Anthéor
Sylvia Herbez
Anthéor
Une heure avancée d'après-midi. Un été. La chaleur se joue des vents. Tous ces bruits familiers que nos mémoires attendent avec impatience répètent année après année le même chant. Écho de l'enfance, ils résonnent dans les cœurs en un seul nom: Anthéor.
Nous voici, réfugiés d'une année, suspendus à cette roche rouge, là où nos pieds réapprennent les meurtrissures des galets avant la fraîcheur des vagues comme punition expiatoire de douze mois d'oubli. Nous voici, sentinelles d'un trésor, tournées aux éléments. Le spectacle s'offre à nos sens et nous restons fascinés comme envoutés. Abandonnant nos esprits au chant lancinant et rythmé des cigales, le rideau se lève avec le soleil et de la lune sur le miroir de la Méditerranée. Chacun retrouve ses gestes de l'été dernier: marcher pieds nus sur les cailloux brûlants, sentir les pins et caresser la lumière, attendre demain en vagabond, aimer à contretemps pour des noces fugitives, se laisser glisser à soif perdue et remonter sourire à la vue.
Nous sommes nulle part ailleurs, il n'y a que les bras de la crique où nous réfugier.