Armageddon.

Christophe Hulé

Je pense au temps qui passe.

Pas le temps en général.

Pas cet Armageddon, sans cesse annoncé, ce chaos dont on se défend de l'avoir orchestré.

Fermer sa porte n'empêche nullement les vapeurs nauséabondes, cette odeur de souffre qu'on a créée, encouragée, ou à laquelle on a pas voulu penser.

Mon temps à moi, c'est ce gamin qui ramassait des moules ou des coques.

Ce pré-ado un peu con qu'on a tous été.

Cet ado déjanté qui cherchait l'aventure avec des déesses, de celles qui aujourd'hui doivent penser la même chose.

Par ricochet reviennent des visages, des sourires, des délires innocents.

Comme c'est loin tout ça.

Pour être honnête, je n'ai connu aucun traumatisme, de ceux dont jamais on ne sort.

La prédestination n'est-elle pas une affaire de probabilités ?

Je ne suis pas né à Israël ou à Gaza.

Je ne suis pas une femme en Afghanistan.

L'holocauste n'est plus un lointain souvenir, il était bien commode de penser le contraire.

Notre modèle d'État de Droit semble bien dérisoire.

Je propose un moratoire sur la connerie de ce monde, autant dire n'importe quoi.

Les saloperies de 33 ou de la Saint Barthélémy continuent à faire des petits.

Moi je continue à faire le compte de mon existence, passé entre les gouttes tout ce temps !

J'ai connu bien des frustrations, ou parfois bien pire, mais je sais que j'ai eu ce privilège d'échapper à l'horreur.

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