Astérix chez les Calédonii

Mitaine Crocq

Un après-midi de juin, dans un petit village que nous connaissons bien.

 

La vie s'écoule paisiblement, au rythme d'une fête bien particulière.

 

Afin de combler le désœuvrement de ses guerriers, conséquence de l'extrême discrétion romaine, Abraracourcix le chef, las de querelles incessantes et de mêlées fracassantes, inaugure la toute première fête des voisins de nos amis armoricains.

 

Fête dont il est inutile de préciser à nos lecteurs qu'elle germa dans l'esprit de notre plus rusé Gaulois, légitimé par la sagesse druidique de Panoramix[1], le tout au gros[2] désarroi d'Obélix[3], peu enclin à changer une pratique qui gagne, la romaine castagne.

 

Plan d'ensemble du village :

 

Pour l'occasion, nul banquet traditionnel et circulaire, mais des tables éparpillées dans les  ruelles du village : ici stands de jeux[4] tenus par les enfants du village, là tables à thème tenues par la gente féminine.[5]

 

Au centre se plante le grand, le beau, le fort, l'orateur, bref, l'Abraracourcix, s'épanchant en ces termes :

 

«  Chers vous, chers amis, chère famille, invités[6] et comparses. C'est avec une joie non dissimulée que je lance aujourd'hui la première fête des voisins de notre doux village. En ces jours où nos amis romains se font discrets, défi nous est lancé de trouver d'autres exutoires aux forces vives[7] de notre village. Notre désœuvrement certain ne doit plus déboucher sur des luttes fratricides semblables à celle qui me vaut cette arcade ouverte encore aujourd'hui[8], mais sur l'aménagement de temps de loisirs[9]. Car par Martinobrix[10], tout grand peuple civilisé devra un jour s'interroger sur le temps à accorder aux loisirs, et par corollaire au travail[11]. Moi Chef de village, je suis fier de poser ma pierre à l'édifice aujourd'hui. Moi Chef de village[12], je trouve que c'est un petit pas pour un Gaulois, mais un grand pas pour... ».

 

Le chef est coupé à l'annonce de l'ouverture des inscriptions pour le match de rugby.

 

Sans égards aucun, ses porteurs l'abandonnent. Il tombe las et désabusé dans un nuage de poussière, concluant son discours pour lui-même :

 

« ….l'humanité... ».

 

 

 

Vue d'ensemble du village, des troupeaux d'hommes courant vers les stands sportifs, pressés d'en découdre dans un cadre réglementaire, concurrence effrénée entre nos bardes rivaux[13] en chant et karaoké[14].

Contrastant avec ces événements : tenue et la distinction chez les épouses de nos gaulois, passant d'une table aux mets succulents à une autre. Toutes se congratulant mutuellement, échangeant recettes et conseils.

 

 

Échange complice entre Panoramix et Astérix :

 

Le druide, visionnaire et le regard dirigé vers le stand dessert où Bonemine et Ielosubmarine se disputent la maternité d'une recette, lèvres pincées, sourires de façade.

 

Bonemine, agacée : « Cette recette de coulis me vient droit de ma grande tante. »

 

Ielosubmarine, insistante : «  Cette recette est celle de ma grand-mère, qui la cuisinait déjà pour Vercingétorix. »

 

Bonemine : « Mon Abraracourcix a croisé le fer avec le grand chef, il ne m'a jamais parlé de votre grand-mère. »

 

Ielosubmarine, vicieuse : « C'était une femme d'une grande discrétion. Une qualité qui se perd. »

 

Panoramix, à Astérix : «  M'est avis que cette journée n'est pas destinée à se clore sans heurts. »

 

Au même moment, une mêlée de rugby s'engage dans un nuage apocalyptique avant même le signal d'un Jolitorax dépassé : « Fous ils sont, ces gaulois. »

 

Panoramix : « Nos subterfuges ne feront pas illusion longtemps, Obélix frôle la dépression, et tous nos amis sont sous tension. »

 

Astérix : « On en viendrait à regretter les Romains. »

 

Panoramix, rieur : «  On ne se rend compte de l'importance d'une chose que lorsqu'on la perd ».

Astérix : « On est bien peu de chose. »

 

Panoramix : «  T'as dit ton amie Rose ce matin ? »

 

(Ils se bidonnent, sous le regard vide et absent d'Obélix s'approchant, et noyant son isolement dans une caresse à Idéfix).

 

Chez nos amis gaulois, c'est le grand calme, le calme avant la tempête.

 

 

 

 

 

 

On quitte la Gaule, pour la cité éternelle. Vue en plongée sur Rome, Sénat, où le temps est d'ores et déjà à la tempête.

 

Toute autre ambiance :

 

 Le Sénateur Mélenchonus mène une charge endiablée contre César. Ce dernier est courbé là, visage posé entre ses longs doigts, sous le regard d'une Cléopâtre[15] de passage, et toute acquise à l'orateur. La reine au nez parfait profite de la petite leçon d'humilité infligée à son amant souvent peu modeste.

 

Mélenchonus déclame sur les cordons distendus de la bourse de la République, sur la disette qui sévit dans la capitale quand aux confins du monde, des troupes sont entretenues aux frais du contribuable, sans résultat notable.

 

Petit gloussement de la Reine au nez parfait.

 

Le sénateur s'apprête à poursuivre sa diatribe quand César l'interrompt d'un geste de la main.

 

César, impérial : «  Quid novi Sénateur ? Bis repetita non placent[16]. Vous allez encore nous abreuver de discours entendus sur ces irréductibles Gaulois. L'unique raison de leur ténacité réside dans une potion magique. Que préconisez-vous? De dégarnir leurs côtes de nos garnisons par mesure d'économie ? Ce seront alors des hordes de sauvages qui débarqueront jusque sur le forum, venant troubler vos festins orgiaques et vider vos coffres remplis de richesses accumulées sur le dos de ces mêmes citoyens dont vous vous faîtes le défenseur. Avec ces Gaulois, sans contrefaçon, j'plaide le statu quo.[17] »

 

 

Mélenchonus, embrayant : « Je ne parlais pas de l'Armorique[18], ô César, bien qu'il y ait pléthore de choses à dire. Je parlais de la Calédonie[19]. Car de l'autre côté de la Manche mes amis, aux confins des territoires saxons, les Pictes, ces sauvages du Nord ridiculisent chaque jour un peu plus nos armées, sans avoir pour cela besoin d'une quelconque potion. Elle est belle la conquête romaine ! »

 

Tollé général dans les bancs sénatoriaux, ricanement de Cléopâtre[20], soupirs de César.

 

Il se lève, théâtral et lance un solennel : «  Je vous ai compris »[21].

 

Silence général et interrogatif. Foule dubitative.

 

César laisse planer ce silence et conclut ainsi: «  Je pars sur le champ. J'embarque avec mes meilleurs troupes pour le territoire picte et l'on verra qui de César ou du sauvage régnera en maître sur Britannia. César vous ramènera la tête de leur chef, ou s'avouera vaincu. »

 

 

 

Gros plan sur la flotte romaine en route vers Britannia.

Sur le bateau amiral, César fait appeler son fidèle stratège Machiavelus.

Échange discret, stratégie élaborée, diviser pour mieux régner.

Machiavelus fait à César un tableau des forces en présence, l'informe de l'émiettement des clans pictes, de l'alliance fragile qui les unit en un bloc friable contre Rome. Il préconise de faire disparaître les principaux chefs défenseurs de l'unité picte afin de mettre à terre leur fragile alliance.

 

César : «  Quando[22]? »

 

Machiavelus : « Une tradition locale rassemble chaque année les différentes tribus autour de leurs chefs respectifs durant le très couru rassemblement musical du Ceilidh[23]. C'est le moment rêvé. Face à nos troupes d'élite, ils n'auront aucune chance.

Une fois les principaux leaders pictes disparus, la fragile alliance des tribus s'émoussera comme bien des lames devant Rome. Les  Pictes se combattront eux-même, et oublieront Rome. »

 

César : «  Quomodo[24]? »

 

 

Machiavelus, pointant l'index :

 

Tullius Détritus[25] fait une entrée zizanesque[26].

 

Machiavelus : « Une fois les chefs disparus, Détritus se chargera de porter à l'alliance picte le coup fatal. »

 

César : « Pour l'avoir déjà vu à l'œuvre, César ne peut qu'approuver. »

 

 

 

Page pleine[27] traitant de la campagne contre les Pictes : genre aparté, déroulement de la stratégie de César et de Machiavel et succès de Détritus :

 

-Plan du campement romain au pied d'un mur construit à la hâte contre les percées pictes, façon mur d'Hadrien avant l'heure. César et ses principaux conseillers disparaissent sous une tente, on aperçoit une table et un plan de bataille.

Au sommet, un légionnaire fait son fanfaron, surplombant deux guerriers pictes, le vent fouettant sa cape, il tape son javelot au sol et lance un solennel :«  la voie est close, vous ne passerez pas ».[28]

De l'autre côté du mur, en contrebas, les deux guerriers pictes s'interrogent.

Le premier dit au second : « Ils sont faous, ces Romaines soldats. Passer, on ne veut pas. Les empêcher de venir nous voulons ».

Flegmbritanix, le second réplique : « L'Empire se détraque[29]. »

 

 

2. Description de la fête de Ceilidh[30] : rassemblement de cornemuses, de celtes, de druides, de guerriers, chants, danses, façon fête des Highlands.

 

3. Capture des trois principaux chefs de clans et fers de lance de l'alliance picte : MacAfee[31], MacBook[32], MacAron[33] :

 

Une incursion de diversion au-delà du mur est lancée par une cohorte des meilleurs légionnaires de César.

Pendant ce temps, trois légionnaires triés sur le volet : Encéphalus, Hypothalamus, Cérébellus[34], grimés en pictes, sont introduits auprès de leaders saxons sous le prétexte fallacieux d'unir leurs forces à celles de l'alliance. Une fois introduits, ils trinquent à leur Union contre Rome. Les coupes des pictes sont chargées d'un agent paralysant. Les trois leaders enlevés dans la nuit.

 

4. Réussite de l'infiltration de Détritus en terre picte, passant de tribus à tribus insuffler méfiance et doutes. Il insinue là que les chefs disparus siègent à Rome au Sénat, croulant sous l'opulence; là que telle tribu ruine l'alliance en se remplissant les poches au détriment des autres. Que l'alliance n'est que perte de souveraineté[35], de pouvoir et d'indépendance.[36]

Lui faire reprendre le discours réducteur et accusateur de tous les eurosceptiques menteurs : tout est de la faute à l'Alliance, accusée de tous les maux : la faim, le froid, les mauvaises chasses, les mauvaises récoltes, la pluie, le vent, les marées...

 

Bilan:

- État des lieux des premières reconquêtes romaines vers le nord au-delà du mur. De rares poches de résistance luttent encore ici et là.

- Départ de César avec dans sa cargaison les trois chefs pictes, direction Rome, jubilant déjà à l'idée de moucher le Sénateur Mélenchonus et de parader en triomphe avec ses prisonniers devant la belle Cléopâtre.

 

Sur le retour, une escale est prévue. Ravitaillement oblige. Mais où ? Là, en Armorique, sur la côte si proche d'un village que nous connaissons tous.

César s'y résigne, méfiant, et pense en profiter pour discrètement débarquer autour du village irréductible quelques-unes de ses troupes fraîches et galvanisées par le succès de leur mission en Calédonie. Il entrevoit que rien que cette seule annonce lui redorera le blason devant le  Sénat.

Sans compter qu'une fois les prisonniers ficelés à son char, toute la cité se prosternera.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pendant ce temps, à quelques nœuds du vaisseau amiral, en Gaule :

 

Sur la côte ensoleillée, dépourvue de sangliers et donc de Gaulois, une patrouille côtière commune aux quatre camps romains[37] se prélasse, cothurnes délassées, uniformes à mi-cuisses, casques nonchalamment jetés sur le sable doré.

Certains font du ricochet, d'autres chassent les moules, un autre court avec un cerf-volant[38].

Sur une dune surélevée, trois d'entre eux s'amusent à reconnaître au large les bateaux battants pavillons.

Soudain, une voile apparaît, immense, impériale.

L'un des trois légionnaires pâlit et bredouille : «  C'est Cé, c'est Cé, Cécé... ».

Ses comparses, en choeur : «  Célimène[39] ? ».

Le légionnaire, se reprenant et pointant du doigt : «  César ! ».

Ses collègues en recrachent leurs oursins.

Le légionnaire, terrifié : «  Il est revenu[40]  ».

Déglutitions synchronisée. Bran le bas de combat, rassemblement des affaires, et départ en trombes pour leurs camps respectifs, façon course de 100 mètres.[41]

 

En forêt, ils passent comme des fusées devant un couple de sangliers, poils ébouriffés par le souffle de la course romaine.

Sanglier 1 : «  Gaulois aux fesses ? »

Sanglier 2 : « Négatif. C'est pas l'heure, et les gosses m'ont rapporté les avoir aperçus festoyer au village avec tout ce qu'il fallait de mets, on est tranquille pour aujourd'hui. »

Sanglier 1 : «  Sûr ? Même le gros ? On n'est jamais à l'abri qu'il ait envie d'un quatre heure celui-là. »

Sanglier 2 : « Peu de chances, d'autant que le gros déprime paraît. »

Sanglier 1 : «  Pourquoi donc les Romains se carapatent-ils alors ? »

Sanglier 2: «  Entraînement. Z'ont dû comprendre que lorsqu'on avait les monstres gaulois aux jambonneaux, on les menait systématiquement vers une patrouille. Alors ils apprennent à courir plus vite que nous. »

Sanglier 1: «  Leur optimisme me tuera. Comme si un homme allait un jour courir aussi vite que nous autres. »

Sanglier 2 : «  J'ai un cousin phacochère jamaïcain qui ne serait pas de ton avis. La chose est coutumière dans son pays[42]. Ça sent le roussi, faisons profil bas et rentrons chez Cochonne. Aucune envie de servir de trou normand à ces Armoricains. »

Sanglier 1 : « Tiens une trèfle à quatre feuilles ! »

Sanglier 2 : « Chanceux ! Fais un vœu. »

Sanglier 1 : « C'est fait. »

Sanglier 2 : « T'as souhaité quoi ? »

Sanglier 1 : « Normalement, ça se dit pas, mais c'est tellement utopique... »

Sanglier 2 : « Alors vas-y, balance ! »

Sanglier 1 : « J'ai souhaité qu'un jour, les Gaulois soient dégoûtés à l'idée de manger du porc. »

Sanglier 2 : « Ah oui, ça relève d'une intervention divine là » !

 

 

Effervescence et folie dans les camps de Babaorum, Aquarium, Laudanum, Petitbonum.

La nouvelle de l'arrivée imminente de César s'est répandue partout, telle une traînée de poudre.

Les centurions respectifs, après une jolie partition de tremblements de genoux, ont donné leurs ordres. On veut du rangement, de l'ordre, on veut que ça brille, on veut les remparts aiguisés à en couper les ailes d'une mouche, des cothurnes lassées, des javelots étincelants, des barbes rasées, des uniformes repassés, des tentes lissées.

Partout s'activent balais, chaudrons, haches, pelles.

Les centurions des quatre camps sont réunis, pétris d'angoisse et de questionnement, perdus entre mille hypothèses sur les raisons de l'arrivée de César.

 

Grattus Danmonslipyadescactus[43], centurion de Babaorum, pense à une expédition punitive, venue sanctionnée leur défaite face aux irréductibles gaulois et les mener vers les lions du cirque :

« Y'a un os, c'est sûr, on est bon pour les lions. Ma colonne s'hérisse, j'ai des frisons le long de ma moelle osseuse, mauvais présage. Les lions ou l'empalement. J'hésite, mais y'a un hic. Voilà pourquoi les sauvages festoient : ils savent, ils savent que c'en est fini de nous, ils fêtent ça. Alea jacta est. »

 

 

Lucius Jeanclaudedus[44], centurion de Petitbonum tempère son homologue :

«  Allons Gracchus, un peu de mesure. Personne ne connaît la raison de la venue de César, encore moins les sauvages. Nous même n'avons pas été prévenus, et s'il vient en personne, cela me semble de bonne augure. Peut-être a-t-il trouvé le secret de la potion magique, ou une arme secrète, ou peut-être vient-il nous prêter lui-même main forte, lassé devant ce village résistant encore et toujours à sa Grandeur. Peut-être vient-il même nous relever. Ah ! J'en rêve, je veux revoir Rome. Quand te reverrai-je, Latium merveilleux... ? »

 

Caius Bordeurlaïnus[45], commandant en chef de Laudanum :

« Gracchus a raison, nous sommes perdus, je vois un tunnel. Non, attendez, Lucius n'a pas tort, tout n'est pas perdu, et si on nous relevait [46]? Non, c'est certain, c'en est fait, c'est les lions.[47] Ou alors... ? César vient les soumettre, non, impossible, il vient nous châtier, oui, enfin peut-être...»

 

« Par Jupiter, qu'on le fasse taire, ou qu'on lui donne un calmant[48] car s'il palabre en ces termes devant César, c'est assurément aux lions qu'on nous enverra. »

 

Et soudain, le silence se fait. Les centurions se retournent tous trois de concert.

 

 

 

 

 

 

 

 

Ainsi s'exprime Claudius Rusécomunvulpus[49], centurion du camp d'Aquarium, pénétrant avec retard sous la tente.

Claudius : « Un émissaire fidèle, fraîchement retourné de Londinium, m'a informé des succès de César et de ses légions au nord contre les Pictes. On dit qu'il rentre auréolé de gloire afin d'aller à Rome se faire porter en triomphe, et y défiler avec les principaux chefs de tribus pictes faits prisonniers. La caravane amirale n'est donc que de passage, sans aucun lien avec notre mission ici, aussi compliquée et insatisfaisante soit elle. Ils viennent se ravitailler avant de faire voile sur Rome. Alors, faites profil bas, assurez-leur vivres, boissons, et divertissement, et les troupes repartiront bientôt repues, avec un César assez satisfait pour en oublier nos échecs ici. »

 

Lucius : « Le bon Claudius a parlé, et toujours parmi nous il est la voix de la raison. Aussi, briefez vos camps respectifs, nous accueilleront nos homologues avec faste et opulence, que des vivres soient acheminés sur la côte, prêts à être embarqués. Que tout se fasse de nuit, inutile d'ameuter le village des fous. Quant à nous, allons au-devant de César l'accueillir. »

 

 

 

On quitte la tente pour une vue d'ensemble d'un des plus beaux exemples de la discipline romaine.

Les camps sont astiqués, remis en état, au son d'un canon passant de camp en camp sur un air endiablé de zouk[50], aux paroles revisitées :

 

« Nettoyer, balayer, astiquer, castra[51] toujours pimpants. »...[52]

 

 

 

 

 

Au même moment au large, le vaisseau amiral ainsi que toute la flotte jettent l'ancre.

 

Machiavelus à César : «  O César, je comprends que vous débarquiez au-devant avec votre escorte afin de veiller à notre bon ravitaillement, mais je souhaite rester à bord, avec nos prisonniers. Je me permets d'insister sur ce point, il s'agirait d'éviter que les irréductibles n'apprennent leur présence et vous les soufflent sous le nez avant votre triomphe bien mérité. »

 

César : « Sage conseil Machiavelus. D'autant que l'on m'a rapporté que les irréductibles versaient dans l'art marin[53]. César ne tolérera pas que cette aventure s'appelle les Lauriers d'Astérix ou d'un de ses compères. Il[54] ira passer en revue les troupes armoricaines et reviendra presto. Rome l'attend et il tarde à César de prouver à l'Égyptienne quel grand chef de guerre il est encore ».

 

Pendant ce temps en soute, les chefs pictes tenus prisonniers ont compris qu'on avait jeté l'ancre quelque part mais qu'ils n'auraient pas l'occasion de voir ni de poser pied à terre. Toute évasion est donc exclue. Gardés captifs à bord, ils sont occupés à trouver un moyen de communiquer avec l'extérieur.

 

MacAfee saisit la jarre d'eau à ses pieds.

 

MacBook arrache un bout de papyrus d'un sac de blé éventré traînant là et y griffonne un SOS à l'aide d'une plume de mouette tombée là qu'il imbibe de l'encre de ses tatouages. Le SOS se compose de symboles pictes indéchiffrables qu'il glisse au fond de la jarre.

 

MacAron récolte un peu de cire d'oreille, en enduit un bout de son pagne froissé en boule et en bouche le goulot de la jarre avant de la jeter par-dessus le bastingage.

 

Plan sur la jarre tombant à l'eau, SOS flottant tel un bouchon, percutée par une chaloupe. Puis glissade sur César, car cette chaloupe oui, c'est César, avec son escorte[55]. Debout, il se tient à la proue, cape fouettée par la houle[56].

 

On accoste. César pose un pied de conquérant à terre, menton levé et fier, et commence à murmurer pour lui-même un «  Veni (ton convaincu), vidi...(hésitation) quasi vici (désabusé) ».

 

Sur la plage, les quatre centurions sont présents, tenues d'apparat, sourires colgate, meilleurs chevaux à disposition de la garde impériale, chaise et porteurs à celle de César.

Prête également, une vague de chaloupes ployant sous des montagnes de victuailles et de présents.

Sur un claquement de doigt de Claudius, elles prennent le large vers le bateau amiral.

 

Devant tant de diligence, César a du mal à cacher son étonnement.

 «Absit reverentia vero[57], César n'avait pas été habitué à tant d'efficacité en ces terres. At spes non fracta[58]. »

 

Le soleil se couche sur la mer, les dernières chaloupes reviennent du bateau amiral, et les derniers romains se fondent dans la nuit afin de rejoindre leurs camps discrètement.

 

A quelques minutes d'intervalle passe par là Goudurix.

Dans son sillage sur la plage ocre, la belle Taillefine, nièce de Bonemine.

Les deux tourtereaux fraîchement rencontrés ne se quittent plus.

Complètement gaga, Goudurix trace leurs deux prénoms dans le sable tandis que la belle ramasse des coquillages afin de lui confectionner un collier.

Goudurix aperçoit que la plage est martelée de pas d'hommes et de chevaux et fait un signe discret à sa belle.

Taillefine lui répond d'un doigt vers le navire amiral, qu'on ne distingue plus que par la masse sombre et imposante qu'il laisse sur la mer calme.

 

Ils hésitent à retourner au village les prévenir mais l'esprit occupé par leur idylle naissante, les deux tourtereaux se prélassent dans les dunes jusqu'aux premiers rayons du soleil naissant.

Enfin, ils rentrent au village, où les attendent déjà Astérix et Obélix, mentors du jeune gaulois, et une Bonemine furax.

 

 

 

 

 

Penauds, les ados se plantent devant leurs aînés, et ont en même temps l'idée lumineuse d'une diversion parfaite.

D'une seule et même voix : «  Un navire baigne non loin de la côte. Un navire amiral. Et la plage porte les empreintes de Romains. De beaucoup de Romains. »

 

Sur le visage d'Obélix, c'est l'explosion de joie, l'épiphanie, la révélation.

Il fait sauter Goudurix dans ses bras, et tourner Taillefine dans les airs.

Bonemine tente de ramener la conversation sur le couvre-feu, mais tout le village est déjà en ébullition, les invités de la veille déjà au garde à vous, et Abraracourcix trop heureux de clôturer le week end par cette délicate offrande de romains frais.

 

Goudurix et Taillefine s'éloignent à tâtons, trop heureux d'échapper à un savon en règle.

 

Au sujet des Romains, Obélix prône une action directe, et solitaire.

 

Abraracourcix prône la générosité et presse Panoramix de préparer une marmite de potion magique pour tout le monde.

 

Le soleil est à peine levé, rien ne sert de courir, il faut tomber sur les Romains à point.

 

 

 

 

Chez les Romains justement :

 

Les troupes sont en ordre, l'œil encore fatigué par la soirée mais bon pied. Les quatre camps se sont repliés à l'aube sur celui d'Aquarium afin de dire adieu à César et à ses troupes.

Avant le grand départ, César en profite pour passer ses soldats en revue.

Un silence solennel règne, tout le monde semble avoir oublié la dangereuse proximité du village des Irréductibles.

 

Et pourtant, tout près de là, la porte du village grince, et les voilà qui sortent, gonflés à bloc, et chantonnant, invités au premier rang.

Leur joyeuse caravane pique vers Petitbonum.

Obélix frappe à la porte, délicatement, pas de réponse. Il abat la porte. Le camp est parfaitement rangé, et vide.

 

Perplexe, la caravane reprend la route, direction Babaorum. Même scène, Obélix frappe à la porte, puis, sans réponse, l'enfonce. Le camp est rangé, et vide.

Obélix bouillonne, Panoramix sourit, Astérix pétille.

 

Direction Laudanum. Même scène. Obélix ne toque plus, il enfonce la porte, pointe son nez, vérifie qu'il n'y a personne et retourne annoncer la nouvelle à ses camarades, dépité.

Astérix, malicieux : «  Jamais trois sans quatre, reste le camp d'Aquarium. Obélix, après toi ! »

 

La troupe ne marche plus mais fonce sur Aquarium.[59]

 

 

 

 

 

Au même moment, à Aquarium justement, César termine son discours, et remercie Rusécomunvulpus et ses compères pour l'accueil qui lui fût réservé, et les dispositions anticipées en vue du ravitaillement de son navire amiral.

Quand soudain, les bannières, jusqu'alors immobiles, se mettent à flotter.

Quand soudain, les javelots parfaitement alignés se mettent à trembloter.

Quand soudain, le sol se met à s'ébrouer, puis une paire de genoux, puis une autre, puis toutes les paires de genoux du camp, s'entremêlant en une symphonie angoissante.[60]

Alors un légionnaire surmonte la paralysie générale et s'étrangle dans un sauvage : «  Les sauvaaaaaaaaaaaaaaaaages ».[61]

 

Les centurions des quatre camps ont déjà compris et se carapatent en escortant César vers la plage.

 

Impact. Inutile de préciser que cette fois, Obélix ne frappe pas à la porte. En quelques infimes minutes,, toute la grandeur et l'organisation de l'armée romaine est saccagée par la merveilleuse improvisation gauloise.[62]

 

Le camp une fois rasé, Obélix ne peut partir serein sans être sûr de s'être occupé de tous les Romains. Il envoie Idéfix pister d'éventuels fuyards.

Idéfix les mène à la plage, non sans s'être fait promettre une montagne d'os.

César est parvenu à rejoindre sa galère, et vogue déjà vers Rome, sous le regard soulagé de Machiavelus, abandonnant les centurions à leur triste sort.

Sur la plage s'improvise un tournoi de volley-ball arbitré par un Jolitorax ravi.

Huit équipes se disputent la victoire.

En guise de balle, nos quatre centurions, moins ravis.

 

Pendant ce temps, Assurancetourix compose des vers de son cru en faisant les cent pas sur la plage, les pieds fouettés par la marée. A chaque formulation chantonnée de ces vers, des sardines se jettent délibérément dans la gueule des mouettes, des mollusques désertent leurs coquilles, et des cétacés viennent s'échouer sur le sable, préférant la mort à son chant. Blessé, il cesse, et remet les suicidaires à l'eau.

Soudain, le SOS des chefs prisonniers pictes vient frapper sa malléole.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cri de douleur, indistinct des autres sons produits habituellement par le barde. Personne n'y prête donc attention.

Il brandit alors la jarre en trophée dans un cri de victoire.[63]

 

Le tournoi prend fin, au grand soulagement des quatre centurions groggy.

 

Une réunion de Conseil est improvisée sur la plage :

 

Abraracourcix ouvre la jarre, saisit le message et y jette un œil. Son œil reste vide.

 

Panoramix saisit le message, et le déchiffre presque instantanément :

« Des idéogrammes. Pictes si je ne me trompe. Il est dit : Résistance picte en danger, Rome menace Calédonie. Chefs prisonniers. Prévenir[64] ...Myrddin.»

 

Panoramix reste muet, Astérix s'en inquiète.

Grave, le druide se tourne vers Jolitorax :

 

« Jolitorax, le nom de Myrddin te dit-il quelque chose ? »

 

Jolitorax : «  Assurément, ça me rappelle un célèbre magicien de contes pour enfants de chez nous. »

 

Panoramix, troublé : «  Et ce célèbre magicien est-il connu sous un autre nom ? »

 

Jolitorax : « Hum, well, certains le nomment The Wild : le sauvage en gauloise version, et les Romains le désignent sous le nom de Merlinus. »

 

Panoramix s'affale sur un rocher, comme scié.

 

Astérix marmonne : « Merlinus, comme Merlin ? Panoramix, Ô notre druide, on parle bien de Merlin ? »

 

Panoramix, regardant au loin : «  C'est ce que le message dit Astérix, c'est ce qu'il dit. Merlin, le père de tous les druides. Par Toutatis, si on m'avait dit un jour que Myrddin foulait encore cette terre ! Il me faut en avoir le cœur net, c'est moi qui partirai le trouver. »

 

Abraracourcix : « S'agirait déjà de comprendre ce qui se passe ici. Obélix, interrogatoire express si tu veux bien. »

 

Obélix s'exécute, et après quelques bonnes baffes savamment distillées à nos quatre centurions, les choses s'éclaircissent pour tout le monde sauf pour les Romains :

 

« Victoire de César-Aïe-Résistance s'effrite-ouïlle-ne tiendront plus longtemps avec Détritus[65]-chefs pictes prisonniers-ouïlle-César attendu à Rome-pitié-Par Jupiter- Par Esculape- pour défiler en triomphe avec guerriers pictes-aïe-ouïlle-maman- avant sacrifice aux lions-aïe-nada-ouïlle-nada-aïe-finito-aïe-re-aïe-ouille-finito-aïe-houlala-ouille-finito. »

 

Obélix continue la distribution de baffes, mais aucun des quatre centurions n'est plus en mesure de parler.

 

Obélix : « Je rembobine encore Abraracourcix ? »

 

Astérix, pétillant : «  Voyons, tu vois bien qu'ils sont «  finito » Obélix ! »

 

Abraracourcix : « Merci Obélix, repose, on a ce qu'on veut. »

 

Obélix relâche, quatre corps glissent au sol, tels quatre feuilles d'automne vides de toute vie.

 

Astérix, menaçant : « Détritus ! »

 

Abraracourcix, solennel : «  Mes amis, l'heure est venue de nous séparer. L'histoire dira si c'est pour mieux nous retrouver. J'ai rêvé[66], vous avez rêvez, d'un monde sans Détritus. Malgré notre dernière victoire sur cet être abominable, il distille encore sa haine de l'autre côté de la mer, menaçant l'unité de nos amis bretons, qui, braves, résistent encore et toujours à l'envahisseur. Nous ne laisserons pas le venin de ce vil romain aider à l'invasion chez nos voisins. Panoramix ira en Calédonie à la recherche de ce mystérieux druide, je sais l'importance de cette rencontre Panoramix[67]. Ensemble ils travailleront à maintenir les Pictes soudés contre notre ennemi commun. Mais nous ne laisserons pas non plus de braves guerriers servir de nourriture aux lions du Colisée. Astérix et Obélix, vous connaissez la cité éternelle, et votre dernière aventure commence à remonter, s'agirait de pas s'encroûter. Vous irez donc délivrer les trois chefs pictes et les escorterez jusqu'en Calédonie. N'ayez crainte, j'ai conscience qu'éloigner en même temps nos deux fidèles héros et notre druide vous tracasse. Mais le temps presse, et la mission est double. Aussi, pendant leur absence, je fais à nos invités de ce week-end la demande solennelle de prolonger leur séjour parmi nous afin de nous aider dans la défense de notre village si pendant cette absence l'idée venait aux Romains de nous attaquer[68]. »

 

Jolitorax s'avance : « Permettez Abraracourcix, que j'accompagne Panoramix, je saurai être utile en mes terres, je dis. »

 

Abraracourcix, reconnaissant : «  Je n'entrevoyais pas de meilleure mission pour toi Jolitorax. »

 

 

 

Puis, aux autres, avec une douce voix paternelle et un regard espiègle :

 « Une petite précision mes enfants. Sur le chemin du retour, inutile de préciser que je veux qu'il ne reste rien des camps romains épargnés ce matin. Donnons-leur de quoi s'occuper un maximum de temps jusqu'au retour de nos amis. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

C'est ainsi que sur le chemin du retour, la destruction, en la personne de nos héros, décime les camps de Babaorum, Laudanum, et Petitbonum.

 

Sous le regard attendri d'Idéfix, Panoramix offre à Obélix quelques-uns de ses glands magiques[69], que notre tendre gamin éparpille au sol, laissant à l'emplacement de chaque camp, une forêt de chênes majestueux.

 

C'est ainsi aussi que, une fois physiquement remis de la déferlante gauloise, les soldats romains auront encore à se soigner de l'impact psychologique de la vue de leurs camps rasés quand l'heure sera venue pour chacun de regagner ses quartiers[70].

 

Soirée de banquet au village. Non, ce n'est pas le sempiternel banquet final, juste un dernier repas avant départ de nos héros, prévu tôt dans la matinée.

 

A côté du chef Abraracourcix, Panoramix règle les derniers détails de son départ. Il lui confie qu'en cas de besoin, au fond de sa hutte, est cachée une marmite pleine de potion magique.

Exceptionnellement, il lui rappelle qu'il a aussi distribué à chaque villageois une gourde pleine.

 

Abraracourcix rassure le druide. Avec la dérouillée infligée ce jour aux troupes locales, il doute que l'ennemi pointe son nez prochainement, occupé qu'il sera à reconstruire les camps.

 

A l'autre bout de la table, Assurancetourix et Maestria complotent de concert, enchaînant les messes basses.

A côté, Cétautomatix les guette, anxieux et prêt à dégainer un bâillon si l'un d'entre eux osait pousser la chansonnette.

 

Un peu plus loin, Obélix se goinfre de sangliers, sous le regard amusé d'Astérix :

« Pas si vite, tu vas encore être mal une fois à bord demain. »

 

Obélix, entre deux bouchées : «  Mal...aucun risque...l'air marin, ça me creuse...j'ai déjà faim... (Rot)...un autre ! ».

 

Enfin, à côté de nos deux héros, Goudurix et Taillefine, mangent dans une même assiette, et se nourrissent l'un l'autre[71], sous le regard dégoûté de Bonemine.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le lendemain de bon matin, sur notre petit port armoricain :

 

Après un bref au revoir, Panoramix embarque sur l'esquif de Jolitorax, déjà à la barre.

Pour l'occasion, il se prend une rasade de magique potion.

 

Au ponton voisin, Astérix et Obélix larguent les amarres d'un des bateaux d'Ordralfabétix.

 

 

Mécaniquement, Cétautomatix murmure entre ses dents serrées un : « Non, tu ne chanteras pas » tout en se retournant à sa droite, à l'endroit où se tient habituellement le barde en de telles circonstances. Mais aujourd'hui, il ne trouve personne.

Il questionne ses voisins, mais personne n'a croisé Assurancetourix ce matin et personne ne s'en plaint.

 

Madame Agecanonix, d'un ton lourd de sous-entendus :

«  Devinez qui manque aussi à l'appel ?... Maestria.... »

 

Agecanonix, rusé : « Tiens tiens, on dirait bien que le village aura bientôt sa chorale. »

 

Iélosubmarine : « Belisama, faites que leur progéniture naisse muette ! »

 

Madame Agecanonix, d'un coup de menton vers Goudurix et sa belle, roucoulant : «  Y'en a d'autres que les hormones travaillent, regardez-moi ces deux-là ! »

 

Agecanonix, résigné : « Ô tempora, ô mores. »

 

Madame Cétautomatix, mauvaise : «  C'est à se demander où ils apprennent à se rouler des pelles pareilles ! »

 

Madame Agecanonix, gloussant : «  En tous cas, sûrement  pas chez Astérix et Obélix... ».

 

Agecanonix, insistant : « Ô tempora, ô mores ! »

 

Fou rire localisé.

 

Regard foudroyant de Bonemine.

Retour vers nos deux groupes sur le départ.

 

Panoramix, à  Astérix : «  Jolitorax me mènera au nord, vers les tribus pictes. Si tout se passe bien, je m'y établirai et y guetterai votre arrivée une fois Détritus mis hors d'état de nuire. »

 

Astérix, avec un clin d'oeil : «  Nous ne serons pas longs Panoramix. Tu connais Obélix, les virées nautiques qui s'éternisent, il les abrège[72]. »

 

Obélix, marmonnant pour lui-même : « Virées nautiques, virées nautiques, bien beau tout ça, mais le sanglier ça se pêche mal », puis, hurlant à l'autre bout du bateau :

 

«  Panoramix, si vous croisez les pirates, passez leur le bonjour. J'ai peur qu'on se soit quittés fâchés la dernière fois».

 

D'un coup sur son bouclier, Abraracourcix sonne le départ.

 

Obélix et Jolitorax, galvanisés par la potion, démarrent tous deux en trombe[73], tandis qu'Astérix et Panoramix se cramponnent en souriant à leur bastingage respectif.

 

Sur la plage, les mains les saluent puis tous retournent vers le village, nostalgiques.

Mais certains spectateurs ne partagent pas cette nostalgie.

 

 

 

A la lisière du bois, multitude de yeux les observent quitter les lieux.

Une fois tous gaulois hors de vue, c'est l'explosion de joie dans la communauté cochonne du coin.

Les sangliers et leurs femmes se sont tous réunis pour une ripaille légendaire.

Vers luisants et autres insectes dégoûtants font la joie des petits et des grands, servis sur des souchettes.[74]

Une lambada de folie les entraîne tous au son d'un cri grogné par tous : «  Le gros est parti, c'est fini les soucis...le gros est parti, c'est fini les soucis... »[75].

 

Soudain, Pyrrhus, le chef de la horde, un vieux sanglier maintes fois rescapé des razzias d'Obélix fait momentanément taire la musique, impose le silence et scande :

 

« Mes enfants, fini de rigoler. Le monstre est enfin reparti en aventure. Vous l'attendiez tous, le moment est venu. Ce soir, c'est soirée reproduction, au diable votre anxiété, repeuplez la clairière. »[76]

 

A mi-chemin entre la Gaule et Britannia, en pleine manche, sur le pont d'un navire flambant neuf, Barbe Rouge fait l'apologie de son nouveau bijou, payé comptant avec les royalties des ventes de son livre témoignage.

 

« Prenez en soin mes enfants, car ce navire est la crème de tout ce qu'on a pu avoir jusqu'à présent. Depuis nos derniers succès littéraires, j'ai le vent en poupe. Je regardais encore ce matin nos statistiques. Cela fait maintenant belle lurette que nous n'avons croisé ces maudits Gaulois. Selon ces mêmes statistiques, il nous faut éviter de mouiller les côtes bretonnes, mais ici, à quelques nœuds de Britannia, les risques sont limités, d'autant plus limités que les deux fous ont déjà vécu une aventure sur ces terres. Il est donc peu probable qu'ils y reviennent. Aussi, respirez moi cet air, car il sera le nôtre ces prochains temps. Depuis les succès de César au nord de l'île, des bateaux arrivent de partout pour ravitailler camps et troupes. Remercions les dieux que la gastronomie locale déplaise à l'occupant car bientôt nos soutes seront pleines des mets les plus délicat charriés ici depuis les quatre coins du monde. »

 

Triple Patte : «  Elle est ronde. »

 

Barbe Rouge : « Plaît-il? »

 

Triple Patte : « La terre, je pense qu'elle est ronde. Si elle est ronde, elle ne peut avoir de coins. Ta dernière phrase n'a aucun sens. »

 

Barbe Rouge : «  C'est une expression. On s'en fout qu'elle soit ronde, carrée, plate. »

 

Triple Patte, éructant de rage et frappant le pont de sa jambe de bois : «  C'est parce que le monde se fout de tout qu'il tourne pas rond, le monde. Un jour, des gens pourraient bien être brûlés pour une expression, il serait grand temps que chacun pèse le poids des mots. »

 

Barbe Rouge, désignant la jambe de bois de son second : «  C'est quoi le problème, on s'est levé du mauvais pied.... ? »

 

Fou rire général.

 

Triple Patte : « Possible. Fait humide ici, ma patte me lance. Et tout ce brouillard, je le sens pas. »

 

Baba, en haut du mat : « Esquif à babo'd, esquif à babo'd ! ».

 

Triple Patte : «  Et voilà ! Ma patte ment rarement. Aléa jacta est. »

 

Barbe Rouge, tressaillant : «  Pavillon ? »

 

Baba : «  Aucun, juste une ba'que qui ne paie pas de mine ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Barbe Rouge, soulagé : «  Sûrement rien d'exceptionnel à saisir, mais on va vérifier tout de même, ça nous dérouillera. Tous à vos postes. »

 

A quelques brasses de là, sur le frêle esquif en question, Panoramix prévient Jolitorax :

« Pirates à 9 heures. Prends une rasade de potion, mieux vaut prévenir. »

 

A l'évocation des pirates, la toile masquant les vivres se meut, et une Maestria paniquée en sort :

« Des pirates ?! Nous n'avions pas parlé de pirates Amor ! »

 

Panoramix, scotché : «  Maestria ? »

 

De dessous la bâche émerge enfin Assurancetourix, penaud :

« Ma belle, n'aies crainte, avec la potion de Panoramix, on ne risque rien, et on foulera bientôt le sol breton riche en acoustique. »

 

Panoramix, contrarié : «  Par Taranis , que faîtes-vous là !? Vous nous faîtes perdre notre temps, on s'occupe des pirates et retour en Armorique pour vous deux. »

 

Maestria : «  C'est exclu. C'est toujours les même qui ont droit aux aventures. La Bretagne est une destination de rêve pour Assurancetourix et moi-même. Nous seuls pouvons sentir et saisir tout le potentiel de cette terre pour nous autres  musiciens. Nous ne quitterons pas cet esquif. »

 

Assurancetourix, complétant : «  Sans compter qu'on a fait plus de la moitié du chemin, ce serait stupide de faire demi-tour. On se fera tout petit, on y avait bien réussi jusqu'à l'arrivée de ces maudits pirates, non ?  Et puis, vois le bon côté de choses Panoramix, tu pourras rester là pendant que Jolitorax et moi nous occuperons de ces sauvages. »

 

Jolitorax : «  Je n'ai même pas senti la surcharge. Incroyable cela est, je dis. L'effet de la magique potion indubitablement. Assurancetourix n'a pas tort, tout près nous sommes, dommage de faire demi-tour il serait. »

 

Maestria : « Bien, nous avons donc un accord, je chanterai pour vous donner du courage contre les pirates. »

 

Le druide n'a pas le temps d'objecter que la barde éructe des notes aiguës comme jamais.

Panoramix se bouche les oreilles avec sa barbe, Jolitotax fait de même avec un peu de vase arraché au bastingage.

Assurancetourix écoute benoîtement et amoureusement.

 

Sur le bateau pirate, personne n'a le temps de crier à l'abordage, mais c'est précisément ce que la voix de Maestria fait : elle prend possession du bateau.

Le brouillard masque l'origine de l'horrible son qui rend les pirates fous.

Certains de jettent à l'eau, d'autres pleurent et hurlent.

Barbe Rouge tente de se boucher les oreilles et de prévenir ses comparses de faire de même.

« N'écoutez pas, surtout n'écoutez pas, c'est sortilège. Mon cousin Barbu-lisse m'en a parlé naguère. Des sirènes. N'écoutez pas ou vous périrez. ».

 

Mais c'est trop tard. Possédé,Triple Patte est déjà en train de saboter et de saborder le vaisseau.

De son mat, Baba fait un saut de l'ange légendaire.

 

Le brouillard se dissipe.

L'esquif des Gaulois déjà s'éloigne.

Du bateau pirate, il ne reste rien.

 

Triple Patte, revenant à la raison : «  Frêle esquif, qu'il disait...qui ne paie pas de mine, qu'il disait... »

 

Barbe Rouge : « Cesse, ou c'est avec une chaise roulante que tu fouleras le plancher du prochain vaisseau. »

 

Triple Patte : « Il n'empêche, barba non facit philosophum[77]. »

 

Baba : «  Ça va nous dé'ouiller qu'il disait ! Ça va ? On a  bien dé'ouillé capitaine ? ! »

 

 

Nos Gaulois justement se félicitent du dénouement de l'affaire, nul combat n'ayant été nécessaire, et Maestria s'étant chargée à merveille de régler cette rencontre inopportune en un temps record, sans nécessité de fer croiser.

 

Panoramix n'ose le dire mais commence à entrevoir que ces deux passagers clandestins pourraient finalement être un atout phare contre les Romains une fois plus au nord.

Tant que j'ai de la barbe, se dit le druide, l'espoir est permis, il faudra que je pense à prévenir Jolitorax d'avoir toujours de quoi boucher ses écoutilles aussi.

 

Il en est là dans ses pensées quand notre troupe de quatre compagnons accoste enfin sur le doux sable saxon.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pendant ce temps sur une autre mer, Astérix et Obélix en sont à la moitié de leur périple lorsqu'il croise un navire phénicien avec à son bord un vieil ami.

 

Astérix : « Epidemaïs mon vieil ami ! Toi ici ! Alors, comment se portent les affaires ? »

 

Epidemaïs, ravi : «  Mes braves amis, quelle surprise et quel heureux présage de vous revoir. Chaque fois que nos routes se sont croisées, la mienne s'est terminée en boulevard de succès. Les affaires se portent à merveille. Avec les campagnes de César au nord de Britannia, le commerce international est en pleine explosion. »

 

Astérix, malin : «  Et toujours en bonne relation avec tes rameurs ? »

 

Epidemaïs, jubilant : «  Plus que jamais. Les folles légendes des barbares pictes sanguinaires attirent en masse des touristes romains vers Britannia et font flamber le prix des transports. Tu sais, l'offre, la demande...J'organise mon propre transport de touristes en même temps que celle de mes marchandises. En échange du transport à bas coût, ils rament. Plus besoin de galériens, c'est le contrat gagnant-gagnant. »

 

A cet instant, un touriste gagnant gagnant rejoint Epidemaïs, lui mandant si le voyage est encore long, parce que tout le monde est impatient de rencontrer les « sauvages sanguinaires ».

 

Epidemaïs, au touriste : «  Mais ramez plus vite l'ami, ramez plus vite, et les côtes bretonnes seront bientôt à vous ».

 

Puis, à Astérix : « Voyez amis Gaulois, à merveille. Ils donnent eux même le rythme. Je dois filer, bonne route, et prenez garde, à deux jours d'ici, la flotte amiral nous a bien failli nous envoyer par le fond. »

 

Obélix, fiévreux : «  A deux jours Astérix, à deux jours des Romains, si je prends les commandes, on peut les rattraper. »

 

Astérix, songeur : «  Inutile Obélix, récupérer nos amis pictes sera bien plus simple une fois à Rome. Et puis, ne privons pas ce bon vieux Jules de son triomphe. Après tout, s'il venait à être renversé, qui sait de qui nous hériterions. On sait ce que l'on a Obélix, jamais ce qu'on aura. Mais tu auras tout loisir de te dégourdir les jambes sur le chemin du retour.»

 

Avec deux jours d'avance sur nos deux amis, César débarque à Ostia.

Il fonce sur Rome, accueilli en vainqueur.

Au Sénat, Mélenchonus fait profil bas.

Le triomphe de César est planifié pour le lendemain.

 

Le lendemain, son char l'attend. Les trois pictes y sont déjà installés, enferrés.

Des spécialistes de la communication interviennent afin de faire ressortir encore davantage leur côté sauvage, histoire de frapper visuellement la foule. Leurs cheveux sont rendus hirsutes et leurs peintures corporelles rafraîchies avec de nouvelles couleurs,

Le bon Jules a donc droit à son triomphe.

Cléopâtre observe la foule toute acquise à son jules, admiratrice, quand soudain, elle croit reconnaître deux visages gaulois dans la foule.

Le temps d'un battement de cil et ils ont disparu.

Troublée, elle se retire prendre un bon bain de lait tiède.

César termine son triomphe, fait distribuer du pain et du vin au peuple, et se retire.

Les trois pictes sont enfermés dans les cachots du Colisée, frustrés d'être privés du bon air calédonien, glosant sur la pollution de la Cité Éternelle et s'inquiétant de ce qui se passe chez eux pendant cet exil forcé.

 

Pendant ce temps, non loin de chez eux justement, à Londinium, Jolitorax et sa bande de Gaulois crapahutent en ville à la recherche de ressortissants pictes aptes à les renseigner sur la position de leurs troupes actuellement.

Leur quête les fait passer dans un quartier ultra commerçant, blindé de petits échoppes traditionnelles et une multitude d'autres estaminets musicaux fréquentés par foule de jeunes saxons branchés, pour la plus grande joie des deux bardes qui en profitent pour changer de look.[78]

 

Gros plan sur nos quatre amis traversant une rue en file indienne, relookés british.[79]

 

Dans un pub british typique, alors qu'ils sont attablés autour d'une pinte, le patron de l'endroit informe Jolitorax que les tribus pictes sont rassemblées au nord, sur Inbhir Nis.[80]

Au même moment, la tenancière sonne la cloche, annonçant la fermeture imminente.

 

Jolitorax à ses compagnons gaulois : «Temps de rentrer il est je dis. Demain, à nous les Highlands !»

 

Panoramix : «  Raison tu as. Une bonne nuit de sommeil nous fera du bien à tous. »

 

Jolitorax, Assurancetourix et Maestria pouffent de rire.

 

Panoramix : « ? »

 

Assurancetourix : « Raison tu as, vraiment ?... »

 

Panoramix, espiègle : « On s'adapte ! C'est un idiome facile et agréable. S'il devait y avoir une langue universelle un jour, je parierai sur l'anglo-saxonne ».

 

Assurancetourix : «  S'il devait y avoir une langue universelle un jour, je parierai sur la musique ».

 

Maestria : «  S'il devait y avoir une langue universelle un jour, je parierai sur la musique anglo-saxonne.»

 

Assurancetourix, séduit : « Quelle muse[81] t'a piqué !? »

 

Panoramix, charmé : « Ainsi soit-il ! »

 

Jolitorax, traduisant pour lui-même : «  Let it be[82]! ».

 

Les quatre comparses trinquent à la musique et rasent leurs pintes cul sec[83] avant de rentrer un brin éméchés chez un parent de Jolitorax pour une dernière nuit londonienne avant les Highlands.

 

 

Le lendemain, de bon matin, à Rome, dans la taverne de Plaintcontrix[84]:

 

Attablés façon romaine, Obélix fait le plein de sangliers.

Plaintcontrix explique pourquoi il n'est toujours pas rentré en Gaule[85] : il attend de meilleurs jours car les impôts y sont à leur maximum. Il gagne à rester à Rome pour l'heure, et commence à envisager de bouger terres belges, ou plus à l'est, où les impôts sont plus raisonnables.[86]

Astérix réfléchit un moyen de pénétrer discrètement au Colisée.

 

Obélix a bien une petite idée : «  On entre, on frappe, on ressort avec les Pictes. »

 

Astérix : « Pénétrer au Colisée et y retrouver nos amis saxons ne sera pas chose facile, souviens toi la dernière fois que nous avons eu à y chercher Assurantourix. »

 

Plaintcontrix: « Même pour vous, c'est trop dangereux, on dit que la garde a été triplée depuis l'arrivée des Pictes. César ne laissera personne gâcher le spectacle. »

 

Astérix : « J'ai bien envisagé de jouer les gladiateurs une fois encore, mais je doute que ce bon vieux Caïus Obtus y soit favorable. »

 

Obélix, dans un éclat de rires : « Pas plus que Briseradius.»

 

Plaintcontrix, blagueur : « Aucun risque, il a changé d'orientation professionnelle. On dit qu'il est devenu coach de vie. »

 

Astérix, espiègle : « Décidément Obélix, tu as le don de faire ressortir le meilleur chez autrui. »

 

Obélix, interloqué : « Chez qui ? »

 

Astérix, pédagogue : « Chez les autres. »

 

Obélix, ravi : « Je suis prêt à faire ressortir le meilleur des gardes du Colisée aussi, tu n'as qu'un mot à dire Astérix. On va tout de même pas rester là en spectateurs quand même. Un voyage sans castagne, ça contrarie ma digestion, je vais encore finir ballonné. »

 

Astérix, en mode eurêka : « Spectateurs...Tu es un génie Obélix. Plaintcontrix, sais-tu quand est prévue la rencontre entre les lions et les Pictes ? »

 

Plaintcontrix : « Demain, en fin de matinée, histoire de s'ouvrir l'appétit. »

 

Astérix : « Parfait, demain donc, nous irons, comme tout bon Romain assister au spectacle. Une fois à l'intérieur, nous ferons ce que nous faisons le mieux Obélix. »

 

Obélix, curieux : « Quoi donc ? »

 

Astérix, l'oeil amusé : «  Im-pro-vi-ser ! »

 

 

 

 

Loin de là, en terre anglo-saxonne :

 

Notre autre quatuor gaulois pérégrine vers les terres calédoniennes au Nord.

 

Itinéraire en bulles de toute beauté :

 

Sur le chemin, vaches des Highlands, paysages mirifiques, vallons, lochs, soleil qui donne sur lochs, côtes escarpées, mer déchaînée, cairns, prairies sauvages.

 

Passage sur le futur emplacement de Glasgow.

Sur le gué, aux bords de la rivière Clyde, pléthore de pêcheurs y chassent le saumon.

 

Panoramix s'extasie devant cette vallée verdoyante. Il ne croit pas si bien dire, Glas Cau signifie la vallée verte.

 

Puis visite du futur site d'Edimbourg : à l'entrée, panneau indicatif biffé du nom latin : Aneda.

 

Sur la colline, cratère volcanique, dominant la vallée : un fort, où un ramdam de folie les accueille.

Nos amis tombent au beau milieu d'un rassemblement célèbre de guerriers joueurs de cornemuses : le Edinburgh Military Tatoo[87].

Maestria et Assurancetourix restent sans voix, ce qui n'est pas peu dire.

Panoramix est émerveillé, Jolitorax reste flegmatique.

 

Partout sur l'esplanade, des Écossais accompagnent la musique de chants fabuleux, et de danses mirifiques. 

 

Jolitorax, toujours aussi flegmatique : « Impressionnant, n'est-il pas ? »

 

Panoramix : « Élémentaire mon cher saxon.[88] »

 

Assurancetourix : « Ce pays recèle décidément bien des trésors. »

 

Maestria : « C'est l'île au trésor tu veux dire ! On ne peut décemment pas laisser les Romains mettre un pied ici. »[89]

 

Panoramix : « Je crains qu'il ne soit trop tard, mais on va leur faire passer l'envie d'y poser le deuxième. Demain nous serons sur Inbhir Nis. De là, j'irai à la recherche de Merlin, mais pour l'heure, profitons de cette soirée mes amis. »

 

Et on les voit profiter, danser, boire, et même s'essayer à la cornemuse.

Sous les conseils des locaux, ils adoptent le kilt, car la Calédonie est une affaire de clan, et sans appartenance à un clan, l'on est rien.

Le lendemain, ils quittent Édimbourg, Jolitorax dans un kilt aux couleurs verte et bleue, reprenant les motifs du tartan d'une lointaine ascendance.

Nos amis gaulois dans un kilt de même facture, soulignant leur appartenance à leur même tribu d'irréductibles : tartan aux couleurs vert pomme et or, le tout bordé d'hermine.[90]

 

Le lendemain à Rome :

 

Une foule s'amasse devant le Colisée.

Des crieurs annoncent la mort imminente des sauvages pictes, en direct live, offerts aux lions par le généreux César.

Parmi la foule, deux paires de braies se distinguent.

Astérix et Obélix pénètrent incognito dans les gradins et s'installent. Des esclaves passent avec des confiseries, façon plages touristiques, Obélix demande s'il y a du sanglier à chacun de leur passage, les rendant dingues.

En tribune, César apparaît au son des trompettes, salué par une standing ovation générale.

D'un geste impérial, il fait rasseoir et taire la foule.

L'annonceur résume sa victoire sans conteste sur le sol breton puis un tableau sanglant des mœurs pictes. Un frisson de peur parcourt les rangs de spectateurs.

Dans un fracas, les trois chefs Pictes sont menés puis jetés sur le sable de l'arène.

Un silence de mort se fait à l'arrivée de ces sauvages recouverts de pictogrammes et autres tatouages.

Silence ensuite brisé par les huées d'une foule en délire, excitée par la vue de ces « monstres » à leur merci, les pointant unanimement d'un doigt accusateur, ou tournant leurs pouces au sol, signifiant leur volonté de les voir périr.

 

Deuxième salve de cuivres.

Les lions font leur entrée, menaçants.

 

MacAfee a tout juste le temps de tracer de son pied un cercle au sol.

Les fauves se ruent vers eux mais s'arrêtent net à hauteur de la ligne tracée dans le sable.

 

Dans les gradins, c'est la consternation.

On crie au sortilège, à l'intervention divine, à la magie diabolique.

 

Des trois bêtes, aucune ne franchit le cercle tracé, et toutes restent en retrait, montrant les crocs, grognant de frustration, bloqué par l'action de notre antivirus.

 

Sur le sable tant de fois maculé de sang, chacun des trois Pictes tend une paume tatouée au-dessus de la crinière de chacun des lions.

Instantanément, les trois lions se font muets, et, dociles, se couchent aux pieds de chacun d'eux.

 

César, blasé, décide de descendre lui-même dans l'arène afin de mettre fin à cette humiliation à l'aide de la garde impériale.

Astérix et Obélix profitent de la cacophonie ambiante pour descendre les gradins et sauter dans l'arène.

Ils se plantent devant les chefs Pictes, et leur font lire un rouleau écrit ou plutôt dessiné de la main de Panoramix en pictogrammes.

A la lecture du mot du druide Gaulois, leurs visages s'illuminent, et se fendent d'un sourire de reconnaissance.

Obélix tente de communiquer comme il peut, mais devant l'air consterné des Pictes, il trace sa pensée sous forme de rébus dans le sable du cirque.

On y voit deux gaulois, un petit, un fort, suivi par trois inconnus dont les corps sont peints de symboles, puis une barque, partant de Rome vers Britannia.

Obélix dessine aussi quelques scènes de combat dont il a le secret[91].

 

C'est à ce moment que César débarque dans l'arène, accompagné de sa garde.

Astérix et Obélix lui tournent le dos, faisant toujours face aux trois Pictes, échangeant des regards complices.

 

César, offusqué : « Comment osez-vous tourner le dos à César. Et qui êtes-vous, pour débarquer ainsi dans l'arène sans autorisation. Ceux qui foulent ce sable ne le quittent que morts. Parlez, ou périssez ! »

 

Astérix, solennel, toujours de dos[92] : «Mon nom est Gaulois, guerrier d'un village armoricain, fidèle compagnon du brave Obélix, dévoué au vrai et à l'unique chef, Abraracourcix. Père d'une fille pas encore née, époux d'une nation foulée au pied, mais j'ai déjà eu ma vengeance dans cette vie, et chaque fois qu'on croise un Romain. Je suis l'irréductible, je suis... Astérix.»

 

Sur ces derniers mots, il se retourne, théâtral, pour faire face à César, imité par Obélix qui conclut la scène d'un :

« Salut Jules ! Gallicani te salutant ! Et puis arrête ton char César, ton sable, on l'a déjà foulé, et on est encore là. »

 

César vire pâle. La garde s'approche. Puis recule immédiatement sur ordre de César, agitant une main lasse et résignée.

Nos amis Pictes exultent.

Obélix chauffe les gradins.

Emporté par la foule, César lève son pouce vers le ciel.

Nos deux Gaulois quittent l'arène en héros, suivis de trois Pictes abasourdis.

 

Astérix, à César en passant : « Sans rancune Jules ! »

 

Obélix : « Il a tout de même eu droit à son triomphe, c'est pas rien. »

 

Astérix : « Oui, on peut dire qu'il a eu un triomphe modeste. »

 

 

Nos deux héros piquent vers le port d'Ostia, suivis par les trois pictes ahuris de bonheur.

Tous ensemble ils sautent sur le bateau d'Ordralfabétix, tous, sauf Obélix, qui file aux commandes extérieures, et le navire quitte l'Italie en trombe, sans que nul n'ait besoin de ramer.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A quelques brasses de là, sur les terres pictes, Panoramix le druide et sa troupe arrivent sur Inbhir Nis.

 

Ils sont accueillis par des regards suspicieux et curieux en direction de leurs kilts aux motifs inconnus en ces terres.

Ils défilent devant une multitude de clans regroupés entre eux et reconnaissables à leur tartan identique.

La tradition est respectée : à chaque camp son tartan.

Trop respectée même : sur le chemin Panoramix remarque que les différents clans ne se mélangent pas et sont strictement séparés. Il y reconnaît le travail de sape de Détritus.

Une fois arrivés au bout de l'allée, ils tombent face à face avec un énième clan tenant ce qui ressemble à une hutte de chef.

 

Jolitorax se fait interprète mais son accent londonien ne semble pas apaiser le climat délétère.

Nos quatre amis sont maintenant cernés par une masse menaçante agglutinée autour d'eux.

Dans une langue inconnue, ces tribus pourtant plus divisées que jamais semblent partager une aversion commune pour ces étrangers.

 

La tribu dominante semble proposer de les livrer aux Romains. D'autres veulent consulter le Primus, d'autres veulent les écarteler pour en faire un exemple.

 

Jolitorax tente de se faire comprendre en vain, ne récoltant que du mépris.

 

Panoramix sort alors de ses gonds, rassemblant de vieux restes gaéliques :

 

« Par Myrddin ! Silence ! (frisson d'angoisse dans la foule) J'ai un message de la part de vos chefs prisonniers : honte à vous. (Des nuques se ploient). Honte à vous d'avoir foulé au pied le serment d'union qui unissait vos tribus. Ce serment que vos chefs ont failli payer de leurs vies. Regardez-vous ! L'esprit de clans vous divise, vous n'avez plus rien de ce peuple fier et brave pour lequel nous avons fait le chemin. (Regards de honte dans la foule). L'ennemi, c'est Rome, pas notre troupe d'étrangers venue prêter mains fortes et vous annoncer que vos chefs seront bientôt de retour, pas ce clan voisin, pas cette tribu voisine que vous regardez en guingois.

L'ennemi, c'est ce traître que vous avez accueilli dans vos rangs, ce Romain que vous prenez pour l'un des vôtres, cette vermine que vous appelez Primus et que vous nourrissez, que vous logez, et auprès duquel vous prenez conseil. (Regards affolés dans la foule : Un Romain!) »

 

Panoramix toujours, en direction de la tente, en latin : « Détritus au rapport ! ».

 

Par réflexe, l'intéressé sort et répond par un automatique « Avé », avant de se rendre compte de son erreur devant la foule rassemblée et devant ce druide, qu'il reconnaît aussitôt.

 

Il tente un 100 mètres, sur un claquement de doigt du druide, un UT cristallin de Maestria l'immobilise net, Assurancetourix le dépouille de ses oripeaux pictes avant de l'achever d'un uppercut.

 

Panoramix, autoritaire : « Je veux tous les chefs de tribus, et leurs conseillers, dans la tente, pour un briefing express, pour hier. Je veux un bilan complet des forces en présence, des tribus ici rassemblées, de celles qui ont fait défection, je veux savoir où sont les Romains, combien ils sont, et ce qu'ils prévoient. Pour tous les autres, rangement du camp, vos chefs arrivent, faîtes leur honneur.»

 

 

Les ordres du druide sont exaucés, presto.

 

Dans la hutte, il résume l'histoire, le ravitaillement en Armorique, la jarre SOS, la mission d'Astérix et d'Obélix à Rome, qui ne devraient plus tarder à ramener les chefs enlevés.

Il annonce partir à la recherche de Myrrdin, leur ordonne de ne pas bouger avant son retour, ou l'arrivée de leurs chefs. Il ordonne à tous les chefs d'équiper leurs troupes en persil, car il prévoit de confier la sécurité du camp au couple de bardes. Personne ne comprend ce dernier conseil, mais tous se quittent rassurés et reconnaissants envers ces étrangers venus les seconder.

 

 

Panoramix prépare son balluchon, et passe distiller ces derniers conseils à Assurancetourix et Maestria :

 

« Tous les matins à l'aube, et tous les soirs au crépuscule, vous vous posterez à l'abri des regards sur la colline la plus proche, et vous chanterez en duo, comme si votre vie en dépendait, vers cette direction, là ( et il montre la direction où sont postées les troupes romaines). Cela devrait suffire à tenir les Romains à distance le temps que je revienne avec Myrrdin. Qui plus est, ça guidera Astérix et Obélix, qui ne devraient plus tarder. En cas de problème Assurancetourix, tu as ta gourde, mettez-vous à l'abri et laissez les Pictes gérer, je crois que nous avons suffisamment réveillé leur haine des Romains pour maintenir nos lignes avant l'offensive finale. »

 

Avant de partir, le druide, saisi d'un pressentiment, garnit les champs entourant le camp de chardons.

Puis il saute sur un cheval et pique vers le Nord, à la recherche des origines et de Myrrdin.

Son départ lui donne droit à un chant, et déjà il demande au cheval d'accélérer la cadence et plaint les Romains du coin.

 

Et c'est ainsi que chaque matin, et que chaque soir, des hurlements stridents et inhumains sont poussés du haut de la colline par notre couple de bardes faisant corps et âme avec leur mission.[93]

Maestria a même eu l'audacieuse idée de chanter au travers d'une corne, ce qui multiplie à l'infini l'horreur de leurs cris.

 

Le premier matin, les Pictes furent étonnés puis se rappelèrent le persil à chacun distribué.

Ensuite, ce devint une habitude. Une habitude peu à peu unanimement appréciée à mesure que les éclaireurs pictes revenaient de reconnaissance en rapportant que les Romains reculaient chaque jour un peu plus depuis que les Gaulois poussaient la chansonnette.

 

Ceux pour qui ce ne pouvait devenir une habitude, ce sont en effet les Romains. Pris au dépourvu, privés de persil par les razzias pictes, ils devenaient insomniaques, et commençaient à prêter foi aux légendes locales qui circulaient sur les banshies[94].

Leur cri, le plus horrible qu'il soit, annonçait une mort prochaine.

 

Une escouade des meilleurs légionnaires est envoyée en reconnaissance aux portes du camp ennemi afin de percer le mystère de ces cris, mais elle se prend les pieds dans les chardons[95] plantés à proximité par le druide gaulois. Piqués au vif, ils se font démasquer et prennent la tangente. 

Cet incident rajoute encore à la paranoïa romaine ambiante.

 

Peu à peu, la psychose gagne tous les rangs romains, si bien que les chefs prennent bientôt la décision de reculer afin d'atténuer l'effet désastreux des cris sur leurs troupes.

 

Mais à peine ont-ils reculé, que l'ingéniosité de Maestria et de ses instruments porte à nouveau les cris des deux bardes jusqu'aux tentes romaines.

 

Et puis c'est l'apothéose. Un soir que le camp fini d'être monté à bonne distance des bardes, sans que nul ne comprenne ce qui se passa, une tornade ravagea tout.

 

La tornade s'appelait Obélix, de retour en Calédonie avec Astérix et les chefs pictes, et leur offrant une démonstration de force gauloise, un peu rouillé par le voyage qu'il disait.

 

Dans la nuit, les Romains n'entendirent que les rires aux éclats des chefs Pictes emportés par le spectacle d'Obélix. Ils furent ainsi persuadés qu'ils avaient affaire à des revenants.

 

Le soir même, et après quelques oreilles tendues, Astérix reconnut la voix d'Assurancetourix.

Bien que ne sachant pas bien ce que le barde faisait ici, la troupe prit le parti de suivre ce son aussi désagréable que familier.

 

Ils parvinrent ainsi au campement picte d'Inbhir Nis, où ils furent accueillis en héros.

 

La soirée se termina dans la liesse, autour d'un festin, Jolitorax expliquant à son cousin le pourquoi de la présence des bardes, et la raison de l'absence du druide ; Obélix mimant devant un public conquis la scène du domptage des lions par les Macs, et les chefs Pictes peignant les talents nautiques d'Obélix sur le chemin express du retour et la destruction en règle du camp romain tout proche.

 

Cette nuit-là, les bardes prirent part à la fête et ne chantèrent pas, laissant un peu de répit à nos amis romains.

Cette nuit-là, des épouses des chefs pictes libérés fabriquèrent à Astérix et Obélix des kilts semblables à ceux que portaient déjà Assurancetourix et le druide.

 

Pendant que la place forte picte festoyait avec ses anciens et ses nouveaux héros, travaillant à  ressouder peu à peu leur union dans le vin, Panoramix atteignait enfin les Orcades.

 

Là, sur une île perdue au milieu de nulle part, et encerclée de pierres dressées en un cercle parfait[96], le druide murmura de rares paroles ancestrales et sacrées et attendit.

 

Alors, une des pierres alignées se fend d'une fissure, et un merle blanc[97] s'en extirpe pour aller se poser sur l'épaule de Panoramix.

 

L'oiseau lui babille à l'oreille, un symbole picte se dessine sur le plumage de l'animal en même temps que sur le front de Panoramix.

 

Ils prennent aussitôt le chemin du retour, en direction du campement picte.

 

Sur le campement picte justement, l'heure n'est plus à la fête.

L'union scellée dans le vin la vieille a la gueule de bois.

Malgré le retour des trois principaux leaders, l'heure est à la délation et à qui se lavera le mieux la trahison passée.

 

Ici et là, tribus et clans défilent devant nos leaders afin de faire l'état des forces en présence.

 

Chacun en profite pour faire amende honorable quitte à dénoncer tel autre clan hier encore soumis aux bottes de Détritus et ainsi se faire mousser auprès des chefs.

 

MacAfee, MacBook et MacAron n'en peuvent plus de leurs jérémiades et commencent à penser que Détritus est finalement venu à bout de tout espoir d'union quand une clameur se fait entendre au dehors de la tente de commandement.

 

Panoramix est de retour, un merle blanc sur l'épaule gauche.

 

Cortège leur est fait.

 

Un silence de plomb s'abat à leur passage, tous les pictes reconnaissant la marque de Merlin aussi bien sur le pelage de l'animal que sur le front du druide gaulois.

 

A leur suite défilent toutes les tribus  qui avaient fait sécession tout de suite après l'enlèvement des trois principaux leaders et que Panoramix et Merlin sont partis se rattacher l'une après l'autre.

 

Un gazouillement du merle et l'ensemble du camp picte se place en cercle.

 

Au second gazouillement, le chef de chaque tribu se place au-devant de son peuple.

 

Au troisième gazouillement, le symbole de Merlin apparaît simultanément sur le front de chaque chef, qui, l'un après l'autre, se retournent vers les leurs et se font acclamer.

 

Alors un silence s'abat et Merlin prend forme humaine.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

D'un regard millénaire, il les embrase tous et prononce quelques mots :

« Vous avez été choisis pour cette union. Vous êtes dans ce cercle parce que je l'ai voulu, il ne tient qu'à vous d'y rester. Mais ne remettez pas mon choix en doute pour des querelles venues d'ailleurs, ou déversée par la bouche fielleuse d'un ennemi. Ce cercle c'est notre union et notre pacte, et notre meilleure chance de victoire. Qu'un seul d'entre vous s'en écarte et nous perdrons, comme vous étiez en train de le faire avant que le druide gaulois ne vienne vous astiquer les kilts. Ce druide est issu d'un peuple conquis, mais d'un peuple qui a au moins eu l'audace de se dresser face à Rome, un peuple qui a au moins eu l'intelligence de parfaire son union afin d'aller croiser le fer. Un peuple qui n'a pas à baisser le regard devant l'ennemi aujourd'hui maître de ses terres. Ce druide est issu d'un peuple vaincu mais uni pour résister encore aujourd'hui face à un Empire. Car Rome est un Empire, et face à un Empire, on fait bloc, ou on se soumet. Ferez-vous bloc ou vous soumettrez-vous ? »

 

Clameur guerrière générale[98]. Merlin a sa réponse. L'union est scellée.

 

Ils partent comme une masse rejoindre les lignes romaines, passent le mur, dévastent l'ensemble pour enfin arriver au-devant des lignes romaines, repoussées plus au sud par les talents artistiques de notre couple de bardes gaulois.

 

Et là, c'est un dialogue de sourds assourdissant.

 

Assurancetourix et Maestria entonnent un air guerrier affolant.

 

Panoramix et Merlin s'unissent pour immuniser les troupes pictes et les rendre insensibles à leur chant.

 

Les guerriers pictes accompagnent alors le chant gaulois dans une clameur assourdissante.

 

Les Romains y joignent leurs cris, mais eux hurlent de peur, pensant être poursuivis par les banshies.

 

Se plaçant sur les chemins de ronde, ils voient alors déferler[99] sur eux la masse picte peinturlurée de bleu et n'ont pas le temps de réagir.

 

Ils sont anéantis, balayés, nettoyés, « finito ».

 

Devant la violence de cette attaque, une censure s'impose : petit spot de promotion touristique pour la Calédonie : la rondeur de ses vallons, la générosité de ses paysages, la lumière de ses verts pâturages, le voisinage des champs et des plages de sables blancs, le mystère de ses cairns.

Bref, une pause douceur dans ce monde de brutes.

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour au réel : ruines romaines, triomphe celte.

 

Les derniers romains déguerpissent après une ultime note stridente de Maestria.

 

Merlin fait souffler une brise emportant les débris. Car le druide des druides a le pouvoir de contrôler les éléments.

 

Sur la plaine ainsi débarrassée des stigmates de la bataille, Merlin plante son bâton.

 

Des racines sortent de terre et s'assemblent afin de former autant de sièges en saule que de guerriers en un cercle parfait.

 

Au centre apparaît un feu.

 

Alors on entend Obélix rugir : «  Un feu, des sièges, c'est le banquet, enfin, je me disais aussi...Je me charge des sangliers. »

 

Dans un nuage de poussière, il part chasser, sous le regard attendri et amoureux d'une grande picte rousse venue dresser une immense table ronde avec multitude des compagnes de nos guerriers pictes.

 

Gros plan sur la plaine festive, et éclairée par mille feux follets que fait apparaître Merlin.

 

Une troupe de joueurs de cornemuse se produit sur une estrade surplombant une piste de danse improvisée.

 

En son centre, des danseurs exécutent des danses traditionnelles. Parmi eux, on reconnaît Assurancetourix et Maestria.

 

Astérix et Jolitorax rient aux éclats avec les trois chefs pictes, occupés à imiter la charge héroïque et égoïste d'Obélix contre le camp romain.

 

Obélix s'empiffre tout en demandant à Astérix si les feux follets, ça se mange, et s'il sait ce que lui veut cette rousse à couettes qui le dévisage à chaque plat qu'elle vient lui servir.

 

Astérix à son ami : «  Ta chevelure mon ami. Ton crin de feu fait très local et te vaut bien des œillades. »

 

Tous nos gaulois sont célébrés par les Pictes. Tous ? Non ! Un druide manque à l'appel.

Dans la pénombre, on aperçoit Panoramix quitter le banquet.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

On le retrouve en la clairière où Myrrdin a scellé l'Union Picte pour la seconde fois un peu plus tôt dans la journée.

 

En cette clairière, Myrrdin l'attend, pour un échange de druide à druide.

On les quitte alors que des blocs de pierres sortent de terre et se lèvent à la verticale en chaque endroit où se dressaient chaque chef picte lors du discours de Myrrdin[100]. Puis une brume vient obscurcir la bulle.

Un secret de druide à druide ne se partage pas.

 

Le lendemain à l'aube, alors que le feu du banquet fume encore, et que pléthore de pictes cuvent encore leur vin, la troupe gauloise est rassemblée, prête au départ et balluchon sur l'épaule.

 

Myrrdin a déjà disparu sans que nul ne sache où il est parti.

 

Panoramix est prêt, un mystérieux bâton entre les mains.

 

La prétendante d'Obélix vient lui proposer l'échange de leurs kilts, ce qui vaut en Calédonie demande en mariage officielle.

Sur l'insistance d'Astérix et du druide, Obélix accepte le présent et l'enfile. (Le kilt, pas la Calédonienne.)

Enroulée dans le kilt d'Obélix qui lui fait un manteau, la Calédonienne se présente à notre gaulois.

 

La Calédonienne : « Moi Grahama, Grahama Bell[101]. »

Obélix, intimidé : « Moi Obélix, juste Obélix. »

Grahama : « Ok Obélix, call me maybe. »

Échange légendaire qui bien plus tard inspirera une chanson à succès. [102]

 

 

Les trois chefs pictes libérés par nos gaulois sont là aussi, venus offrir une cornemuse à Assurancetourix et Maestria.

 

Jolitorax fait ses adieux à Astérix, décidé à rester encore un peu en terre picte.

 

Dans un claquement de doigt de MacBook, ses compagnons entament un air à la cornemuse en guise d'au revoir.

 

Alors c'est le départ.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le retour en Armorique se fait presto, tous les éléments semblant se réunir pour que le voyage de retour se fasse sans encombre.

 

Comme si tous les éléments se mettaient à leur service.

 

Même les sempiternelles averses anglaises les épargnent, comme si un anticyclone les couvait eux seuls quand des trombes tombent partout autour d'eux.

 

Obélix n'a même pas à ramer, leur esquive file sur les eaux, profitant d'un vent faste.

 

A la proue, cheveux au vent, Panoramix, appuyé sur son bâton, rayonne.

 

Astérix lui jette des œillades lourdes de sous-entendus : «  « Tu ne trouves pas que ce retour est un peu trop parfait, ô druide ? »

 

Panoramix, moqueur : «  Vraiment ? »

 

Astérix : « Et des dauphins, en escorte, vraiment ? »

 

Panoramix, joueur : « Ah tiens, je n'avais pas remarqué, plaisant, n'est-il pas ? »

 

Notre compagnie accoste alors sur notre plage, que nous connaissons bien.

 

Quand soudain, Obélix hurle un «  Regarde Astérix, ils nous ont attendu ! »

 

Astérix et Panoramix, de concert : « ? »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Qu'est ce qui peut donc bien attendre nos héros ? Des romains ? Non, des sangliers.

 

Des sangliers, un peu trop habitués à une certaine liberté, et ayant un peu trop pris la confiance, se font surprendre prenant un bain de soleil par un Obélix à l'appétit creusé par le large.

 

Panoramix à Astérix : « Quelle vue il a, j'en reste coi ! »

 

Astérix : « Un des effets collatéraux de ta potion dans laquelle il est tombé, assurément. »

 

Panoramix : « Certainement, ça ne saurait être la conséquence d'un régime alimentaire sain ! »

 

 

Ceux qui n'ont pas le sourire, ce sont nos deux bardes, nostalgiques d'être déjà de retour.

 

Assurancetourix, à Astérix : « Comment faîtes-vous, Obélix et toi, pour revenir et ne pas avoir le spleen ? »

 

Astérix : « Le spleen ? »

 

Panoramix, dans un sourire : « Être nostalgique de vos aventures ».

 

Astérix, espiègle : « La vie m'a affublé d'un compagnon qui me maintient les chausses sur terre bien comme il faut. »

 

Panoramix, aux bardes : « Allons les amis, assez de regret, profitez de ce qui vous avez appris dans ce pays. Considérez-vous comme des avant-gardistes musicaux. Soyez prophètes en vos terres. »

 

Assurancetourix et Maestria sont charmés et rassurés.

 

Maestria : « De sages paroles ô druide. Allons Amor, allons puiser l'inspiration où elle se trouve. »

 

Assurancetourix : « Où donc ? »

 

Maestria : « Chez mère nature bien sûr ! ». Et elle l'entraîne vers les bois.

 

Astérix, suspicieux, vers Panoramix : « Des prophètes en leurs terres, vraiment ? »

 

Panoramix, l'air désolé : « Je sais ! Absurde n'est-ce-pas ? Nul n'est prophète en ses terres, mais ils me faisaient tant de peine. »

 

C'est ainsi qu'Astérix et Panoramix arrivent seuls au village, où ils s'attendent à un accueil chaleureux mais n'y trouvent personne.

 

Obélix arrive en trombe, les bras chargés de sangliers, et demandant entre deux prises d'air si le banquet est prêt.

 

Panoramix, inquiet : « J'ai bien peur qu'il n'y ait pas de banquet mon ami. »

 

Astérix, pénétrant plus en avant dans le village : « Hé ho, quelqu'un ? On est de retour ».

 

Il ne reçoit comme réponse que l'écho de sa propre voix.

 

Panoramix, abattu : « Par Toutatis, j'ai bien peur d'avoir fait preuve d'un peu trop d'égoïsme en acceptant de quitter le village avec vous. »

 

Astérix, déçu : « Ou de trop de confiance en nos camarades. »

 

A leur suite, Détritus, enferré et prisonnier depuis leur périple en Calédonie ricane de satisfaction.

 

Panoramix frappe son bâton à terre. Détritus se fait muet. Sa bouche continue à s'animer, mais plus aucun son n'en sort. Il s'en rend compte et devient pâle.

 

Astérix se tourne vers le druide, cherchant à comprendre.

 

Panoramix : « Plus tard. Nous avons des choses plus urgentes à faire. Il faut retrouver nos bardes avant qu'il ne leur arrive quelque chose. Ce n'est pas le moment de perdre d'autres compagnons ».

 

Obélix : « Et j'en fais quoi des sangliers ? »

 

Astérix, qui craque : « Quoi tes sangliers ? Tu crois pas qu'on a d'autres chats à fouetter avant de s'occuper de tes sangliers ? Tu ne vis donc que pour t'empiffrer ? »

 

Obélix, frustré : « Bin je demande juste ce que je fais des sangliers, maintenant qu'ils sont chassés, faudrait pas gâcher. »

 

Panoramix, pacifique : « Tu as raison mon ami, prends les donc avec, il nous faudra bien manger un morceau un jour. Excuse Astérix, nous sommes tous sur les nerfs. »

 

Astérix continue de marmonner pour lui-même. Obélix de se justifier auprès d'Idéfix.

 

Panoramix file récupérer une marmite puis nos trois compagnons, ainsi que leurs sangliers, ainsi qu'un Détritus toujours inconscient, prennent ainsi le chemin de la forêt à la recherche d'Assurancetourix et de Maestria.

 

En route, ils rencontrent Pépé[103], jouant avec d'autres garçons du village.

Il saute dans les bras d'Obélix.

 

Pépé : « Olé, tu es de retour Hombre ! »

 

Panoramix, surpris : « Pépé, que faîtes-vous seuls dans la forêt ? Où sont vos parents ? »

 

Pépé, offusqué : « Nous ne sommes pas seuls, vieux sage. Et nous ne sommes pas avec nos parents, nous sommes avec nos pères, vous les trouverez là-bas dans la clairière. »

 

Effectivement, plus loin, dans la clairière, nos amis retrouvent leurs compagnons, enfin une partie d'entre eux, tous les hommes, tous les invités masculins, et tous les garçons du village.

Nulle épouse, nulle fille.

 

Panoramix fait taire l'accueil chaleureux des siens d'un coup de sourcils froncés à Abraracourcix, et ruine les espoirs de banquet d'Obélix en étouffant le feu qu'il prépare déjà.

 

Le druide, au chef : « Alors, j'attends ? Je brûle de connaître la raison de cet apartheid ? Où sont les femmes ? »

 

Maestria, fraîchement débarquée avec Assurancetourix, lui murmurant à l'oreille : « Ça ferait un bon titre de tube ça non ? ».

 

Abraracourcix, penaud : « Elles...elles nous ont bannis. »

 

Visages honteux partout dans la clairière.

 

Panoramix, perplexe : « Bannis ? Nous revenons du village, il est abandonné. »

 

Abraracourcix : « Elles partent à l'aube et reviennent au crépuscule. Elles ont entrepris de construire leur propre village, sur la côte. »

 

Panoramix, ironique: « Un village ? Vraiment ? Et comment s'y prendraient-elles pour construire un village seules ? »

 

Cétautomatix, intervenant : « Avec ta potion par Toutatis ! Elles n'ont eu qu'à rassembler et s'accaparer les stocks que tu avais laissés. »

 

Ordralphabétix, complétant : « Nous aussi, on a d'abord ri. Mais le premier jour, elles ont rasées les camps romains, pour s'assurer assez de tranquillité pour quelques temps. Puis, elles nous ont renvoyés du village, après que l'on s'est battu, encore. »

 

Agecanonix, triste : « Elles ont dit en avoir assez d'élever des enfants égoïstes et rustres. Elles ont dit vouloir vivre en autarcie, telles les Amazones, sans avoir à assumer leurs époux en plus de leurs enfants. »

 

Cétautomatix, concluant : « Et elles ont pris nos filles. »

 

Panoramix, à Abraracourcix : « Tu étais le seul à connaître l'endroit de mes stocks. »

 

Abraracourcix, coupable[104] : « J'en avais parlé à Mimine, meuuuh. »

 

Agecanonix : « Une fois gorgées de cette potion, elles nous ont menacé afin de prendre chacune de nos gourdes aussi. Si bien que nous sommes bien contents de vous revoir ! »

 

Panoramix : « C'est vous les gourdes. N'aviez-vous pas assez de divertissement avec nos invités, autres que la castagne et les banquets ? Plus de potion pour l'heure, il va falloir arranger la situation par vos seuls moyens, je file parler à vos épouses. »

 

Zebigbos[105], levant un doigt timide : «  Excusez-moi, mais divertissante était la castagne je dis. La moutarde monte juste plus vite au nez de la gauloise épouse je dis. »

 

Panoramix : « Certes, mais nous aimons les gauloises sans flegme. Obélix, reste ici. Astérix en route. »

 

C'est ainsi que notre brave guerrier et notre druide quittent leurs compagnons et piquent vers la côte à la recherche du village des femmes.

 

Ce village est planté au plus proche des carrières d'Obélix, et son aspect extérieur est en tous points semblables à celui du village existant, version flambant neuve[106].

 

A ces portes, Madame Bellodalix et Galantine montent la garde, vêtues en guerrières, telles des Amazones.

 

Malgré l'arrivée du druide et d'Astérix, elles restent immobiles, façon gardes du Palais Royal de Buckingham.

 

Panoramix, un brin agacé par une telle apathie : « Bonjour mes amies, nous demandons audience à la personne en charge de ce village. »

 

Madame Bellodalix : « Galantine, va prévenir Bonemine. Quant à vous, merci de déposer vos armes. Aucune n'est autorisée dans l'enceinte de notre village. »

 

Panoramix dépose son bâton, Astérix son épée.

 

Galantine revient alors, annonçant que Bonemine accepte de les recevoir.

 

Panoramix, ironique : « Quel honneur ! »

 

Les portes du village s'ouvrent.

 

Des huttes flambants neuves apparaissent, des espaces verts de toute beauté, des boutiques et des échoppes diverses.

 

On aperçoit Madame Cétautomatix frapper le fer. Devant sa boutique, un étalage présente ses créations de bijoux, de bracelets et de colliers resplendissants. Une petite foule de villageoises s'extasie devant son stand.

 

En face d'elle, Ielosubmarine tient une boutique de poissons, frais cette fois. Sa boutique est estampillée « Sushix ».

Une file de clientes attendent sagement leur tour.

Madame Agecanonix se fait servir.

Madame Agecanonix : « Tes produits sont merveilleux ma chérie, ils me rendent repue, et pourtant je n'ai jamais eu l'impression d'être aussi légère. Dis-moi, aurais-tu encore en stock ces petits poissons mangeurs de chairs ? J'ai eu une idée lumineuse pour mon centre de soin, vois-tu, tu places quelques-uns de ces petits poissons dans un bac, où tu plonges tes pieds endoloris et usés par une journée de travail. Quel bonheur, ils te débarrassent de tes chairs mortes en un claquement de doigts ! »

 

Ielosubmarine, charmée : « Ton inventivité me ravit ma chère, je te remets une petite douzaine de ces gara ruffax, à charge pour toi de m'offrir la primeur de ce soin. »

 

Madame Agecanonix : « Avec plaisir, passe donc demain en fin de journée, je te ferai découvrir ça. »

 

On observe alors Madame Agecanonix se diriger vers sa hutte, surmontée d'un écriteau : « Soins et remise en forme : l'expertise et le savoir-faire d'une Agecanonix[107]. »

 

On traverse le village, sur le fumier trône non pas un coq, mais Roussette, la poule, somnolente et épanouie, entourée d'œufs non fécondés.

 

Panoramix et Astérix arrivent enfin à une hutte centrale.

A l'extérieur, un stand de pâtisserie est dressé, le tout tenu par Bonemine et sa nièce Taillefine.

 

Bonemine vient au-devant de nos deux amis.

 

Bonemine : « Je suis heureuse de vous savoir de retour mes amis. »

 

Panoramix, toujours surpris : « Pareillement Bonemine, même si nous sommes quelque peu dépaysés par tant de bouleversements. »

 

Bonemine : « Nous les avons maintes fois prévenus. Depuis votre départ, le village n'a vécu qu'au rythme de banquets, de ripailles, de vinasse et de grivoiseries. Ça dit résister à l'envahisseur mais ça en adopte des festins orgiaques. Si les Romains étaient plus malins, ils auraient eu mille occasions de nous porter un coup fatal. Mais aucun ne nous prend au sérieux, aucun ne nous accorde aucun crédit en dehors de notre cuisine, tous rient de nous, encore plus en présence de nos invités. Ce sont des enfants. Or nous avons toutes pratiquement terminé d'élever nos enfants, ce n'est pas pour continuer à en materner d'autres. C'en était assez. Il n'y en avait que pour eux, toutes ici vivions sous le joug d'un patriarcat qu'ils pensaient tous acquis et normal.

Or rien n'est jamais acquis ni normal. Je l'ai dit à Cochonnet, je suis Bonemine, pas Bobonne. Nous nous sommes prises en main, et tu vois : nulle querelle. Ce village donne un nouveau souffle à chacune d'entre nous. Nous avons utilisé ta potion certes, mais le village est terminé, nous n'en avons plus besoin, nous pouvons nous assumer. »

 

Panoramix : « Vous assumer ? Et les Romains ? »

 

Bonemine : « Nous y avons pensé également. Mais les Romains savent bien qu'attaquer ce village, c'est attaquer l'autre et en risquer les conséquences. Ils ne s'y risqueront pas, encore moins si nous n'avons aucune intention belliqueuse envers eux. Certains viennent déjà y faire leurs courses, or la règle est la même pour tous ici, pas d'armes à l'intérieur, et entrée en compte-goutte, si bien que nous sommes toujours en supériorité. »

 

Astérix : « Et vos enfants ? Vos filles ici, qui les élèvera ? Et vos garçons ? En les confiant aux seuls soins de vos maris, vous donnez votre accord pour qu'ils deviennent une parfaite copie de ce que vous détester chez eux. »

 

Bonemine, gênée : « Nos filles sont élevées par nos soins, et nous pensions proposer à Maestria de s'en occuper, elle est la bienvenue, qu'elle reste parmi nous ou qu'elle ne passe que pour nos filles. J'ai déjà envoyé une émissaire lui en faire la proposition. »

 

Astérix, espiègle : « Voyons Bonemine, en restant ici, vous mettez le village en danger, le vôtre comme celui de vos époux. Pour l'heure, les Romains sont occupés. Mais un jour viendra où un Romain rusé se servira de la situation à vos ou à nos dépens. C'est déjà arrivé, souviens toi de Détritus. »

 

 

 

Bonemine, sure d'elle : « Astérix, la situation est différente, nous sommes toutes unies et parfaitement heureuses ici. Je suis chef intérim, des élections sont prochainement prévues, et un conseil sera élu. Panoramix, laisse-nous un peu de temps pour te le prouver. Si tu estimes que nous sommes à même de nous gérer seules, peut-être décideras-tu de nous accorder l'honneur de ta potion à titre purement défensif. Ça réglera le problème des Romains, et ça rassurera nos époux. »

 

 

Panoramix : « Ma chère Bonemine, nous ne trouverons pas de solution immédiate, et je vous connais assez pour savoir que forcer les choses n'est d'aucune utilité. De plus, ce village respire la sérénité, et je suis un brin impressionné par ce que vous avez achevé. Alors, pour l'heure, attendons, et nous ferons un point dans quelques temps. Si tout se passe bien, je ne vois en effet pas ce qui me ferait accorder ma potion à nos brutes et pas à vous même. »

 

Bonemine, ravie, les raccompagne à la porte : «  Dites à nos époux que nous n'avons plus besoin de l'ancien village, ils peuvent s'y réinstaller. Je sais ô combien certains d'entre eux supportent mal l'humidité. Ne prends pas ça pour de la nostalgie ô druide, simple déformation matrimoniale. »

 

Panoramix, espiègle : « Mais je n'ai rien dit Bonemine, absolument rien. »

 

Bonemine, rieuse : «  Non, mais tu penses. Si nos époux pensaient un peu plus comme toi, on n'en serait pas là. »

 

Bonemine repasse la porte, qui se referme.

Panoramix reprend son bâton chez Madame Bellodalix, et Astérix son épée.

 

Astérix, nostalgique : « Je me sens étrange ô druide. Leur décision semble irrémédiable, et tu as vu ce village, il fait bon y vivre. Elles n'ont aucune raison de revenir. »

 

Panoramix, mystérieux : « Laissons-les faire leur expériences mon ami. Ça ne fera pas de mal à leurs brutes d'époux et ça peut dépoussiérer nos institutions. Mais le ver est dans le fruit. »

 

Astérix : « Tu plaisantes ? Tu as vu comme moi, nulle querelle, du travail, des revenus, des élections et ta promesse d'envisager de leur accorder ta protection. »

 

Panoramix : « Certes, mais elles ont besoin de Maestria Astérix, de Maestria, et tu connais aussi bien que moi ce que cela implique. »

 

Astérix, éclatant de rires : «  Que cette petite harmonie ne saurait durer...tu es diabolique ô druide ! »

 

Panoramix sifflant un air guerrier : « Le diable et l'enfer n'ont rien à voir la-dedans. »

 

Astérix, rieur : «  L'enfer, c'est souvent les autres. »

 

Panoramix : « L'homme est un loup pour l'homme. »

 

Astérix : « Une louve en l'occurrence. »

 

 

Retour à la clairière des hommes.

L'heure est au départ.

Les nouvelles sont déjà arrivées par le biais de l'émissaire de Bonemine.

Les hommes se préparent pour leur retour au village.

Maestria pour le village des femmes.

 

Assurancetourix est défait, la suppliant de rester.

 

Maestria : « Amor, il en va de l'éducation de nos enfants. Tu t'occuperas de celle des garçons, moi de celle des filles. Et puis je ne serai pas prisonnière, on se retrouvera chaque soir dans notre havre clandestin. Et puis la distance resserre les liens, cette séparation nous rendra plus forts.»

 

Panoramix fait un clin d'oeil à Astérix : «  Acte I. »

 

Les hommes partent en cohorte vers le village, et détruisent au passage les camps romains, juste pour le plaisir.

 

Certains ravalent leur fierté et viennent en douce chez Astérix et Panoramix quémander des nouvelles de leurs épouses.

 

Panoramix : « A merveille mes amis, à merveille. Pour peu qu'elles nous l'aient demandé, Astérix et moi restions avec elles, tant leur village respire la sérénité et le bon sens. »

 

Dans l'autre village, Maestria est accueillie comme il se doit, une hutte lui est offerte, et visite du village lui est faite.

Elle en reste sans voix et accepte de prendre en charge l'éducation des filles du village.

Gagnée à leur idéologie par les discours de Bonemine et des autres femmes sur leur vie d'avant et l'actuelle, Maestria en oublie son Assurancetourix et adopte leur tenue d'Amazone.

 

C'est ainsi que le soir même, constatant l'absence de sa belle à leur rendez-vous, Assurancetourix se rend au village des femmes, s'en voit interdir l'accès.

Il appelle en vain sa bien-aimée, qui, toute acquise à l'idéologie féministe du village et pleine de sympathie pour le travail accompli par ses compagnes, reste de marbre face aux appels du sexe opposé.

 

Assurancetourix est dévasté.

Il disparaît du village des hommes, part vivre en ermite dans la forêt.

Il connaît alors une période de création artistique sans pareille, aussi bien au niveau quantitatif que qualitatif.

Il apprend à jouer de la cornemuse comme personne.

Chaque soir, à la tombée de la nuit, il souffle ses complaintes amoureuses, si belles et si tragiques que des larmes coulent même au village des hommes.

Gros plan sur le coq Chanteclairix, dévasté, caressé par Abraracourcix, dévasté, caressé par Cétautomatix, dévasté, caressé par Ordralfabétix, dévasté, mais caressé par personne, en raison de son odeur de poisson pas frais, bien connue de tous.

 

Au village des femmes, le vernis s'effrite également, mais pour l'heure en silence, lorsque seules dans leur huttes, les villageoises se couchent dans la sombre solitude de leurs couches et que la cornemuse d'Assurancetourix vient les y cueillir.

Gros plan sur la joue de Bonemine, humide.

 

 

Au camp romain également, les effets sont désastreux[108], tous deviennent nostalgiques et regrettent leurs doux foyers, et leurs douces épouses. Les désertions se multiplient.

 

A Rome, la réputation des Gaulois enfle encore. Dans les catacombes, on leur attribue l'invention de la guerre psychologique. Légende encore enflée par le retour des légionnaires déserteurs.

 

Les psychiatres de Rome analysent le phénomène et lui donne le nom de syndrome de bello armorico. Des thérapies sont mises en place, consistant à montrer des gaulois parfaitement inoffensifs et romanisés.

 

Après plusieurs semaines des odes nocturnes du barde gaulois, Maestria craque et reste alitée, ne pouvant plus enseigner.

 

Taillefine, la nièce de Bonemine monte un complot avec Falbala et les jeunes filles du village afin de s'éclipser à la tombée de la nuit et d'aller retrouver leurs amants[109].

Dans le village des femmes, seuls les plus coriaces résistent à l'appel de la romance.

 

Chaque nuit, sans qu'elles le sachent, Bonemine, Ielosubmarine et Mesdames Agecanonix et Cétautomatix restent seules au village désormais déserté.

Avec elles restent les épouses des plus anciens couples parmi lesquels les mères d'Ordralfabétix et de Cétautomatix.

 

Le jour suivant, Maestria manque à l'appel.

Sa hutte est retrouvée rangée, une note sur sa couche précisant que la vie est trop courte pour la perdre en fierté mal placée.

 

Bonemine quitte la hutte, muette. Les autres restent sur place, les regards vides.

 

Le soir même, ce n'est plus une cornemuse mais deux qui s'unissent pour chanter l'amour, dans un son jamais encore égalé en terre armoricaine.

 

Les Romains deviennent fous. Des demandes en mariage se font entre légionnaires déboussolés.

 

Dans le village des femmes, toutes se réunissent sous la hutte de Bonemine, le cœur gros et lourd.

 

Les hommes du village quittent le leur en file indienne, habillés de leurs plus belles braies, les moustaches lissées, les couettes coiffées, les boucliers lustrés, les chausses brossées, des fleurs aux casques, bien décidés à reconquérir leurs épouses.

 

Panoramix ferme la marche avec Astérix et Obélix, rendu ronchon par tant de mièvrerie.

 

Astérix : « Comme toujours tu as vu juste ô druide, Maestria a travaillé à ressouder nos deux villages. »

 

Panoramix, ténébreux : « C'est vrai, mais j'avoue que ce n'est pas le scénario que j'avais entrevu. J'avais parié sur les tensions humaines, mais elle et     Assurancetourix ont joué la carte des émotions, un domaine dans lequel notre village s'y connaît peu. Ce couple m'impressionne chaque jour davantage. »

 

Astérix, méfiant : « Rien n'est encore gagné, rien ne garantit que les portes du village des femmes vont s'ouvrir. »

 

Panoramix, espiègle : « Notre barde a fait le plus dur, il a ouvert les cœurs. Laisse-moi m'occuper des portes. Il nous faut un temps un peu plus romantique en phase avec la nostalgie chantée par nos bardes avant le final. »

 

Sa phrase à peine terminée qu'une douce brume se lève, ainsi qu'une fine bruine.

 

Les hommes arrivent au-devant des portes du village des femmes.

 

Dans la hutte de Bonemine, Taillefine chuchote : « On dirait bien qu'il pleut. Goudurix et moi, on adorait écouter la pluie tomber. »

Bonemine fond en larmes.

Toutes l'imitent et s'entrelacent.

D'un accord muet, elles se dirigent vers les portes, et les ouvrent.

 

Alors, au travers du brouillard, les hommes cherchent à distinguer leurs épouses, et les épouses leurs hommes.

Panoramix lève le brouillard, chasse les nuages.

Alors la lune et les étoiles explosent et tout le monde se retrouvent.

 

Sur la note finale des bardes, chaque couple s'est enlacé, y compris le coq Chanteclairix et la poule Roussette.

 

Obélix tombe en pleurs dans les bras d'Astérix, dans un hoquet : « Je, je ne comprends pas Astérix, je me sens tout drôle. »

 

Idéfix les observe d'un air suspicieux.

 

Astérix jette un regard noir vers le druide qui sourit à pleine dents.

 

A l'orée du bois, des sangliers observent la scène d'un air dégoûté.

Sanglier 1 : « Ça sent le banquet, et ça m'étonnerait qu'ils se contentent de sushix cette fois ci. »

Sanglier 2 : « Ok, je donne le signal : sauuuuuve quuuui peuuuuuuuuuut ! »

 

Cette nuit un banquet prend place dans le village des femmes, un village qui laisse leurs hommes pantois.

Plan sur le banquet par couples.

 

On y voit Bonemine chuchoter à son Cochonnet : « Mais tu as maigri dis-moi ! »

Abraracourcix, flatté : « C'est pour mieux te plaire, ma mimine. Avec une épouse comme toi dans cette tenue d'Amazone, j'ai compris qu'il fallait m'entretenir ! »

 

Ordralfabétix, séducteur, à sa femme : « Ton esprit d'entreprise me laisse tout chose. Il faut qu'on s'associe. »

Ielosubmarine, coquine : « On va mélanger nos compétences mon petit marin d'eau douce, n'aies crainte ! »

Ordrafabétix, séduit : « Ce soir, tu es ma sirène. »

Ielosubmarine : « Et toi mon petit maquereau. »

 

 

 

Cétautomatix, à sa femme : « J'ai vu tes créations, elles sont presque aussi belles que toi. »

Madame Cétautomatix l'entraîne vers sa hutte : « On mangera plus  tard. »

Cétautomatix, surpris, objecte.

Madame : « Il faut battre le fer tant qu'il est chaud. »

 

On y voit aussi tous les couples d'invités réunis, ainsi que garçons et filles du village jouant ensemble.

 

Plus loin, la poule Roussette porte le coq Chanteclairix dans ses ailes jusque dans son poulailler, toute roucoulante.

 

Alors apparaissent Assurancetourix et Maestria, main dans la main.

Un triomphe leur est fait, Cétautomatix prend le barde dans ses bras.

On voit Bonemine chuchoter à l'oreille de Panoramix.

 

 

Le druide se lève et unit les mains des deux bardes, puis celles de Goudurix et de Taillefine.

La fête reprend de plus belle, avec pour la première fois Assurancetourix et Maestria à la musique, et pour le plus grand bonheur de chacun.

 

Galantine roucoule aux côtés d'Obélix, qui roucoule avec ses sangliers[110].

 

Astérix, préoccupé, à Panoramix : « Tout ça est bien joli mais demain, gare à la gueule de bois. On a toujours deux villages. Comment comptes-tu gérer ça ? »

 

Panoramix, rassurant : « Je pense que cette aventure a ouvert l'esprit à tout le monde. Un retour des femmes est négociable sous garanties, et ce village pourrait continuer à leur être utile comme lieu de création, ou d'accomplissement personnel en dehors de leurs rôles d'épouses. »

 

Astérix : « Comme une sorte d'atelier de création et de vente ? »

 

Panoramix : « Si c'est là ce qui leur permet de s'accomplir, pourquoi pas ? »

 

Astérix : « Parce que ça veut dire résister aux Romains d'un côté, et faire commerce avec eux de l'autre. Tu ne trouves pas ça un peu contradictoire et hypocrite. »

 

Panoramix : « Pragmatique Astérix, pragmatique. J'appellerai ça de la RealPolitik. »

 

Astérix : « Hum étrange concept. Je doute que ça dure longtemps. »

 

Panoramix, mystérieux : « Détrompes toi, c'est un concept qui a de l'avenir. »

 

Astérix : « Tu es étrange depuis ta rencontre avec ce druide. Tu commandes aux éléments et sembles voir plus loin. »

 

Panoramix : « Ça m'a donné à voir oui. »

 

Abraracourcix, s'incrustant dans la conversation : « Et qu'as-tu vu, ô druide ? »

 

Panoramix, secret : « De druide à druide mes enfants, de druide à druide. »

 

Astérix, joueur : « C'est vrai ça, qu'as-tu vu ? »

 

Au loin, Assurancetourix et Maestria entonne un tube du groupe gaulois Niagarax : J'ai vu.

 

Au pied d'un arbre, ficelé : Détritus. Une chouette amoureuse ulule sur son épaule.

A ses pieds, Idéfix dort avec une bâtarde dans son giron.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[1]Astérix et le druide côte à côte, l'un l'œil rieur, l'autre un doigt songeur sur un sourire amusé.

[2]Qui est gros ? Le désarroi Obélix, le désarroi.

[3]Assis à l'écart, boudeur.

[4]Jeux de massacre, boîtes à l'effigie romaine, balles gauloises ; tirage de corde ; terrain de rugby improvisé, stand de karaoké et de Singstar avec Assurancetourix et Maestria.

[5]Selon une division amuse-gueule, poissons, viandes, fromage, dessert...

[6]Jolitarax arbitre du match de rugby, Goudurix chargé du stand de karting.

[7]Cétautomatix pointant Agecanonix du menton, chuchote à Ordralphabétix : «  Forces vives, forces vives... ».

[8]Silence gêné, plan sur les principales figures masculines du village, penauds, tentant en vain de masquer les stigmates et ecchymoses d'une rixe toute récente.

[9]Soupir désabusé et sonore d'Obélix.

[10]Déesse du temps libre. Origine méditerranéenne.

[11]Obélix à Astérix : «  C'est qui Corollaire ? »

[12]Clin d'oeil à un autre chef gaulois plus contemporain : http://www.youtube.com/watch?v=l82ShYU3q2c.

[13]Assurancetourix et Maestria.

[14]Extrait d'une performance de Maestria, sur la star gauloise du moment : Ladygagax sur Armoricano :http://www.youtube.com/watch?v=fHGKG9dyTKI. Riposte d'Assurancetourix sur  Babyx de Justin Biberix : http://www.youtube.com/watch?v=kffacxfA7G4.

[15]Accompagnée d'une servante brune, gracile, l'éventant.

[16]« Quoi de nouveau, Sénateur ? Les choses trop répétées ne séduisent plus.»

[17]Quelque part dans les bancs du Sénat, un anonyme reprend en fredonnant : «  Sans contrefaçon, j'plaide le statu quo » , façon :http://www.youtube.com/watch?v=d03wJOgoq1k .

[18]Caché parmi ses pairs, un sénateur jeune et trouble fait au regard dissymétrique entonne un «  L'Armorique, l'Armorique, je veux l'avoir et je l'aurai. » : http://www.youtube.com/watch?v=nr2enzcl83o .

[19]Le même : «  La Calédonieeee, la Calédoniiieee. » :http://www.youtube.com/watch?v=piBNguFMPRc .

[20]Sa servante fredonne un «  Y' a quelqu'un qui m'a dit, que tu perdais encore... » à l'oreille de sa maîtresse.

[21]Formule assez vague pour être passe partout. Bien plus tard, et en bien d'autres lieux, d'autres s'en inspireront : http://www.youtube.com/watch?v=vzm0APfrflk.

[22]« Quand ? »

[23]A prononcer « keili ». Mot gaélique qualifiant des rassemblements au cours desquels on contait des histoires et jouait de la musique.

[24]« Comment ? »

[25]Voir La zizanie.

[26]Idem, voir La Zizanie, et les différentes entrées du semeur de troubles.

[27]Façon planche « Bataille du village ». Album La Zizanie.

[28]Hommage à Gandalf dans les mines de la Moria, face au Balrog : http://www.youtube.com/watch?v=yMBOS736hTA.

[29]A défaut de contre-attaquer : http://www.dreamland-n.com/wp-content/uploads/2012/07/Star-wars-empire-contre-attaque.jpg.

[30]http://www.youtube.com/watch?v=Bv0aZHJN-9w.

[31]Kilt inspiré du logo détourné de l'antivirus : http://tuxsys.ch/wp-content/uploads/mcafee-logo.jpg.

[32]Kilt parsemé de pommes multicolores.

[33] Kilt parsemé de macarons.

[34]Point commun aux trois : grosse boîte crânienne. Boîtes crâniennes qui leur sont un peu ce que les mentons sont aux frères Bogdanov.

[35]Détritus aidé en cela par les extrémistes souverainistes, voir pour caricature des principaux leaders extrêmes droites européennes.

[36]Dédicace à la douloureuse construction européenne et à la crise et aux dissensions mises à jour, notamment au sentiment anti-grec, division entre rigueur nordique et pseudo laxisme sudiste.

[37]Babaorum, Aquarium, Laudanum, Petitbonum. Patrouille commune mise en place suite à une mutinerie de certains camps, dénonçant des attaques gauloises statistiquement plus récurrentes que d'autres. Statistiques non vérifiables.

[38]Sur la musique de Royal Canin :

[39] Au même moment, dans une soirée romaine, avec le sénateur mélomane, queueleuleu endiablée. Voir : http://www.youtube.com/watch?hl=fr&v=Fzz-iUQbkb0&gl=FR.

[40]Phrare depuis entrée dans la postérité. Hommage à Ça : http://1.bp.blogspot.com/_UH4tZ-GMbWc/TUe8ymrFpgI/AAAAAAAABSs/s79yCQxgN6Q/s1600/Il_est_revenu_custom-11303824122010.jpg.

[41]Au sol, ligne rouge matérialisant le record du monde, peu à peu rattrapée, puis dépassée, avec le jingle d'accompagnement une fois arrivés au camp.

[42]Jamaïque : lointain et petit bout de terre, cependant propice à de grands exploits.

[43]Caricature de Jacques Dutronc, cactus sur le plastron.

[44]Caricature de Michel Blanc époque Bronzés.

[45]Petit, les traits crispés, angoissés. Monsieur ni oui ni non, passant en une seconde de l'optimisme au désespoir, coquelicot sur le plastron, et Janus, dieu au double visage dans le dos.

[46]Rires.

[47]Entrechoquements de genoux.

[48]Laudanum.

[49]Rusé comme un vulpus, grappe de raisins sur le plastron, petits airs d'Éric Zemmour.

[50]http://www.youtube.com/watch?v=BPdrGOFXzGA .

[51]Castra, castrae : camp militaire.

[52]Légionnaire accessoirisés pour la circonstance : foulards remplacent casques, certains portent des gants de ménage style MAPPA façon c'est du propre : http://desmond.imageshack.us/Himg13/scaled.php?server=13&filename=estdupropre.jpg&res=landing.

[53]Demander aux pirates. Au même moment, à Lutèce, devant une boutique Virginix, promo de sortie du premier tome de la décalogie de Barbe Rouge sur ses aventures avec les Gaulois. A ses côtes, Triple Patte dédicace et estampille chaque exemplaire de sa jambe de bois.

[54]César parle de lui à la troisième personne, parce qu'il le vaut.

[55]Légionnaires surentraînés, forcer le contraste avec les troupes de Gaule.

[56]Façon Richelieu au siège de la Rochelle par Henri Motte 1881, mais sur la chaloupe.

[57]N'ayons pas peur de dire la vérité.

[58]Mais tout espoir n'est pas perdu.

[59]Décompte sonore, compte à rebours : http://www.youtube.com/watch?v=Q4BotUUxj3k .

[60]Pendant ce temps, le décompte continue.

[61]A l'orée du bois, bien installés, une horde de sanglier admire le spectacle, s'échangeant des grivoiseries : «  On dirait que c'est l'heure du digestif », «  Après tout, c'est la fête des voisins, quelle meilleure conclusion que d'aller saluer les siens ?», « Il prit le romain, il le tendit, et le jeta à ses disciples, en disant... ».

[62]Cet événement inspira les célèbres sacs de Jérusalem, Byzance, Rome...

[63]Voir façon convocation au Conseil dans Koh Lanta/Survivor.

[64]Panoramix hésite, sa voix se voile.

[65]A l'évocation du nom de Détritus, Abraracourcix fait signe à Obélix de rembobiner. On rembobine, et on repasse ce passage. « Détritus » claque dans l'air une seconde fois.

[66]Jolitorax : «  What ? », Panoramix traduit le seul début : « He said : I have a dream... ».

Jolitorax : «  Quel orateur ! »

[67]Le druide exulte.

[68]Approbation générale et enthousiaste desdits invités.

[69]Voir Le Domaine des Dieux.

[70]Mise en place des premières cellules de soutien psychologique sous la férule du bon vieux druide Amnésix. De tentes sont installées en dehors des camps, les Romains y défilent. Quelques scènes, voir test des taches d 'encre : « Que voyez-vous ? » et quelques réponses absurdes : « Je vois un gros gaulois rayé. »

[71]Façon La Belle et Le Clochard : http://www.youtube.com/watch?v=RLXBL41yBbQ .

[72]Voir Astérix et Cléopâtre, scène du tractage des bateaux sur le Nil.

[73]Sur la future côte est américaine, un couple d'amoureux est surpris par un tsunami. La femme inquiète : « Quel est ce phénomène ? ». Son compagnon : « Les Gaulois qui prennent le large. »

[74]Petites souches garnies d'amuse-bouche, planchette de cochonnailles pour sangliers.

[75]Sur un air de : http://www.youtube.com/watch?v=qNo41sQbIsI .

[76]La musique reprend, façon slow, sur le tube Avoir un marcassin de toi, ça fait longtemps que j'l'attendais, façon :

http://www.youtube.com/watch?v=E1r9WfJMQbo .

[77]La barbe ne fait pas le philosophe, comme l'habit ne fait pas le moine. Triple Patte souligne ici qu'il faut se méfier des apparences.

[78]Futur Camden Town.

[79]Façon Abbey Road : http://www.dominic-brown.com/wp-content/uploads/2010/02/abbey_road.jpg . A la place des voitures, des chars immatriculés Londinium.

[80]Aujourd'hui Inverness.

[81]Célèbre groupe anglo-saxon.

[82]Célèbre chanson anglo-saxonne.

[83]Jolitorax, lançant le défi : « Bottom's up ! ».

[84]Gaulois installé à Rome, voir Astérix Gladiateur.

[85]Voir Astérix Gladiateur.

[86]Clin d'œil au débat sur le projet de taxation des plus grosses fortunes à 75%.

[87]http://www.youtube.com/watch?v=2xgwRitTgU4.

[88]Hommage à cette contrée, qui verra naître Sir Arthur Conan Doyle et l'inoubliable Sherlock Holmes.

[89]Hommage et remerciement à un autre enfant du pays : Louis Stevenson pour son intemporelleÎle au trésor.

[90]Spéciale dédicace aux Réginéens et à Erquy, qui aurait servi d'inspiration dans la création du village gaulois :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Erquy#H.C3.A9raldique;

http://tempsreel.nouvelobs.com/culture/20091021.OBS5357/et-si-le-village-d-asterix-existait-vraiment.html;

[91]Voir quelques exemples au tracé complètement enfantin façon avis de recherche des gaulois dans Astérix et les Goths.

[92]Façon Maximus, Gladiator :http://www.youtube.com/watch?v=nMkFHUh0aGk .

[93]Façon Kate WINSLET et Leonardo DI CAPRIO à la proue du TITANIC : http://www.youtube.com/watch?v=PKS5DwSC0fo.

[94]http://fr.wikipedia.org/wiki/Banshee.

[95]Symbole de l 'Écosse, adopté en reconnaissance pour avoir provoqué l'alerte face à une attaque anglaise imminente. L'ennemi s'était alors selon la légende pris les pieds dans les champs de chardon. Alertés par leurs cris, les Écossais s'en étaient sortis victorieux.

[96]Ring of Brodgar : http://www.orkneyjar.com/history/brodgar/.

[97]Merle noir atteint d'albinisme, assez rare pour être associé au monde magique celte.

[98]Assurancetourix débarque, attiré par la clameur, dans un : « Bin alors les gars, on n'attend pas l' gaulois ? ».

[99]Façon charge au gouffre de Helm, Le Seigneur des Anneaux : http://www.youtube.com/watch?v=DkOnFCdxkvs.

Panoramix et Merlin se tiennent ensemble, à cheval sur la colline et observent de loin.

Assurancetourix et Maestria sont sur la colline en face, toujours en train de pousser la chansonnette.

Obélix est devant la masse bleue, tentant de les retarder afin d'en avoir plus pour lui.

Astérix est à ses côtés, sourire aux moustaches, raisonnant son ami sur l'impact d'un tel égoïsme sur son karma.

[100]Bien plus tard, des imbéciles équipés des meilleurs appareils photos au monde y viendront en masse, et se questionneront bien longtemps encore sur le pourquoi de ce cercle.

[101]Ancêtre de Graham, hommage à cette invention.

[102]http://www.youtube.com/watch?v=fWNaR-rxAic.

[103]Voir Astérix en Hispanie.

[104]Façon hésitation François Hollande, dans les Guignols.

[105]Voir Astérix chez les Bretons.

[106]Façon reconstruction du village par les Romains dans Le fils d'Astérix.

[107]Photo d'Agecanonix, affublée de son véritable âge, qui ne sera pas ici divulgué.

[108]Gros plan sur les centurions, persil dans les oreilles, hurlant : « Mais qu'on l'attrape, qu'on le fasse taire ! »

[109]Parmi lesquels Goudurix et Tragicomix. Avec elles se liguent les invitées du village qui partent retrouver leurs hommes chaque nuit dans le plus grand secret.

[110]Un brin éméché, en plein tête à tête avec un sanglier rôti : «Oui tu veux être mangé, mais oui qu'il veut être mangé le rôti à son papy. »

Signaler ce texte