Après la bombe

joss-cat

Sur le tapis roulant de l'aérogare désaffecté

Des valises oubliées tournent sans fin

Dans les rayons clandestins

D'une lumière fatiguée.

Des squelettes livrés à eux-mêmes

Se sourient comme ils peuvent

Pour tenter de faire peau neuve

Sur le carrelage froid de leurs mâchoires brisées,

Plus un chien policier sur la piste

D'un quelconque atterrissage.

Derrière les fenêtres poussiéreuses

De la salle d'attente de l'ancien terminal

Subsiste Jack l'animal,

Le grand avion cargo à l'haleine boueuse

Échoué comme un cygne de plomb

À la carcasse éventrée,

Le vieux squale édenté

Rêve de marais salants.

L'aéroport Hartsfield-Jackson,

Prince des airs

Né il y a longtemps déjà

De l'éclatant sourire révolutionnaire

Du tout premier maire Afro-américain d'Atlanta,

Se souvient de ses heures graciles

De ce temps où les hommes rêvaient encore

En couleur,

Quand la fraternité avait le regard perçant,

C'était avant, avant la triste pause

Avant que la bombe n'explose.



Braumann(c)

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