Amoureuse

J'ignore donc quelle joie me traverse.

Je chante, j'ai envie de chanter très fort, toujours, partout, tout le temps. J'ai un rictus sur les lèvres permanent, des papillons me poussent dans le ventre. Tout est rose, joyeux et coloré. Je suis la chenille qui se meut. Ça y est , je me suis métamorphosée. Je suis. Oups quelle jolie sensation de vertige vertigineux !

Dehors les ombres ne m'atteignent pas. Je les vois, je les distingue, c'est tout. J'y étais, je n'y suis plus. Je brille d'éclats de volupté. J'envole sur les toits de mon visage le masque d'un temps nouveau. La création est à porter de doigt, elle est là, comme un plateau de pommes rouges vifs, mures, sucrées, croquantes. Seul le geste s'attend.

Oui, je suis amoureuse. C'est ça. Amoureuse. Le mauve devient violet, le vieux rose pourpre, l'orangé s'évade d'un jaune étincelant. Le corps s'évapore, le cœur s'allège, les pieds, nus dans l'aurore humide, vivent la caresse de la terre qui s'ouvre. Tout devient possible.

Je n'ai pas d'amoureux cependant. Non. Pas de brun aux yeux bleus qui perce mon âme. Pas de blond ébahi devant mes rondeurs olives. Pas de roses qui sonnent à ma porte. Non. Pas de cela.

Qu'est-ce donc alors …

Serais-je donc… Serais-je donc en train de tomber amoureuse de moi…