Amertume iodée

loinducoeur

Assis sur le sable encore froid, tu laisses ta tête s'échouer entre tes mains. Elle te brûle encore de pensées anxiogènes et le ressac n'y change rien...

Fallait-il prendre ce chemin ? Pourquoi es-tu descendu sur la plage ? Pensais-tu que tout s'effacerait en marchant sur le sable ? Tes pas laissent une trace floue, difforme et hésitante comme tu avances vers l'eau. Encore quelques pas et tu entreras au milieu d'un reste de vague écumeuse. Tu penses peut-être y disparaître.


Cette nuit tu étais fiévreusement agité. Tu luttais contre l'oubli. Tu combattais pour ne pas la laisser partir au-delà de ta mémoire embrouillée. Ton coeur cognait fort et tu suais la peur. Tu n'as pas renoncé, pas encore, pas ce matin. Tu n'acceptes pas cet adieu mon amour, écrit d'une main courageuse.


Elle est là-bas. Tu le crois et tu te mets à courir. Tu es si vivant tout à coup ! Tu sens son parfum dans l'air mêlé aux embruns. Tu voudrais lécher sa peau tendre et iodée. Tu crois la toucher quand soudain tu t'écroules, épuisé par cette course vide. Tu halètes, tes jambes te font mal. Ta gorge est sèche, tes mains tremblent. Tu pleures mais le sable s'amuse déjà de tes pas amers. Elle est partie et ne reviendras pas.


Reste la vague de l'océan pour noyer ton chagrin.

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