Dura lex sed lex.

kephas

Instant de vie...

Ça a commencé comme ça.
Par un coup de téléphone:
Monsieur, vous avez rendez-vous demain pour votre entretien avec votre conseillère. Très bien, j'y serai, compter sur moi.

*

Le lendemain, je me suis retrouvé assis dans son bureau, sans trop savoir ce que je faisais là. Depuis mon arrivée, elle ne m'avait pas adressé la parole. Je n'avais devant les yeux qu'un arrière d'écran noir, et le haut de sa chevelure, un chignon moche comme chou.
Elle fixait son écran d'ordi tripatouillant les touches de son clavier, avec un bruit de mitraillette. La tension était palpable, j'attendais mon exécution en serrant les fesses, les dites fesses à peine posées sur le bord de la chaise. Si elle n'ouvre pas la bouche d'ici cinq minutes, je me tire.
Elle a quand même fini par lever sa tête de son écran.
Alors avant de commencer, votre nom, prénom, date de naissance et votre adresse ? Mais on avait rendez-vous.
Oui, qu'elle a confirmé. Mais je suis obligé de vérifier si c'est bien vous. Ah, parce que vous pensez que quelqu'un pourrait vouloir prendre ma place ? Vous étes sérieuse ? Oh, mais de nos jours, tout est possible qu'elle a claironné.
J'ai décliné les renseignements qu'elle me demandait en souriant. Qui pourrait vouloir usurper mon identité de demandeur d'emploie ? C'était incroyable cette histoire. 
Alors vous en étes où, dans quel domaine vous recherchez ? qu'elle m'a questionné. L'entretien de jardin et les espaces verts, je viens d'obtenir mon diplôme. Vous vous souvenez, il y a neuf mois. Vous aviez validé mon projet de reconversion. Houlà...! J'ai huit-cents personnes comme vous à m'occuper, si vous croyez que je me souviens de tout le monde. Bon alors je le note sur mon écran. Merci. Houlà ! qu'elle s'est exclamée à nouveau. Je vois votre âge, vous n'allez pas recevoir beaucoup de réponse positive. Ah bon, Vous croyez ? Mais j'ai quarante cinq ans, et c'est vraiment ce que je désire le plus au monde. C'est entendu, mais bon...elle a laissé planer sa phrase, l'air de dire: vous comprenez, tout le monde sait ça mais fait semblant que non.
Elle a repris, attendez voir, ah voilà, il y a une seule offre mais c'est un contrat saisonnier. Oui, bien parfait pour démarrer. Par contre, c'est pas ici, c'est sur l'île. Les gens se battent pour aller travailler là-bas. C'est un vrai paradis pour touriste. Bien, très bien. Ça m'interesse. Attendez, Houlà non, je vois qu'il y a déjà eu trente huit candidats qui ont répondu à l'offre pour un seul poste. C'est foutu qu'elle a décrété.
Mais l'offre est toujours en ligne ? Ils n'ont pas encore recruté quelqu'un définitivement ? Oui sans doute, mais là, à mon avis c'est cuit qu'elle a dit en haussant les épaules. Vous pouvez me donner l'offre quand même. J'ai rien à perdre.
Très bien, je vous la sort. Mais n'y compter pas trop. Sinon, il y a rien  d'autre dans le jardinage...vous ne voulez pas faire homme de ménage ou livreur de pizza ? Parce que là j'ai pleins s'offres. Non, ça ira. Je veux vraiment travailler dans les jardins, être au contact de la nature. Bon. Votre temps est écoulé. Tenez moi au courant. Aurevoir.

A suivre...

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