Amour sans frontière

effie

Rien n'arrête l'Amour.

Gabriel n'avait rien annoncé à Marie. La joie fut d'autant plus grande.

Un beau matin d'été, un cadeau est arrivé du ciel. Marie ne l'attendait plus tellement elle l'avait espéré.

Petite boule de poils blanche, minuscule, seule et sans défense, affamée, ce petit être cherchait un sein auquel se nourrir, un flanc pour se blottir.

L'orpheline et la nourrice se sont trouvées.

Elles se sont aimées.

L'humaine a débordé de tendresse maternelle. Elle a donné le sein tandis que la petite le pétrissait pour faire monter le lait.

Point de lait chez la mère adoptive. Et pourtant, un lien éternel venait de se tisser.

*

Marie a accompagné ses premiers pas, avec émerveillement, mais pas sans appréhension.

Déjà, elle lui échappait.

Elle l'a regardée s'enhardir, surprise par tant de vivacité et d'intelligence.

Ses pitreries la faisaient rire, ses bêtises la faisaient enrager, mais elle n'arrivait pas à lui en vouloir. C'était sa petite, à elle, la plus belle et la plus gentille qu'elle n'aurait jamais.

Peu à peu, la petite a quitté l'innocence et gagné son indépendance. Alors le cœur de Marie s'est assombri et l'inquiétude l'a assaillie chaque jour un peu plus, sans répit.

Elle vivait continuellement dans la crainte de la perdre.

*

Et puis, il est arrivé, le jour du grand départ vers ce pays lointain d'où l'on ne revient pas. Gabriel ne l'avait pas annoncé non plus.

Marie n'a rien senti venir. Mais de l'avoir tant craint, le drame s'est matérialisé. Un soir de septembre, brusquement, sans un « au revoir », la petite n'était plus.

L'absence

Le manque

L'incompréhension

La fatalité

L'humaine a parlé à sa petite, retournée dans le ciel.

Elle lui a écrit.

Et ses pensées ont fini par traverser les portes du Temps.

Elle l'a vue l'espace d'un éclair. Elle l'a rêvée souvent. Elle l'a sentie tout près d'elle, pelage soyeux contre son flanc, et la petite lui a dit : « Ne pleure plus, petite mère. » en la remerciant pour tout l'amour qu'elle lui avait donné.

Alors, l'humaine a compris que sa petite l'enjoignait à vivre chaque instant présent de cette vie, qu'elle ne devait pas s'inquiéter de ce qui pourrait, peut-être, arriver plus tard, ni revivre les souffrances du passé.

Le passé n'existe plus, le futur pas encore.

Seul le présent mérite qu'on s'y attache.

Ici et maintenant, voilà ce qu'il faut vivre pleinement.

Demain n'arrivera peut-être jamais. Mais si un jour nouveau se lève, alors il faut l'imaginer heureux, et il sera heureux. Il faut laisser passer les craintes, les soucis, les rancunes, les regrets, tous les tracas qui prennent forme. Ne pas les retenir car c'est leur donner vie. S'ils frappent à la porte, ne pas leur ouvrir, simplement les observer. Ce sont des étrangers qui ne font que passer lorsqu'ils n'obtiennent pas de réponse.

Carpe diem

Marie a compris bien d'autres choses encore. Il arrive que le voile du Temps se lève pour découvrir d'autres réalités, mais l'homme oublie. Minette, elle, lui a montré l'invisible et lui a laissé, en héritage, le courage de vivre, intensément, en suivant son instinct.

Marie lui doit beaucoup. Elle sait qu'elles se retrouveront...

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