La Prophétie du Lion Sorcier - Chapitre 61 : Spallière et Boucle de Ceinturon

Lynn Rénier

Anya & le Magicien - Tome 1 : La Prophétie du Lion Sorcier

La femme-louve parvient à taire ses sanglots. Ses cheveux sombres cachent son visage mais Anya voit que ses épaules ne tremblent plus. Elle vient doucement enserrer son amie, la prenant dans une étreinte chaleureuse.

- Pardonnes-moi, lui souffle Laïn dans un murmure, je ne voulais pas…

- Ce n'est rien, la rassure la jeune femme, je comprends.

Elles restent toutes deux ainsi pendant quelques instants encore, silencieuses. Les larmes sur les joues de la femme-louve se tarissent finalement et elle reprend rapidement contenance.

- N'en oublions pas ce que nous avions prévu, dit-elle.

- Oui, Dante a besoin de notre aide. Ne le faisons pas attendre.

Un sourire illumine à nouveau le visage de Laïn et Anya ne peut s'empêcher de le lui rendre.

- Tu devrais te changer, lui conseille son amie aux cheveux sombres.

Sans se le faire dire deux fois, la jeune femme file derrière le paravent. Il lui faut se préparer, et surtout se changer. Une tenue plus appropriée que ses jupons de dentelles semble de rigueur, bien qu'elle adore se vêtir de crénelles et autres broderies.

Pour la circonstance, un pantalon s'impose et adieu bottines à talons. Si elle est amenée à courir, mieux vaut mettre toutes les chances de son côté pour fuir sans encombre. Alors, elle opte sagement pour une tenue radicalement différente de ce qu'elle a l'habitude de porter, abandonne crénelles et jupons de dentelles pour quelque chose de plus adéquat aux circonstances.

Sur une blouse au col V et aux manches Bishop, elle passe un corset fait d'une pièce de cuir travaillée. Taillé façon gilet, il n'y a pas de lacet pour le fermer cette fois mais simplement une rangée de boutons cuivrés sur le devant.

Contrairement au reste du corset fait dans un cuir offrant un toucher doux et velouté, la poitrine et le décolleté plongeant sont une pièce de cuir souple et brillant. Des croisillons habillent les côtes comme le ferait un lacet, accentuant la cambrure de sa taille.

Travaillé de deux façons différentes, le cuir donne ainsi un certain cachet au corset. Une ceinture est posée sur sa taille, un large anneau doré en son centre. Elle y fixe la chaînette de sa montre à gousset avant de la glisser à l'intérieur d'une petite poche dissimulée dans la doublure du bustier.

Le pantalon noir rayé de brun, moulant comme un collant, disparaît dans une paire de bottes lacées sur le tibia. Et elle ne saurait se passer de ses mitaines et de son joli manteau noir. Anya veut bien se vêtir de vêtements confortables et qui ne l'engoncent pas, mais elle est avant tout une femme. Une petite touche de féminité ne fait pas de mal. Elle le reconnaît, surtout, elle est un peu frileuse et appréhende de traverser la ville sous la fraicheur de la nuit.

Elle coiffe ensuite ses longs cheveux clairs en une queue de cheval haute, tenue par un large ruban satiné couleur violine. Prenant soin de garder le sifflet du garde-chasse autour du cou, elle n'en oublie pas le camée félin dont elle ne se sépare jamais. La casquette gavroche de Dante vient terminer sa tenue. Et la voilà prête.

 

Lorsqu'elle sort enfin de derrière le paravent, la jeune femme découvre que la Veilleuse s'est parée d'une tenue qu'elle n'a encore jamais vue, en dehors de ces récits fantastiques propres aux livres. Un style, presque barbare, qui n'a rien à voir avec la mode actuelle au Royaume de Lincéa et qui laisse Anya sans voix.

Le haut est une tunique longue au corsage ajusté, fait dans une pièce de cuir bordeaux lacé sur les côtes. Les manches kimono en satin noir apportent de la légèreté, tombant à mi-longueur sur ses bras nus. Intégré à la tunique et dans ce même cuir pourpre, une capuche tombe dans son dos. L'intérieur est doublé de laine bouillie et le tissu noir vient dessiner un charmant col en V à son haut, soulignant ainsi son décolleté de charmante façon.

La tunique couvre une courte jupe de cuir brut, à la découpe un peu grossière. La taille est une large ceinture, habillée de queues de fourrure, de petites tresses de peau tannée et de fils de perles de bois qui dansent sur ses hanches à chacun de ses pas. Un style très barbare qui sied à la femme-louve. L'épaisse boucle d'argent de la ceinture représente la tête d'un loup au regard acéré et aux dents longues. Un petit sac en peau de daim y est accroché et le sabre dans son fourreau y est glissé, attendant patiemment qu'on le dégaine.

L'écharpe bordeaux qui serre d'ordinaire la taille de sa robe bleue est nouée à la ceinture, les franges tressées venant pendre sur sa hanche. Ses avant-bras sont protégés de courts canons de cuir souple. L'un des deux brassards noirs est sculpté de courbes et de dessins peints d'argent, comme si elle portait un large bracelet autour du poignet.

Sur son épaule droite, une petite spallière de cuir épais, agrémentée de pièces de métal, ressemble à trois écailles de dragon posées sur son épaule. Enfin, aux pieds, Laïn porte une paire de bottes hautes qui couvre en partie ses mollets, le revers en dessous du genou leur donnant un air de chausses de corsaire.

Voilà qui offre à la Veilleuse une silhouette redoutable. Et cela tranche avec l'apparence divine de leur première rencontre. Anya ne sait pas très bien si elle ressemble plus à une barbare des régions du Nord ou à une pirate des cinq mers. Pour cette dernière, peut-être manque-t-il le tricorne coiffé de plumes.

La jeune femme a alors le sentiment que son amie se prépare à combattre. Est-ce dans cette tenue de guerrière qu'elle a défendu son village par le passé ? Quoi qu'il en soit, elle arbore un style que la jeune femme ne pensait appartenir qu'aux histoires d'antan décrivant des peuples presque sauvages.

Anya sourit : avec Laïn, c'est un peu comme voyager dans le temps, à travers les époques et les croyances. Après tout, la femme-louve vient bien d'une région du Nord qui appelle indubitablement à cette culture d'un temps lointain, et que son amie pensait être une époque oubliée.

- Prête ? lui demande Laïn en tressant ses cheveux sur son épaule.

Dans ses yeux brillent une étrange lueur qui ferait presque frémir la jeune femme. Mais la détermination de cette dernière évince tout doute.

- Oui, lui répond-t-elle d'une voix assurée. Allons chercher Dante !

Toutes deux quittent le couvert du bois pour gagner la ville. Et rien ne saurait arrêter leur marche vers la prison.


© Lynn RÉNIER
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