Analyse de mon coeur et de mes affections
asdecoeur
Analyse de mon coeur et de mes affections Je t'aime...
Qu'est ce que mon coeur? Quelles sont les affections qu'il a fait naître en moi? Ces questions, que je me suis maintes et maintes fois posées, me laissent aujoud'hui en proie au Styx qui peut me conduire comme le fleuve Inclination vers une mer dangereuse de passion, ou vers la funèbre barque de Charron avant que de rejoindre la douce Eurydice, victime comme moi du coeur de son aimé. Mon coeur, ce temple désormais remplie de ton image, ne sait où il se place désormais, en quel village est sa destinée car il semble balloté le long des trois fleuves tout à la fois, ressentant reconnaissance, estime et inclination. Une Cassandre au fond de moi lui conseille sans cesse, d'un ton languissant, d'étouffer cet amour cruel au berceau. Je lui réponds sous la dictée de mes Muses, telle Christian mené par Cyrano au balcon de Roxane, que ce nouveau-né est un petit Hercule qui strangula comme rien, les deux serpents, Orgueil et Doute. Ces Muses si agiles, guident aussi ma plume, recueillant en leurs mains les larmes, qui à mes yeux, sont prêtes à perler, pour les transformer par le souffle de l'inspiration, en ces mots tendres dont regorgent mes aveux. Et si de moi elles s'enfuient, mon âme se trouvant en proie à sa folie, se précipiterait, geste de desespoir, des falaises surplombant les écueils, premiers dangers de cette mer infinie de ma passion.
Je me sens une statue brute de tout travail et qui n'attend que toi, son Pygmalion, pour être créée selon tes désirs. Car je n'ai rien de valeur en moi qui puisse t'être précieux alors même que je m'apprête à être enchainée comme une criminelle pour ce crime, O ce crime malheureux, d'aimer ce qui n'est possible qu'en rêves. Si moi-même, je pouvais te peindre, toi si parfait, sur une toile de soie, à l'aide de mon pinceau bien-aimé dont le manche sculpté dans la conque de l'admirable Amphitrite soutiendrait sa brosse de poils de chimères, je te rendrais traits pour traits en n' apportant qu'une seule retouche: que tu m'aimes. En effet, que reprocher à tes lèvres si douces et parfaites; à tes mains que j'imagine si agréables et douées pour apporter, au corps avide de ton amour, les prodigieuses caresses qu'il leur quémande ardemment? Le phénix qui sommeillait en ma poitrine s'est éveillé et a pris feu sous les flèches d'Eros pour être réduit en cendres, lorsque tu recevras mes aveux. Ce bel oiseau, qui ne trouverait son nid qu'entre tes bras, attendra ta réponse pour rennaitre de ses cendres et prendre son envol vers la Lune, miroir de l'amoureuse et abri des grands hommes auréolés de panache; ou s'effacer à jamais de la surface de ce monde pour m'enfoncer dans le monde souterrain d'Hadès. Seul Hercule, ou une force aussi grande que la sienne, pourra m'arracher aux ombres des Enfers, tout comme il leur enleva Alceste, âme courageuse qui offrit sa vie par amour , pour épargner son aimé. Et alors que le sablier m'autorisant l'écriture s'écoule pour mettre fin au temps des philtres, des baisers, et des mots tendres, j'attends que tu fasses vers moi le même pas que celui que j'ai esquissé...