american dream

Sandra Laguilliez

« Je suis de ces gens qui font tout pour être ce qu’ils ne sont pas. Je pique mon style sur les plus peoples des peoples. Je pète les plombs devant les gens pour me rendre intéressante. Je suis tout ce que les autres détestent. Je peux perdre dix kilos en un mois, tous ça pourquoi ? Pour entrer dans une taille 0. Je suis branchée et allumée. Je suis détestée.

« Je suis scandaleuse, un pure produit d’Hollywood ou de LA. Je n’aime que moi, et je m’autoproclame reine de la ville. Je suis capable de semer la panique, à des kilomètres à la ronde. J’ai un corps parfait et je suis sure que je ferrais vendre des centaines de magazines.

« Je suis Famous depuis l’âge de quatorze ans, je n’ai peur de rien pour devenir la plus people des peoples. Faite moi chanter, danser et vous verrez ce que je sais faire. Mettez-moi, dans une soirée branchée et vous comprendrez que je peux vous faire les pires atrocités et la meilleure promo.

«  En stilletos j’ai la classe, en micro-jupe j’ai des jambes d’enfers, topless je vaux le coup. I can drink and smoke. Engagez-moi. Je peux mentir ou dire la vérité, je peux m’inventer une vie. Je serais celle que vous voulez. »

Voilà ce que Cassandra disait sur la vidéo du casting. Elle était plutôt jolie, bien que banale dans son genre, une autre blonde décolorée au corps de rêve. On lui avait demandé de se déshabiller et elle l’avait fait, elle n’avait pas mentis sur ses mensurations, ni sur son poids. Cette fille était prête à tout pour devenir comme ses idoles de peoples, mais contrairement aux autres, elle avait ce petit truc qui fait qu’on la remarque, un truc dans le regard.

Son CV disait qu’elle avait fait dix ans de danse classique, de moderne et de salon. Elle savait bouger, elle savait captiver et elle était élégante. Elle avait même avoué avoir pris quatre ou cinq cours de striptease, ce qui n’était qu’un plus dans les espérances de ces messieurs à la recherche d’une étoile. Trouvez la star de demain. Trouvez le corps qui se vendra. Elle était ça, mais elle s’appelait Cassandra, c’était dommage. Il faudrait lui trouver un autre prénom ou un surnom plus sympa, au moins elle parlait couramment anglais, français et espagnol. On pourrait facilement l’exporter.

Alors les six personnes autour de la table en verre se mirent d’accord pour engager Cassandra et faire d’elle la star people, après une petite opération du nez et un relooking, grandes enseignes, elle serait parfaite. On lui apprendrait à chanter, enfin un peu, juste pour qu’elle sache faire du playback et elle serait célèbre à vingt pourcent.

Le président du label musical était de plus en dégouter de ces filles prêtent à donner leurs corps et leurs âmes à la célébrité, il n’y avait plus de chanteur, plus que des ordinateurs et des corps dénudés. Et chaque années cela allait en se dégradant, mais ses finances allaient en s’améliorant, de quoi allait-il se plaindre ? Que des filles de dix neuf ans, charcutée de part en part, alcoolisées et droguées donnent leurs vies à une illusion cela ne comptait pas, après tout personne ne leurs demander de signer le contrat, pourtant elle le faisait, à vingt pourcent, à vêtements gratuits, à coiffeur gratuits et à entrée dans les meilleurs night club, détruisent leurs santé mental et physique ne comptait pas, temps qu’elles rapportaient de l’argent.

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