Antigone

saurimonde

Rendors-toi

Mon pays, j'ai rêvé que tu avais ces allures d'Antigone.
Tu étais à la merci d'une ténébreuse élite franc-maçonne,
Et d'autres infectes et laides créatures innommables
Te souhaitant des choses bien peu aimables.

Ta magnificience d'alors autrefois ennoblie, 
Saccagée, était tombée en oubli.
Les gens ne savaient plus ce qu'était l'amour ou les amis,
L'amour de sa patrie ou bien de sa famille.

Ils avaient brûlé églises et cathédrales de la Belle Époque,
À la place se dressait le règne du plus sournois Moloch.
Il se délinéait de monstrueux blocs jusqu'aux orées ;
Et entre ces tentacules serpentaient des monstres colorés.

Pour mettre des couleurs à leurs arcs de fiel,
Ces monstres avaient l'apparence de l'arc-en-ciel,
Jeanne d'Arc brûlait sous la sombre pluie irisée de ces archers,
Le roi fou nous disait de marcher.

Et le seul moyen d'échapper à ces diluviennes ondées
Déferlant sur une contrée où de noirs cauchemars fondaient,
La seule griserie possible, par le poison, était de se rendre ivre.
Dans cet Érèbe il n'y avait le rêve de voir quelqu'un lisant un livre.

Partir sans se retourner était l'unique contrepoison
Pour obvier ces visions d'horreur et ces démons à foison,
Qui prenaient nos cœurs entre leurs serres étouffantes ;
Ils sexualisaient leurs enfants, infâmes sycophantes !

Le soleil devint noir comme un sac de crin et la lune comme du sang,
Dans ce ciel ne volaient plus de mésanges mais que des anges malfaisants ;
Comme de noires éphélides dans une apocalypse aux coloris grenadines —
Sous la sibylline symphonie d'horribles angélus qui drelindinent.

Les gens mourraient et les gens se tuaient,
Ceux qui colportaient encor l'amour se faisaient huer, 
Celui qui était contristé et mésintelligent était fou,
Ils adoraient un nouveau Dieu, on vous aurait tué pour un sous.

Plus un espoir ne luisait dans la vêprée ou l'aurore,
Seulement au loin tocsinaient Les Chants de Maldoror.
Gomorrhe ! Tu faisais naître ces pauvres hommes ;
Ménechmes reflets d'ineptes écholalies de Sodome.

Ô bas monde tu n'avais plus aucune forme d'art,
Comme Rome tu tombais par les barbares,
Ils s'infestaient jusqu'aux bassins hortois,
Mais ça n'est qu'un mauvais rêve, rendors-toi.

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