It's long way to the top...

kephas

(...)

J'étais assis, figé sur ma terrasse au septième étages, plongé dans un bouquin comme dans un sous-marin. Ma vie ces temps-ci ressemblait plus à un long aternoiement idiot et répétitif qu'à une valse viennoise. Il fallait que j'en sorte d'une façon ou d'une autre.
Ecrire quelques mots et les faire tenir debout, c'était pas une sénicure. Je restais en dessous du niveau zero, mon inspiration suivait la mélodie en sous-sol. Là où c'était sombre, lugubre et poussièreux. J'avais une araigné au plafond. J'imaginais qu'un jour je serai lu par le plus grand nombre. ( Tu parles Charles : je me voyais déjà en haut de la fiche... ) Et alors quoi ? Nada ! J'étais scotché sur la bande d'arrêt d'urgence, en panne de sens (d'essence !)
Qu'est-ce que j'aurais pu raconter qui tiennent debout cinq minutes ?
(Engendrer c'est pas si facile. Et d'abord l'enfant voudra-t-il naître ?)
Quelque chose qui vaille le coup ? (Oui,  pour engendrer, il faut s'envoyer en l'air, mais combien de coup ? un coup, deux coups, trois coups ?)
Parce que le lecteur est exigeant, il en veut pour son argent le bougre.
Il s'attend à y trouver du sens. (Du sens, quel sens ? Sans dessus-dessous !) Il veut de l'évasion, du frisson, de la logique que sais-je ? Des mots peut-etre confus mais qui le feront grandir. Merda ! C'était la faille, je le pressentais bien. J'avais rien à proposer : l'absence de génie, d'ailes, de bouée de flottaison.
J'étais coincé comme un idiot sur ma page blanche : qu'est ce que j'aurais pu donner à part mes doutes, mes desillusions ? (mes cendres ?)

Je vénérais les livres depuis que j'avais appris la lecture. J'en lisais énormement avec un appétit d'ogre.
Je passais le plus clair de mon temps à lire et à écrire.
Tous les coins de ma baraque étaient remplis de livres du sol au plafond, plus particulièrement ma chambre, où les murs étaient couvert d'une multitudes de bouquin empilés les uns sur les autres. Ça me donnait l'impression de dormir dans un livre.

Quand je suis entré dans le salon, pour me servir à boire, j'etais complétement sonné, le ciel brillait comme une cloche. La ville en bas s'étendait entre mer et montagne, pas de quoi en faire un fromage.

Soudain les livres se sont mis à causer. Je me suis bouché les oreilles mais ils résonnaient encore dans ma tête. Ils parlaient tous en même temps, dans une véritable cacophonie. J'entendais clairement les voix  humaines  de tous les auteurs dans une véritable orgie de mot. À quoi jouaient-ils ? J'y comprenais rien. Est- ce que j'étais sur le point de devenir cinglé ?
Par dessus tout ça, j ai entendu la sonnerie de mon ordinateur portable. J'avais reçu un mail. Bonjour, j adore ce que vous écrivez, Rencontrons nous. Nicole.

À suivre...

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