Ami de guerre

[Nero] Black Word

"Rentre... chez toi..."

 

Du sang plein les mains et des larmes s'évadant de ces paupières, le soldat Hans tenait contre lui tout ce qu'il restait de l'homme qui l'avait accompagné pendant cette escapade. Cet homme venu des lignes ennemies et qui lui a sauvé la vie, pour le voir aujourd'hui mourir.

 

Le soldat Allemand dû, sous les ordres de son général en chef, se relever et les suivre. Il prit malgré tout, le temps de prendre un papier et une photo dans la poche du français avant de laisser son corps à l'abandon.

 

Dans le camion qui allait le ramené à sa garnison, Hans déplia la lettre de François et découvrit son message.

 

 

"Anna

 

Je ne sais pas si tu recevras cette lettre un jour, mais le fais de l'écrire me laisse une chance. La chance de te demander pardon pour l'horrible père que je suis.

 

Ta mère et moi, nous nous somme rencontré pendant une soirée de fin d'étude, je venais de devenir un tout jeune médecin et ta mère sage-femme. Mais nous ne nous aimions pas, nous étions juste deux jeunes étudiants qui, dans la fièvre et la fougue d'une soirée bien arrosée, avons partagés le même lit. Le lendemain je suis simplement parti avant qu'elle ne se réveille.

 

J'ai appris ton existence trois ans plus tard quand ta mère est venue me voir à l'hôpital où je travaillais, je ne l'avais même pas reconnue. Elle m'a laissé une photo de toi avant de me dire que, si je le voulais, je pouvais venir te voir. Elle ne m'avait rien demandé, pas d'argent, ni aide, ni rien.

 

Dans ma lâcheté je suis parti le soir même en prétextant que l'on avait besoin de moi en urgence dans un hôpital de campagne, et puis la guerre fut déclarée. Je fus rapidement envoyé au front pour soigner les soldats blessés.

 

Je te souhaite de ne jamais connaitre les atrocités de la guerre. Au bout d'une semaine à peine j'avais l'impression que la mort m'assistait dans mon travail, entre les soldats que je ne pouvais pas sauver et ceux que je sauvais avant de les voir mourir sur le champ de bataille.

Et dire que cela n'est dû qu'au choix d'un petit groupe de dirigeant.

 

Mais encore une fois je te dois toutes les excuses du monde pour ne pas avoir été un bon père, mais j'imagine que tu dois m'en vouloir de vous avoir abandonné toi et ta mère. Cela remonte à si loin que je ne me souviens même plus de son visage ou de son nom.

 

J'espère seulement que l'homme que tu aimeras ne me ressemblera jamais et je te souhaite d'avoir une vie heureuse, prend bien soin de ta mère.

 

François"

 

 

Le jeune Allemand rangea la lettre de son défunt ami de guerre dans sa poche et du reprendre les armes sous les ordres de son officié, il repensa à sa femme qu'il avait laissé chez lui.

 

La terre morte sentant l'enfer, le cœur détruit par la guerre, Hans se promit que s'il survivait il retrouverait Anna et lui transmettrait les derniers mots de son père avant de terminer sa vie au côté de son aimé.

 

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