Apocalypse snow

Jerry Milan

 
Soudainement  des voix et un bruit de clés dans la porte me sortirent de
mes souvenirs californiens. J'ai reconnu la voisine et la voix de mon
fiston. Ils étaient en train de discuter et elle n'était manifestement pas
au courant de ce qui m'est arrivé. Elle était désolé et au bord des
larmes. Son mari, plus jeune que moi, l'a quitté deux ans auparavant et
elle avait du mal à s'en remettre...et maintenant le voisin. Finalement,
elle éclata en sanglots et laissa mon fils tout seul. Il posa son sac,
s'écroula dans un fauteuil du salon et ne bougea plus. Il n'avait aucune
idée que je l'observais. Enfin, que mon esprit l'observait. Il finit par
s'endormir. Il était huit heures du soir. A neuf heures, le portable sonna.
Sa femme voulait savoir s'il est bien arrivé et dans quel état se
trouvait-il. Pas la grande forme...Quand mon père est mort, j'étais très
mal moi aussi. Et pourtant, j'avais du temps pour m'y préparer. Son
agonie a été longue et pénible pour tous et surtout pour lui. Il
s'accrochait à la vie de toutes ses forces et son regard transpirait la
peur et le désespoir. Je le regardais, lui tenais la main et ne savais pas
quoi dire. Je suis parti pour ne pas être là quand son âme allait le
quitter. La mienne pourrait peut-être le retrouver sous peu, mais pour
l'instant, j'étais là à flotter dans le salon regardant mon propre fils.
''M'a t-il observait ainsi lui aussi ?'' me demandais-je...
Ma mort à moi était soudaine et inattendue. Un coup en pleine figure de
mes proches et mes amis quand ils allaient l'apprendre. Je me
demandais, s'il elle était plus facile à digérer dans ce cas une fois passé
l'effet de surprise. Personnellement, je préférais. Je n'ai pas souffert
des mois durant en me voyant décliner peu à peu. En sentant mes forces
me quitter comme celles de mon père. A chacun son destin et le mien a
été respecté selon l'horoscope chinois.
''La vie du signe du tigre est souvent interrompu par une mort violente''!
Les occasions n'avait pourtant pas manqué. Je suis passé très prés
plusieurs fois.
Quelques accidents puis des situations du à mon état psychique ou à
mon travail. J'avais fait plein de petits boulots étant étudiant à la fac
en sociologie et film ethnographique. Je me suis marié jeune, nous
habitions chez les parents de ma femme à cinq dans un HLM de la
banlieue parisienne. Son père gravement malade, la grande-mère et ma
beldoche qui était la seule à travailler. Autant dire, que ce n'était pas la
fête tous les jours. Et nous deux à la fac et vivant enfermé dans une
pièce de quinze mètres carrés. Pas d'autres moyens qu'un taf le jour et
les cours le soir pour y échapper, alors j'épluchais des annonces à la
recherche des petits boulots pour étudiants. Ma femme a réussi à se
faire embaucher comme pionne dans un bahut. Moi, je faisais de tout et
de n'importe quoi. Le plus facile avec un permis était chauffeur-livreur.
Et puis j'aimais bien tourner dans Paris et sa banlieue, que du coup, je
connaissais comme ma poche. J'ai d'abord livré pour Manpower, puis un
salon de beauté et parfumerie de Neuilly sur Seine. La patronne
s'appelait Violette et c'était une très belle quadra. J'avais à disposition
une petite Austin mini break avec laquelle j'allais chercher des colis
dans les maisons de parfums comme Guerlain le matin et, l'après-midi,
je livrais avec, des petits paquets aux clientes dans leurs appartements.
Je la gardais le soir pour aller en cours. Comme j'étais mignon et
serviable, Violette m'adorait et ses clientes aussi. Il y en avaient même
qui se faisaient livrer exprès un flacon pour que je vienne sonner chez
elles. Autant dire, qu'en salaire je ne gagnais pas grand chose, mais je
faisais un carton coté pourliches. Et je m'amusais de temps à autre en
tombant dans les pièges tendus. Un moment ça a commencé à sentir le
roussi coté mari jaloux, alors j'ai refilé le boulot à un pote de la fac.
Violette m'a trouvé une place chez un copain à elle, en fait deux
jumeaux qui restauraient des tapis et gobelins anciens. Et hop, me voilà
retourné à sillonner les mêmes apparts et maisons qu'auparavant. Ce
coup-ci, c'était encore plus facile de rentrer dans les intérieurs, car
j'enlevais et je réinstallais. Mon rayon d'action: 5ème, 6ème, 7ème,
8ème,16ème, 17ème, 78 et 92. Même en travaillant à mi-temps, je me
faisais plus en pourboires et en prime, j'avais un bon salaire. Pas de
maris jaloux au cul car souvent, eux-mêmes, passaient la commande.
C'était tout bénef et j'ai travaillé ainsi jusqu'au jour ou j'ai décroché
mon premier vrai job de reporter TV. Les samedis soirs, je continuais à
me produire seul ou avec d'autres musiciens dans les maisons pour tous
et des boites à concerts.
J'avais travaillé de temps à autre comme assistant caméraman sur les
tournages divers et j'apprenais aussi à manipuler la caméra dans mes
cours à la fac. En dehors de la théorie nous apprenions les techniques
opératoires, optique et lumière pellicule car c'est sur ce support qu'on
couchait nos images. Je savais charger les magasins des caméras dans le
noir, changer les optiques, faire le point et le diaf, régler la lumière.
C'est ainsi que j'ai décroché un reportage pour la CBS au Vietnam et
Cambodge. C'était la fin de la guerre, les GI'S pliaient bagages et
rentraient à la maison. Mais ça chiait encore bien à quelques endroits et
tu parles, personne ne voulait y aller pour tourner. Trop dangereux.
Nous sommes parti, deux cons, Eric le sondier et moi pour rejoindre un
journaliste à Phnom Penh et en prendre plein la gueule. Il y avaient des
coins où la guerre n'était pas vraiment fini et les balles sifflaient aux
oreilles. Ces premières balles m'ont rappelé le mois d'août 1968 quand
les russes sont entrés dans Prague et qu'on s'est canardé mutuellement
pendant plusieurs jours. Je faisait l'armée à mi-temps pendant mes
vacances en tant qu'étudiant, ce qui nous permettais de faire juste un
an au lieu de deux une fois les études fini. Je n'ai jamais fait la suite car
je me suis barré derrière le rideau de fer à la première occasion venue.
J'avais piqué le AK 47 de service plus le Mauser que mon père avait
braqué aux allemands et qu'il planquait dans un placard avec une boite
pleine de bastos. Pendant plusieurs jours je ne suis pas rentré à la
maison et ma mère en était folle. Quand j'ai résonné à la porte, elle a
eu un malaise de bonheur que je sois vivant.
Le Vietnam, c'était pareil pour moi sauf que c'était plus loin. Et plus
horrible. Pour tenir le coup on fumait des boulettes d'opium dans les
canons des fusils. Mes parents n'en savaient rien. Plus tard je suis
encore reparti au Liban pour une chaine allemande. La vie d'un
journaleux ne valait pas bien cher à Beyrouth durant cette sale guerre.
A la merci des snipers embusqués ou des Rambo divers, le premier truc à
faire en arrivant, c'était de se procurer un automatique. Si tu voulais te
débarrasser de quelqu'un, tu n'était pas obligé de t'en servir. Il suffisait
de filer 200 dollars à un gars qui te ramenait une oreille ou la langue de
ton ennemi pour preuve qu'il a zigouillé. Une vie humaine ne valait donc
pas plus de deux cents bucks à Beyrouth. Le jour où on nous a canardé
dans l'hélico de la presse et le soir même à l'hôtel quand un journaliste
d'Europe1 c'est pris un éclat d'obus dans le bras, j'ai fait mon sac et je
suis rentré chez moi. J'en ai fini avec la guerre pour toujours.
Vivant...
Question guerre, on été affuté dans la famille. Mon grand père paternel
s'est engagé à dix huit ans dans l'armée du kaiser François Joseph. Il a
fait le siège des Dolomites enterré comme une taupe par -25°C et est
allé jusqu'à Marseille. L'armée lui a appris le bon métier de boulanger
et lui a offert une boulangerie dans la montagne noire de bohème en
remerciements pour loyaux services pendant dix ans. Après son mariage
il a pris le bateau avec ma grande mère et ont débarqué a Staten Island.
Sans grande réussite en Amérique, mon père a suivi le chemin inverse
avec l'armée américaine et a atterri à Prague comme tromboniste dans
l'orchestre de la garde du président. La famille a suivi avec retour à la
case départ. Toujours sans réussite, car en 1948 les cocos ont pris le
pouvoir et ont confisqué la boulangerie acheté dans un petit village à
trente bornes de Prague.
Du coté maternel ce n'était pas triste non plus, mais ils bricolaient tous
plu-tôt plus que moins dans la politique, le grand père et ses 4 frangins
ou dans l'art de la peinture. Mon grand père en tous cas a travaillé pour
le gouvernement de la première république et c'est fait coffrer par la
gestapo à l'invasion du pays, direction camps de concentration. Il s'en
est évadé et a été repris plusieurs fois, puis a fini par réussir en se
planquant où il pouvait et en changeant d'identité. Il a eu très chaud
aux fesses à plusieurs reprises. Comme il était toujours vivant à
l'arrivée des cocos au pouvoir, ceux-ci n'ayant trouvé aucune raison
valable à sa survie, l'ont déclaré collabo et lui ont collé 20ans de
travaux forcés dans les mines d'uranium. Pendant dix ans il se fourrait
des barres de minerais dans le cul pour améliorer son quotidien et pour
faire survivre sa femme et ses trois enfants. Quand ils l'ont lâché au
bout de ces dix années de bagne, il était a moitié mort. Harcelé par la
police secrète qui l'obligeait à des pratiques pas catholiques, il n'a pas
survécu a sa réhabilitation et la reconnaissance officielle de ses mérites
par les socialistes en 1968. Voilà pour eux. Paix à leurs âmes
respectives.
Moi aussi j'ai connu des grosses galères avec la prison au bout. Mon
séjour à LA s'est soldé par un échec. Le contrat avec la major c'est
envolé avec la mort du parrain et avec Ted nous avions la DEA au cul. La
partie était fini. Fallait que je me casse avant qu'ils ne m'attrapent. Je
suis rentré à Paris en laissant tout à mes potes, sauf les guitares. En
même temps j'étais content car j'allais enfin retrouver mon fils. Je me
suis installé chez sa mère car je n'avais pas où aller et pas grand chose
en dollars d'avance dans les poches. Puis j'ai connu Véro. Une autre...
Avant de partir en Californie, j'avais quitté Paris pour le sud de la
France. J'ai appris le métier de shaper de planches de surf lors d'un
séjour à Hawaii et je voulais le mettre en pratique. J'ai déjà fait
quelques protos pour un magasin parisien, mais j'avais surtout envie de
soleil et de la mer. Fabriquer des planches à Paris me paraissait
complètement illogique. Même si la méditerranée n'était pas vraiment
célèbre pour ses vagues géantes, peu importe, je me suis mis à tailler
des pains de mousse pour customs. A l'époque nous n'étions pas
nombreux en France et personne dans le sud. Pas de concurrence donc.
Je me suis installé un atelier dans un surfshop sur la plage en dormant à
coté dans mon van aménagé. La Californie avant l'heure. Ca a plut-tôt
bien marché. Le groupe m'avait suivi quelques mois plu-tard. Corbeau,
le batteur a volé une Renault-Estafette quand je suis monté pour
récupérer mes vieux amplis d'avant, on a chargé tout le matos du
groupe dedans, allumé des gros buzz, tiré un trait et direction le sud.
La panique totale quand nous avions débarqué au centre-ville pour
répéter et enregistrer dans un petit studio appartenant à un ami.
Corbeau habillé en peaux de bêtes, un pantalon moulant rouge dans une
paire de tiags blanches. Olive avec une touffe afro énorme et une veste
anglaise à carreaux et moi en cuir noir. Cinq minutes après avoir
déchargé la camionnette, ils proposaient déjà les barrettes de shit à des
passants médusés. La journée, je fabriquais et décorais mes flotteurs,
naviguais quand il y avait du vent et les nuits, nous les passions au
studio à répéter et à enregistrer. Il en est sorti les bandes que j'ai
amené plus tard avec moi à Los Angeles.
Les weekends de beau temps, nous installions le matériel sur la plage
devant le surfshop et avec une sono hurlante à fond nous testions nos
compos de la semaine sur le public ''live''. Mais le groupe était en sursis.
Je n'arrivais pas à retrouver le même son ni le même élan et envie
malgré la compéténce des deux autres membres, qu'avec le groupe
original.
Je travaillais alors comme roadie pour le plus gros tourneur des groupes
de rock en France. Rolling Stones, Pink Floyd, Genesis, Prince et
compagnie. Je poussais les caisses et je faisais d'autres boulots
d'assistant à la télé ou au cinéma. De temps à autre une petite
livraison, pour que le concert se passe bien. Je tapais dans le paquet,
prenais les sous et tout le monde était content. Un jour ils m'ont envoyé
par avion aller-retour dans le sud de la France avec chauffeur et
limousine pour livrer un rocker américain en pleine crise de manque de
came. Nous avions tiré quelques traits ensemble, il a fait son gig et moi
retour sur Paris. Et nous sommes devenus amis jusqu'à ce qu'il meurt
dans son ranch en Louisianne.
Notre formation faisait alors des petits concerts dans des boites à
musique, des tremplins rock ou des festivals et moi, je poussais les
caisses comme roaddie en plus. Un soir je travaillais sur un spectacle
dans une salle parisienne où se produisait un grand groupe australien,
quand le producteur c'est pointé:
''Dis-moi, t'es musicien toi...t'as pas un groupe pour ce soir? Si tu veux
jouer, c'est le moment car la première partie a déclaré forfait et la
maison de disque n'a personne. Je te donne trois heures pour rassembler
les musiciens avec le matos et vous pointer ici pour la balance!''
''OK boss...''
Bonjour le défi. Pas de portable à l'époque pour appeler. Le batteur, je
savais ou le trouver car il vivait dans le local ou nous répétions, et
j'étais presque sûr qu'il y donnait des cours de batterie à cette heure.
Mais le bassiste? Il était au boulot, dans les entrailles du métro parisien
où il posait des affiches publicitaires dans les rames. J'ai sauté dans le
van et foncé à Nation pour le chopper à la RATP. Par chance il était
encore en train de bosser. Nous sommes passé prendre sa basse et son
Ampeg puis avions déboulé au local. Le batteur était là en train de tirer
une nana et ne voulais pas nous ouvrir. Finalement le groupe rassemblé,
nous avions tout installé à temps pour jouer avec une balance faite
directement sur le premier morceau. Et c'était un carton. Le public à
bien marché et nous l'avions chauffé comme il faut. Et tout est parti de
là. A chaque fois que la prod avait un plan, ils nous casaient. On a
commencé à enchainer les concerts et les tournées. Puis en solo dans les
boites parisiennes et les festivals. Ils nous ont fait signer un contrat
malgré mon problème avec une major américaine avec laquelle j'étais
déjà sous contrat pendant cinq ans. J'avais signé en solo un contrat de
cinq ans grace à une copine qui y travaillait comme sécrétaire du
patron. J'ai fait des enregistrements sous mon nom pour un single qui
devait sortir sous peu, mais le directeur artistique peu scrupuleux m'a
transformé mes morceaux sans mon accord en y ajoutant un orchestre
avec des flutes. S'en était fini avec le rock et et le 45 tour. J'ai fait
bloquer le pressage par mon avocat pour non respect de contrat. Mais le
problème, c'est qu'ils ont refusé de me libérer sauf rachat à une some
astronomique. Il fallait attendre cinq ans dans un tiroir. Malgré tout
ceci, nous sommes entré en studio pour faire quelques démos. Nous
étions devenu le groupe des parfaits inconnus qui tournaient le plus en
France et Europe à l'époque. En première partie des plus grands. En
dehors je continuais à travailler comme roadie sur des spectacles,
comme assistant ou caméraman de news et faire des livraisons
occasionnelles.
Je me suis trouvé une petite piaule et une petite nana avec un petit
chat.  
Je bossais sur le concert des Stones à l'hippodrome d'Auteil et, comme
j'habitais pas loin, je rentrais tard dans la nuit prendre une douche et
me reposer chez moi. J'avais une DS Palace avec les vitres teintés noir,
un vraie caisse de mafieux. Sur le coup de quatre heures du matin, à une
intersection au bois de Boulogne, une nana perché sur des talons hauts
habillé en bas résilles et jupe ras la touffe me fait signe de m'arrêter.
Elle me demanda si je pouvais la ramener à l'autre bout du bois. C'était
sur mon chemin. Elle avait presque les nichons à l'air et pendant le
trajet se maquillait en se servant du miroir de courtoisie.
Je l'ai posé et elle me remercia. A huit heures je l'ai retrouvé sur le
chemin du retour et l'ai ramené à l'endroit où je l'avais embarqué. La
nuit suivante, pareil. Je me suis trouvé un nouveau métier: chauffeur
d'une pute au bois. Le troisième jour au petit matin, pendant que je la
trimbalais rejoindre ses copines elle me proposa une pipe. A l'oeil pour
services rendus. Elle savait y faire, une professionnelle, quoi...Elle me
branlait avec ses nichons puis me pompa super bien. Trop bien. Comme
le bois était plein de travelos, ça m'a tout d'un coup mis un doute.
Surtout qu'à chaque fois que j'essayais de lui fourrer ma main dans sa
culotte, elle me l'enlevait avec vigueur. C'était la meilleure pipe et ça
restera toujours pour moi un des plus grand mistères de ma vie.
Ce concert m'a été mémorable pour plusieurs raisons: D'abord un super
spectacle avec Téléphone en première partie, ce qui m'a permis de me
brancher avec pour plus tard, puis les retrouvailles avec Keef et les
Stones via Freddy Hauser avec qui j'ai tourné quelques prises de vues
pour le reportage du spectacle. Il était le seul autorisé à filmer le
groupe et a profité du fait, que je me trouvais déjà dans les parages. Le
soir après le gig nous avions fini dans une méga-fête organisée chez une
pute de luxe du coté de la place Denfert Rochereau. Le dernier étage
d'un immeuble cossu avec une terrasse géante et tout le gratin branché
parisien. Des gonzeses de rêve à poil et de la coke dans les bols en
argent. La coke ne me quittait plus. Malheureusement, pas que de la
coke. Je prenais ce qui me passait sous la main. Des acides, de l'héro.
J'en fourguais et m'en mettais plein le pif en même temps. Il
m'arrivaient des fois des incidents assez incroyable. J'aimais prendre
des acides dans mes moments de création aigu. Ils provoquent en vous
une sensibilité aiguisée aux couleurs et aux sons. Le problème, est qu'on
ne contrôle pas toujours le déroulement du trip et celui-ci peux finir en
une catastrophe absolue, les crises de rire mis à part. Il y a des gens qui
se sont défenestré en se prenant pour des oiseaux et d'autres qui sont
resté collé dans leur trip et ont fini à l'asile. Un pote est passé chez moi
avec des buvards pendant que j'étais en train de peindre un tableau
psychédélique. Ca tombait à pic, je ne ressentais pas bien les couleurs.
On s'est enfilé un buvard chacun et nous attendions que l'effet monte. Il
est monté vers quatre  heures du matin. J'étais saisi par une chaleur
absolument insupportable et il fallait que je sorte dehors. Je me sentais
oppressé.
Nous étions en plein hiver, dehors il y avait de la neige et la
température flirtait avec moins cinq. Je suis sorti en slip, j'ai démarré
ma moto garée sur le parking et entrepris à y faire des grandes
glissades. Mon pote me courait après en gueulant. Quelqu'un a appelé
les flics et on a fini la nuit au commissariat. Lendemain matin quand
l'effet s'est estompé et que j'ai repris mes esprits en retournant à la
dure réalité de la vie, il fallait que je trouve vite une histoire qui tient
débout pour qu'ils nous lâchent. J'ai prétendu à une intoxication
alimentaire que nous avons essayé d'éradiquer avec des médicaments
qu'on a avalé avec de l'alcool et certainement surdosé un peu. Ouf. De
toutes façons, je commençais a être trop connu dans le quartier et il
fallait déménager. Et c'est comme ça que j'ai atterri dans le sud.

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