Anne A. dans son palais solitaire

lanimelle

Anne A. dans son palais solitaire

Anne A. avait des tremblements dans les jambes quand il était reparti.

Peut être que son ventre tachycarde guérirai, elle ne le savait pas, elle ne savait rien de l’univers qui rongeait délicieusement son sexe et son visage quand il lui faisait l’amour.

Anne A levait les yeux au ciel souvent pour prendre dans les nuages des bonheurs, pour se laisser envouter de l’absence et du manque, pour jouir des odeurs de leur peaux qui ne se lavent pas, qui restent dans la bouche et qu’elle avale, qu’elle réavale sans jamais en perdre le moindre gout.

Anne A. derrière les volets, battait en retraite, se sentait déjà trouée, fusillée, perforée, les souvenirs se faisaient de plus en plus nombreux, parfois elle pensait même avoir tout inventé, ses yeux, ses mots et puis cette envie diabolique qui prenait ses lèvres et puis cet abandon qu’elle arrivait à avoir quand il coulait en elle.

Anne A. lui aurait bien dit qu’elle ne regardait jamais son visage parce qu’il lui était inconnu, comme un vrai étranger qui se serait glissait en elle, comme un clandestin, une pute qui aurait pris son bout de trottoir, ou comme un mac qui lui aurait demandé toujours plus de passes, plus de fric.

Il ne connaissait rien de la violence, il croyait l’être, comme une brute ou un voleur qui balance des coups de lattes pour forcer une porte, il le croyait mais elle a du lui dire que non, que la violence ce n’était pas ca, ca ne pouvait pas arriver quand la porte n’avait pas de verrou, quand la porte de son corps s’ouvrait sous ses délicates pressions de tendresse.

Anne A. n’arrive pas à calmer sa respiration, elle joue avec ses ongles sur la table, nerveusement,  gratte un peu le dessus du vernis,  les dents qui se serrent et qu’elle calme par un soufflement qui ne soulage rien en elle mais décrispe momentanément son envie d‘encore.

Parfois l’amour est un chien, un chien en rage, un chien adorablement attendrissant, un chien aux yeux malheureux, la main d’Anne A. est allée sans préméditation sur l’animal, il l’a dévoré, il l’a goulument absorbé et maintenant sans aucune cicatrice, il vit en elle, elle le porte sur la peau, elle le porte dans la bouche, elle le porte dans ses yeux, elle le porte comme un lest invisible qui respire en elle, en même temps que le temps qui passe.

Quand il lui a dit qu’elle était une sorcière, Anne A. aurait voulu dire « je ne sais pas, je ne sais pas si l’amour a quelque chose à voir avec la sorcellerie ou les diables ou alors à quelque chose de divin», Anne A. avait pensé que peut être il la détestait à ce moment là ,qu’il lui en voulait qu’elle le désire autant que lui.

J’ai vu Anne A. ce matin, elle avait les yeux perdu dans un demi, j’ai bien essayé de lui parler mais elle était ailleurs, elle n’a même pas tourné la tête quand j’ai raisonné en elle.

Je suis l’inconscience de Anne A., je suis le monstre qui vit en elle, je suis la face cachée de Anne A., un petit bout de chair qui palpite déraisonnablement quand cet homme s’approche d’elle.

L’animelle

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