La Prophétie du Lion Sorcier - Chapitre 58 : La Guêpe et l'Araignée

Lynn Rénier

Anya & le Magicien - Tome 1 : La Prophétie du Lion Sorcier

Épuisé, il s'est assoupi sans s'en rendre compte. Ses rêves sont peuplés de créatures félines à l'allure très humaine. Comme tous ses songes d'ailleurs, et ce depuis qu'il est enfant et qu'aussi loin sa mémoire puisse remonter. Sans doute est-ce pour cela qu'il croit Laïn et ses histoires d'hommes-bêtes, que l'apparence de la Veilleuse ne l'a jamais vraiment surpris.

Toujours, un grand lion le guide, bienveillant et protecteur. Mais cette nuit-là, le grand fauve semble inquiet, cherchant à l'avertir. Dante ne comprend pas, c'est si confus. Pourquoi un rêve ne peut-il jamais être aussi limpide que de l'eau de roche ?...

Alors que d'ordinaire ses songes sont si calmes, son ami félin se faisant presque professeur, cette fois il fuie, sans que le magicien n'en comprenne la raison. Et plus il tente de l'approcher, plus le lion s'éloigne, jusqu'à disparaître dans l'obscurité… Le jeune homme sait que ce n'est pas lui que fuie son ami. Non, c'est autre chose…

Soudain, le fauve réapparaît devant lui. Il n'est plus sous la simple forme d'un animal. Il arbore à présent la stature d'un homme, dressé sur ses pattes postérieures. Son corps est musculeux, fort. Son épaisse crinière est comme une couronne de poils sombres. Un pelage doré le couvre, une queue terminée d'un pinceau noir se balance derrière lui et son visage est celui de la bête avec ce nez noir et ces yeux jaunes de prédateur.

Face à Dante, il rugit et le jeune homme sent son souffle brûlant sur ses joues. Un hoquet de peur le saisit et il finit par se réveiller, avec difficulté, comme après un mauvais rêve. Dans la cellule, il fait sombre et le silence règne. Enfin, pas exactement : un léger bourdonnement résonne. Curieux. D'où peut bien provenir ce bruit ?

Aux aguets, le magicien se lève. Sa rencontre avec le Dieu Lion quelques instants plus tôt le conforte : Hiamovi a cherché à l'avertir d'un danger. Et alors, une question demeure : pourquoi le Grand Lion apparaît-il toujours dans ses rêves et pourquoi n'a-t-il jamais fait le rapprochement jusqu'à présent ?

Mais il n'a pas le loisir de trouver une explication. Le bourdonnement se fait plus fort, comme si la chose se rapproche. Un éclat attire son regard et il éclaire aussitôt la cellule d'un sort. La petite luciole de lumière se fixe au plafond, lui permettant ainsi de voir comme en plein jour. Juste à temps.

Un énorme insecte fonce droit sur lui. Sans lumière, il n'aurait entendu que le bruit de ses ailes rouges se rapprocher sans savoir ce à quoi il avait affaire. La bête, grosse comme un moineau, braque sur lui un dard lisse dont il ne veut pas goûter la piqûre. D'un jaune vif rayé de noir, l'insecte est un frelon monstrueux de par sa taille. Jamais il n'en avais vu d'aussi gros.

Jusqu'à ce qu'il réalise que ce n'est pas vraiment un insecte. Le vrombissement de ses ailes est dû aux engrenages qui les font fonctionner. L'éclat de lumière sur son abdomen et son corps fins est le reflet du métal dont il est constitué. Il s'agit d'un automate ! Et dans son ventre, le magicien voit le corps d'une seringue emplit d'un liquide vert. D'instinct, il sait ce que c'est.

- Du poison, siffle-t-il.

Il observe l'insecte approcher dangereusement, son dard braqué sur lui. Si par malheur l'aiguille le touche, Dante sait qu'il est condamné. Il devrait avoir peur. Pourtant, contre toute attente, il en sourirait presque.

- Il faut croire que la personne qui t'envoie manque de courage pour m'affronter, se moque-t-il.

Le frelon mécanique ne lui répond que par un bourdonnement vif avant de charger.

Le magicien esquive l'aiguillon de peu, se jetant sur le côté. L'automate fait volte-face avec une rapidité surprenante, et revient à la charge sans laisser le temps au jeune homme de préparer une défense. Il est forcé d'esquiver le dard une nouvelle fois et ne peut retenir un grommellement : il a besoin d'un peu plus de temps pour lancer un sort, avec la certitude qu'il touche sa cible !

Les yeux rouges de l'insecte ne se détachent pas de lui, et suivent ses parades avec attention. Calculerait-il ses prochaines attaques ? Dante en a l'amère impression. Car chaque fois que l'automate le charge, il se rapproche un peu plus. Bientôt, il parviendra à le piquer.

Alors, le jeune homme est saisi d'une idée. Il quitte son manteau pour s'en servir de filet. Le frelon risque de l'abîmer, mais il vaut mieux le vêtement que lui. Un étrange balai se joue ensuite. Comme un duel de tauromachie dans une arène avec Dante pour matador et l'insecte pour taureau. Une, deux, trois fois il tente de capturer l'automate volant sans arriver à le piéger.

- Jamais deux sans trois, soupire-t-il.

L'insecte le regarde, de ces yeux rouges vides et brillants comme de petites ampoules phosphorescentes.

- Allez, approches ! Je t'attends.

Le frelon charge. À la quatrième tentative, Dante finit par l'attraper au vol. Coincé dans le manteau, l'automate bourdonne avec fureur. De son aiguillon, il pique à travers le cuir en espérant toucher le magicien. Mais ce dernier s'y attendait et fait preuve de prudence.

Il coince le manteau sous la semelle de ses bottes et se redresse pour se tenir bien droit au-dessus de sa prise. Joignant les mains devant son torse, l'index et le majeur pointés vers le plafond, il ferme les yeux pour se concentrer.

- Irrigidirte, chuchote-t-il.

Aussitôt, un déclic métallique résonne, la bestiole est comme prise de convulsions et brusquement tout mouvement sous le manteau s'arrête. Un sourire malin apparaît sur le visage du magicien. Il soulève le vêtement pour observer l'automate, inerte.

Ses yeux rouges ne brillent plus, les mécanismes ne tournent plus et ses ailes ne bourdonnent plus. Il est revenu un simple automate sans vie, comme un pantin désarticulé.

- Toi, sourit Dante à l'insecte mécanique, tu vas me mener à ton maudit maître.


***


Dans l'ombre de la grotte, perché au-dessus de la jeune femme, un mouvement quasi imperceptible se fait. Une ombre se faufile sur la roche, silencieuse et perfide. On ne discerne que de petits yeux rouges qui fixent l'endormie en contrebas. Parfois, un éclat de lumière vient se refléter sur une surface polie et dorée.

Longeant la paroi, l'intrus descend jusqu'au sol sans réveiller Anya. Ses pattes aussi fines que des aiguilles à tricoter s'activent jusqu'au matelas de coussins. Sa course se fige quand une bourrasque s'introduit dans la tanière. Puis, se dissimulant lentement dans l'ombre pour masquer sa présence, la mystérieuse créature attend.

Un être informe et curieux, fait de minuscules tourbillons d'air, arpente la grotte. Son souffle froid perturbe bientôt le sommeil de la jeune femme qui finit par s'éveiller. L'entité se fige, tournant ce que l'on pourrait croire être un visage vers elle. Anya ouvre péniblement les yeux et tout s'arrête. Le tourbillon disparait aussitôt, comme s'il n'avait jamais été là.

Ne comprenant ce qui se passe et n'ayant pas remarqué l'être venteux, Anya se redresse lentement, sifflant entre ses dents face à la douleur qui se rappelle à elle. Dans la pénombre, elle jette des regards inquiets autour d'elle. Mais ses yeux ne voient rien, seulement l'obscurité et la faible lueur nocturne qui vient du dehors pour lui apprendre que la nuit a tout juste commencé. Elle réprime un frisson et enroule la couverture sur ses épaules.

- Évy, est-ce que c'est toi ?

Le silence, seul, lui répond.

- Évy, répond s'il te plait. Ce n'est pas drôle…

La grotte reste muette.

- Je te demande pardon, Évy, s'excuse la jeune femme. Je ne voulais pas me montrer si… ingrate, tout à l'heure. Je… Merci de veiller sur moi, d'être venue me chercher…

Elle espère une réponse, mais rien ne vient. Elle joue de ses mains en un geste nerveux, puis reprend :

- Je suis si inquiète pour Dante, alors… Je ne voulais pas…

Comme la tanière demeure muette, la jeune femme baisse les yeux. Elle s'en veut tellement…

Elle a vraiment cru que son amie était revenue. Mais visiblement, ses paroles ont profondément vexé la Veilleuse. Et elle le comprend. Elle s'est montrée bien impolie envers elle. Comment peut-elle croire que Laïn lui pardonne si facilement ? Ses yeux s'embrument de larmes.

- Je ne suis qu'une idiote… se répète-t-elle baissant le regard.

Soudain, une monstrueuse araignée sort de l'ombre des coussins pour se ruer sur elle, et Anya ne peut retenir un cri paniqué.

 

Son corps est gros comme la main de la jeune femme, armé de huit pattes fines terminées de lames tranchantes, et sa petite tête présente des chélicères aux crochets longs et acérées. Ces bestioles, Anya les a en horreur. Les petites, elle les évite à la façon d'un chat qui change de trottoir sur un coup de tête. Mais les grosses la tétanisent. Dès lors, devant ce monstrueux arthropode, son arachnophobie prend aussitôt le pas sur sa raison.

La bête fonce vers elle. Ses six petits yeux rouges sont fixés sur la jeune femme qui retire sa main des coussins sur le champ. Malgré la douleur de ses ecchymoses, elle cherche à s'éloigner à tout prix de sa phobie, comme si désormais elle n'était plus guidée que par son instinct.

Dans un rayon de lune, elle voit bien que ce n'est qu'un automate, fait d'engrenages et de métal doré. Seul le dessus de l'abdomen est en verre, ce qui permet de voir les mécanismes s'imbriquer les uns dans les autres pour faire fonctionner le tout. Mais la peur d'Anya fait battre son cœur malgré ce. L'arthropode est incroyablement bien réalisé. Un véritable travail d'orfèvre, semblable à celui d'un horloger, qui rend l'arachnide plus réelle encore. Et sa grosse taille n'aide pas la jeune femme à se rassurer.

Le corps est divisé en deux, comme si la nature elle-même avait œuvré et qu'il s'agissait d'une véritable araignée. Le prosome avec la tête surmontée de trois paires d'yeux et l'opisthosome qu'est le corps sont séparés par le pédicule. La paire de filière est équipée d'une aiguille dont Anya ne préfère pas savoir ce qu'elle injecte. D'autant qu'elle est pointée vers elle de façon menaçante.

Se retrouvant bientôt coincée contre les murs de la grotte, la jeune femme panique et se recroqueville sur elle-même. Cette énorme araignée de métal la terrifie. Sa respiration devient saccadée tandis que l'automate approche et elle ferme les yeux, espérant qu'ainsi l'arthropode disparaîtra. Malgré cela, elle entend toujours le bruit des lames de rasoir au bout des pattes chaque fois qu'elles se posent sur le sol. Alors son corps est pris de tremblements incontrôlés.

Mais un grondement sourd résonne bientôt dans la tanière et le bruit métallique s'interrompt. Anya n'ose pas regarder, comme si la grotte s'était soudainement remplie de monstres sortis de ses cauchemars d'enfant. Elle se recroqueville un peu plus, pressant ses paumes sur ses oreilles en tentant de taire tous ces bruits qui la paralysent.

Une présence se fait près d'elle. Puis, un grognement la fait sursauter. Un sifflement étrange lui arrache un cri terrifié, quand un claquement sec ne lui donne pas un hoquet de stupeur. Bientôt, le balai métallique reprend et elle voudrait disparaître. Cette horrible bestiole veut sa mort, elle en est persuadée.

Jusqu'à ce qu'un aboiement canin la tire de sa terreur. Ses yeux s'ouvrent, écarquillés. L'obscurité est totale. Le croissant de lune se cache derrière un nuage et emporte avec lui sa faible lumière. Dans le noir, elle ne discerne pas ce qui se passe près d'elle. Pourtant, elle sait qu'un duel s'est engagé entre l'araignée mécanique et la Veilleuse. Laïn est revenue, pour lui sauver la vie.

- Attention au dard ! ne peut-elle s'empêcher de hurler à son amie.

Elle a tellement peur que la Veilleuse ne soit piquée à sa place par cette aiguille mortelle.

Puis, tout à coup, un son sourd fait vibrer toute la roche autour d'elle. Ses oreilles se bouchent comme si elle était en altitude et le silence se fait, brusque, inquiétant, pesant.

 

Inquiète, Anya trouve la force de se lever. Elle scrute la pénombre de la grotte avec espoir et anxiété mêlées. Est-ce la Veilleuse qui sortira de l'ombre ou cette affreuse bestiole ? Doucement ses oreilles se débouchent. Un bruit de métal sur la pierre lui fait retenir sa respiration et bientôt un engrenage vient terminer sa course à ses pieds.

- Évy ? ose-t-elle.

- Tu n'as rien ? lui demande son amie en retour.

Cette voix étrange, celle qu'elle a sous forme lupine, est tellement rassurante tout à coup. La jeune femme ne peut retenir un soupir. Elle se laisse glisser sur le sol, les jambes tremblantes.

Sortant de la pénombre, la louve la rejoint. Ses yeux ambrés brillent dans la nuit et Anya ne voit qu'eux jusqu'à ce qu'elle puisse toucher le pelage noir de son amie du bout des doigts.

- Tu es revenue, lui murmure-t-elle encore sous le coup de l'émotion.

- Évidemment.

La bête, de la taille d'un grand chien, glisse son museau sous le menton de la jeune femme pour lui faire lever les yeux. Elle s'apprête à lui demander si elle n'est pas blessée, mais Anya ne lui en laisse pas le temps. Déjà, elle l'enlace, passant ses bras autour de son cou pour se serrer contre elle. Doucement, la louve pose une patte dans son dos, lui apportant le réconfort dont elle a besoin.

- Tout va bien ?

- Je n'ai rien. Juste une grosse frayeur, la rassure Anya en glissant son visage dans la fourrure sombre. Si c'est une blague, elle n'est pas drôle. Tout le monde sait combien je déteste ces bestioles…

- Ce n'était pas une mauvaise blague. Quelqu'un a cherché à t'empoisonner.

Surprise, la jeune femme se redresse comme un ressort. Laïn pose sur elle un regard pénétrant.

- Qui ? s'enquit-elle. Qui voudrait me savoir morte ?

- Quelqu'un qui ne veut pas que vous le démasquiez.

- Tu crois qu'il peut s'agir du sorcier ?

- C'est une possibilité. Ne m'as-tu pas dit que vous approchiez du but avec Dante?

- Si. Nous allions retrouver la trace du prisonnier. Et ainsi connaître l'identité du sorcier.

- Il est celui qui a le plus à perdre si vous découvrez son identité. S'il a des projets sur le point d'être finalisés, il ne souhaite certainement pas que vous l'empêchiez de les mettre en œuvre.

Anya médite une seconde.

- Comment cette chose est-elle arrivée à me trouver ?

- La magie de traçage. Il suffit que le sorcier ait quelque chose qui t'appartienne.

- Comme ?

- Un objet, un cheveu, du sang. Il a dû trouver ce dont il avait besoin là où vous vous êtes battus contre les soldats.

- C'est possible. J'ai été blessé et ai perdu un peu de sang. Dante aussi… Alors, il est également en danger !

- Ne t'inquiète pas pour lui, il sait se défendre. Et si pareille machine à chercher à attenter à sa vie, il a certainement dû contrer l'attaque à l'heure qu'il est.

- Tu crois ? Je…

La jeune femme n'ose le dire, mais Laïn a compris qu'elle souhaite venir en aide à Dante. S'il est lui aussi menacé par un automate assassin, et même s'il l'a contré, il faut impérativement le sortir de prison. Le sorcier pourrait retenter une attaque et la détention de leur ami le rend vulnérable.

La louve est du même avis. Elle ne peut pas rester là à attendre, elle non plus. Et ce n'est pas l'envie d'en découdre qui lui manque. Seulement, pour cela, il faut qu'Anya se soit remise, ce dont elle doute.

- Es-tu en état ?

- Tes onguents ont fait des miracles.

- Sois honnête.

- Quelques courbatures, c'est tout.

- Vraiment ?

- Oui. Je t'assure.

Le regard de la louve s'attarde une minute à l'observer.

- Je suis certaine que pour l'heure, Dante est hors de danger. Prends le reste de la nuit pour te reposer, lui propose-t-elle, et avant que le soleil ne se lève, nous iront sortir Dante de prison. Qu'en dis-tu ?

- Entendu.

Laïn approuve à son tour d'un léger hochement de tête.

Anya aimerait regagner sa couche, mais la peur est toujours cramponnée à son estomac. Elle imagine déjà la monstrueuse araignée sortir à nouveau des coussins. Son amie s'en aperçoit.

- Tu ne risques plus rien, lui assure-t-elle.

Pour le lui prouver, elle vient se tenir près des oreillers. Lui faisant confiance, la jeune femme la rejoint, les jambes tremblantes. La louve se dirige alors un peu plus loin dans la grotte pour s'asseoir à côté d'un amoncellement de pièces brillantes.

- Elle est… hors service, constate Anya.

Les engrenages sont éparpillés sur le sol. Les vis et autres pièces de métal autour. Le morceau de verre s'est brisé sur le corps de l'araignée et les différentes parties qui composaient la créature ont été séparées les unes des autres.

- Un sort de dissociation, explique Laïn. Très efficace contre la technologie humaine. Et la seule façon de rendre vos automates inoffensifs de façon… définitive.

Anya s'accroupit pour observer l'aiguillon.

- Si le but était de tuer, pourquoi équiper un automate d'une aiguille ?

- Pour empoisonner avec discrétion.

- Et de quel type de poison s'agit-il ?

- Tu sens cette odeur d'amande amère ?

- Du cyanure...

- Celui qui a envoyé cette créature te promettait une mort rapide mais douloureuse.

- J'en suis flattée, ironise la jeune femme.

- Une chance que cette araignée ne t'ai pas piqué.

- À qui le dis-tu… J'en suis la première soulagée.

Elle reste un moment à regarder l'araignée mécanique en pièces détachées, sans vraiment la voir. La fatigue se fait subitement sentir. La louve vient à ses côtés, frottant sa tête contre sa jambe pour l'inciter à aller s'allonger.

- Ne me laisses plus seule, supplie Anya avec un regard de petite fille perdue.

- Je ne bouge pas. Tu peux te reposer sans inquiétude.

Rassurée, et délaissant l'amas de pièces métalliques, la jeune femme retourne se coucher. Les émotions de la soirée l'ont épuisée. Et la faim se rappelle à elle. Son estomac se manifeste bruyamment ce qui étire un sourire carnassier à Laïn.

- Je suppose que tu n'as rien avalé.

- Non, pas depuis la soupe que tu m'as faite boire.

Alors, la louve retrouve visage humain en un battement de cils. Fascinée, Anya l'observe perdre son pelage noir et son allure lupine pour arborer une peau hâlée et une chevelure sombre parcourue de petites tresses perlées.

D'un simple contact du bout des doigts sur les pierres du foyer, Laïn ravive le feu avant d'y poser une petite casserole de soupe. Voilà de quoi réchauffer son amie et nourrir son estomac.


***

© Lynn RÉNIER
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