La Prophétie du Lion Sorcier - Chapitre 45 : Vers les Aiguilles du Géant
Lynn Rénier
Profitant du calme de la soirée, les deux jeunes gens gagnent la demeure du Comte de Richwel. L'inquiétude se cramponne à l'estomac d'Anya : et si on les démasquait sans qu'ils n'aient le temps de trouver la moindre piste ? Mais lorsqu'elle croise Béatrice et que cette dernière ne la reconnait pas, ne lui adressant qu'un bonsoir poli, Anya se sent plus sereine.
Dante, lui, a toute confiance en son sort. Il semble même être différent, jouant un personnage comme sur une scène de théâtre. Il a jusqu'à modifier son style vestimentaire, pour se fondre d'avantage au milieu des féliniens. Haut de forme en feutre, canne à la poignée et à la pointe de laiton, complet sombre et élégant. La jeune femme a presque du mal à le reconnaître.
Le majordome du Domaine de Richwel les aperçoit tandis qu'ils approchent du haut portail. Il leur jette un regard suspicieux tout en fermant la grille, mais ils font mine de ne pas le remarquer et continue leur route sans s'arrêter.
- Comment comptes-tu entrer ? demande Anya au magicien.
- J'ai plus d'un tour dans mon sac.
Il la guide jusqu'à l'angle du mur et bifurque dans la rue, échappant ainsi au regard du majordome.
- Il y a un autre accès, réalise la jeune femme.
Un peu plus loin, dissimulé dans le haut mur d'enceinte couvert de lierre, une petite grille permet d'accéder aux jardins du domaine. Elle n'a pas servi depuis longtemps, la rouille habillant le métal ouvragé et le lierre s'y étant installé.
- Raséraré cincinno, chante Dante en dessinant un cercle du bout du doigt devant la serrure.
Un léger cliquetis se fait entendre et le portail grince en s'ouvrant légèrement. Le magicien esquisse un sourire plein de malice à sa complice.
- Après vous, Très Chère.
- Je n'en ferais rien. J'espère pour toi que les chiens sont ailleurs, soupire Anya en ne daignant pas franchir le portail.
- Espérons. Laïn nous aurait été d'une grande aide sur ce point.
- Je n'aime pas les chiens, siffle la jeune femme.
- Tu cohabite pourtant avec un sacré molosse au Domaine des Arflors, lui fait remarquer Dante.
- Avec Fidèle, c'est différent. C'est le chien de Monsieur Josh et il n'est pas méchant. Il fait son travail, c'est tout. Et puis, ils sont bons amis Évy et lui. Alors, il ne me fait pas peur. Si Évy lui fait confiance, je le peux aussi.
- Ce n'est guère étonnant qu'il s'entende avec Laïn, plaisante le magicien. Mais je n'aurais jamais cru que tu ais peur des chiens.
- Plus ils sont gros et grognant, plus ils me font peur. Et Charles de Olstin adore ce genre de bête monstrueuse…
- Sais-tu que le chien n'est pas naturellement méchant. C'est au maître qui le dresse que l'on doit son agressivité, s'il en est.
- Eh bien, tu iras le leur dire quand ils t'auront croqué les fesses…
Devant la moue guère rassurée d'Anya, le magicien médite une seconde. Il lisse son bouc imaginaire tout en réfléchissant, jusqu'à ce qu'une lueur éclaire soudain son regard. Dessinant des cercles dans l'air du bout du doigt, il ferme les yeux et se concentre :
- Ocultar praesentia o cão, murmure-t-il.
Un ruban d'étincelles se forme sous le mouvement de ses doigts et vient peu à peu les envelopper comme un manteau brillant, avant de disparaître. La jeune femme lui adresse un regard curieux.
- Avec ça, les chiens ne devraient pas percevoir notre présence.
- Ce qui signifie ?... Sommes-nous devenus invisibles ?
- Non, s'ils nous voient, ils attaqueront. Mais ils ne sentiront pas notre odeur tant que nous restons discrets et hors de leur vue.
- Entendu.
Pénétrant alors dans le jardin, ils scrutent les allées, vérifiant que les molosses ne sont pas là. Avec la pénombre, difficile de les repérer, mais aucun grognement sourd ne leur parvient. Conclusion : les animaux ne sont pas à proximité.
Dante et Anya suivent le mur d'enceinte jusqu'au fond du jardin. Leur pas dans la pelouse impeccablement tondue ne fait pas le moindre bruit. L'écho d'une marche sur le gravier de l'allée voisine leur arrive et ils se figent, le cœur battant plus vite dans leur poitrine. Un des domestiques de la demeure passe près d'eux sans les voir. Ils ne peuvent retenir un soupir de soulagement.
Rapidement, ils gagnent les écuries. Les chevaux sont dans leur stalle, les mangeoires pleines de foin. Signe que le nouveau palefrenier du Comte ne reviendra pas avant le lendemain matin. Une chance : ils pourront fouiller sans être dérangés. Mais très vite, Dante sent que quelque chose ne va pas. Ses sorts de révélation n'ont aucun effet, comme si sa magie ne l'écoutait plus. Et ça ne fait que le contrarier.
- Qu'y a-t-il ? demande Anya, le voyant bougonner.
- On bloque ma magie. Je sens un champ répulsif ici. On cherche à cacher quelque chose, c'est évident à présent.
- Oui, mais quoi ?
- Là est toute la question.
Il dégage le foin accumulé sur le sol mais semble déçu, comme s'il s'attendait à trouver quelque chose dessous.
- La dernière fois que je suis venue ici, j'ai trouvé une trappe sous la paille, explique-t-il. Je n'ai pas eu le temps de voir ce qu'il y avait après.
- Je t'ai dérangé à ce moment-là, s'excuse Anya.
- Oui, et je pensais pouvoir la retrouver. Or, elle semble avoir disparu. Il n'y a plus rien ici. Quelqu'un a nettoyé les lieux avec minuties et a usé d'une magie très puissante pour m'empêcher de mettre la main sur cette trappe. C'était la seule piste que j'avais. Mais ce sort de répulsion confirme mes craintes : il y a bien un magicien à Félinin.
- Autre que toi, tu veux dire.
- Oui. Et il faut l'empêcher de mener à bien son projet. Si je me fie à ce que je soupçonnais, ton ami n'est pas mort pour rien, Cat. On l'a assassiné pour une bonne raison.
- As-t-il fait quelque chose de mal ?
- Si tu veux savoir s'il le méritait, la réponse est non. Il s'est simplement trouvé au mauvais endroit au mauvais moment, a vu quelque chose qu'il n'aurait pas dû voir et pouvait apporter ce dont le magicien avait besoin : on l'a assassiné pour ça.
- De quoi un sorcier aurait-il besoin de la part d'un palefrenier ? s'inquiète la jeune femme.
Dante hésite à lui répondre. Mais devant le regard insistant d'Anya, il finit par lâcher :
- D'ingrédients.
- Pardon ?!
- Quand on dit qu'un sorcier a besoin de quelque chose chez un être humain, c'est souvent pour ce qu'on ne donnerait pas de façon consentie.
- Tu me fais peur…
- Et tu as sans doute raison d'avoir peur… Si mes soupçons sont justifiés, Félinin abrite un sorcier puissant qui use de magie noire dans le but d'accroître d'avantage ses pouvoirs.
- Magnifique ! ironise la jeune femme.
- J'ai le désagréable sentiment que l'histoire se répète.
- Celle qu'Évy nous a racontée ? Oui, moi aussi.
Un silence presque pesant s'installe. Même les chevaux ont arrêté de piaffer dans le box. Les deux jeunes gens se jettent un regard inquiet et déterminé à la fois.
- Il faut arrêter ce sorcier, disent-ils d'une même voix.
Alors, ne pouvant user de ses sorts dans l'enceinte des écuries, Dante tente sa chance depuis les jardins.
- Ostende itar.
Il fait chanter ces mots envoutants, tel un appel, et patiente. Là, sa magie réagit enfin. Peu à peu, un fin serpent de lumière doré se dessine sur le sol, comme un chemin à suivre depuis le bâtiment qui abrite les chevaux du Comte vers le Sud-Ouest de Félinin.
La jeune femme lui adresse un regard surpris. Bien que le fil d'or soit aussi fin que celui d'une bobine de fil, elle craint que d'autres qu'eux puissent le voir. La nuit est en train de tomber mais Félinin n'est pas endormie pour autant. Elle reste très vivante, jusque tard, et les féliniens pourraient s'alarmer d'un phénomène étrange qu'ils ne comprennent pas.
- Le sort t'est visible ? s'étonne Dante.
- Oui. Il ne le devrait pas ?
- D'ordinaire, ce type de sort n'est visible que de celui qui le lance.
Un sourire malin se dessine sur les lèvres du magicien.
- Si je peux le voir, s'inquiète Anya, est-ce que cela signifie que les féliniens aussi ?
- Nous serons les seuls à le voir, lui dit-il, rassurant.
L'étincelle qu'il voit dans son regard couleur caramel lui plaît : elle semble très honorée. Mais Dante, lui, esquisse un mystérieux sourire qui veut dire tout autre chose.
Prenant la direction des Aiguilles du Géant, Anya et le magicien traversent le Nord de la ville jusqu'à la mer, qui les oblige à s'arrêter. Le fil lumineux glisse sous l'eau. Il disparaît en direction de l'extrémité d'une des langues de terres étroites qui s'étendent dans les flots, comme des doigts tendus séparant la Baie des Cygnes et la Baie des Oies.
Une moue déçue s'affiche sur le visage du jeune homme. Il n'a pas prévu cela. Comment savoir ce qui se cache au bout du chemin s'il ne peut pas l'atteindre ? Et que signifie tout ceci ? Pourquoi la piste part elle des écuries pour venir jusque-là ? Qu'est-ce que ça peut bien cacher ? Le Comte est-il mêlé à tout ça ?
Il finit par faire le cent pas sous le regard curieux d'Anya. Tenter de trouver des explications lui semble bien compliquer tout à coup. Lui qui pensait pouvoir résoudre l'affaire rapidement…
- Et si le chemin était sous nos pieds ? suggère la jeune femme.
- Que veux-tu dire ?
- Nous suivons le fil de lumière depuis le Domaine de Richwel, comme si il s'agissait d'un chemin. Nous n'avons rien remarqué de suspect en venant jusqu'ici, et il nous est impossible de voir où la piste s'en va. Il y a quelque chose sous les Aiguilles du Géant, mais impossible d'y accéder. Je suppose que plonger ne nous servirait à rien. Je doute qu'un accès ou quoique ce soit d'autre se présente dans l'eau. Alors, je me demande si tout ne se trouve pas sous nos pieds, tout simplement. Un peu comme si un tunnel courrait sous la ville depuis le domaine du Comte jusqu'ici.
Dante médite une seconde.
- Bonne hypothèse. Ça expliquerait le fil de magie.
- Oui. Ton sort dessine un chemin plutôt évident. On dirait qu'il suit quelque chose qu'on ne peut pas voir, comme si c'était sous terre. Tu vois comme il est parfait, droit, linéaire, lui fait-elle remarquer en désignant le fil de lumière en amont. Il ne suit pas le relief, ni les rues. Il suit autre chose. Je suis certaine qu'il y a un tunnel sous nos pieds.
- Et l'entrée serait cachée dans les écuries.
- C'est pour cette raison que tu as décelé un sort de protection. Celui qui utilise ce tunnel ne souhaite pas qu'on le découvre.
- Ne nous reste qu'à découvrir comment y accéder et où il mène.
Ils rebroussent chemin, croisant des féliniens qui ne semblent pas voir le filament brillant serpenter. Un salut poli et chacun reprend sa route. Anya joue avec ses boucles rousses, fascinée que le sort de morphose marche si bien et que personne ne la reconnaisse. Pas même Zacchari Douana, le précepteur de la jeune Sarah, à qui elle souhaite le bonsoir tandis qu'il rentre chez lui.
Alors qu'ils approchent des premières villas, arrivant non loin de leur point de départ, ils s'aperçoivent que le fil se sépare. C'est si subtil, juste une pointe qui dépasse du tracé principal, qu'ils ne l'ont pas remarqué en descendant vers la mer. Sitôt suivent-ils les prémices dorés que le serpent s'allonge. Ils échangent un sourire et emboitent le pas au filament lumineux qui se dessine à mesure qu'ils avancent.
Bientôt, ils arrivent en vue du Domaine des Arflors. Anya n'est pas tranquille. Elle craint que le sorcier se soit caché au nez des D'Avila.
- Évy l'aurait démasqué, tente-t-elle de se rasséréner.
- Les Veilleurs perçoivent la magie chez ceux qu'ils côtoient, confirme Dante. Si celui qu'on cherche se trouvait au Domaine des Arflors, elle le saurait.
Mais le fil s'étend en ligne droite plus loin et un soupir de soulagement échappe à la jeune femme.
- Je ne comprends pas, souffle le magicien. Nous retournons chez De Olstin ? Ce n'est pas logique…
La demeure du Comte n'est pourtant pas au bout du chemin.
Le fil d'or s'arrête devant une autre bâtisse, plus discrète. Un haut portail de fer forgé laisse entrevoir un jardin soigné et vert, où règnent pelouse et buis taillés en forme d'œuf. Au bout de la courte allée gravillonnée, la villa offre un bâtiment imposant à l'architecture simple. Le toit pentu en tuiles noires contracte avec la façade, dont la couleur rose poudrée lui donne un côté très romantique.
- Le Domaine de Gast est au négociant Henri de Votigern, si ma mémoire ne me trompe pas. Mais il est décédé il y a quelques années déjà. Alors, à qui appartient cette demeure désormais ? Demande Dante.
- À sa veuve, la Baronne de Gast. La villa a longtemps été inhabitée. Le Baron n'était pas très présent, souvent en voyage avec ses gens. Puis, il est décédé subitement. Et un beau matin, Mélissa Wanda est apparue pour y vivre.
- Je n'avais pas connaissance d'une épouse, s'étonne le jeune homme.
- En vérité, personne n'en avait connaissance avant qu'elle vienne réclamer le domaine dans la succession. Elle a fourni les actes de propriétés lui revenant. Et comme Henri de Votigern n'a pas eu de descendant connu, personne n'est venu se plaindre.
- Une veuve qui jouit d'une impressionnante richesse mais qui reste très discrète à ce que je vois. Contrairement au Comte de Richwel.
Anya ne peut s'empêcher de sourire.
- Monsieur de Olstin est connu pour ses dépenses immodérées et son goût pour le fastueux.
- Il est connu pour ça jusqu'à Armonis, plaisante le magicien. Mais que mon sort nous mène jusqu'ici ne m'explique pas le lien qui peut exister entre le Comte de Richwel et la Baronne de Gast, et encore moins ce qui les mêleraient au meurtre de ton ami.
- Le bruit court qu'ils seraient amants.
- Je ne suis pas certain qu'on puisse se fier à des rumeurs. Charles a la réputation de courir les femmes… déplore Dante.
- Certes, rien ne nous dit que c'est la vérité. Mais reconnais que la coïncidence est frappante.
- Les coïncidences n'existent pas. Il doit y avoir une explication. Le tunnel relie les deux domaines aux Aiguilles du Géant. Pourquoi ?
- Il faudrait pouvoir l'arpenter pour connaître la réponse.
- Nous n'avons pas pu trouver l'accès au tunnel depuis les écuries, peut-être le trouverons nous ici. Le sort continu au-delà du portail, il suffit de le suivre.
- Nous n'allons pas pénétrer sur le Domaine de Gast, tout de même.
- Qu'est-ce qui nous en empêche ? Tu sais qu'une porte fermée ne va pas m'arrêter.
- Je sais, Dante, mais regarde le tracé de ton sort, lui fait-elle remarquer en pointant le mur d'enceinte de l'autre côté du jardin. Il va bien au-delà. Nous n'avons pas nécessité à forcer l'entrée. Il suffit de retrouver le chemin après le mur.
- Es-tu certaine de ne pas être membre de la Brigade du Lynx ? Tes déductions et ton sens de l'observation auraient de quoi en rendre certains jaloux.
Pour toute réponse, Anya lui adresse un sourire flatté.
Tandis qu'ils contournent le domaine de l'extérieur, ils croisent un visage connu. Hubert Vannier, l'inquiétant majordome de Charles de Olstin, semble sortir de nulle part et ne leur prête même pas attention. Que fait-il là ? Ne l'ont-ils pas vu quelques instants plus tôt sur le domaine de son Maître tandis qu'il fermait le portail ?
La jeune femme ne peut s'empêcher de rappeler à son compagnon que cette nouvelle coïncidence est à prendre en compte. Ce dernier remarque surtout l'étrange paquet que l'homme transporte : un emballage de papier kraft autour d'un contenant en verre. La curiosité le prend : que peut-il bien y avoir dans ce curieux bocal au bouchon de laiton ? Il n'arrêtera pas le majordome pour le lui demander. Ce serait prendre trop de risque. Cependant, sitôt celui-ci leur tourne-t-il le dos qu'il murmure du bout des lèvres :
- Traspàrenza.
Il retient un hoquet d'horreur. Le majordome se tourne soudain vers lui. Dante prend aussitôt un air avenant et innocent qui fait illusion.
- Veuillez m'excuser, mon brave, lance-t-il. Nous cherchons la Marquise des Arflors. Auriez-vous l'amabilité de nous indiquer sa demeure. Je crois bien que nous nous sommes égarés.
- Vous l'avez passé, grogne l'homme. Le portail ouvragé en remontant la rue vers le bois.
Et sans leur laisser le temps de répondre, il tourne les talons.
- Merci bien, siffle Dante. Cet homme est d'une amabilité à faire peur…
- Je ne l'aime pas, murmure Anya. Que fait-il là ?
- Travaille-t-il aussi pour la Baronne ?
- Non, il ne me semble pas. Enfin, pas que je sache en tout cas. Il est le majordome du Comte. Et ce dernier est exclusif avec ses domestiques.
- Il me semblait bien l'avoir vu sur le Domaine de Richwel tout à l'heure.
- Que transporte-t-il ? questionne Anya, se doutant que l'emballage en papier kraft n'a pas empêché Dante de découvrir ce qu'Hubert dissimulait.
- Charles de Olstin aurait-il un penchant pour les bocaux médicaux ?
- Je ne comprends pas…
- Le majordome porte un bocal de formol qui contient des organes humains…
- Est-ce que tu plaisantes ? Parce que je ne trouve pas cela drôle.
- Aucunement. Je suis sérieux.
- Comment sais-tu ce qu'il y avait dans ce bocal ?
- Parce qu'il est trop grand pour ne contenir que du formol et un cœur.
- Tu sais reconnaître un cœur humain d'un seul coup d'œil ?...
- Les avantages d'étudier la magie à Armonis. On y apprend aussi l'anatomie et la biologie. Alors, oui, je peux t'assurer qu'il s'agit d'un cœur humain.
Anya réprime une nausée.
- Trafic d'organes ? suppose-t-elle.
- Ça semble trop simple.
Le jeune homme replonge dans ses réflexions, lissant sa fine moustache imaginaire des doigts. Il y a trop d'éléments incohérents les uns avec les autres et si peu de réel indice. L'esprit bloqué sur ce que cache ce bocal de formol, le magicien chasse toute idée et revient à ce qui les a amenés là.
Ils longent le mur jusqu'à retrouver le fil doré. Celui-ci continue son chemin un peu plus loin. La rue se termine sur un chemin de terre qui s'arrête avant la lisière du bois et son muret de pierres et de palissades.
- Nous sommes juste derrière le Domaine de Gast, constate Anya tandis qu'ils retrouvent le mur d'enceinte de pierres grises et rosées.
De l'autre côté du rempart, ils peuvent apercevoir la façade Nord de la résidence, comme si elle leur tournait le dos. Mais ce qui attire vraiment leur attention est une curieuse petite alcôve collée au parapet.
© Lynn RÉNIER