisin ! D'une seule balle tirée dans la nuque à l'instant même ou, en regardant une photo de sa famille il se rend compte de la beauté de ce qu'il a su construire.
Notre société est ainsi faite. Personne n'y peut rien. Etre soi-même tue. Pourquoi ? Les préceptes religieux : tu gagneras ton pain à la sueur de ton front ? Tu te sacrifieras pour les autres et vivras ton chemin comme un calvaire qui te mènera vers la croix de souffrance ?
La jalousie que sous-tend cette démarche de liberté ? N'est-t-on pas tous des clowns tristes et blancs voulant remettre l'Auguste sur le chemin de la raison ?
Cela m'amène à parler d'un des éléments magique du film : la couleur. Le rouge : le rouge des roses présentes tout le long du film, le rouge du nez du héro-clown. Le rouge du sang : celui qui coule de la vierge offerte, celui de ses vêtements, celui du mur de brique devant lequel le sac court sa vie, le rouge de la cervelle éclatée, des feuilles à l'automne.
Le pierrot lunaire, le réalisateur fou, vit dans le noir et blanc de sa chambre. Il aime le blanc du sac en plastique dans sa course folle qui ne sort jamais du cadre, le blanc de la mouette morte. Le monde des blancs. Il aime la fille pâle et discrète qui veut garder raison. C'est elle qui est folle.
Qui est raison qui est folie ? Regardez encore et encore American Beauty. Votre vie est dans le rouge et le noir, dans le blanc et la mort.