Ami Pierrot, prête-moi ta plume

Jean Claude Blanc

ma bitte encore, farceur Desproges! pour nous sauver de l'actualité peu bandante, profitez aussi, rebelles au Prince sans rire qui pique assiette!

                     Ami Pierrot, prête-moi ta plume !

Il est des soirs moroses où souvent j'ai coutume

Pour rire de la vie en prose, m'adresse à la lune

Où s'amusent les farceurs, par comble de fortune

Trop chic ami Pierrot, m'a concédé sa plume

Pour que se dilatent la rate, ceux qui manquent de thunes

Cloitrés dans un taudis, sans crainte qu'ils s'enrhument

En cette torride saison, où on sue pour des prunes

Je ne puis m'empêcher, de faire cause commune

Railler les imposteurs qui se dorent, faisant la une

D'ailleurs Manu en nage, a déserté les dunes

Plus de châteaux de sable, va regagner ses brumes

Sa chère capitale, où siègent ses légumes

Avec certain regret, plus de mer, ni d'écume

A lui casser les burnes, en berne, taciturne

 

Bronzé et mal rasé, de retour au palais

Même si c'est pas la Pâque ni la Sainte Trinité

Ses cloches sont sonnées, à l'heure de la rentrée

Roitelet paie pas de mine, sous son air surdoué

Ses pudiques lèche bottes, se charge les dresser

 

Déjà pompiers de service, mal considérés

Etre sans cesse dérangés, quel fichu métier

Cependant braves potaches, exultent le retrouver

Pourtant pas rassurés, cachant leur anxiété

Se demandant pour l'avenir ce qu'il a concocté

Ce diable de chenapan, qui va pas se gêner

Fortiche en coups tordus envers ses valets

Sachant que la baguette, le maitre sait la manier

Et si ça suffit pas leur flageller fessiers

Un vice qu'il a acquis, fréquentant sa mémé

Pour la bête à 2 dos, très expérimentée

 

A vogué des semaines sous le vent chaud du sud

Sans atteindre toutefois, le triangle des Bermudes

Qu'avec sa Brigitte, délaissant ses cahiers

Lui demandant pas de plancher, toutes ses nuits à l'étude

Sachant que des congés, s'agit en profiter

Question sieste crapuleuse, trop prude préoccupé !

En fait, rien de tout ça, a passé tout son temps

Se faire chier comme un rat mort, au fort Brégançon

Résidence idyllique, pour repos du guerrier

Change pas les habitudes, pour être dans le ton

Sauf qu'il bosse comme un dingue, astiquant sa quéquette

En douce lève les gambettes avec sa soubrette

En sa mare d'eau trouble, pour lui, neuve remodelée

L'ancienne pas adaptée, pour lui faire sa fête

A sa femelle digne, de son cygne les doigts palmés

 

Voilà qu'il se radine, relax pétant la forme

Mais un peu trop sans doute, pour ceux de ses ministres

Qu'ont passé leur été, bachotant des réformes

Sachant qu'en son absence, technocrates administrent

Mais un peu trop fidèles, ont dépassé les bornes

Peu de chance qu'ils roupillent, réglant tous ces sinistres

Qu'ont endeuillé les routes, malgré Edouard sauveur

Réduits 80 à l'heure, sauvages conducteurs

Qu'un train de sénateur, certainement une erreur

Alors que rouler bourré, au tournant les malheurs

 

Mercredi sur le pont, dès l'aube, vertueux principe

Ses pieds nickelés accourent, ainsi que fines équipes

Mais la moindre des choses, avant causer sérieux

Que se serrer la louche, entre membres obséquieux

Se doit donner l'exemple, cet envoyé de Dieu

Jupiter pour le public, apôtre pour ses pieux

Courbettes et ronds de jambes aux fourbes journaleux

Récré expédiée, faut songer turbiner

N'y ont guère le goût ses troupes au bonnet de nains

Y'aller en sifflotant, faut pas en abuser

« Le travail c'est la santé », insulte aux pèlerins

Qui pointent à pôle emploi, qu'aimeraient mener grand train

Mais n'en démord pas, le 1er de cordée

Car du ridicule pas encore au sommet

Pas près Manu costaud, multiplier les pains

A part coller des gnons, aux paresseux qu'ont faim

 

Rêvant de Côte d'Azur, élèves dissipés

Quel brouhaha qui lasse, de suite les mets en rangs

Mais y'en a toujours un pour faire son gros malin

Sûr se faire remarquer, jouant les Don Juan

Contant par le menu, ses touches au pub du coin

Adepte de thé dansant, y va en clandestin

Délaissant tout en plan, en souffrance ses dossiers

Pour faire marrer la classe, et enrager le prof

Lui retournant pas une baffe, qu'une simple apostrophe

Réponse « même pas mal », mais son verbe haut est sauf

 

Réunies les abeilles, autour de leur bourdon

D'abord à sa droite, sénilissime Colomb

Trônant à l'Intérieur, Monsieur les bons offices

Pour ce vioque personnage, trop dangereuses missions

Souvent gardien de la paix, car y'a plus de justice

Molière en plus gâteux, va mourir en fonction

   

Sachant que ministre d'Etat ça en jette déjà

Tout le monde veut en être, quitte à ça coûte un bras

Apprendre à subir, l'orgueilleux potentat

Lorsqu'il s'adresse flatteur aux casse couille médias

Et se montrer aimable, pour l'opinion d'en bas

Savoir se retirer, avant faire des dégâts

(Coitus-interruptus, Lucky Luke maladroit)

Pêcheur Gégé de la Gaule… pas très monté pour ça

Ainsi s'autodétruit, « en marche », pas à pas

 

Puis viennent indispensables, tas de scribouillards pigistes

Nègres soumis serviles aux ordres du manitou

Qui s'en fait une joie, leur chercher des poux

Là où n'y en a pas, de jugeote pas un sou

Réduits à figurer, sur la liste des lampistes

Mais qui détiennent la clé et le passe partout

Du coffre bien rempli, de secrets nationaux

Qu'un jour surgiront, punis bandits manchots

Désuètes truanderies, trop tard, plus un mot

C'est fou ce que la grâce, arrange les salauds

 

Attelés à leurs bureaux, ces ramiers d'écoliers

Plupart débarquent à peine de la Méditerranée

Question devoirs de vacances, hélas désolés

Mais qu'ont-ils dont branlé, toute leurs sacrées journées !

Manu, le pauvre au moins, même si c'est pas flambant

A daigné démêler, ses sacs de nœuds pesants

Car bien que faux semblant, mérite le respect

Recevant pas en son bain, la reine d'Angleterre

Seulement sa boniche, nouvelle dame de fer

Nageant comme à la mer, barbote, nu comme un ver

 

Avant de se plonger, en ce quotidien poubelle

S'agit de s'assurer, que nul manque à l'appel

Car depuis Sarkozy, devenu un rituel

Bien mettre tout parallèle, sinon c'est le bordel

(Formule de Desproges qui soudain m'étincelle)

Hollande plus séducteur, heureux, s'est fait la belle

Starlette de ciné, pucelle mais pas rebelle

 

Une journée gâchée, se pense un triste bougon

Qui porte encore la marque de son bob sur le front

Se verrait dragouiller, dans un maillot, couillon !

Séduire les sirènes, sans écailles aux nichons

Tiré de ses chimères, par son raide patron

Pour qui une gageure faire avancer ses pions

Liés pas à leur chef, mais qu'à leurs ambitions

 

Sitôt dit, sitôt fait, tape du poing sur la table

Remet chacun à sa place en guise de brimade

« Songez aux pauvres diables, leur peau de misérables… »

Scène comique de théâtre, entre joyeux camarades

Sachant évidemment, que le populo le regarde

Manu n'en loupe pas une, de ses fameuses tirades

A l'usage de ses potes, qu'adorent les estocades

Mais pourtant concernés, en inutiles palabres

Politiques amateurs, de courage, incapables

Valsant sur le cadavre, des socialistes ladres

 

Chahuteurs avertis, comme pan sur le bec

Marrons marcheurs de force, dès lors le suspecte

Diminutions d'impôts, remises aux Calendes Grecques

Par contre la CSG, en hausse, personne n'objecte

Comme larrons en foire, se comprennent ces esthètes

Pas eux qui vont se farcir, les milliards de dettes

Banque de Bruxelles veille, dehors les métèques !

Trois plombes à cogiter, comment faire avaler

La pilule des taxes à ces râleurs français

Sachant que les élections, arrivent à point nommé

Malgrés chômage en baisse, c'est loin d'être gagné

 

Alors ce fier pacha, qu'est pas élu pour rien

Distribue à ses singes, les marioles projets

A eux s'en expliquer, devant cons citoyens

D'avance s'en dédouane « c'est la faute au destin »

Désignant de la main, ses technocrates rusés

Qu'en fait de conseillers, le mène par le bout du nez

 

Les déserteurs préfèrent, l'école buissonnière

Pensant « qu'allaient-ils faire, en cette galère d'enfer »

Courtisans malgré tout, s'embrassent sur la bouche

Frères d'armes complices, du pognon à la louche

Sentence qui me la boucle « comme on fait son lit, on se couche »

 

Terminé le hors d'œuvre, reste la mise à l'épreuve

De ces vaines promesses, notre Marianne est veuve

Ne restent qu'aux fossoyeurs, prendre leur limousine

Et à tombeau ouvert foncer dans le ravin

Chauffeur à l'appui, avec les coussins

Pourquoi ne pas se rendre, aux hard parties fines

Etant membres associés, issus du Limousin

(Encore mon Pierrot, qui m'inspire ce coquin

Lorsque j'ai mes vapeurs, de guignol comédien)

 

Chronique ordinaire, du sens des affaires

De ces usurpateurs, qui s'emparent de ministères

Hulot riche écolo, vendu son Ushuaia

Pour un plat de cosmétiques, domestique de l'Etat

Qu'absorbe des couleuvres, même à n'en plus pouvoir

Alors que ces malandrins, se fendent d'un pourboire

Lorsqu'ils partent en goguette, comme par hasard le soir

Une pièce, pas cher, tirer du désespoir

L'éclopé allongé sur son bout de trottoir

La chance d'en recueillir une parcelle de gloire

Mais impuissant Manu, ne marquera l'Histoire

Que pour son visage enjoué, et son vil crachoir

Après un an déjà, s'accroche à son perchoir

Va prendre du retard, rédiger ses mémoires

 

Costume trop grand pour lui, cet illustre territoire

Mais cependant élu, à cette fonction rare

Devrait me semble-t-il se montrer moins avare

Rendre hommage à De Gaulle, et son chant du départ

A l'époque où régnaient, cafards, moutons noirs

Patriote le Grand Charles, libérant nos terroirs

Lyrisme qui m'habite, souverainiste, bon genre

Mon clan « Debout la France », selon moi obligatoire

Afin que notre Nation, ne soit plus bonne poire

Accusée de flemmarde, et de se faire du lard

Alors que l'autre Harpagon s'abreuve de ses dollars

 

Hélas rien à faire, péquenot moyen bizarre

Se prosternera toujours, devant ce jules renard

Rapace selon la fable, où La Fontaine va boire

Animal l'artiste, génial son savoir

Quant à ses tributaires, qu'ils aillent se faire voir

Se comparant à lui devant leur sombre miroir

 

Finalement plus de salut, que juste au revoir

De la part de l'humaniste, chu dans le même traquenard

Que ses frères miséreux voués au père fouettard

Existence mortelle, pendables politicards

Le dernier jeune effronté, plus qu'à son tour roublard

Pris en flagrant délire, de ses moches réquisitoires

Permet Cher Pierrot, que je broge blagueur notoire

Comme toi illusionniste, des âneries me marre

Pourvu qu'elles atteignent, esprits les plus ringards

Chauves dans leur petite tête, le torse velu barbare

Adeptes de la pétanque et de la firme Ricard

Bien que je te regrette, demeure au Purgatoire

Sur Terre c'est le bazar, véritable cauchemar

Que moque à merveille, le déchainé canard

Etonnant non ? je me poile, quand la morale se barre (JC Blanc aout 2018)

Signaler ce texte