An doras dubh

kerby

Chapitre 6:

Relance.

   La brume matinale est percée par les lueurs des gyrophares des véhicules de la Garda et des ambulances. Par chance la scène de crime à vite été bouclée, les secours n'ayant pas mit longtemps à venir, le bâtiment de la Garda se trouvant juste en face du parc Phoenix et le Saint Mary Hospital dans le parc lui-même. De nombreux rubans jaunes balisent l'endroit et des agents en faction montent la garde derrière eux empêchant tout curieux de s'approcher. A l'arrière d'une des ambulances Cassie parle à son collègue assit sur la dernière marche, une couverture sur les épaules et un café chaud entre les mains.

-Comment vas-tu?

-Bien. Au moins cela à au moins eu le mérite de me dessouler.

Dit-il ironiquement avec un léger sourire sur le coin des lèvres. Mais le tremblement de ses mains montre qu'il est encore sous le choc.

-Idiot. Bon ne bouge pas de là je vais voir où ça en est.

-Ok.

Elle le quitte non sans lui avoir caressé l'épaule en un signe de compassion. Au niveau du barrage elle montre son insigne au policier de garde pour que celui-ci la laisse passer sous le ruban jaune. Le corps est encore accroché, des photographes de la scientifique le mitraillant sous tout les angles. Cassie attend un peu en retrait car elle sait que ces types ont une sainte horreur que l'on vienne empiéter sur leur terrain tant qu'ils n'ont pas donné leur autorisation de pénétrer les lieux. Elle sourit car elle s'imagine que cela leur donne un sentiment de puissance face aux agents assermentés. Elle observe ce ballet d'hommes en blouses blanches ramassant la moindre motte de terre où le sang s'est répandu, les plaçant dans des bocaux, les étiquetant et les rangeant. On pourra bien dire ce que l'on veut d'eux, mais au moins ils font leur boulot avec une infime précision et un soucis du détail exacerbé, ramassant le moindre objet, brindille, branche pouvant peut être devenir un indice capital à l'enquête. Le parterre de terrain, l'arbre lui-même sont passés aux divers produits révélateurs, saupoudrés de plusieurs poudres pour trouver des empreintes. Une véritable fourmilière en pleine activité. Deux d'entre eux étalent une large bâche de plastique noire sur la terre fraîchement retournée juste en dessous du corps. Les scientifiques s'écartent tous laissant juste une petite équipe pour détacher le cadavre. Elle les observe grimpant aux branches et coupant avec précaution les entrailles qui servent de lien. A voir leurs visages blêmes, sur le point de vomir, elle se doute que ce sont de jeunes stagiaires qui ont eu « l'honneur » de faire ce travail. Décidément ceux-ci seront toujours attachés aux tâches les moins passionnantes. Le corps finit par tomber et toucher la bâche dans un bruit spongieux faisant penser à de la chair d'orange écrasée au pressoir. Cassie n'en prendra plus au petit déjeuner maintenant qu'elle a cette vision en tête. Les stagiaires accrochés aux branches tel des petits singes récupèrent le reste des liens pour les enfermer dans des sacs plastique. C'est maintenant au tour du légiste d'entrer en action. Ceridwen frôle l'inspectrice et s'avance vers le cadavre, non sans avoir esquissé un léger sourire vers la jeune femme. Elle s'accroupit et de ses mains gantées elle tourne la tête de droite à gauche. Elle lève son regard vers son amie et lui fait signe de la rejoindre. Cassie approche avec précaution et vient se mettre à coté de la doctoresse.

-Alors?

Ceridwen ne dit mot, elle palpe le corps en divers endroits, le pique à l'aide de son stylo, soulève quelques morceaux de chair.

-Aide moi à le retourner s'il te plait.

Cassie met les gants en caoutchouc que lui tend la légiste et commence à attraper le corps. Le touché est répugnant, la sensation est étrange. Ceridwen sourit et lui saisit les mains.

-Tu sais il ne va pas te mordre.

Et tout en disant ceci elle l'aide à bien empoigner le corps pour le retourner. Un bruit de succion se fait entendre et Cassie est sur le point de rendre son café du matin. Serrant les lèvres elle maintient le corps pendant que la scientifique fait ses prélèvements.

-C'est bon tu peux le lâcher.

Aussitôt dit, aussitôt fait. L'inspectrice se relève vite fait, ravalant la bile arrivée dans sa bouche afin d'éviter de vomir sur ce malheureux. Ceridwen se lève à son tour et fait signe aux autres de venir emballer le cadavre pour l'emmener à la morgue. Les deux femmes retournent vers les véhicules de service.

-Je t'offre un café?

Cassie la regarde encore toute pâle ce qui a pour effet de faire rire Ceridwen. Elles retrouvent Killian qui n'a pas bougé d'un pouce depuis tout à l'heure, son café maintenant froid toujours entre les mains.

-Ca va aller toi?

-Ouais.

-OK! On se retrouve après Cass' pour le rapport?

-Pas de problème.

Elle regagne le véhicule qui l'a amenée ici afin de repartir à son bureau. Cassie s'assoit à coté de son collègue posant sa main sur la sienne.

-Tu es sur que ça va aller?

-T'inquiètes je gère.

-Tu veux venir prendre un café plus chaud que celui-ci?

Dit-elle en désignant de la tête le gobelet en carton.

-Pas tout de suite, nos chers collègues veulent m'interroger à nos bureaux. Après peut être.

-D'accord, je t'attend là-bas.

Elle se relève et part en direction de la Garda à pied. L'air frais lui fera du bien. A peine est-elle partie que deux inspecteurs s'approchent de Killian.

-Si tu es prêt on peut y aller.

Killian se lève, laissant tomber la couverture et posant sa tasse sur le sol de l'ambulance. Il fait un geste de la main pour leur indiquer qu'ils peuvent passer devant. L'inspecteur monte à l'arrière du véhicule de patrouille, là où d'habitude sont placés les suspects. Cela lui fait tout drôle de se retrouver à cette place.

***

   Killian se retrouve dans une des pièces servant d'ordinaire à l'interrogatoire des suspects à la place de ceux-ci juste derrière une table en fer. Les murs de bêton brut rendent encore plus angoissant ces lieux installant un malaise chez les personnes interrogées. Le néon éclaire faiblement l'endroit accentuant le visage encore blême du policier. Il tient entre ses mains un gobelet en carton contenant du café. Il en avale une gorgée lorsque la porte s'ouvre. Un homme de grande taille entre, sa chevelure coupée à la brosse et son costume gris lui donne cet aspect stricte et autoritaire qui ne laisse planer aucun doute quand à sa fonction. Il respire parfaitement le flic.

-Comment vas-tu?

-Encore secoué par ma découverte.

-Bien.

Mike s'assoit face à son collègue et lui décoche un large sourire dévoilant des dents d'une blancheur digne d'une publicité pour dentifrice.

-Bon comme tu le sais toutes dépositions doit être filmée.

-Oui.

L'inspecteur se tourne légèrement pour approcher une caméra numérique posée sur un trépied et appuie sur le bouton ON. L'appareil se met en route dans un léger bourdonnement.

-Bien commençons. Nous sommes le lundi trois Novembre deux-mille quatorze. Nous sommes actuellement dans les locaux de la Garda pour une déposition sur une affaire de meurtre ayant eu lieu au parc Phoenix en compagnie de monsieur Pluincéid menée par l'inspecteur Grants Mickaël. Veuillez vous présenter s'il vous plait.

-Killian Pluincéid inspecteur à la Garda.

-Très bien monsieur Pluincéid veuillez nous décrire ce qui c'est exactement passé.

Killian avale une autre gorgée de son café.

-Tôt ce matin j'avais décidé de passer par le parc pour me rendre à mon travail, les bureaux de la Garda se trouvant face au parc. En le traversant je fut attiré par une forme dans le brouillard et en m'en approchant c'est là que j'ai découvert le corps.

-Pouvez-vous me dire pourquoi être passé à pied dans le parc par ce temps. Vous savez que cela peut-être dangereux à cause des différents lacs qu'il y a. Vous risquiez de tomber dans l'un d'eux.

-Oui mais j'avais besoin d'air frais pour faire passer une migraine tenace.

-Pas de médicament pour la soigner?

-Non, c'est juste une question d'habitude. Elle était du à une consommation d'alcool la veille. En principe un bol d'air suffit à me faire du bien.

-Donc lors de votre traversée du parc vous tombez sur le corps de la victime, quelle a été votre réaction?

-J'ai vomit à la vue répugnante du corps. Le temps de récupérer j'ai finit par appeler les secours et les ai attendu sur les lieux du crime.

-Pour information vous devrez passer aux bureaux des légistes afin de faire un prélèvement pour écarter votre ADN des autres preuves trouvés sur les lieux.

-D'accord.

-Avez-vous vu quelque chose d'autre?

-Non rien le lieu était désert.

-Avez-vous touché à quoi que ce soit?

-Non.

-Je vous remercie pour ces informations. Ceci met fin à l'entretien avec monsieur Pluincéid.

Mike coupe la caméra et la récupère afin de transférer la vidéo sur son PC puis il se tourne vers son colègue.

-Tu sais il y a d'autre moyen pour se débarrasser d'une gueule de bois, en tout cas ça a du être un sacré choc.

-Oui de quoi donner envie d'arrêter de boire.

Les deux hommes sourient.

-Tu as été où?

-Au trèfle maudit, un pub que j'ai découvert lors du meurtre de l'homme d'affaire dans la ruelle.

-Ah oui le précédent meurtre violent. Tu penses que les deux sont liés?

-Je ne sais pas. En tout cas les deux donnent dans le spectaculaire.

Ils se lèvent tout les deux pour ressortir de la pièce. Dans l'immense bureau Mike apostrophe une dernière fois son collègue.

-Dommage que tu n'es pas été au White House notre pub traditionnel car tu aurais peut-être vu quelque chose.

Dit-il en souriant.

-Au mais j'y suis allé après pensant vous retrouver tous, mais j'était trop ivre pour pouvoir remarquer quoi que ce soit.

Ils se serrent la main et se séparent chacun retournant à ses occupations. A peine arrivé à son bureau il voit Cassie se lever et venir vers lui.

-Pas la peine d'allé t'assoir le chef veut nous voir.

Il fait demi-tour, soupir et la suit. A à peine quelques mètres du bureau ils voient la porte s'ouvrir et en sortir le Brian.

-Comment allez-vous Pluincéid?

-Bien monsieur.

-Tant mieux car vous prenez l'affaire tout les deux, voyez si il y a un rapport avec le meurtre précédent, tachez de découvrir qui est cette victime et essayez moi de trouver qui est-ce foutu meurtrier.

-Oui monsieur.

Il referme sa porte laissant les deux inspecteurs sur place. Ils se regardent.

-Bon au boulot alors.

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