Assiégés - 2

franekbalboa

La porte tremblait autant que les murs. Les combattants étaient prêts. Des hommes et des femmes de divers âges entouraient le colonel. Lui était jeune. Il avait été propulsé là par hasard. Il était jeune caporal à l'époque.

Les monstres ne pullulaient pas comme aujourd'hui, et un des premiers affrontements vraiment sanglants, dans les Ardennes. Il combattait depuis deux ans. Les ordres étaient de récupérer une réserve d'armes qui se trouvaient désormais sur des terres occupées par des monstres. Ils méconnaissaient leurs ennemis et décidèrent de les surprendre au milieu de la nuit. Le colonel Masson qui menait alors l'attaque était un gaillard robuste. Il avait maintes fois combattu, dans l'armée ou la milice qui s'était formée après pour protéger la population livrée à elle-même. Les instances gouvernementales avaient fini par approuver ces milices et leur donner de quoi tourner. Argent, fournitures, armes et nourritures étaient bienvenus dans ces troupes de fortune. La 3e milice sous son commandement avait reçu les renseignements sur cette cache d'armes. 

20h15

La nuit était noire, l'hiver bien installé. Aussi silencieusement que possible, le colonel et ses hommes se faufilèrent à proximité de la cache. Des bruits venaient de l'intérieur alors qu'aucun bruit ne se faisait entendre dehors, si l'on exceptait le souffle des hommes. La bâtisse était impressionnante, le colonel fait signe au caporal qu'il était alors temps d'entrer. Il fit une analyse rapide, rien à signaler, il en fit part au colonel, d'un signe de main caractéristique. La troupe entra, quelques cliquetis se fit entendre, ils progressèrent prudemment dans le complexe. 

Ils arrivèrent dans un des sous-sols à la fameuse cache d'armes. Elles étaientt intactes. Le colonel envoya le signal comme quoi il avait trouvé la cache, s'avançant et baissant sa garde. La lueur des torches était la seule qui laissait voir quelque chose. Quand dans un son à peine audible, quelque chose attaqua à une vitesse folle. Le colonel se figea, sans comprendre, puis la tête se décrocha et une giclée de sang jaillit alors qu'elle tombait au sol, suivi par son corps qui s'écroula bruyamment. Des cris parcoururent l'assistance, deux fusées éclairantes furent envoyées vers le colonel. Un immense lézard se trouvait, malgré un camouflage impressionnant, les fusées laissaient voir les plis de son corps. Des coups de feu se mirent à pleuvoir. La créature emporta deux soldats de plus avant d'être neutralisée par le caporal et un seconde classe qui y étaient allés au corps a corps. 

Le caporal réfléchit à toute vitesse. Il leur fallait faire vite, ils n'allaient pas tarder à avoir de la visite. Il demanda le capitaine qui les avait accompagnés, cependant, celui-ci avait pris la fuite en voyant le colonel tomber. Le sergent était alors un des rares avec le caporal à pouvoir commander. Mais il devint blanc en marmonnant qu'ils étaient perdus. 

Le caporal assomma sans réfléchir le sergent, et distribua les ordres. Ils étaient une trentaine, il leur fallait avant tout communiquer à leurs alliés leur situation délicate. Le caporal fit son rapport, indiquant les trois hommes morts, et la fuite du capitaine, le sergent dans les vapes, et le fait qu'il allait détruire la cache. Il disposa à l'aide de ses camarades des explosifs et un détonateur activable à distance. Une fois cela fait, ils remontèrent lentement le complexe. La fusillade avait réveillé des créatures qui venaient de partout. Les corps dans un linge, le sergent transporté par un soldat robuste, ils firent preuve d'une combativité énorme. Des goules, chauves-souris géantes, orcs, chimères leur barrèrent la route, malgré de durs combats, aucune perte à signaler. C'est arrivés à la sortie qu'un ogre s'approcha. Haut de trois mètres, imposant et terrifiant, il barrait la seule sortie du complexe, et était bien décidé à ne laisser personne passer en vie. 

Le soldat robuste posa le sergent, indiquant que c'était pour lui. Le caporal fit signe à la troupe de courir dès son signal. Le soldat s'empara de son épée, l'ogre de sa hache imposante. Le combat commença, et le soldat attira la créature dans un coin, laissant le champ libre aux siens. Le caporal fit signe, les hommes s'enfuirent, puis, alors qu'ils étaient en sécurité, le caporal choisit de revenir pour récupérer l'homme qui les avait délivrés. Accompagné de deux autres jeunes recrues, ils reprirent la direction du complexe. Le caporal tâta sa poche, la commande de l'explosif n'était plus là. Pris de panique, il accéléra, et, alors qu'ils arrivaient tous trois à la clairière, le bâtiment explosa, les propulsant avec force et leur faisant perdre connaissance. 

Il se réveilla à l'hôpital, apprit que c'était le soldat robuste qui avait fait sauter le complexe, qu'il était désormais promu au rang de colonel, que le capitaine qui s'était enfui avait été dégradé, mais lui le nouveau colonel qui n'avait pas su sauver ceux qui l'accompagnaient... Il s'en voulut longtemps, puis comprit qu'il n'y avait rien pu. Il fut finalement assez talentueux, et apprécié de ses troupes, jusqu'à cette fin prévisible, cette scène où les rangs n'avaient plus d'importance... La porte commençait à se briser, il fallait se recentrer. Le moindre doute lui coûterait la vie.

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