Angoisses.

daniel-m

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3 heures 35'', ... je me réveille, le réveil n'a pas encore sonné, il en est bien loin. Ses fluorescences vertes colorent d'une pâle lumière le plafond immaculé de ma chambre. Je me retourne, ta place est vide, vide d'une froide tiédeur. C'est vrai, j'oubliais déjà, tu as due partir vite hier soir, les trains eux n'attendent pas !...

 

Pendant un court instant, mes peurs me laissent, elles dorment encore et je les laisse. Je ne peux plus dormir maintenant, et puis à quoi bon, dormir ne sert à rien, pleurer non plus ne sert à rien, alors.... Je me lève, une fois de plus, j'ai de la chance, mon corps me suit, combien de temps encore ? ... Je sais, j'ai l'air stupide avec mon peignoir blanc et mon blouson en cuir, mais il fait froid et je n'avais rien d'autre sous la main, et puis, à part le chat, personne ne me voit, quelle importance en fait. Tu es partie avec le dernier train et déjà mon café coule doucement, tu es déjà si loin ... Le cendrier froid est dehors, sur le rebord de la fenêtre embuée, les bouteilles vides sont encore couchées, elles ont de la chance...

 

Dans le silence du matin, le bruit d'une dernière goutte dans la cafetière sablier, me donne le départ d'une longue journée, le jour n'est pas encore levé, comme à mon habitude, j'ai de l'avance sur le soleil et ça me plait. Premières gorgées de café noir, noir comme ces angoisses qu'il va doucement réveiller. Que fais tu en ce moment, où es tu et avec qui, mon dieu, j'ai beaucoup de boulot aujourd'hui ! Je sors, l'air est glacé dans mon hiver de l'Est. C'est bon maintenant, je respire. Je pense à ce que j'aurais due faire, à ce que je n'ai pas fais et j'allume ma première cigarette. Douce drogue ou drogue douce, le Satan Nicot a gagné mon cerveau, de ses volutes bleues il enduit mon âme et mes pensées. Je pense à toi, et j'ai peur,... Ton départ précipité, tout ce temps sans se voir, mais le temps a déjà passé, sans prévenir, oui, il ne m'avait d'ailleurs pas prévenu qu'il passerait aussi vite, il est l'heure de se préparer et le chat n'a pas encore mangé. La cigarette écrasée a eu raison du café et l'eau froide a eu raison de moi, je suis bien réveillé, le lit est encore défait...

 

Le visage que je vois dans le miroir, ce n'est pas moi, dit le moi. Et ces rides ne m'appartiennent pas !? Comment peux tu m'aimer, tu es si jeune encore, ... combien de temps avant de te tourner vers un autre, et tu es si loin maintenant. Mais je pense trop déjà, je devrais être encore couché à l'heure qu'il est, le chat est passé me voir, il m'offre des caresses intéressées, il n'a toujours pas mangé. Ses yeux dilatés ont absorbé, l'espace d'un instant, quelques unes de mes pensées, de ce maigre repas spirituel, je lui donne le complément. Repus, il ira se recoucher, mais je dois partir, il est l'heure déjà, je pense à toi. J'ai oublié mes clés et je ne sais plus où ma voiture est garée, j'aurais due rester au lit pour mourir ou bien ne jamais te rencontrer. Où es tu maintenant, et avec qui ? Tu penses à moi ? j'attends 9 heures pour t'appeler, j'ai hâte. J'allume une cigarette, ça ira mieux, j'ai peur...

 

3 heures 36'', ... je me réveille, le réveil n'a pas encore sonné. Ses fluorescences vertes colorent d'une pâle lumière le plafond immaculé de la chambre. Je me retourne et tu dors à mes côtés. Ta douce chaleur rayonne comme à l'habitude du soleil de nos nuits. C'est l'été et aujourd'hui je ne vais pas travailler. Tu sais, je crois que j'ai rêvé, ... rêvé que tu me quittais. Je te regardais dormir, heureuse et sereine. Le bonheur a parfois la mauvaise conscience d'exister, je crois, .... Il fait des cauchemars, on les appelle des angoisses. Mais ne craint rien, je suis là, je t'aime...... j'ai peur ...

 

 «Les angoisses ne sont que la mauvaise conscience du bonheur ! »

 

 

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