ASSOIFFÉE DE POUVOIR
Leo Leo
« Depuis toujours , l’homme est plus fort que la femme. C’est l homme qui va à la guerre.
C’est à l homme qu incombe la responsabilité de protéger sa famille. De plus, la bible nous
enseigne que la femme a été créée a partir d une côte de l homme. Alors, madame, même Dieu dit
que le pouvoir appartient à la gente masculine ». « Monsieur Delacroix, je suis estomaquée par vos
propos aberrants. Je me sens blessée dans ma chair de femme par ces paroles ô combien machistes.
S il est vrai que les hommes détiennent la force physique, il n en demeure pas moins que ce
pouvoir divin et le plus sacré d ailleurs qu’est celui de donner la vie nous appartient. Sans les
femmes, il n y aurait pas d hommes sur la terre. Voyez vous ? »
Encore un de ces moult débats sur l’égalité entre hommes et femmes à la radio ce matin,
dans l’émission « «Bonjour chez vous ». Je mis fin à cet échange ubuesque en changeant de chaîne.
J’avais marre de ces hommes, ces hurluberlus en quête permanente de gloire et de pouvoir. Moi ,
Eloise Dupont, je m étais promise de faire taire ces hommes, je m’étais jurée de n’être jamais un
objet de soumission et encore moins de sous-missions. Moi, cinquante ans, divorcée, mère de deux
enfants , candidate à l’élection présidentielle, j’étais sur le point de réaliser mon rêve : accéder à la
magistrature suprême de mon pays.
C’ est toute enthousiaste, un peu stressée que je me réveille ce matin vers six heures car
aujourd’hui a lieu le duel télévise qui m’oppose à mon adversaire en vue des présidentielles qui se
tiendront demain dimanche. En zappant, je tombe sur une chaîne où passe une chanson de
Beyonce : « Who run the world girls ? ».I l n ’y a rien de mieux que cette chanson pour me booster
en ce début de journée qui s’annonce a la fois tumultueuse et prometteuse. Je me plonge dans la
puissance et la conviction de cette chanson féministe avant d aller me préparer et débuter ma
journée.
Ma tasse de thé à la camomille à la main , je parcours les sondages sur internet ; je suis en tête. Le
peuple croit en moi en ce moment où la crise économique fait couler beaucoup d’encre et de salive,
la question du mariage pour tous est sur toute les bouches et que l’ insécurité va grandissante.
Ma journée débute par une dernière réunion de campagne. Mes conseillers et moi nous
entretenons sur les points décisifs de mon propos ce soir. En réalité , ce débat s’ avère être l
événement le plus attendu de cette année ici a Newland non seulement parce qu’ il s agit d un duel
entre deux candidats à une élection présidentielle mais parce que ce soir mon ex-époux et moi nous
battrons tels des toréadors pour gagner les voix de nos compatriotes. Eh oui. Mon adversaire dans l
arène ce soir est mon ex-mari. Deux ans déjà qu on s’ était séparé après vingt ans ans de mariage
lorsqu’ il eut ras-le-bol de ma quête à tout prix du pouvoir. Hommes de pouvoir et femmes de
pouvoir ne peuvent pas faire bon ménage. J avais tout sacrifie pour arriver ou je suis aujourd’hui:
mon foyer, ma carrière d avocate, même mes enfants qui vivaient désormais avec le père. J avoue
que ma vie de solitaire m’ était très plaisante . Je n avais plus d’ époux ou de gosses a mes trousses
le soir a mon retour des audiences et qui attendaient de moi que je me transforme en cuisinière ou
femme de ménage. Je me sentais bien toute seule bien que j aimais mes enfants. qu est ce qui vaut le
pouvoir. Qu y a t il de mieux qu être a la tête d un pays de plusieurs millions d habitants ? Rien.
Rien . Même pas la vie de famille parfaite. Au début de mon ascension en tant que politique, mon
statut de femme divorcée m a valu beaucoup de railleries. Mes adversaires politiques utilisaient cet
argument pour me déstabiliser et justifier mon incompétence, mais forte de mes convictions et de
mon obstination a réussir j ai su gravir les échelons et imposer le respect. Aucun homme ne réussira
à me faire baisser les bras, même pas celui de qui je suis éprise.
Aussi loin que je m en souvienne, mon envie inaltérable de pouvoir remonte a ma plus
tendre enfance, lorsque j étais en classe de sixième. En effet , dans le lycée Claire-fontaine que je
fréquentais, le meilleur élevé à la première évaluation était automatiquement le délégué de classe.
Être délégué de classe signifiait porter de grandes responsabilités dont la gestion des finances du
matériel ’de la classe, faire part a l administration des problèmes de la classe mais aussi , le délégué
avait du pouvoir. C est lui qui transmettait aux administrateurs les noms des élèves indisciplinés qui
recevaient des sanctions allant jusqu’au renvoi définitif . C est aussi lui qui représentait la classe
dans les conseils d école et pouvait peser de tout son poids sur les décisions administratives.
Ce poste de délégué de classe me convenait parfaitement .J avais travaille dur pour être la
meilleure de la classe, passe des nuits blanches a relire mes cours d histoire sur la révolution
française, effectuer les additions et divisions des nombres décimaux. Et je fus la première de la
classe. A la surprise totale , Mr Bennetau, mon professeur principal décida de me priver de ce poste
qui me revenait de droit car j étais une femme et confia cette charge a Mathis, celui qui avait la
deuxième meilleure note de la classe. Jamais de ma vie je ne m étais sentie autant humilie. Jusqu’à
cet instant je n avais pas compris le monde dans lequel je vis, je ne savais pas que les femmes
devaient se contenter d être des subalternes . A la minute ou il annonça le nom du deuxième de la
classe comme chef de classe, il me transforma en un monstre, une femme assoiffée de pouvoir, une
femme qui veut prouver au monde que son intelligence peut de changer ce monde.
Toute ma vie n avait été qu une chaîne de victoires : présidente du conseil des étudiants,
major a la sortie de l école d avocats, présidente des avocats au barreau du pays, présidente du
conseil de femmes avocats, vice-présidente du PDR( PARTI DU RENOUVEAU) , le parti
politique de mon ex-époux, présidente de mon parti le FPR(fond populaire et républicain) crée
après ma rupture avec mon ex-époux. Tous ces postes ont concouru a faire de moi une femme
puissante et influente dans ce pays. On m appelait « l avocate qui ne perd jamais de procès ».
J avais rencontre mon époux a l école nationale des avocats, une bel homme, éloquent,
magnanime, contrairement a moi , belliqueuse dont la véhémence du langage faisait la renommée .
Il était à sa dernière année de formation lorsque je commençai ma première année. Fervent activiste
et président du conseil des étudiants, il m avait conte fleure 6 mois durant et avait vite fait de me
transmettre ce qu il appelait « «leadership ». Cela allait donc de soi que je me fasse élire présidente l
année d après. J avoue que cet homme m a beaucoup appris. C est de lui que je tiens ma discipline,
mon abnégation. On s était marie un vendredi de juin dans une mairie de Porteau accompagne de
nos témoins devant feu Mr le maire Francky Montereau. Je lui avais ensuite donne deux garçons,
Damien et Liselot d avec qui les contacts sont coupes aujourd’hui., avant de me rendre compte que l
heure de mon épanouissement avait sonne. Mon envie inassouvie de diriger ce monde repris le
dessus. Je m intéressai de nouveau a la politique parallèlement a ma carrière d avocate et a occuper
des postes a responsabilités dans le parti. Mais cela devenait difficile a gérer. Lorsque vous
participez une réunion de campagne présidée par votre époux, et que de retour a la maison il se
repose dans le salon en attendant que vous prépariez le dîner, la vous comprenez qu il y a
problèmes. Helas je n étais entoure que d hommes : mon époux , mes deux fils.. Ils voulaient voir
en moi la femme de poigne qui avait assis son influence dans son corps de métier car talentueuse ,
et la mère vertueuse, attentionnée, travailleuse qui ne jurait que par le nom de ses enfants et de son
époux. Cela ne me convenait pas.
Le duel télévisé avait commence a vingt heures. .Pendant deux heures nous parlâmes de
politique. Il manquait de pertinence. Il était coi,. De plus, forte de mon expérience avec lui, je savais
que les chiffres et lui faisaient deux. Il ne retenait aucun chiffre, ou alors se trompait. J en avais
profite pour m imposer en spécialiste des statistiques et a moi dire lancer de temps a autre. « six
mille trois cent enfants meurent par an de drépanocytose », « le pays compte quatre vingt-cinq
familles monoparentales », etc..A la différence de mon époux, j étais restée calme , souriante
cohérente. Cela a marque l esprit des téléspectateurs. Désormais , les sondages m annoncent
gagnante a plus d 60 pour cent.
L annonce de ma victoire écrasante le dimanche soir ne fut qu une formalité. Je fête cela
avec des membres du parti, des amis et des proches. Le champagne coule, les discours de
félicitations se suivent.. Les mails et des lettres de félicitations me parviennent. Je suis extrêmement
contente. Le pouvoir m appartient des cet instant. Le pouvoir est en moi, le pouvoir est moi. C était
l aboutissement d une vie, la ligne d arrivée d un marathon, la cible d un d un arc Toutes les
émotions me transportent.
De retour chez moi, toute seule dans ma chambre , maintenant protégée par des policiers , je me
rends compte que je ne suis pas heureuse comme je l avais espéré. Je comprends qu atteindre le
sommet de la montagne n avait pas de valeur si l on s y trouve seul. J étais ce soir présidente de
cette nation. Mais a ce moment ou je ne devais penser qu au peuple, mes enfants me manquent. ,
mon époux également, je les avais perdu. Je voulais me réjouir avec eux. Au lieu de me sentir
présidente ce soir, je me sens mère indigne, épouse égoïste et femme insatiable. L envie de pouvoir
m avait détruit. Face a mon miroir ce soir, je me sens moche , narcissique. Demain je déposerai ma
démission. Ce n est pas la vie dont je rêvais.
...de toute façon la vie dont on rêve est un mirage!
· Il y a presque 11 ans ·Frankie Perussault
ah oui. quel est tn avis sur le style, la forme, le fond?
· Il y a presque 11 ans ·Leo Leo
Sympa de demander! je ne me serais pas permise… :-) Pour le fond, on pourrait discuter des heures. Il paraît que WLW est en train de nous préparer une page 'forum'. En attendant je peux dire que le recherche de pouvoir pour arriver à la vie dont on rêve est la mauvaise raison absolue pour se lancer en politique. Pas étonnant ces derniers temps si on a les dirigeants qu'on a! Dans mon idée on cherche le pouvoir de la plus haute magistrature pour servir son pays. Pas plus, pas moins.
· Il y a presque 11 ans ·Frankie Perussault
merci
· Il y a presque 11 ans ·Leo Leo
oui justement j utilise un clavier allemand depourvu d accent, d apostrophes etc. j achete un clavier francais cette semaine
· Il y a presque 11 ans ·Leo Leo
Sur les iPad on peut changer de clavier tous azimuts! dommage qu'on n'a toujours pas de clavier universel...
· Il y a presque 11 ans ·Frankie Perussault