An doras dubh

kerby

Chapitre 5:

Œuvre morbide.

   Comme tout les matins Sean traîne au Phoenix park. Il aime tout particulièrement ce lieu car c'est l'un des rares endroits assez vaste dans Dublin où les gens ne font guère attention à ce qui s'y passe. De plus pour éviter toute curiosité Sean s'habille de manière classique comme tout individus lambdas. Un vieux jean usé, un tee-shirt Hardrock café, une veste à capuche en coton et une vieille paire de tennis salies à force d'arpenter le parc. Comment penser que ce type est en fait un petit trafiquant. Oh bien sur il n'a pas l'envergure des grands dealers, mais il arrive à maintenir son commerce. Alors vous vous demanderiez bien ce qui fait de lui une exception dans ce lot de diffuseurs de drogue, et bien cela vient surtout du fait de son culot prononcé. En effet il a eu assez de courage, ses amis disent des couilles d'éléphant, pour dealer dans le parc face aux bureaux de la Garda. Tout les matins il est assit sur le même banc le dernier exemplaire du Irish news à la main, son café fumant accompagné d'une brioche, saluant les représentants de l'ordre passant par ici afin de gagner leur travail, ceux-ci lui répondant aimablement. Si seulement ils avaient ne serait-ce que la curiosité d'ouvrir le sac à dos posé en vrac aux pieds de Sean. Et ce matin comme tout les autres il attend des clients. Des fidèles, des nouveaux. Enfin il est plus enclin à s'occuper de la clientèle habituelle, son but n'étant pas d'agrandir son cheptel de consommateurs. Bien au contraire à trop en vouloir cela risquerait par finir d'attirer l'attention des agents de la Garda. Non inutile de courir un tel risque. Tel que cela se passe lui suffit amplement. Garder un petit groupe de clients et vendre ce qu'il faut suffit à l'enrichir tout doucement.

   En fin de journée il ira déposer le tout à la banque. Une simple petite agence qui ne paye pas de mine, discrète et surtout officiant auprès d'une clientèle exclusivement composée de personnes âgées et de chômeurs venant déposer leur chèques d'indemnités. Sa règle de vie, toujours dans le discret. Ici personne ne lui pose de question sur la provenance de son argent, sur le fait qu'il dépose que des espèces. Et même si jamais cela arrivait, il avait déjà tout prévu. Pour les employés de la banque il deviendrait un homme à tout faire vendant ses services à différents patrons et se faisant payer au black. Après tout cela arrive souvent. Beaucoup de personnes issues de quartiers pauvres tel les Liberties préfèrent travailler ainsi et garder une certaine liberté plutôt que de se retrouver attacher toute une vie à une chaîne de montage quelconque dans une usine. Et pourtant la vie de Sean avait faillit prendre un tout autre tournant. Il y a quelques années il avait postulé pour entrer à la fabrique de Guinness. Son talent inné pour les affaires avait attiré l'attention de son oncle qui officie là-bas. Sean avait même pu obtenir un entretien avec le directeur du personnel. Seul son manque de diplôme l'empêcha d'accéder au poste. Par respect pour l'oncle le directeur proposa tout de même un emploie de chauffeur au jeune homme , que celui-ci déclina vu qu'il n'avait pas le permis.  

   Sean n'a jamais eu l'idée de passer sa licence de conduite car il avait tout à proximité. Et si il lui faut se déplacer il a toujours le car et le taxi. Quant à sortir de Dublin ou bien même du pays, cela ne l'intéressait guère. Alors il finit par se retrouver au chômage. Plus tard il fut contacté par un de ses amis d'enfance. Il lui proposa un job. Sean devait lui filer un coup de main en effectuant des livraisons de drogue. Au départ il fut peu enclin à le faire, puis il y prit goût et aima cette façon assez facile de se faire de l'argent. Avec les années il a montré une force de caractère, une discrétion à toute épreuve. Petit à petit il en est venu à prendre la place de son ami, puis à devenir son supérieur. Il a apprit comment se procurer la marchandise et comment la revendre sans éveiller tout soupçons. Puis un jour il prit son indépendance. Et jusqu'à ce jour il a toujours respecté sa part de marché envers ses clients et distributeurs. Encore quelques années ainsi et il aura de quoi vivre aisément, sans non plus avoir une vie de pacha, ce qui aurait semblé étrange.

   Ce matin là il fait la queue devant le vendeur ambulant. Derrière lui Killian attend son tour. Sean prend un café et une brioche et s'éloigne pour aller se poser sur son banc. Killian achète un café bien noir et corsé dans lequel il saupoudre un sachet de sucre. Après avoir payé il se dirige vers la sortie tout en touillant sa boisson. La cuillère en plastique glissée entre les lèvres, il traverse la North Road et entre dans les locaux de la Garda. Un léger signe de tête en direction de O'Hardy et il grimpe à toute vitesse, jouant l'équilibriste afin de ne pas renverser son café. Il pose son gobelet au liquide encore bouillant sur un endroit du bureau où ne règne pas le désordre. Il jette sa veste négligemment sur le dossier de sa chaise avant de s'assoir. Quand il voit l'amoncellement de travail face à lui, il penche la tête en arrière et se masse délicatement les tempes, cherchant au plus profond de lui le courage nécessaire par où commencer. Les yeux toujours fermés, il avance sa main et se saisit d'un dossier au hasard. Il le regarde. Une étiquette bleue est collée sur le devant d'une pochette brunâtre. Dessus on peut y lire l'inscription « plaintes diverse ». Et le revoilà à éplucher tout ces dossiers contenant les procès verbaux des agents de rue, les conduites en état d'ivresse, les plaintes pour tapage, en bref tout ce qui fait le quotidien des agents de la Garda. Il en vient presque à regretter de ne pas vivre aux Etats-Unis car là au moins il pourrait enquêter sur des affaires d'homicides. Ici en Irlande cela est tellement rare que parfois c'est à se demander si cela ne fait pas parti des fictions au cinéma ou à la télé. Parfois cependant il arrive qu'une histoire défraye la chronique et là alors c'est un véritable concours entre les inspecteurs afin de savoir qui emportera le dossier. Chacune de ces occasions étant la bienvenue pour grappiller des points en vue d'une promotion. Et dire qu'il pensait tenir quelque chose avec cette histoire de meurtre. Mais qu'il ne se plaigne pas car dernièrement il était en équipe sur une affaire de viol d'enfant. Sur cette dernière le procès est en cours et il attend d'être appelé à la barre des témoins. Avec lenteur il ouvre la chemise en carton et se saisit de la première page. Une vieille femme a appelé pour se plaindre de ces, je cite « jeunes voyous qui mettent leur musique de sauvage trop forte ce qui empêche Linette de faire sa sieste ». Linette étant une jeune caniche Bichon. Killian pose la feuille à coté et consulte la deuxième. Plainte d'un homme qui veut que l'artisan qu'il a embauché vienne terminer de poser les tuiles sur son toit. Les dernières averses qui ont eu lieu ayant inondé son grenier, ce qui à provoquer la chute d'une partie du plafond et déverser toute l'eau juste sur sa femme qui dormait en dessous. Tout ceci est d'un ennui et il en a encore jusqu'à 17 heures ce soir. Vivement que Cassie arrive pour lui en refiler la moitié. Et c'est toujours en parlant du loup que l'on en voit le bout de la queue. L'inspectrice fait son entrée à son tour et vient prendre place face à Killian.  

-Salut Cass'

-Salut. Quoi de neuf?

-La routine.

Il lui tend une partie des plaintes avant même qu'elle n'ait le temps de soupirer. La jeune femme prend le paquet et y jette un rapide coup d'œil.

-Vol de paillasson …… Super, je suis heureuse d'être venue.

-Et oui, il faut bien justifier nos salaires.

Et à nos deux amis d'éclater de rire sous les regards médusés de certains de leurs collègues.

***

   La fin de la journée arrive enfin. Les deux policiers se lèvent en même temps.

-Tu viens prendre un verre?

-Non merci, ce soir j'ai rendez-vous avec Ceridwen. On va participer à l'enterrement de vie de jeune fille d'une collègue.

-Houlà …… Soirée entre filles, pas bon d'avoir un pénis ce soir.

Cassie le regarde en riant.

-C'est sur que ça va jazzer.

Ils descendent ensemble et se quittent sur le trottoir.

   Killian retourne vite fait chez lui pour se changer puis il prend sa voiture pour se rendre au pub. Ce soir il n'a pas trop envie de souler avec ses collègues. Il se rend dans ce bar où il avait été interroger les gens lors du meurtre d'il y à quatre jours. Il gare sa voiture à proximité, histoire de la retrouver facilement même avec quelques grammes dans chaque poches. La rue est mal éclairées, plusieurs réverbères étant en panne, donnant un aspect lugubres aux lieux. Dans ces ténèbres la lumière du trèfle à trois feuilles est comme la lueur d'un phare guidant les bateaux à bon port. Killian entre dans le pub et un rapide coup d'œil lui avise qu'il y a peu de monde ce soir. Derrière son comptoir la barmaid de la dernière fois est là. Il s'assied sur un tabouret dont le coussin de cuir rouge émet un crissement lorsqu'il pose ses fesses dessus. La barmaid le repère et vient vers lui tout en affichant son plus beau sourire de vendeuse.

-Tiens je vous reconnait. Vous êtes le flic de la dernière fois?

-En effet.

-Alors cette affaire elle en est où?

-Au point mort.

-C'est pas d'bol ça. Qu'est-ce que j'vous sert?

-Une pinte de Guinness et un double Jameson pour commencer.

Aussitôt dit elle se retourne et va faire couler la bière et verser le liquide ambré dans un verre. Elle apporte les consommations et repart s'occuper de clients et nettoyer les choppes sales. Killian la fixe du regard. Déjà la première fois il avait remarqué sa beauté et ses courbes. Elle arbore toujours ce look décalé par rapport aux autres serveuses des autres pubs où il se rend d'habitude. Ce soir elle porte un mini short de jean pardessus une paire de résilles, elle a chaussé une paire de rangers et a laissé ses longs cheveux châtains tomber en cascade sur son débardeur aux motifs de camouflage. Elle a agrémente sa tenue de quelques piercings aux oreilles, arcades sourcilière, lèvres et narines, de bracelets en cuir clouté, de bagues en argent et de divers colliers. La voir vêtues ainsi, sa sueur scintillant sous le spots du bar et faisant apparaître se mamelons sous le coton du débardeur à pour effet de réveiller la libido de Killian. Décidément il a bien fait de venir ici. Bien entendu en choisissant ce lieu à l'origine il avait déjà une idée en tête, celle de finir la nuit avec cette femme. Il avale d'une traite son whisky et commence à se délecter de sa bière. Encore quelques degrés dans le corps et il osera l'aborder sans gêne.

   Au Phoenix Park Sean replie bagage, la nuit est tombée et les allées commencent à s'illuminer. Sa journée a plutôt été fructueuse, il s'autorise alors un petit écart à sa conduite habituelle en se payant un bon restaurant à proximité. A peine est-il entré que le maître d'hôtel s'approche.

-Excusez moi monsieur, mais ici le port de la cravate est obligatoire. Si vous le voulez je peux vous donner deux ou trois adresses de restaurants qui correspondraient mieux à votre « statu ».

Sean n'en revient pas de cette ségrégation. Il observe cet espèce de pingouin engoncé dans son smoking avec ses petits airs pincés. D'ordinaire il serait sorti sans un mot mais ce soir ce sera le grand jeu. Après tout ce type n'avait pas à le prendre de haut. Sans dire mot il sort de sa poche une grosse liasse de billets. A la vue de tout cet argent le visage du maître d'hôtel change.

-Bon c'est fort dommage que je ne puisse me restaurer ici. Si vous avez de quoi noter je veux bien ces adresses.

L'homme change de tout au tout, un large sourire s'étirant sur sa face.

-Je vous en prie monsieur ce serait contre nature de vous laissez repartir ainsi le ventre affamé. Et il se trouve qu'il nous reste de la place.

Sean arbore un sourire de victoire. « La prochaine fois tu te fieras pas aux apparences » se dit-il.

-Je vous en pris, je vous suis.

Le maître d'hôtel le guide jusqu'à une table où il tire en arrière la chaise.

-Monsieur si vous voulez bien vous asseoir.

Sean glisse tout de même quelques billets dans la poche du pingouin avant de prendre place. Le type repart un grand sourire aux lèvres.

   La nuit est maintenant bien avancée et au trèfle à trois feuille Killian en est déjà à son troisième Jameson et tout autant en pintes. A l'extérieur la brume s'est levée incitant quelques clients à rentrer chez eux. Dedans il n'y a presque plus personne. Assit seul au bar il fait signe à Imelda, c'est ainsi que se nomme la barmaid qui vient vers lui. Bon il a déjà obtenu son prénom et il lui semble bien que le courant passe entre eux.

-Qu'est-ce qu'il vous faut? Un autre verre?

-Non je vais déjà finir celui-ci. Sauf si tu veux m'accompagner?

-Désolé mais j'évite de boire sur le lieu de mon taf. Je dois rester lucide en cas de problème ou si je dois sortir les poivrots.

-Bien pensé. A ce moment là je me disait que vu le peu de clients tu pourrais fermer plus tôt et ainsi je pourrai t'inviter à prendre un verre ailleurs.

Imelda le dévisage et lui affiche son plus beau sourire.

-Encore désolée mais j'ai déjà quelqu'un dans ma vie.

-C'est toute l'histoire de ma vie.

Dit-il en soupirant. Elle a un rire, pas de moquerie, ni de compassion, mais d'accompagnement.

-Je vous en ressert un autre?

Pour toute réponse il lui tend son verre. Une fois le Jameson versé il avale cul-sec et se lève.

-Bonne soirée.

-De même, rentrez bien.

Une fois à l'extérieur il laisse l‘air frais et l'humide lui rafraîchir les idées. Il cherche sa voiture du regard. Et bien cela promet une belle gueule de bois pour demain et en plus pour rien. Ressorti frustré il décide de ne pas rentrer chez lui immédiatement et d'aller faire un tour du coté des bureaux de la Garda dès fois qu'il aperçoive des collègues, au moins il pourrait aller finir cette nuit au pub avec eux.

   Sean sort du restaurant repus, le ventre prêt à exploser. Il a tant mangé qu'il en a desserré deux crans à sa ceinture. La nuit est fraîche et la brume s'est répandue dans les rues de Dublin. Il n'y voit presque rien. Il décide de traverser Phoenix Park afin d'aller au plus court pour rentrer chez lui. La lueur des réverbères a du mal à transpercer ce dense manteau. A proximité du banc où il a l'habitude de s'assoir, il aperçoit une silhouette. Celle d'un homme vêtu d'un jean et d'un large sweat à capuche, celle-ci étant rabattue sur le visage de l'homme dissimulant ainsi son identité. Sean prend son temps avant d'approcher, histoire de jauger cette personne. L'homme semble nerveux, il scrute de tout les cotés tout en sautillant d'un pied à l'autre. Tout en lui fait penser au comportement d'un camé à la recherche de sa dose. Et Sean en a assez vu pour les reconnaître. Il décide enfin de s'avancer vers lui.

-Et bien mon ami on dirait que la chance te sourit.

L'autre gars sursaute comme si il ne c'était pas aperçut de la présence du dealer.

-Du calme mon pote. Tout va bien. Tu sais que d'habitude à cette heure ci je ne vend plus. Remercie ta bonne étoile que j'ai du traîner dans le coin. Alors dis moi que te faut-il?

Le junkie sort sa main droite de sa poche en tenant fermement un gourdin. Sean a tout juste le temps de dire « putain » alors que l'agresseur, d'un geste vif et fort, lui assène un violent coup à la tête. Sean s'écroule au sol, inconscient, la tempe en sang. Le mystérieux type s'agenouille près du corps et commence à le déshabiller.

***

   Le lendemain matin Killian se réveil affalé dans son lit, portant encore ses vêtements de la veille et avec une terrible gueule de bois. Il se lève et avance vers la cuisine. Sa démarche ressemble à celle d'un jeune nourrisson faisant ses premiers pas, à la fois prudent, pataud et craintif. Il se sert une tasse de café bien noir qu'il met à chauffer dans son micro-onde. Une fois la sonnerie retentie et le mug sur la table, il y jette deux aspirines. Il avale le tout d'une traite manquant de se cramer la gorge, puis il fonce vers la salle de bain pour y prendre sa douche. Le jet d'eau finit de le requinquer alors qu'il essaie de se remémorer la soirée d'hier. Il se souvient avoir pas mal picolé dans le pub, avoir prit un très bon râteau par la serveuse, mais après c'est le flou total. Un vague souvenir le projette du coté des bureaux de la Garda et rien d'autre. Il ne sait même plus comment il est rentré chez lui hier soir. Une amnésie qu'il a déjà connue par le passé. Après tout ce n'est pas la première fois qu'il rentre complètement bourré. Une fois sortit de la douche et rendu présentable, il attrape son sweat à capuche de la veille et s'apprête à le mettre. Des effluves de tabac froid et d'alcool s'en dégage l'obligeant à éloigner le vêtement loin de son visage. L'odeur est comme incrustée dans le coton. Il jette le tout dans la corbeille de linge sale et retourne dans sa chambre pour en enfiler un propre. Il est temps pour lui d'aller au bureau.

   La brume est toujours aussi présente, signe que la météo de la semaine va être pourrie. Ne trouvant pas le courage de conduire il attrape le bus au coin de sa rue afin de se reposer un peu. Son absorption d'alcool la veille lui laisse la bouche pâteuse malgré le café et un gosier sec. Arrivé au Phoenix Park il décide de le traverser en espérant que le marchand ambulant soit là malgré le brouillard. Il se verrait bien acheter un jus de fruit ou une eau gazeuse avant de prendre son boulot. A peine a-t-il fait quelques mètres qu'il regrette déjà d'être entré dans le parc. La brume est si dense qu'il n'y voit guère plus loin que le bout de son nez. Il aurait du contourner le parc comme le font out les gens. Pourtant il sait très bien que peu de personne ne s'aventure dans celui-ci par un temps pareil. Sans y voir il est facile de sortir des sentiers et d'errer dans les étendues herbeuses. Le risque étant surtout de chuter dans un des nombreux lacs. Après tout ce n'est pas comme si il l'ignorait car combien de fois a-t-il été appelé car des personnes se trouvant dans sa position actuelle ont finit par se noyer après avoir perdu tout repère pour revenir sur les berges. Mais maintenant qu'il est là autant continuer et se fier à son instinct et surtout à sa mémoire car il à l'habitude de parcourir ce chemin. Il avance d'un pas vif lorsque son regard est attiré par une tâche sombre au milieu des arbres près de lui. Poussé par une curiosité à la fois humaine et aussi du à son métier de flic, il ne peut s'empêcher de s'approcher pour découvrir ce que cela peut être. Au fond de lui il se dit que c'est la brume qui lui joue des tours, mais il sait que si il n'y va pas cela le travaillera toute la journée. De quoi s'agit-il? D'un arbre isolé des autres, d'un objet quelconque ou juste son imagination. Lorsqu'il arrive enfin à destination, c'est le choc. Devant lui un corps entièrement écorché est suspendu en croix entre les arbres grâce à des parties de son intestin grêle. La peau du type fendue en deux dans le dos est étendue derrière lui telle une bâche, elle aussi attachée par d'autres morceaux des boyaux. Les jambes et les bras écartés différemment du corps, donnant ainsi au tout une version lugubre et morbide de « l'homme de Vitruve » de Léonard de Vinci. Sous le cadavre l'herbe est imbibée de sang. Killian ne peut retenir ce qu'il a dans l'estomac et se met à vomir. S'essuyant du dos de la main il attrape son téléphone de l'autre et compose le numéro de la Garda.

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