Ange

leeman

à cette femme...

Ses cheveux d'argent, ses prunelles éclatantes, une harmonie physique jamais vue, elle est allongée sur un par-terre aquatique. Flottant sur le divin, elle semble s'apitoyer, sans montrer quelconque sentiment ; c'est un visage à la fois gracieux et nonchalant. Une chevelure qui se mêle à l'eau, plongeant, caressant les feuillages marins. Des courbes élégantes, masquées par l'obscur, mais aussi dévoilées par le tissu, qui accroche à sa peau, sans jamais se décoller.

Semble-t-elle vivante ; un filet de bave coule et s'unit au sol liquide ; sommes-nous sur la terre ou dans un paradis perdu ? Jamais mes yeux n'eurent déjà croisé telle beauté. C'est une sensibilité à laquelle mon âme est profondément charmée ; mais c'est atroce, elle semble agoniser. Rien n'est faisable, je suis figé dans une flamme infiniment froide, et je pleure intérieurement. Quelques cris se font entendre ; ces derniers semblent être une lamentation noircie par le désespoir, et la peur de partir est ce à quoi l'ange, qui est visible au loin, semble être confronté continuellement ; c'est un reflet qui n'est pas le sien, deux mains et deux bras découverts, apparemment : une peau douce ; serait-ce son autre elle ? Celle qui demeure depuis tant là-haut, surveillant, l'appelant sans cesse...

"Je suis moi, mais aussi toi. Regarde-moi, ne te perds pas dans un monde ou tu n'existes pas, rien ne sert de chercher qui tu es, l'isolement que tu subis est agréable, et rien n'est important en ce jour, trouver un homme, trouver qui peut nous aimer, n'est-ce pas futile sur l'échelle de notre conscience ? Regarde-moi, yeux dans les yeux, colle tes mains aux miennes ; mon ange, je suis là, maintenant, dérogeons aux règles et visons la transcendance de l'âme, permets-moi de t'offrir ce qu'il y a de plus beau à offrir, et laisse-moi partager la douceur d'une femme qui t'admire, et qu'aucun homme ne saura jamais te donner ; ce que je veux, c'est simplement toi."

Surnaturellement, mes yeux de plomb n'ont vu qu'une seule et même femme devenir deux ; la conscience de cet ange s'est évaporée dans l'écume de cette eau, qui n'était qu'un passage vers la paix, un immense tunnel infiniment large et clair ; le corps demeurait toujours là, seul rationnellement, pour ne point prôner les plaisirs, pour ne point subsister au manque que le désir amplifie.
La solitude est destructrice, et l'amour est meurtrier.

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