POESIETABLE DES MATIERESLe vieil homme et le chien1Extrait de journal (j’avais environ 15 ans)1Eté de mes 15 ans en Ardèche.2Extrait d’un San Antonio (mon auteur favori de l’époque) : N’en jetez plus.2Mai 1990… presque 16 ans.3Eté de mes 16 ans aux Sables d’Olonne.3Nuit du 29 septembre (je suppose : engueulade familiale… ?)4Noël…4Janvier 19914Carnet de pensées hachement profondes5Eté de mes 17 ans, 19916Novembre 1991 - Rentrée en Terminale, j’avais espéré être plus sociable (donc aimée…)6Quelle pauvre conne je suis… J’ai tout donné, je n’ai plus rien7Roman…. (Projet de « roman »)8Février 19929Mort de mon oncle9Avril 19929Mai 1992 (bientôt 18 ans) Petits bouts de phrases EN VRAC10Février 1993 (18 ans hypokhâgne) 10Décembre 1993 (19 ans….Je ne sais pas pourquoi il y a ce trou : je n’écrivais plus ?)1117 mars 1994 – 23h4011Petite Fable (Tellement vraie !)12Fin août 1994 (20 ans tout juste : 2 mois de régime, 20 kg en moins…)12Octobre 1994 (Licence à la fac)13Novembre 199413Citations…14Mini-agression en rentrant de soirée14Vrac 1993, 1994… ?14Novembre 199415Janvier 1995 (Connaissance d’Eric)1526 mars 199515Fin mars 1995161er avril 199516Mai 199516Juin 199517Poème pour Eric17Idées pour mon futur mémoire sur H. de Montherlant1719 février 1995 (Promenade à Sainte-Foy, là où on habitait avant le divorce)17Fin août 19951823 août 1995188 novembre 1995199 novembre 19952014 novembre 19952015 novembre 19952116 novembre 19952119 novembre 1995226 décembre 19952230 décembre 1995 (Larguée par Eric)23Samedi 16 février 19962420 février 19962417 mars 199624« En vrac » 25 mars 1996 24Avril … 1996 (J’ai perdu le fil)258 avril 19962616 avril 19962719 avril 19962823 avril 19962827 avril 199628Mai 199628Rêverie sur mon amour platonique pour Roman2920 mai 19962925 mai 19962926 mai 1996 (intitulé « le compte à rebours)29Début juin 19963019 juin 1996 (Jour de mes 22 ans)30Début juillet 199631Le lendemain3148h après3118 juillet 1996 (pour situer : Rozier)32Fin juillet 1996 (mec pêché au fond d’un bar)331er août 1996 (bilan cynique de « mes amours »)34Août 1996 (vision du film « Scarface »)34Eté 1996 (mec quelconque ?)3418 août 1996 (Ballade de Lyon)3421 août 1996 (Situation : chez les Evans)35Fin août 199635Septembre 1996366 septembre 199636Octobre 199637Sur l’anorexie3722 octobre 1996 (pas encore avec Roman ?)3827 octobre 1996 (déjà en conflit avec Roman ?)38Auto-conviction (sur le cul)38Novembre 19963910 novembre 1996 (Délire)3921 novembre 1996 (tournée des bars avec R. et K.)39Novembre 1996…4029 novembre 1996403 décembre 1996407 janvier 1997418 janvier 1997419 janvier 1997 (intitulé « la matin après la nuit »)4213 janvier 199742Janvier 1997 (délire)43Fin janvier 1997432 février 1997 (décision d’aller en clinique)44Avant, jusqu’au 9 février 1997 (Entrée en clinique le 5)45Dimanche 9 février 199746Lundi 10 février 1997 (Pendant l’enfermement. Souvenirs d’humiliations.)46L’ouverture de la conscience, sur elle même46Mardi 11 février 1997471ères angoisses de l’enfermement : mains moites47Mercredi 12 février 199748Pensées profondes !49Citations49Jeudi 13 février 199749Samedi 15 février 199750Lundi 17 février 199750Mercredi 19 février 199750Vendredi 21 février 199751Roman…51Lettre à R.51Mars 199751Pour Sophie (découragée)5228 mars 19975229 mars 1997531er avril 1997539 avril 199753Rêve du matin5313 avril 19975415 avril 1997 (Une de mes premières « permissions : désillusion avec Roman5417 avril 19975524 avril 199755Sortie – mi-mai 19975625 avril 1997 (Souvenir de Sophie et moi)57?? Souvenir de clinique58Début juin 1997 - Rozier : parents de Romain5913 juin 1997 594 juillet 199760A la 1ère heure de la 16ème lettre (14 juillet 1997)601er août 19976023 août 1997606 septembre 19976114 septembre 19976122 octobre 1997614 novembre 199761Lettre d’encouragement pour Sophie (25 novembre 1997)6125 novembre 19976229 novembre 1997621er décembre 1997622 décembre 1997 - Un lâcher de nerfs6210 décembre 1997 – Lettre à Sophie6316 décembre 19976319 décembre 19976326 décembre 1997641er janvier 1998642 janvier 1998, 1 heure du matin64Le vieil homme et le chienAssis au bord de la route,Le vieil homme solitaireAppelle les passants en doute.Il veut qu’on lui dise au revoir :« Homme, dis-moi adieu ».L’homme le regarde sans comprendre,Hausse l’épaule et répond :« Tu ne vois pas, je suis presséLaisse-moi, je dois y aller ».« Femme, dis-moi adieu ».La femme le regarde sans comprendre,Hausse l’épaule et répond :« Tu ne vois pas, j’ai un bébé,laisse-moi, il pleure, ça y est ».Là-dessus un gros chien passe,Voit le vieillard effondré.Le pauvre homme fatigue, hélas,Son heure va arriver.« Chien, dis-moi adieu.Personne ne me l’a dit,Et moi, de guerre lasse,Je vais mourir ici. »Alors le chien de comprendre,Ne hausse pas l’épaule et répond :« Adieu, Homme »Extrait de journal (j’avais environ 15 ans)Je ne supporte pas mon corps, je n’ai jamais pu.Je dors mal, j’ai toujours l’impression de suffoquer dans un affreux malaise. J’ai envie de me terrer, n’importe où, ailleurs. Que tout s’arrête. Cette douleur lancinante, les autres. Je les sens hostiles, oui je les sens, ces regards, ces chuchotements, leur propre monde… leur insouciance me rejette. Jamais je ne pourrai y goûter…Je les hais, je ne les supporte plus. Et cette terreur du tableau, et ce bus, endroit plein de malaise, si chaud, où je suis perdue dans une masse indifférente et morbide…Mes dessins animés – moi-même je n’en reviens pas. D’un tel réalisme que j’y vis par procuration, j’y rêve, j’y crois que jamais je ne retournerai en classe (et puis je retourne à mes devoirs, tribut à payer pour pouvoir travailler de façon à gagner suffisamment pour me nourrir convenablement dans une vie future – Quelle chance, qui dois-je remercier « Travail, famille, patrie » : corvée, quoi !)Je crois que toute ma vie je verrai en négatif, et que toute ma vie sera négative.Je suis un oiseau, vous êtes des pierresJe plane et vous vous écrasezJe vole au-dessus de vous, je ne suis pas concernéePar vos victoires, vos batailles, vos défaitesJe suis un oiseau et vous êtes des pierres.Je regarde et je souffre. Je me suis trompée. Je suis comme les autres, une pierre. Le temps s’est arrêté. J’ai envie de mourir et je suis déjà morte. Personne ne me comprend. Personne ne me tend la main. J’ai l’impression d’être folle. Pleurer est la seule chose capable de forcer ma barrière, celle qui empêche mon contenu d’exploser. Pour qui débordé-je de pitié ? … Ce que je ressens est si difficile à décrire… Le jour je suis une pierre. Et le soir, ou dans un moment de mélancolie ou de colère, je deviens oiseau, et j’ai mal.Tous ceux qui me dégoûtent, ceux qui sont bêtes et méchants, qui ne comprennent rien, comme je voudrais les broyer lentement, et les effacer. Je voudrais le pouvoir d’un Dieu.Où est la magie du monde ?Eté de mes 15 ans en Ardèche.J’aime bien pleurer quand je suis seule, le jour, un jour de vent frais, avec du soleil.J’aimerais passer ma vie ainsi, avec une musique triste.Tout oublier en même temps qu’on y pense. Une telle douceur…Plus envie de rire. C’est si amer quand ça finit !Tout est si étrange… Il ne faut plus avoir de sentiments.Etre saoûl en permanence.Je me crois très intelligente, je me dis « sans raison, je ne me serais pas rendu compte de ma misère d’être en vie, d’être parmi les cons, d’être moi. »Nous nous emmerdons avec des cons parce que nous sommes seuls, nous savons que l’âme sœur n’existe pas – ou pas à temps. Nous les côtoyons parce qu’ils sont tout, parce que nous en avons besoin. Pour les posséder il faut l’Aspect.La plus grande comédie humaine….Extrait d’un San Antonio (mon auteur favori de l’époque) : N’en jetez plus.« Je viens donc. Comme toujours.Mais pour aller où ? Vers quel piège ? Quel supplice !Dieu ! Que notre cheminement en ce monde est de hasardeux.Ou dégouline, bête comme l’eau (…)Tourner à gauche, à droite ! Foncer tout droit ?Et après ? Y a que des embûches, à perte de vue (etc…)Y aurait à débloquer là-dessus. Et sur tant et tant d’autres choses connes que si on le faisait, on se retrouverait rapidos en maison de repos, parmi les neu-neus dépressifs. Remarquez, on pourrait enfin causer entre gens de mauvaise compagnie. [le désespéré…] il découvre la vie telle qu’elle est, lui et il le dit, et il se comporte comme un mec ayant bien pigé le système affreux [l’évidence]. La mort inéluctable pour tous, la faillite de tout, les détresses, les chagrins, les misères, la connerie, la vachardise universelle, les salauds partout embusqués, les accidents perfides, les gosses trop battus, les femmes trop seules, les vieillards trop vieux. Rien lui échappe ; il pige en bloc le topo. Alors il se prend la tronche à deux mains et il chiale de frousse, d’angoisse, de faiblesse. Dare-dare le bon monde accourt pour le dissuader (…) On lui insuffle des rassurances. Lui fait croire qu’il est anormal (…) »J’hésite. Je crois que le courage, c’est de mourir.Que c’est beaucoup plus difficile que de se laisser vivre.Je suis lâche d’espérer.Je pensais ne jamais comprendre les drogués. Maintenant je ne sais plus. Ça doit être beau. Et puis qu’est-ce qui peut être pire que la réalité ?Construire sa fuite. Et se détruire, mais à petit feu, pour voir si on ne s’est pas trompé.J’ai lui deux phrases sur les tables du lycée :SMOKE AND FLYJE VOLE DANS MA TETEJ’ai senti une libération, un rêve fantastique.Une voix qui disait que là-bas on était bien, on était mieux.Une illusion merveilleuse.Je me dis « mais qu’est-ce que je fous là ?! » Je me sens comme claustrophobe. Je voudrais tellement partir et je m’enferme dans l’irréel. En voyant parfaitement l’irrationnel et la futilité de ma conduite. Je m’enfonce dans une fuite. Je me vois faire ça. Mais si je m’arrêtais maintenant, hein ? Qu’est-ce que je pourrais faire ? Qu’est-ce que je deviendrais ? Je serais réellement toute seule, toute misérable.Souvent je me consolais de n’être pas aimée en me disant que j’avais de l’esprit ; j’ai cru ça jusqu’à la 3ème année et puis j’ai perdu cette illusion en m’apercevant que le travail ne m’intéressait plus. Aujourd’hui j’essaie de croire que je n’utilise pas mes facultés au maximum. C’est pathétique.Mai 1990… presque 16 ans.Commençons par le commencement : j’en ai mare !! (Ça devient lassant de toujours écrire les mêmes choses…) Dans mon lit je viens de trouver une phrase : « J’erre dans les limbes », et comme si ça ne suffisait pas, j’ai eu envie d’ajouter « éternellement ». Mais je vais mourir. Et je ne sais pas pourquoi, mais tout d’un coup l’angoisse me prend. J’ai pourtant toujours eu le sentiment très fort que j’allais avoir une vie courte. Mais aujourd’hui ça me paraît tellement énorme que je refuse d’y croire – est-ce moi qui parlais du suicide comme d’une délivrance ? C’est le vide, le néant absolu. Je vous préviens, je viens de me décider à refuser catégoriquement de mourir. Je veux, pure et innocente comme l’agneau, être immortelle… Mais changeons de style : aujourd’hui j’en ai marre. J’ai raté la super interro de maths de 2 heures, outre mon amertume je sais déjà la déception de mon père, je hais comme je n’ai jamais haï J-M, cette merde définitive, les 10 kgs que j’ai perdus n’émeuvent apparemment personne, il est bientôt minuit et je me lève demain à 6h30, et j’en ai marre…Après…Je viens de me relire et je crois que finalement je m’aime. Plus exactement, j’aime moi.Pour le lecteur avide d’informations, j’ai eu 6,5 à l’interro de maths. Ça doit être le début de la fin.Je pense à l’adage « l’espoir fait vivre », que j’avais toujours cru optimiste et donc trouvé idiot.Eté de mes 16 ans aux Sables d’Olonne.J’ai passé quelques semaines parmi des gens que je ne connaissais pas, mais qui sont ma famille ; dans une maison que je n’avais pas revue depuis 11 ans (j’avais 5 ans alors), mais que mon corps a reconnue.Des odeurs et des images ont resurgi.Le portillon. Avec sa margelle de pierre grise, et sa peinture verte écaillée. Le double escalier avec l’entresol, l’odeur indéfinissable de plantes, de pierre et de poussière…La moiteur étouffante dans l’escalier de bois menant à la mansarde, à côté du grenier, sous les toits brûlants.Et la petite cours de sable rouge avec son immense banc, sous l’arbre, où je me souviens avoir fait des bulles de savon pendant des heures.Mon cousin Bertrand a un humour que j’apprécie beaucoup.Un jour il m’a emmenée à la plage.C’était la fin de l’après-midi, le soleil déclinait petit à petit, mais il faisait encore très chaud. Les gens s’en allaient, les imbéciles ! , comme déçus par cet air doux à l’odeur de sable et de sel, par les cris des mouettes légères entre les quelques nuages… Je me suis baignée puis étendue sur ma serviette. Je fermais les yeux tellement j’étais bien, à la manière d’un chat carressé. « Etre bien », c’est le corps qui vibre de bonheur, d’une jouissance primaire. Corps allongé sous un soleil qui ne brûle pas, sur lequel le vent pèse par la chaleur dont il se charge.J’ai jeté un œil à Bertrand, dont le souffle régulier révélait qu’il partait dans une somnolence paisible. Et là, je me suis sentie atteinte d’une vague, indéfinissable tristesse. Je percevais les bruits extérieurs de plus en plus loin, le clapotis berçant de la mer sur les galets, les mouettes… J’en frissonnais, j’étais si bien que j’avais envie de pleurer. Je me sentais coupée du monde en regardant le ciel bleu devenir jaune autour du soleil et les nuages changer de forme.Cet instant merveilleux allais finir, mes sanglots silencieux cesser ; il me faudrait bientôt me lever, parler, vivre comme si rien ne s’était passé, et c’était odieux. Je ne voulais pas sortir de ce moment où tout était réuni pour se sentir (paisible ?)Nuit du 29 septembre (je suppose : engueulade familiale… ?)Le vent des fous était tiède,La lune apaisante,La nuit plus pâle que moi.Hors de moi, transportée,J’ai demandé à un arbre si j’étais folle,Et je l’ai entendu gêmir lui aussi.La guérison n’est pas la hainePeut-être l’absence ? (non plus ! … j’ai essayé depuis…)Noël…Je n’ai jamais passé un Noël aussi morne de toute ma vie.La veille j’avais décidé de passer ma vie au lit : j’ai tenu 22 h sans en bouger. RI-DI-CULE.Ma vie est un immense vide. Je me sens incroyablement vieille.J’observe les gens et en me concentrant je vois leur cadavre, leur sale bidoche avariée, et quelque part j’exulte… Mais la similitude des destinées humaines me fait déchanter assez rapidement.Ma mère me parle, me parle, me saoûle de futilités, m’écoeure.Fuir, à tout pris se différencier de ça, mutismer, ne pas s’engluer dans un piège pareil.Si j’étais jolie…La solution de la facilité, ce qui paye toujoursJe suis gâchéeIl me faudrait m’obséder du Top 50 et apprendre à tortiller des fesses en gloussant ? Je pense à Desproges que je viens de découvrir – trop tard, comme toujours.« C’est dur à porter, une haine pareille. »Janvier 1991Ce n’est pas possible de ne pas aimer sa vie comme ça.J’espère me persuader que c’est un cauchemar.Je ne vis plus qu’à travers les livres de Frédéric Dard.Ma chambre est un véritable bordel, ses romans entourent mon lit, le parent, comme une cour attentive.En quinze jours de vacances, je n’ai rien foutu, l’école reprend demain, je me tuerais si je n’étais pas aussi faible, aussi lâche. J’étouffe doucement dans mes jours creux, mornes à hurler. Les derniers mystères de Paris. Les voisins étaient chez nous pour la fête des Rois. J’étais écoeurée par la platitude de la conversation. Puis ma mère crut bon de parler de moi ; elle fit évidemment remarquer la gueule que je tirais, puis enchaîna sur le voyage que mon père m’offrirait si, expliquait-elle, je réussissais mon bac. Pourquoi déballait-elle ma vie ? En quoi cela pouvait-il intéresser ces gens ? J’avais honte sans savoir pourquoi. Naturellement ils ont cru devoir pousser maints cris d’exclamation auxquels je n’avais rien à répondre. C’était l’horreur. J’aurais voulu la tuer. Je fermai les yeux. Il fallait que je crie quelque chose du genre « Maman, je t’en prie ! », mais elle continuait à parler, la bouche à demi-pleine de galette, à nager dans la médiocrité de l’instant avec une inconscience effarante. Ça me consternait. Comment avait-elle pu lire ce livre que je tenais d’elle, et oublier son contenu aussi totalement ? Je m’accrochai désespérément au livre, la seule chose à laquelle je pouvais me raccrocher, d’ailleurs, et j’attendis passer la vague, la vague de mots impudiques et atterrants de ma mère.Je restai assise, sans broncher, et elle continua à parler sans s’apercevoir de rien, ce que d’ailleurs je ne lui demandais plus. Assise sur mon bout de canapé, éternellement, je voyais la scène au ralenti en me disant qu’effectivement, ça devait être un cauchemar.Mais pouvais-je vraiment les mépriser, alors qu’au fond, j’étais comme eux, je passais ma vie à faire semblant de m’intéresser à des anecdotes, des futilités, n’importe quoi, je passais mon temps à leur ressembler…Carnet de pensées hachement profondesGekko Kamen 1991 (conneries que j’écrivais pour compenser (rire > pleurer) ego)Je n’arrête pas de penser aux autres. Vraiment.Sans mentir, je pense aux autres sans arrêt : je me dis « mais qu’est-ce qu’ils sont cons ! »La minute égocentriqueJe viens de fonder le MPMMP, le Mouvement Pour Moi-Même Personnellement.J’en suis le créateur, le leader et l’unique adhérentA ce titre, ma cotisation est nulle. Mis à part cet autofavoritisme légitime, je milite activement pour moi-même au sein de mon MPMMP.Mon cri de guerre est « vive moi ! » Vous pouvez m’envoyer des lettres d’admirationRéflexions du mois :A propos de ma mère, savez-vous qu’elle a accouché d’une cale de porte ce soir ? D’aucuns seront surpris, mais en se couchant elle a trouvé dans ses draps une cale de porte en plastique beige, cale qu’elle me brandit d’ailleurs aussitôt sous le nez d’un air accusateur (je vous demande un peu…) Je contenais assez difficilement mon hilarité, l’ayant avant traitée de mutante et suspectée d’une maladie encore inconnue.Ma mère me dit : « C’est toute de même pas le chat qui a mis cette cale de porte dans mes draps, avec ses petites dents ! », ce qui était idiot, d’autant que, comme je le fis remarquer aussitôt avec mon talent oratoire habituel, le chat en question bouffe des mulots bien plus gros qu’une cale de porte. J’émis alors, avec un humour ravageur lui aussi habituel, l’éventualité que Criquette, le félin sus-évoqué, ne courait pas assez vite pour attraper une cale de porte – ce qui augmente considérablement la probabilité d’échec dans une chasse à la cale de porte. Eventualité à laquelle je m’entendis répondre : « C’est le funiculaire, ça ? », car ma mère lisait le journal sans accorder la moindre molécule d’attention à mes interventions délirantes. J’eus beau lui dire, et coup sur coup : « Tu as connu Plastic Bertrand ? », « Pourquoi as-tu abandonné ton enfant sur le radiateur ? » et « elle a son nom tatoué sur le front, c’est CLEANLINE*, la seule réponse probante à mon interrogatoire intempestif fut « tu me fais ch… », ce qui était le but plus ou moins avoué de l’opération.Enfin, elle se tourna vers moi, excédée, le visage baigné de larmes, et me demanda avec les accents du désespoir : « Mais enfin, que t’a fait boire ton père ? » Comme je l’avais aidé dans la journée à repeindre ses murs, je répondis à tout hasard : « de la peinture ».Et j’eus droit à une dernière phrase laconique : « eh bien, je ne savais pas que c’était si toxique », après quoi elle replongea le nez dans son journal sans plus de cérémonie.Voici donc les thèmes de réflexion que je vous propose :le dialogue parents-enfants est-il vraiment possible ?la toxicomanie, nouveau fléau de la jeunesse ?peut-on accoucher d’une cale de porte sans risques après 40 ans ?l’humour non-sensique (si si, je l’ai vu écrit dans un bouquin) conduit-il un jour ou l’autre au Vinatier ?pas loin…c’était bien mais quand même !Eté de mes 17 ans, 1991Comme ils sont durs ! Comme ils sont haineux et comme je les hais,Comme ils ont réussi à me corrompre, à me souiller,Moi qui chérissais les autres avant même de les voir, avant même de les connaître, a priori… Et puis non.Mon Dieu – savoir que ce chemin infernal sera sien toute l’existence…Je m’enfonce, chaque jour un peu plus, dans ma misère, sous l’œil vigilant de ma mère. Elle m’enterre sous ses bourdes au lieu de me sortir du trou.Que dire ? Avancer quels arguments ? Je me paie en plus le luxe de passer pour une conne. J’essuie les rebuffades comme des crachats en plein face. Les fils de chiens s’y prennent tôt pour briser, pour détruire, et les cruels satisfont les voyeurs.En ce moment des délires me viennent : « Je sais que je suis d’une autre race. Une race supérieure ? Peut-être. La façon dont les autres la conspuent le donnerait à penser. Une race différente » et…Quand je pense que dès le premier coup, j’étais trop faible pour me relever. Trop atteinte par surprise. Déjà morte, avec déjà des charognards sur le ventre pour mutiler mon cadavre. Je porte toute cette haine. Incapable de réagir. Je suppose que je ne suis pas encore complètement anéantie. Salie.Novembre 1991 - Rentrée en Terminale, j’avais espéré être plus sociable (donc aimée…)J’aieu l’immense orgueil de croire que ma vie allait changer.Je suis punie – j’avais encore à couler pour toucher le fond.Pourquoi personne ne vient.La lumière m’éblouit ; je comprends toutMa mère est organique et vulgaire. Elle me déçoit. C’est pire que tout, la déception.C’était ça ma plus grande illusion : penser que tout au fond de mon infinie vulnérabilité j’étais invulnérable.Quelle pauvre conne je suis… J’ai tout donné, je n’ai plus rienPoème de haine (un peu à chier, mais bon)Je suis le vent farceur,Immortel compagnonQui sème la douleurSans hâte et sans raison.Je m’amuse de vous voir,Pauvres êtres éphémères,Sans grandeur, sans pouvoirFace à moi qui vous perds !Je pénètre en tout lieuPour tout y saccager ;Je m’amuse avec ceuxQui veulent me résister !Mon meilleur souvenirJe veux vous raconter :C’est une farce pireQue vous n’imaginez…En survolant l’été,J’ai, tel une fauvette,Vu dans un cerisierUne belle fillette…Je me mis à tourner,A tournoyer autour,Me prenant à penserA un de mes bons tours…L’inconsciente gamineRiait plus fort que moi,Se barbouillant la mineDe cerises et de joie…Oh ! Oh ! Petite fille !Ne saurais-tu donc pasQue maintes larmes brillent,Coulent et résonnent déjà ?Je savoure cet instantComme tu savoures tes fruits,Et l’air gémit pendantQue sous son poids tu ris !Quel équilibre précaire !Je tourbillonne, te remue ;Cela semble te plaire…Triste sort s’il en fut.……………………..A trop être secouée,Elle a brutalement chu…Je me suis mis à danser,A mes fins parvenu ;Un long filet de sangDe son ventre éclatéCourait sur le mur blancVers une mouche bleutée.Quel tableau enchanteurSous le soleil, le ciel !Figée dans la chaleur,Mon Dieu qu’elle était belle…Je suis le vent farceur…etc.L’orgue, oh mon Dieu cet orgue, il va me faire mourir, il va me vider de moi par les yeux… Cette voix d’agonie, comme dans la tourmente… Je me laisse mutiler par cette musique, comme si j’expiais une faute ; elle me laisse pantelante, cheveux et poils hérissés, elle me calcine.Je suis passée à côté de tout. La vie me rattrape, tout est derrière moi.Je regrette. Je voudrais devenir jeune.Roman…. (Projet de « roman »)Un jeune, plus ou moins camé, renversé par une voiture et dans le coma, rêvant qu’il est seul sur terre sans comprendre ce qui se passe…)Une sensation ? Non. Un bruit.Un bruit assourdissant dont on comprend qu’il est le silence dès qu’on ouvre les yeux.Il n’y avait que la nuit, que le voile frais de la nuit. Et ce silence.Nil se remit debout mollement. Il avait les jambes engourdies et restait immobile, vaguement indécis, devant la grande route déserte. Que s’était-il passé ?Deux lumières jaunes. Il avait couru à la rencontre de deux lumières jaunes. Deux boules lumineuses qui s’étaient rapprochées de lui en s’enflant démesurément, jusqu’à ce que… Qu’elles semblent l’envelopper, et exploser dans l’air comme un gigantesque feu d’artifice. Où étaient-elles maintenant ?Il regarda autour de lui, l’air effaré.Après un moment de vide mental, il se remit en route. C’était une sensation pénible, et malgré cela il se sentait entouré de sérénité… Mais d’où venait cette atmosphère de plénitude ? Des restes d’absorption de Milax sans doute. Ce silence… C’était de là que lui venait cette paix. Il se mit à transpirer. Pourquoi avait-il peur ? Les effets des drogues changaient donc si radicalement ? Non. C’était le silence. Vénéneux. Comment avait-il pu se sentir rassuré ? Ce silence sentait la mort. Tout comme cette route déserte. Déserte ? Pourquoi était-elle déserte à cette heure-là ? Mais que se passe-t-il ?Il se sentit gagné par une sorte de panique. Ses jambes avaient envie de fuir. Mais où ? La maison. La maison n’était plus très loin, maintenant. On allait bientôt l’apercevoir, dans les premières lueurs du jour. Sa ville endormie – morte – le fit frissonner. Il marchait au rythme de ses battements de cœur, mais avait l’impression de presser le pas.C’est la dernière fois que je prends n’importe quoi.« Nil !’ » pleurnichait Marna sur son épaule. Pelo hésita à repousser le visage. Il était physiquement contrarié. Attendre sur ce banc froid, entre les plaintes de Marna et le brouhaha continu qui roulait dans les couloirs blafards ne l’enchantait certes pas, mais savoir que le gosse serait désormais le principal objet de la pensée de Marna le faisait enrager. Sa sournoiserie ordonnée rencontrait un obstacle de taille, cette fois. Il s’imagina en train d’arracher les tuyaux respiratoires de Nil, et cette pensée le fit trembler de jouissance frustrée. Marna sentit son trouble et se méprit. A l’idée que Pelo avait du chagrin, elle sentait monter en elle quelque chose qui pouvait être de la gratitude.Il n’avait pu trouver que cet oiseau.Un sursaut de son âme d’avant, disait-il.Cachaudre. Il pensait que les gestes de l’enfance étaient peut-être les meilleurs, en regardant la boîte de comprimés glissée sous le banc de bois de la cuisine.Mon âme chimique. Je crève dans les paradis infernaux.Il n’y a plus personne. Un visage passa devant lui, flottant, remords dans l’air saturé.Il était encore temps. Il le fallait. Depuis combien de jours végétait-il dans l’appartement ? Cachaudre pépiait doucement, et ce son triste et entêtant emplissait toute la pièce, il résonnait autour de Nil.« Assez !! » hurla-t-il. L’oiseau se tut immédiatement. Le silence retomba, plus cruel encore que le chant de l’animal.Il se laissa lentement glisser le long du mur et s’y accroupit, s’y tassa. Je rêve tout cela. C’est un rêve absurde, un ensemble de visions et de sensations artificielles. Il sera merveilleux quand je me réveillerai, n’est-ce pas, Cachaudre ?Je ne suis pas le survivant d’une guerre fulgurante, je ne suis pas la victime d’une farce abominable, je ne suis pas dingue ! Pas dingue, tu entends ? Pas dingue !!! Ses cris furent interrompus par des sanglots. Cachaudre tremblait, blottie dans un coin.Je suis assis sur une colline avec mon oiseau.Je regarde la ville. Comprends qu’on ne peut vivre sans personne.Comme s’il avait fallu cela.J’attends. J’attends la fin d’un cauchemard, j’attends mon salut..Février 1992S’il est vrai que les hautes douleurs sont muettes, alors je souffre terriblementL’onde de la douleur, la vague de la douleur, qui vient comme appeléeComme un vœu dont on ne s’attend pas à ce qu’il se réalise, enseveli.L’âme se recroqueville, gêmit de ne pouvoir se lacérer et de s’envoler dans l’air bleu et épais.Mort de mon oncleMon pèreRien ne le touche donc ?Pourquoi empêcher sa douleur de naître, de lui donner corps afin de pouvoir la tuer ?Je sens la douleur. Je la sens émaner de lui…Il y a une grande pièce blancheUne grande pièce blanche au milieu de laquelle mon père se tient, riant. Pourquoi donc ne retentit aucun son ?Un liquide sirupeux monte lentement dans la pièce,Enserrant les jambes de mon père.Il rit, le visage tourné vers le haut et les mains sur les hanches, avec ce rire qu’on n’entend pas.La douleur monte comme une plainte vers le ciel.Mon père ne voit-il rien ou ne regarde-t-il pas ?Son niveau s’élève dans la pièce blanche et nue.Ne dirait-on pas un fœtus noyé dans le ventre de sa mère ?Le liquide pénètre dans sa gorge et il rit toujours silencieusement.Ne dirait-on pas une statue majestueuse ensevelie par la terre des siècles ?Mon père sous le liquide ammiotique, sous la terre, sous la douleur, et qu’on n’entend pas…Avril 1992J’ai la sagesse posée sur mon bureau.Elle me sourit. Elle a l’air infiniment paisible.Assise là comme pour l’éternité.Elle m’a fait comprendre que tout doit venir de nous car tout es en nous.Sois bénie, je t’aime.Petite fille innocente / vieillarde vicieuse. Qui ne souhaiterait pas l’absolution – être sain(t).Trouver les personnes vraies.Pourquoi ai-je essayé de sortir de ma condition,Pourquoi ai-je cru un moment – et avec tant de ferveur ! – que ces gens-là pourraient devenir mes amis ?J’ai dû devenir folle.Je vais retourner à ce que je n’aurais jamais dû quitter.Inlassablement en moi le goût de l’échecIl n’y a pas de pitié. Rien n’est possible que « la faillite de tout »…La vie est DEGRADANTE.Mai 1992 (bientôt 18 ans) Petits bouts de phrases EN VRACJe ne suis d’accord en rien avec moi-même…« Tu tiens vraiment à t’attirer mes foudres divines certes, mais mortelles ? »J’étais sa dernière nuit.Le Dieu voyeur.Pour tester sa puissance il n’hésite pas à violer l’intimité de la naissance du monde. Les soleils rouges s’ouvrent, déchirés par l’enfantement du temps qui s’écoule sans fin de leurs blessures. Son regard souille l’apparition des étoiles engluées de vie, ruisselantes de la lumière de l’univers.J’ai souvent souhaité être morte, mais je n’ai jamais voulu mourir.Vous êtes un germe blanc au plus profond de ma souillureVous êtes un soleil lointain au cœur de mes ténèbresUn cheval dans ma têteGalope dans le vent de ma haine, saute les haies de ma frustration,Glisse dans les plis de ma consciencePuis sombre dans les ténèbres de ma peurSi l’on ne devait pleurer qu’avec des larmes, l’océan de ma douleur noierait votre monde.« T’es la fille la plus sympa que je connaisse !Tu connais donc si peu de monde ? »Ce n’est pas parce que je me (con)fonds parmi la fouleQue je ne m’en distingue pas.Février 1993 (18 ans hypokhâgne1) Me plaindre, toujours.Fini le clown aujourd’hui.Plus tard…Qu’est-ce que je pourrais faire d’autre que recommencer demain ?Rien. Mettre son masque et se mettre en piste.Je me rends compte que j’ai besoin d’être portée à bout de bras alors que personne ne veut s’en charger.Que je dois refouler ce besoin et rester seule, en priant le ciel pour tenir, alors que je sais qu’un jour, tôt ou tard, le besoin va remonter, et que j’aurai presque cru ne plus le ressentir. Presque surprise de le retrouver intact.Je me retrouve à prier avec ferveur, avec désespoir d’en arriver à mendier ce qui ne viendra pas.Seule. Il n’y a pas de raison pour que cette vie change.Tout est déjà joué.Je sais tout d’avance. CELA NE PEUT SE PASSER AUTREMENT.J’irai en hypokhâgne l’an prochain pour essayer de faire quelque chose de ma vie… Quelle dérision.La mort est dans toute chose, presque palpable… Le piège se referme doucement… inexorablement. Kawabata* Il y a des lucioles partout dans l’air, et un air de violon si beau… Seule. Je meurs de peur et de dégoût. Il va falloir affronter la vie, l’agonie si lente…Enfin, assez rêvé de douleur, il n’est plus temps.Maudite ! Silence de mort.Je ne contrôle plus ma pensée.Décembre 1993 (19 ans….Je ne sais pas pourquoi il y a ce trou : je n’écrivais plus ?)Je ne sais pas – toujours pas – où je vais.En ce moment je dors mal. Très mal.J’écris mal aussi, mais ça n’a aucun rapport – Arrête tes conneries, Mag. Tu sais très bien que tu n’as pas envie de rire.Je ne vois plus ma mère depuis plus de trois mois. Depuis sa fameuse phrase : « Il est temps de penser enfin un peu aux autres ».Une phrase qui se hache menu…Ça me fait rigoler, parce que les autres, j’arrête pas d’y penser…Putain j’ai mal… C’est cette musique. Elle me bouffe.Depuis le début de l’année je ne fous rien en classe. Rien. C’est un mot qui me résume à la perfection.Equilibre : voilà le mot-clé.J’ai des envies de creuser, des envies d’effacer, surtout d’obtenir, tout, d’un coup, comme une récompense ! Une récompense…. Une seule, après tout ce temps… Mais il n’y a pas de « récompenseur » plus que de rédempteur.Je me rallume une autre clope, tiens. Pour fêter ce 0:00 qui vient d’apparaître sur mon réveil et ma future tête dans le cul de demain…Tout à l’heure j’ai pété une latte du lit en jouant à James Bond ; ça m’a mise en joie, vraiment. Je vous le dis (en vérité) : il faut des joies simples…On s’y oublie quelques secondes. Comme dirait l’autre, la vie est une vallée de larmes. Une coupe bouillonnante dans laquelle on patauge avant d’être bu par une instance supérieure… Attendons donc le rot de Dieu dans l’infini – peut-être nous rendra-t-il ?Allez, bois…17 mars 1994 – 23h40Ça faisait un bail… Devine quoi, mon journal joli ?Je cède à la tentation de t’écrire, alors que je sais que ce n’est pas raisonnable… Toute la semaine j’ai dû bosser tard, jusqu’à hier soir où j’ai fini le devoir de géo à 4h30, après avoir vu au ciné « la liste de Schindler »…Et malgré tout tu vois, j’ai encore de l’énergie pour toi, qu’est ce que tu dis de ça ? Oui, que je suis une nana exceptionnelle, c’est bien ce qui me semblait.Enfin bon, je n’ai pas le cœur à la plaisanterie (je repense à Roman qui a commenté mon dessin du non-pendu : « vie = herbes, fleurs ; mort = herbes, fleurs aussi ». Et j’ai répondu à vie « sourire », et mort « pas sourire », en n’étant pas loin de me convaincre… (comme quoi…).Je hais cette vie.Adresse : âme de Magali P. Motif de non distribution : n’habite plus à l’adresse indiquée. Pfouh… Je suis mauvaise.Une année passée dans le vague, à pas bosser et à repousser l’inquiétude résultante… Et là (las !) je me suis donné ( !!! ) jusqu’à mes 20 hivers (mon Dieu, que je suis spirituelle quand je m’y mets alors…) pour pondre mon fabuleux et impérissable roman. No comment.Je me sens pleine d’amour et c’est inavouable.Je me sens toute fragile alors que personne, personne n’a peur de me fêler, casser ; je me sens l’âme en concordance avec un physique de souris, vous dis-je, et pourtant j’ai hérité de celui d’un animal dont l’évocation me suffit.Sait-il comme je l’aime ? Je ne crois pas. Attention, la question porte sur le « comme », pour le reste, mon esprit est en proie à un doute affreux, et quotidien le bougre !Une année passée dans le flou… uniquement centrée me semble-t-il sur les rapports aux gens. Cette idée m’affole quand j’y pense.NaissanceRegards sur la vieRéflexion sur la mortMort(P.S. : Roman m’a dit avoir trouvé un truc équivalent dans sa jeune adolescence. Tant pis pour ma vieille adolescence, il paraît que mieux vaut tard que jamais)Petite Fable (Tellement vraie !)Le doute est un monstreQui vous rencontre isolé sur le cheminIl aime à se dissimuler pour vous attendre,Insidieusement tapi dans votre ombre.Rien ne sert de vouloir le combattre,Il a le temps pour lui,Pour vous dévorer, vous broyer ;Vous ronger jusqu’à l’os…Moralité : le monstre est un rongeur !Fin août 1994 (20 ans tout juste : 2 mois de régime, 20 kg en moins…)J’ai mué…L’image du papillon me traverse ‘esprit, mais ne le convainc pas.Je me sens chenille, vert, irrémédiablement.Le schéma est-il : nouveau physique nouveaux événements nouvel esprit ?Je ne crois pas, je suis blasée ; toujours aussi faible, et le combat me motive toujours aussi peu… Seule, toujours.Tout à l’heure je bloquais sur le dicton « les meilleures choses ont une fin ».En fait, il n’y a que les meilleures choses qui ont une fin. Non ?Outo Deska ?* Alors que tout est déjà dit…Avoir un but dans la vie ? Et ne jamais l’atteindre ?! Et l’atteindre ?!Comment oublier le vide sinon en le meublant.Tout revient à oublier –« Divertissement » - je n’ai pas la méthode.Je crois que je frôle l’autisme depuis toujours.La vérité c’est la réalité du rien à laquelle nous devons faire face (ok, c’est pas la grande trouvaille, mais j’essaie de me convaincre).Octobre 1994 (Licence à la fac)Je suis infiniment fatiguée.Toutes ces choses nouvelles auxquelles je dois faire face…Plus aucun repère. Encore plus paumée que d’habitude (c’était donc possible)…Le rythme de ma vie s’accélère et je prends peur, je décroche mentalement, les choses se passent sans moi.Je suis en décalage avec tout. Sans équilibre. Toujours des efforts, toujours vains… J’avais pensé de la vie qu’elle était dégradante, elle est usante. L’amenuisement, la réduction. Je n’ai plus envie de connaître. Je n’ai plus rien à faire là. Moins que jamais auparavant. Décalés, désaxés, déviants. Frustration, existe-t-il un mot plus puissant que celui-ci ?Je suis une gouttelette trouble Qui coule interminablement sur la face du mondeAux grains de peau blâfards et aux pores ombreuxEn un ruissellement douloureuxPartie de cils poisseux plus qu’humidesQui sur une lèvre brûlante s’évapore.Il n’y a en ce monde que deux sortes d’hommes : les optimistes, et les pessimistes qui n’ont pas le courage de leurs opinions.Novembre 1994Je me suis étonnée de ce que mon angoisse devant le réel allait augmentant, comme un cancer d’encre dans de l’eau claire. Je pensais que cet état d’esprit était l’avatar d’une perception des choses dont le tracé était courbe, et fléchissait après un point culminant, à la manière d’un objet soumis à la pesanteur.Pas de retombées. J’ai constaté que ma perception du réel était toujours plus intense, le dégoût et l’angoisse toujours mieux mariés.L’impression que je devais provoquer l’oubli s’imposait. J’ai échoué. Il ne me reste qu’à guérir, à combler ma différence.Le réel est sordide. Gluant.Le réel m’est in-supportable.Le réel est nécessaire… le jeu forcé de la quête.Il me faut m’envoler vraiment ou tomber à terreLe décalage avec le réel est vertical.Juillet 1994 (Poème-jeu de mots sur la fumette)Fus méprisable à cette époque ;Un fût méditatif et sombre,Empli, fût mélancolique, de méandres…Cela ne fut même pas une vie,Mais seulement une fumée voilant un ciel noir.Mon monde comme un œuf humé par le Néant…Ne vient-il pas comme le bruit d’un train dans le lointain ?Sans toi je dépéris de veau,Tu es le soleil de ma virago…Je t’aime, ne le vois-tu donc pâture ?Il n’y a pas plus insensible que toitureTu es intelligent, tu es bollet…Mais laissons cela, ce ne sont que des mollets !Entre deux eauxCesser de se débattre contre le courantPour se laisser entraîner vers l’arrière et vers le basA votre santéCitations…La femme et le poisson / C’est le milieu qui vaut le mieux (proverbe médiéval).Souffrir passe, avoir souffert ne passe jamais (L. Bloy)Etre belle et aimée, ce n’est qu’être une femme. Etre laide et savoir se faire aimer, c’est être une princesse (Sacré Barbey d’Aurévilly !)Un poète est la chose la moins poétique qui soit ; parce qu’il n’a pas d’Identité il est continuellement occupé d’informer et de nourrir un corps autre (lettre de Keats 1818).Mini-agression en rentrant de soiréeElle rentre de chez son amie et elle sait qu’elle est saoule parce qu’elle sent son esprit se dédoubler pour l’observer et lui parler et elle marche dans sa nuit à pas flous et sans résonnance.Elle voit ces deux hommes qui la regardent arriver et passer et disparaître ?Elle guette leurs bruits derrière elle dans le silence qui bourdonne vaguement.Et elle les entend et son cœur se met peut-être à battreLes deux hommes la hèlent et les phrases restent dans son crâne en s’entrechoquant lentement.Et elle pense pendant qu’ils lui prennent les bras doucement qu’elle sent monter en elle une peur nouvelle etElle lève les yeux du bitume à leurs ombres sur les vitrinesEt fixer ces vitrines qui passent au ralenti est quelque chose d’irréelEt …Vrac 1993, 1994… ?Quand la guerre est finie, les survivants dansent« Rien ne te le dit. Mais tout me le chuchote » (Frédéric)L’âme navrée, fanée ; fleurie seulement maintenant.Les questions éternelles qui tournoientDans un ciel incoloreSans finS’ouvrir au monde c’est s’ouvrir à la douleur.Quand gagner du temps ou en perdre nuit à la même fuite.La dignité c’est l’effort. Il n’existe pas de sincérité grotesque. NON.Les blasés sont des ex-trop purs, trop exigeants pour ne pas être déçus par la vie.Donner raison / rendre justice.Les gens fâchés avec la réalité deviennent peuseurs / se lire écrire.L’aboulie c’est faire des coupes dans ses projetsA grands coups de rasoirLe sang des rêves macule de tâches qui ne se lavent pasKant : « Celui qui est sincère, mais qui est réservé (celui dont le cœur ne s’épanche pas) dit certes toujours la vérité, mais pas toute la vérité !! »Novembre 1994La douleur te fait croire à la féconditéMais la dichotomie de ton âme est incapable de se transformerImmuable implacable et aiguiséeUne blessure, une déchirure dont les lèvres parlent trop,Vomissent du vent sans pouvoir se refermer(Jamais je ne serai hermétique !!!)Janvier 1995 (Connaissance d’Eric)SeuleLa vérité m’importeEt j’ai conscience que ma perception est insuffisantePour la trouverJe ne peux être de ceux à qui leur seule vérité suffitLes bienheureux cocus de la vie.Sûrement début de la boulimieL’intelligence est comme une plante carnivoreVoraceSi son besoin de matière n’est pas étanché,Soit elle dépéritSoit elle d’auto-dévoreDu désoeuvrement multipleDécoule l’autospectionEt de l’autospectionL’excès pathologiqueConfondre nuitammentLe fruit de ses réflexions et le fruit de ses entraillesEt abominablementPécher26 mars 1995Pourquoi, pourquoi je suis triste comme ça ??C’est pas ça l’amour, non, non, c’est pas ça..Je ne sais pas ce que j’ai – j’ai eu envie de pleurer toute la journée, et de mourir ce soirCes larmes sur ma feuille, teintes par l’encre de vert et de mauveJe les regarde couler comme deux yeuxCette inaptitude au bonheur, ce bonheur qui se refuse à moi, toujours ; qui s’échappe au moment le plus susceptible de le piéger. Quelque chose qui cloche… un décalage.Cf. Landry (prof fac 17èmiste) : “la tragédie c’est le sentiment de l’inéluctabilité de l’échec ».Chaque seconde tragique – Je dois être maladeSon contact me renvoie en pleine figure une anormalité, confirme ma faiblesse.J’ai tellement peur de tout. Tellement mal. Mourir pour ne plus avoir mal. Jamais.Etre prise dans des bras et être réchauffée. Je suis froide depuis si longtemps ! Tout intérêt tué. Désolation, vide en moi… Poussière et silence des sanctuaires désertés.Cette douleur intense comme un hurlement. L’espace vibre tout entier de la douleur, elle irradie l’infini. Tu n’entends pas, que tu ne viens pas ? Ou est-elle muette, elle qui devrait te fendre.Ton absence me frappe avec la brutalité d’une pierre. Elle me tue.Entre un amour sans histoire et une histoire sans amour, comment parler d’ « histoire d’amour »… Aimer quelqu’un, faire naître la faiblesse de la dépendance ; hésiter entre le rien et le doublé du plaisir et de la douleur (Roman et Eric).Apprends-moi la vie, j’ai tellement envie de la connaître, je la mime depuis si longtemps maintenant… Je suis épuisée de sembler. Seule dans mon monde parallèle. Ne détourne pas la main, je jure que tu ne donneras pas plus que tu ne recevras.L’absolu. Cette soif me perd. Je le sais. Trouver l’Autre. La 1ère moitié… celle qui manque, si cruellement. La force, la vie lumineuse. Je la rêve si douce… Sans elle, les ténèbres de la faiblesse – la quête qui ne finit pas, l’insatisfaction fondamentale, la soif qui frustre et qui étouffe. Une montagne à abattre.Viens m’aimer, me faire vivre, me faire naître… Je sais qu’il ne faut pas que ton amour soit mon aide et mon amour ton remerciement, mais la peur me fait penser ainsi, la peur née de mon mal, mon mal à l’origine de tout. Entre l’« autisme », le refuge du vide – un rien, et le « mime », le refuge du masque – une mascarade – je ne vis que d’incertitudes qu’il faut appeler espoirs.Je t’aimerai comme une folle, mais cela ne t’enfermera pasTout ce que je pourrais faire par amour de toi… te laisser me laisser…Je me suis sentie accéder à une vérité ; comme toujours, quelque chose de tellement simple que j’en ai ri de pitié. Je vis, je sens, j’analyse, j’exprime, il me semble que la difficulté va vraiment croissant… et l’expression, le travail de reconstruction, prend le temps qu’il faudrait vivre. Pourtant il me faut attendre, en une attente entrecoupée de spasmes de dégoût… Immobile, sans plus pouvoir avancer ni vouloir reculer, voulant m’élever et ne pouvant que m’enfoncer en tournant sur moi-même.Fin mars 1995[ayœr]* … En fait enlisementenfoncement délectable dans la folie1er avril 1995Pensée d’avril : « Le seul problème de la douleur, c’est que ça fait mal ». Voui…..L’homme arrive, découvre le monde. Il écoute, il regarde.« Je suis de passage », explique-t-il laconiquement.Mai 1995Toit dont les yeux ne captent que de fausses lumièresToi l’aveugle dont les yeux croient voirEt n’ont jamais vuPourquoi le doute m’attache-t-il plus profondément que ne le ferait la certitude, sinon parce que la douleur est plus forte que la sérénité ?Ma stupidité est illimitée.Juin 1995Je m’aperçois que je ne résiste à rien sauf à la tentation…Le mal gagne.Poème pour Eric about « mon petit bœuf tremblotant, je t’ai-meuh… » :Mon amour à ta vue s’illumineMon regard bofin ;Ah ! Poser mes lèvres purpurinesSur ton cou taurin… (il doit exister une suite inoubliable dont je ne me souviens pas… ah ah)Idées pour mon futur mémoire sur H. de MontherlantPour Montherlant (fils de personne), « quitter » est différent de « ne pas aimer », « renoncement » signifie « lutte ». Difficile de ne pas renoncer à renoncer.Fonction du jugement personnel, même quand il existe des liens indépendants de la volonté, filiaux. Pouvoir de choisir.Intelligence pas subordonnée à une action, pure parce que gratuite : s’exerçant sans intérêt, même peut-être sans plaisir – comme d’elle-même, entité dont on peut se sentir distinct.19 juin 1995 (jour de mes 21 ans : déprimée – une fille bizarre me tire les cartes)Rien de super rien de secret19 février 1995 (Promenade à Sainte-Foy, là où on habitait avant le divorce)Seule, marcher sur les mêmes sentiers 15 ans après…Indéfinissable, inexprimable sensation…Sensation de distorsion du temps, temps ralenti voire aboli, toute chose prenant un relief autreImpression de pénétrer une nouvelle dimension où tout a le même aspect mais pas la même signification, état singulier, comme d’électionEntre le vague souvenir et la vague appréhension d’un changement, puis le choc d’une réalité identique au souvenir, et un flot d’images – un après-midi sur la même balançoire, la tête renversée en arrière, à s’interroger devant l’immensité céleste… une contemplation extatique.La difficulté, l’impossibilité de résister à l’attraction de certains objets…Des frissons, envahie par l’émotion, submergée.Puis la nécessité du retour à la surface, au monde normal, sensation si différentes du Royaume de la Solitude, où l’on est toujours souverain…Un nouveau choc, abrutissant – la reprise du cours initial du temps, l’accélération de son écoulement…Mollesse délicieuse, tendresse triste… flétrissement intérieur à la tombée de la nuit.Reprise – début août 1995 (Soirée chez Fafoune…)Tu es irrécupérable, même par toi-mêmeSi coucher n’est peut-être pas tuer… Mais j’en douteUne voix me dit de quitter le chemin bourbeuxJe t’aime comme une croyante et tu ne le sais pasJe t’aime comme l’enfant le soleil la nuitDes cris qui sont comme une rivière souterraine dont la source reste cachée et qui se répandent à l’appel du vide, torrent de matière fluide. Et un tournoiement silencieux dans des espaces sans couleur plus rapide que toute pensée. Moiteur. Touffeur du silence par défaut.Je m’éclipse, soleil noir.Je rêve de sommeils séculaires, je vis de secondes qui n’existent pas.J’aimerais qu’espérer soit croire. Tant…Les larmes montent en moi pour redescendre de l’autre côté.Sur la chair comme une excroissance de la penséeRemplir une feuille de mots qui se vident.Fin août 1995Je découvre.Cet abandon des femmes à l’homme… invraissemblableCette mollesse qui naît dans l’esprit et se transmet au corps…La forme du désir comme l’abnégation.23 août 1995Je vais te trouver.L’espoir me monte aux yeux.Ton nom a traversé mon silence comme une nuit.Qu’il ne s’évanouisse pas déjà, qu’il brille encoreMon amour pour toi ne consumme que moiIdentique à ton amour pour toiUn jour je serai assise sur un banc de pierre,Et si alors tu viens t’y asseoir à mon ombreJe te raconterai l’histoire d’une éphémère qui espérait l’aube.Les doigts froids de la tristesse closent mes yeuxVômir cette peine qui monte, dont on sent avec panique qu’elle va déborder, qu’on ne va pouvoir la contenirJ’ai rêvé d’un pays où elle n’existait pasPeut-être ai-je rêvé de DieuAimer, c’est peut-être être touché par la grâceRachetant toutMon amour comme une crue immense qui purifie tout et ne devrait jamais cesser.Petite aigreur : l’intelligence, chez un homme, c’est irrésistible. Forcément, c’est tellement rare… (Cf. l’aigreur inverse : 25 mars 1996)Septembre 1995 (Pensées sur Eric, avare en amour)Je crois que j’essaie de te guérir, même si c’est pour une autre.Je vais te guérir et j’en serai malade… Tu me transmets tes fantômes.Vampire celé, scellé, esseuléCorps renversé, âme bouleversée et larmes déverséesSangLa nuitSe sentir comme un vampire au sortir du cercueil.Aimer comme une éperdue.22 octobre 1995 (bref moment de résolution)C’était la montée de la douleur dans le silenceJusqu’à l’insupportableEt il fallait tenir,Tenir un rôle imposéEnsuite l’effondrement, total, sans mesure… / MaisSuivi d’un soulagement inexplicable, un apaisement ;Un détâchement perceptible physiquement, une partie morte qui tombe de soiQu’on ressent comme une délivrance…La douleur a cessé, comme d’elle-même… Elle s’est retirée comme une mer.Presqu’un bien-être. Une surprise. A peine la crainte d’être quittée par cet état de grâce.Arrêter de chercher ce qu’on sait inexistant.8 novembre 1995Aujourd’hui je n’arrive plus à rire de ce qui est triste.Je suis une plaie ouverteDe ceux qui sont faits pour saignerToujoursD’un écoulement intarissableD’un sang si clair qu’on dirait une larmeQui se perdEtre vide et pourtant se viderL’âme fuyant par ses propres fêlures.9 novembre 1995Ces mots, que j’utilisais il y a si longtemps semble-t-il,Et qui reviennent changés- D’une autre couleur ou d’un autre son –Et comme vieillis eux aussi…Phrase de Laure au sujet de RomanElle m’a dit « il y a des rencontres manquées »Mais il est surtout des sentiments manquésEt des viesCe sont les âmes qui sont éconduitesEt les cœurs qui sont moribonds.Des sentiments qui ne se concrétisent pasQui restent suspendusOu des actes seuls dans le videMarionnettes aux fils pendantsEn même temps un contact sans amour et un amour sans contactQui se croisent dans le silenceCe sont les larmes qui brouillent ma vue.Des papillons dansent en tout sensEn un lent ballet chatoyantOù se frôlent des ailes de lumièreLes formes tourbillonnent et envahissent l’espacePeu à peuCette mouvance, ce miroitement m’éblouissentLes papillons dansent en tout sensDevant mes yeuxMes yeuxIl parleLes mots tombent de sa boucheEt c’est moi qui me meurs sur le solMon âme qui se tord comme un serpentQui doit trouver la force de continuer à le regarderEt lui sourireParce que la douleur se fait moins intenseCela m’effraieJe ne connais pas le nouveau14 novembre 1995Je ne sais pas comment ne pas abominer le corps,L’instrument de la torture.Il est temps que je souffre dans ma chair, ma chair toujours après mon esprit.Il est juste que je souffre enfin de moi et non plus des autresQue ma souffrance m’appartienne au bout de toutQue l’amour soit douleur pleine et violente ?Les patients (titre d’un projet de roman, jouant sur la notion de patience)Identité traduite chiffres/lettres – réduiteNe voyez-vous pas que nous ne sommes que des caricatures ?Même pas de pâles reflets… trop consistants.J’ai eu un jour l’immense ambition - cette boursouflure de l’esprit, si faussement semblable à la voile tendue par les vents -De vouloir partager avec toi le soleil…Ce soleil qui ne m’appartenait pas et dont tu n’as pas voulu.Une femme sans homme comme un homme sans Dieu – de la même absurde pensée.L’auteur de mes jours a été ma mèreJe suis mon dramaturge (la nuit)Il nous faut nous construireMais la terre héritée est pourrie et s’effriteMais nos mains sans outils sont tombéesIl faut nous façonner à l’image de figures sans relief15 novembre 1995C’était un de ces moments où l’humanité m’indiffèreUn de mes moments de ressacEt je contemplais s’arracher à moi la grèveToujours imperceptiblement la mêmeUne mer qui ressasseLa sérénité, c’est la confiance. Surtout, en soi.Petit bout des « Patients »La fortune sourit aux audacieux…Ô Patients ! Ne trouvez-vous pas terrible qu’il faille sans cesse oser pour recevoir ?La Récompense… Les effets monstrueux du désir quand il est contenu…Le désir, ce tyran, ce milieu parfait entre le caprise et le besoin – achevé, fini et infini.16 novembre 1995Et je vous hais, tous autant que vous êtesD’êtreCe que vous êtes et de n’être pas plusFuir la douleur = m’oublier…Plus d’ironie, il faut que je m’enfonce, mais dans quoi ?… l’amour… qu’il n’y ait plus que ça…Cf. Doña Inès (personnage de la Pièce de Montherlant » : « Moi, je voudrais m’enfoncer au plus profond de l’amour partagé et permis, comme dans une tombe, et que tout cesse, que tout cesse… »J’ai commis un jour une effroyable faute,Pour être punie de la sorteCette douleur ne peut être que méritéeEt je m’acharnee dans mes mortificationsJe ne suis plus làPour personne, même plus pour moi-même19 novembre 1995Quel handicap ;Ma haine des cours est devenue telle que je ne supporte même plus la catégorie dite des « braves »…Autant dire que seule la plus complète solitude prévaut comme cure…Il la couche sur son lit puis sur son testament.Ce que tu viens de dire est tellement bas que je ne le relèverai pas.6 décembre 1995Une flaque de soleil mauve et sangSe reflète dans mon âmeMiroir fuyantQui coule trop pour s’évaporerSans rêveurJ’avais trop pitié de moi pour me relever- Mains et genoux marqués.Les PatientsSeuls deux personnages arrivés. Rire.« J’ai fait silence avant de te saluer !…- la force de l’habitude…- la même qui fait que tu n’as plus les yeux brillants et ce sourire comme gourmand aux lèvres, lors des cercles…- C’est plaisant de constater que la même force d’habitude nous approche et nous éloigne à la fois de cette façon de fonctionner…Qu’est-ce qui l’emportera, affranchissement ou aliénation ?- Je dirais évolution ou acceptation »« Nous ne sommes pas là pour résoudre les questions impossibles.- Non, nous sommes là pour ergoter dessus éternellement, pour stagner.- Ce n’est pas stagner, c’est progresser.- Mais progresser vers quoi, puisque plus nous affinons, plus nous aboutissons à des caricatures… »Que rien n’est sûr est ma seule certitude.Là est la valeur du silence.J’oublie toujours que le monde n’est pas aussi hideux que moi…(c’est comme ça que mon narcissisme me perdra !)Que l’on cherche son double ou qu’on le fuie,On sent que l’on ne peut pas s’échapper à soi-même.Cette nuit j’ai rêvé que cette nuitJe partirai30 décembre 1995 (Larguée par Eric)Est-ce différent d’aimer et de donner son amourPoison offertQue les gens fuientMonstreÔ raison troubléePar la douleurJ’invoque les mortsMais ils ne répondent pasEt en cela ils sont semblables aux vivantsJe vis avec lui depuis si longtemps maintenantQue la haine que je lui porte est sans finMais dans l’alcool je ne peux le noyerParce qu’il est trop fort et qu’il se débatJe sens mes forces qui s’épuisentC’est lui qui va me tuerLa rédemptionDont les portes me sont ferméesMalgré mes larmes…Faut-il mon sang ?Même si toute quête est vaine,Comment attendre sans mourirComment attendre7 janvier 1996 (tentative d’oublier Eric)Il me faut m’en convaincreC’était une erreur de personne, pas une erreur de sentimentLe sublimer : ne pas pouvoir entraver son flot, mais le détourner…La facilité pourrit les gens.Amour !J’ai pensé à toiRevenant…Fantôme !Chez Sarah (délire fumette)Cf. Sarah Stétié : « les apparences de l’Absolu » : l’écriture fugitive, l’écrit intemporel, l’Art – l’accès à l’immortalité etc…D’où… le poète est Dieu, créateur rtotal : il a l’instrument phallique et le pouvoir d’enfantement. Syllogique : Dieu hermaphrodite…Quand je veux mordre la vie- ce qui n’arrive pas si souvent, n’étant pas agressive de nature -je me casse les dents.Ayant accusé la vie d’être trop dure,Puis mes dents de ne l’être pas assez,Je suppose que la faute se partage certainement…Si j’étais moi, je ne saurais pas quoi faire…Sophie (amie de clinique 97) dixit : « Si j’étais moi, je me quitterais »15 février 1996 (intitulé « le lendemain du jour fatal »… ?)Je suppose : Eric embrassant Véronique sous mon nezTu es le séducteur et non le séduisantTu es le sourire gourmand et cyniqueTu es intelligent et sombreTu es le désir et l’indifférence insatiableMoitié de SatanSamedi 16 février 1996Chaque nouvelle douleur plus forte que la précédente…Mais la sensation certaine que celle-là est la pire,Et la seconde certitude que l’Enfer n’est pas effrayant.BrisureIronie des mots « le creux de ma vie »…J’ai juste réussi à le recouvrirMais il est làPeut-être plus grand20 février 1996Chercher dans les choses et plus dans les êtresEt peut-être qu’alors les êtres viendront par ces chosesLe contrôle de soi, apprentissage quotidien, tentative de se dédoubler physiquementLe contrôle de soi devient celui des autres… Etre deux personnes et échapper à tout jugement définitifLa folie de se perdre entre les deux, puisqu’être les deux est aussi n’en être aucun.1Cf. Se visualiser en séchant ses cheveux :Cette vague et si curieuse sensation de ne pas avoir assez de mains, en filigrane « méconscient2»17 mars 1996On me dit je voudrais pouvoir ou je pourrais vouloirEt moi je voudrais vouloirJe ne suis plus personneJe ne suis plus rienJe suis désintégrée détruite dissoute anéantieB1. Anonymes 1.48.01.02.77Flots de paroles taris… la sobriété devient sècheresse.« En vrac » 25 mars 1996 Fuite de Lyon vers Chambéry par dégoût des gensCe que les femmes appellent « l’homme parfait » ne l’est pasà un défaut près : il est hétérosexuel (quoique… l’homo est-il sapiens ?…)Une femme de ménage qui jette l’éponge… Comment la lui faire passer ?FEROLUCE : « un comble d’être devenu nyctalope par radinerie », dit-elle à son père en se prenant un mur dans l’obscurité, car son cœur à elle était resté pur et désintéressé…Restau avec mon père : bourrés et morts de rireIVROGNERIE FILIALE : LES DELIRESLui. tu connais la différence entre truisme et vérisme ? … Moi. Non, mais entre truie et verrat ». Lui. Elle est restée sourde à ses appels muets »…Lui. Eux ? Tu les connaissais avant ta naissance et tu les as jamais revus…Moi. Tes âpres pets2, chiasme ô combien poétique.Moi. L’égocentrique, quand il discute, ne le fait pas par amour du dialogue mais par lassitude du monologue…Lui. Et son esprit d’à-propos : L’andropose, mais c’est fini l’andropause !! Au fait, t’as vu l’éclipse de lune ?Lui et Moi. C’est une voyante belge… Elle lit dans les frites »Moi. Le temps distille au compte-doutes3Moi. Il a beau être sur le retour, il est plein d’allant …Avril … 1996 (J’ai perdu le fil)Ces appas que je ne saurais voir… perdre.Tu ne crois que ce que tu vois, mais tu ne vois que ce que tu veux bien voir…Hypnose : normal, il faut s’endormir pour s’éveiller.Brève de comptoir : « J’en ai marre que des gens pensent comme moi ! Je voudrais être le seul à penser pareil… »Pensée autonome : Parce que je suis trop intelligente pour moi : le sens que je produis m’échappe.Dire « Je t’aime », c’est comme faire l’amour :ça ne doit pas se faire le premier soir… Sous peine de passer pour hypocrite.Eric toujoursQuand on aperçoit qu’on a aimé le méprisable, comment ne pas se demander si l’on n’a pas méprisé l’aimable… le temps doublement perdu.Délire idiotOn dit :je vais pisser un coupJe vais pisser un bol= même choseboire un coup de…boire un bol de…= même chosedonc c’est la même chose, et pourtantéviter un coupc’estavoir du bol= donc : c’est un coup de bol !Ultime conclusion : il faut arrêter de boire…8 avril 1996Que ce soit : je t’aime CAR ou DONC j’ai besoin de toi,Que l’amour soit gratuit ou non il est aliénation – je ne vois pas de résolution autre qu’extrême à cela.Pour me rassurer, je crois que si je ne meurs pas pour moi, je ne mourraiss pas pour quelqu’un d’autre, pour personne d’autre. Mon Dieu encore une conviction à solidifier.Le vilain petit canard pleurant son chant du cygneA cette époqueJ’avais le cœur soulevé sur la mainA ton réveil je voulais être làJe voulais êtreRayon de soleil, chant d’oiseau, odeur de caféGoût de succésT’animerJ’étais làMais tu ne t’es pas éveilléEric toujours, comparé à un mec avec qui je suis sortie à ChambéryC’est toi qui me l’as prisEt pourtant ce n’est pas toi qui me le rends,Ce sourire…Tu es dépourvu de tendresseComme le vide de lumièreEt j’attends venir le temps où je te remercierai de l’êtrePour m’avoir permisCette découverte immenseSi simple que tu n’y auras jamais accès.L’éveil et la nueEclats de l’œil, éclat de rire, éclat de peauEclats, éclairs, éclaircies, clartésŒil de verreCœurSueur de sangSang qui suintePerles vermeilles sur la peauQui roulent et coulentFilsAmants enchevêtrésVeines extérieuresSurfaceRêverie sur le cercleVie sans brisureCercle de l’unitéPlénitudeCercle du mouvementTerreCercle de l’infiniPerfectionCercle vicieuxAnneauSerpentNouvelle petite prise de conscience…Le vice c’est la démesure – l’excès, abstinence ou débauche.L’oubli de l’absolu.La joie comme mouvement, la danseIndique, lascif, mystiqueUniverselLe rythme c’est le souffle, le souffle c’est la vie.16 avril 1996Le ciel était assourdissant de lumièreIl m’a demandé si la douleur n’était pas la seule chose au monde digne de respect,Comment ne pas frémir à l’évocation d’un Descartes athée,Et il écrasait les êtres de sa chaleur stridente.La dimension tragique, c’est la grandeur, mais ce n’est pas une dimension spatialeLa dimension temporelle du tragique, c’est l’éternité.Dieu enfanté par la souillureNé du MalDevenu et non pas été nécessaireJe ne le lui pardonnerai pasIl est des brasiers qui brûlent sans finDes soleils terriblesCar il est toujours de quoi brûlerFantasme sur personne en particulier, en réalitéElle pense à sonAbsenceElle ressent le videEn elleEtAussiL’attraction de ce videIrresistibleEtElle est vertigineusementMalToiMon enfantMa presque viePuisque tu es ma chairMon sangMa vie presqueNouvelleAiméeAdoréeMon enfant19 avril 1996Intégrité : je crois que c’est conserver l’humilité de la douleurJ’ai buAu sein de l’écoeurement répanduLe poisonLa mort dont ceux qui ne l’auront pas connue ne vivront jamaisDe l’alcoolOu de l’amourJe ne sais plusLa violence, la secousse terrible de l’absurde.Le mépris est là, avec la douleur. Il sera bientôt seul. Pur.Il porte ça en lui, sans en sentir le poids. Avec une légèreté insolente et consciente de l’être.C’est justement cela qui mérite le mépris, la conscience d’être ce qu’on est, sans que cette conscience serve. Pas d’effort pour les autres donc pas d’effort sur soi.23 avril 1996Les miches de Lunaire : le pain était levé, et, au bout de quelques heures, était rassis.Un soir chez Lunaire : quelque chose, ce soir-là, le tracassait et l’empêchait de dormir… Il fallait qu’il pense à quelque chose, mais à quoi ? En ressassant la question de son lit, il se souvint brutalement : il avait oublié son somnifère !Ne me raconte pas de salades, s’il te plaît, je suis au régime !Le comble pour un marin : avoir du vague à l’âme de poser pied à terre…27 avril 1996L’homme mime le sentiment – il sait des mots d’amour et il les prononce,Mais il ne les sent pas, ne les comprend pas, ne les pense pasIl trompe l’autre déjàN’y-a-t-il pas que les souillés pour rêver sans trêve à la pureté absolue ?Mai 1996La nécessité de structurer son existenceQuand on s’aperçoit qu’on est tellement videQu’on ne peut la structurerQu’autour d’une autre personne…Un amour comme une momificationEst-ce donner la mort ou l’éternitéSe vouer, se donnerNe plus être toujours,Etre à un autre, pour un autrePar un autreEst-ce l’amourL’abandonL’abnégationLe rienSeul le corps peut rendre l’âme – je me comprendsJe t’ai aimé au-delà des mots… D’où un petit problème de communication.Le Génie, le déséquilibreEntre la lucidité et la sensibilité (discussion Céline)Quand les rouages de ton cerveau deviennent sensibles…Que tu sais que tu deviens une sorte de monstreQui ne vit plus mais fonctionneAlors tu t’inspires l’effroi et les autres la gêneTu sens que le calcul est le serviteur de Satan.Rêverie sur mon amour platonique pour RomanUn amour étrangeOpaque, sans être sombreOù le désir n’entre peut-être pas réellementTu as eu la meilleure partPuisque tu ne souffres pas20 mai 1996Citation Roman : « la démarche autobiographique, c’est se regarder dans un miroir pour mettre un masque… » 125 mai 1996Je rêve à des joies saines comme à une récompense impossible,Un temps perdu, un amour inaccessibleLe retour au sain est une triste utopieTriste comme une vérité qui n’est plus vraieL’âge heureux l’enfance « l’innocence » : parce qu’elle s’assumee. Ce n’est pas que sa cruauté est innocente, c’est que la conscience de cette cruauté ne conduit pas à un sentiment de culpabilité.26 mai 1996 (intitulé « le compte à rebours)Un éclatement de la conscienceTravailléEst-ce que cela évite l’éparpillement, la folie, la perte ?Est-ce l’unité, l’identité, le salut ?Le réel qui se dérobeL’échecTout glisse sur moi,Est dérisoire.Ce qui m’a semblé la vie s’écrouleFuit au vent.Ma vie a tellement bougé en tous sens que j’ai cru que je vivais…Mais était-ce moi ?Même les vivants s’en retournent à l’impalpable, au rêve.J’ai tout rêvé.Rien n’était réel.La seule chose réelle en ce monde m’échappe.Le sentiment d’amour que je porteSe flétrit, se tarit,Ment sur lui-mêmeSans trouver d’issueIl hurleDans sa cellule malade dont les capitons pourrissent de l’intérieurIl ne faut pas qu’il meureJe le porte mais il me fait tenir deboutLa perte du réelC’est la folieEt la folieC’est la perte de soiDélireLes germes et les papillons de nuit également appelés irrésistiblement par la lumière… Et si la plante fânait au sortir de la terre grasse et que le papillon s’épanouissait en couleurs et en formes sitôt posé sur une lampe ?Un papillon qui fleurit et qui fâne, un végétal virevoltant le temps d’une journée.Un enfant végétal sentant la vie de la lumière et cherchant à naître en repoussant peu à peu les parois de chair.Regret sur Eric ( ?)Il a été le premier que j’ai aimé, mais pas mon premier amourPuisqu’on n’en a jamais qu’un, unique, éternel ce n’est pas quelque chose de croissant mais de plein, une belle lune, charnue, parfaite, rayonnante, une lune ensoleillée.Une affection n’est jamais gagnée.Ce n’est pas une victoire de guerre, ce n’est pas un salaire.La joie ne peut être permise qu’après la douleurLa joie ne peut qu’être payée de douleurComme l’amour, la procréation, l’enfantement« Révélation » (!) : Aimer c’est toujours aimer déraisonnablementParce que je rêveD’un monde où le désir réelN’existerait pasParce que maintenantJe sais ce que c’est S’il n’y avait que la tendresseJe ne rêve plus de DieuMais d’un monde émondéDébut juin 1996Une prièreC’est le donD’une partie de sa conscience…Sa mauvaise conscience.19 juin 1996 (Jour de mes 22 ans)Je ne me souviens pas de mon anniversaire de l’an dernier…Sans doute le même tristesse. Le même vide.Enfin pas tout à fait… C’est seulement maintenant que je fais l’expérience de la solitude, la vraie.L’intensité prodigieuse du vide.Une perspective plateUn désert sans dunesUne planète sans cratèresUne pensée qui ronge le réel qu’elle aborde,Un univers mental qui gagne du terrain sur le réel et l’absence.Début juillet 1996Dieu MerciQuand une douleur survient, une précédente paix s’efface…La folie comme une sphère inexorableQui mure peu à peu l’espritLa pensée omniprésenteQui a volé sa place même à la sensation Et qui joue son rôle alors toute puissante dévoreuseLes choses ont fui de ce que j’étaisEt ont fui encore ce que j’étais devenueLe lendemainUne bouffée de pensées positives me vient ce soirJe ris déjà en pensant à mon dégoût de demainL’aboulie. Quand la seule chose encore capable de vous écoeurer,C’est votre faiblesseEnvie… Finalement je m’aperçois que ce n’est pas tant la fulgurance de ma pensée que ma lenteur à la saisir qui est en cause.Autoconviction (Phase d’effort)Oui, oui : il ne faut pas que je m’oublieQue je me perde alors que je voulais me trouverIl faut que je me retrouveQue j’aspire au vrai ; pas à l’idéal,Au sain, pas au saint.C’est vivre et accepter l’effort constant contre le vice.Ecrire par goût, travailler par intérêt, aimer par amour48h aprèsAutrefois j’enviais les croyantsParce qu’ils pouvaient se sentir sauvésEt que cela était la force – parce que penser être sauvé après la vie c’était l’être pendant.Mais la vraie force c’est de ne pas sentir le besoin d’être sauvé – et ne pas sentir le besoin d’être sauvé c’est l’être.Le mysticisme ne me séduira pas.Le Tout-Puissant à ceux qui ne se suffisent pas,Aux perdus seuls qui pensent être égarés de DieuLa souffrance doit être meritée.Comme le bonheur.Auto-motivationLa souffrance amène la culpabilité, et la culpabilité amène plus de souffrance. Et cela conduit à la dépendance (à autrui ou à quoi que ce soit, quelque chose distincte de soi) parce qu’à la faiblesse. Enfin cela empêche de s’aimer, et il faut absolument s’aimer.Dans le bon sens – on peut avoir un ego monstrueux et se détester. S’aimer n’est pas mal, ne doit pas amener la culpabilité. Il faut s’aimer pour vivre ; pour vivre par soi. Sinon on ne vit pas. Et c’est le vide.J’ai vécu le vide. J’ai vécu en lui et il était en moi.La maîtrise, le contrôle, la gestion…Je savais depuis toujours que le tout était de gérer les choses,Mais ces choses je ne les connaissais pas, elles m’échappaient.J’échouais toujours, et mes efforts s’étaient usés jusqu’à disparaître.Ç’avait été le chaos, et c’était alors le vide.Deux douleurs inimaginables.J’étais arrivée à l’aboulie après le désespoir. Au vide après le chaos.J’avais voulu l’impossible, puis n’avais plus voulu le possible.Mais rien ne peut rester vide éternellement.Le miracle est que le vide ne peut pas durer.Rien de particulier ne s’est produit. Pourtant le choix entre la mort et la vie. Le seul vrai vide est la mort et j’ai toujours voulu vivre.Renouveau… Quoi d’autre après le vide ?Toujours cette nouvelle évidence : ne pas chercher des réponses mais laisser les questions. Fait uniquement dû au temps.Ce Temps qui fait Tout.Bien sûr les questions viennent, avec leur cortège. Elles font souffrir, parce que s’interroger c’est souffrir, douter c’est souffrir, se tromper c’est encore souffrir. Mais un jour elles repartent.Et pas plus qu’on avait contrôlé leur arrivée on n’a contrôlé leur départ.Il me faut travailler certaines choses. Parce que le travail c’est la maîtrise.Maîtriser l’écrit et la parole… Développement et restriction…18 juillet 1996 (pour situer : Rozier)Dans la famille de Roman, avec des amis communs.Cet arbre à l’écorce en lambeaux courbésSous un soleilDe fin de journéeD’étéCet arbre dont on ne sait s’il meurt en elleOu s’il la quitte pour jaillir d’elle plus hautEcorce sous l’écorcePlus tendre encore et déjà plus forte.La plus belle voixTuePour ne pas éteindre le ventTroubler l’eauEclaircir le brouillard vertFin juillet 1996 (mec pêché au fond d’un bar1)Il va m’aimerDe cet amour si beauQu’il paraît éternelCet amourQui fait disparaître la vieQu’on a vécue avant de l’éprouverEt disparaître celle à venirAvec luiIl va m’aimer de cet amourAimer le mondre de mes soufflesJusqu’aux veines lues sous ma peauMême les douleurs qui lui viendront de moiEt peut-êtreViendra ce jour où il mourraDe mes douleurs, de mes veines, de mes soufflesOù je le tueraiComment pourrais-je donner dans la gratuitéCe que les gens ne donnent pas même par amourTrouver ce qui fait ma vieQui sans autrui irrémédiablement n’est rienJ’ai peut-être besoin de ces mortifications, puisqu’elles sont.Ces gens qui se nourrissent de la fierté d’être soi,La réelle « suffisance »…La reconquête plus difficile que la conquêteToujoursDès lors que c’est soi que l’on prend comme objetPeut-être même impossible s’il faut s’être acquis pour se perdre.La tête emplie de choses si bellesQue je leur ai fait injure1Parce qu’elles me faisaient peurEt là encore – éternellement –La nécessité du pardonJe me défie des joursOù me vient l’envie de crier« A vie l’Arbitre ! »bien autant que les autresMeroï$ - pour les autres, faire des efforts, non des sacrifices.Aujourd’hui – depuis toujours – l’obsession de la perte(Roman de la Momie, une Vie, Fille aux loups, l’Or, V. ou les limbes du P., la Femme des sables, la Chute, Moins que zéro, les Rats…)1er août 1996 (bilan cynique de « mes amours »)Toutes ces liaisonsDébridéesN’ont été que des lésionsTemporellesJ’ai peut-être aiméJ’ai sûrement haï d’avoir peut-être aiméEt aujourd’huiJe n’ai que la sensationD’être guérie d’une immonde maladieUne pensée tellement intense d’évidence que j’en ai mal dans tout le corps.Je hais cet ego car je voudrais qu’il me porte et il me pèse.Août 1996 (vision du film « Scarface »)SCARFACE magistral.Façon de filmer la progression du temps.Musique obsédante qui rythme chaque étape tragique autant l’ascension que la chute.Comme une désagrégation - irrémédiable.Le regard sombre d’ALPL’éclat maladif de M.P.oiseaux démentsCf. moins que zéro sans l’argent tu ne rêves qu’à la drogue, avec tu ne rêves plus à rien.1ère scène de sg, in soutenableled zeppelin, the world is yourssa mère désespérée, son reflet dans la vitre de la voiture pendant qu’il se bourre de coke... La surenchère.Dans son trône de cuir et d’or, affalé devant une pyramide.La fin apocalyptique, excessive, la chute physique/symbolique. Scarface de Howard Hawks 1932 + Ben HechtMusique de Giorgio Moroder (?)Eté 1996 (mec quelconque ?)Ô mes sourires retrouvés !Ô toi qui peux rendre ce que tu n’avais pas pris !18 août 1996 (Ballade de Lyon)Les corps nous sont interditsNous, bannis du monde de chairAu-dessus de nos yeux la danse lascive des femmesLes gestes des femmes jamais appris et toujours susChargés d’odeurs doucesQui lentement tombent à nousComme une brume d’or dans le videAvant le soleil d’aoûtLes gens semblaient perdus dans la villeErrants mais captifsAujourd’hui la ville est perdue sous les gensRecouverte d’un sable invisibleL’air vibrant d’un bleu absolu1Autour des femmes belles à la marche lenteDes vieillards assis sans cesse les yeux plissés comme d’un sourireDe quelques enfants fumantLeur chevelure souple se jouant du ventSur MontherlantIl vit dans l’univers qu’il contient – InfiniComment dire qu’il est enfermé en lui-même ?121 août 1996 (Situation : chez les Evans2)L’alcool surgit au détour du verre.« J’ai plus la sensation de ce que je fais… - tu manges !! »Le reggae ça se danse couché…Qui s’endort avec le doigt qui sent le pastis se réveille avec le verre qui pue !D’après Roman, son frère est sur le chemin de la Rédemption : j’écoute ; apparemment la recette est simple : il faut boire puis arrêter – je vais essayer.2h du mat : l’amour c’est une grosse c…Je suis amoureuse de moi – et je sais avec certitude que c’est réciproque.C’était un homme tellement primaire et macho qu’il n’était pas mufle, mais groin.C’était un homme dur de l’oreille et sourd du sexe…Fin août 1996Dans mes cheveux murmurés des mots de mielMiel écoulé lentement sur tout mon corpsCorps engourdi comme par un poisonPoison mielleux résonnant dans mon âme.Un reflet de parfum dans la chambreEt des chats souriantsComme des œuvres d’art éparsesAux yeux clos, langoureusement immobilesInvitations vivantes à la plénitudeSeptembre 1996Eric revu : bien passé, car plus de sentiments !« T’as remarqué comme on commence par tenir à quelqu’un pour finir par tenir de quelqu’un ? »Incroyable : il me fera toujours rire, vraiment, à défaut de l’inverse…Les rêves de grandeur appartiennent aux petits.Mes larmes coulaientGoutte à goutte dans mes veinesEt le sang perlait à mes yeuxJ’étais une créature dans l’ombreUn contour et un videPitiéNe me dites pas ce que je suisParce que je ne suis pasDites-moi ce que je dois êtrePour que je soisVous qui êtes autresVous qui êtes6 septembre 1996Le moi divisé, de R. Laing – page 209 et suites1Cf. mes mots sur l’autisme.Mon aboulie, mon vide, mon envie de le remplir, mon dégoût, mes patients, plusieurs visages, tous dissimuléset dévoilés quand et comment je le veux, sous mon contrôle…Pour des lecteurs déconstruisant tout pour le reconstruire selon leur conception.Cf. MontherlantBiais de l’écriture pour exprimer son « vrai moi » et le faire exister avec le sentiment d’être différent jusqu’à l’unique.Vouloir que cette réalité soit la réalité et non la sienne, ne se suffisant pas.Cette peur toujours, d’abord des autres puis de soi, parce qu’on se sent s’affaiblir de plus en plus.Cette dualité du corps et de l’esprit, corps à la fois nié et obsédant.Perte de poids comme perte de soi : pas moi dans un corps perdu, mais moi perdue dans un corpsL’envie du doubleJe n’ai pas la volonté d’être volontaire…Pour moi avoir de la volonté, c’est comme être une autre personne.Donner son amourComme on donne le sein, comme on donne des coups, comme on donne sa vie2.Mon enfant mort-né me ressemble.C’est très mal de culpabiliserIl faut m’empêcher de me suiciderParce que je ne veux pas mourir.Le verbe devoir se met-il à l’impératif ?Malheureusement, j’ai une idée très précise de la perfection… (idéal comme exigence > au possible).Mon père, amour mauditLui qui m’inspira tant de peurEt la peur est si proche de la haine, la haine si proche de l’amour.Octobre 1996J’ai dû paraître dans le matin froid de pluieDans une aube griseQui disait que le soleil ne se lèverait jamais plusNe s’était jamais levéPeser sur le pavé violentMatière morte sous des feuilles frémissantesJ’ai regardé ce sol si bas et si procheSouillé d’une eau noireDevinée dans des éclairs ternesDes flaques irisées faisaient rêver mes yeuxAutrefois GrisantesNuesVidesSans ailesVolerS’évanouirA corps perduSe jeter à basLa sagesse est le secretLe bonheur n’est que l’idéalIdéal tellement hautSecret tellement enfouiDans l’obscurité amèreSe pencher sur les lèvres du gouffreEt sentir la vénéneuse attraction d’un baiserL’envie qui déjà dévoreSe pencher jusqu’à les frôlerEt entendre le souffle incessant appelerTomberSous le charme de cette bouche sombre qui ne s’offre qu’une foisSur l’anorexie« Changer ». Mot de magie, mot de mensonge, mot de douleurVouloir se sentir autreNe le pouvoirQu’en cessant de se sentirSe sentirFondreComme si on allait disparaîtreAvoir froid toujoursToujours tremblerLa chemise qui flotte sur les seinsLa robe qui ne touche plus les cuissesLes os qui saillentMagnifiquementEt que l’on caresse longuement avec des doigts immensesConnaître les regards qui n’ont pas de prixEt les haïrDe ne pas en avoirSe détester d’avoir désiré aimerMourir d’avoir voulu vivrePayer dans l’indigence22 octobre 1996 (pas encore avec Roman ?)Comment ne pas te souillerToi que mes sentiments placent si hautQue j’ai peur de te toucherToi que mes sentiments placent si loinQue j’ai mal de te regarderSoleil de chairMes sentiments si purs que je me sens indigne de les porter27 octobre 1996 (déjà en conflit avec Roman ?)Penser que tu es si maladeQue mon amour ne peut te guérirTe sauverMon amour si fort et si beauComme un jeune Dieu insolemment campé sur le toit du cielMon amour si fortImpuissantPenser cette réalitéEt sentir combien elle est scandaleuseTerriblePire que la pire des hontes que le monde ait jamais portéeSans pouvoir la fuirUnivers livresqueOù les choses sont toujours tellement plus belles que dans la réalitéRefugeImpasseOù l’on s’obstine sous prétexte que le choisi est toujours meilleurs que le subiAncrageConservation de bribes de réelPariAuto-conviction (sur le cul)L’amour est beau parce qu’il doit être beauParce que tout est fini si cela n’est pasLe vice y est pur parce qu’il doit être purParce que tout commence si cela estRéussir le jeu c’est ne plus jouerOublier le jeu et le croire la vieVivreJe t’aimeVéritablement depuis toujours et pour toujoursMême si d’autres passent devant nousDont j’eûsse aimé qu’ils soient toi et que je sois euxIl ne me faut ton amour que pour vivrePas pour t’aimerParce que je peux t’aimer sans vivreJe mesure mon infinie capacité à la douleurDe l’amourParce que je ne peux vivre sans t’aimerMon infinie capacité à l’amourDe la douleurMa force ma faiblesseMon amourMa conditionAimer, pour une femme, c’est sauver l’homme de son désarroiAu prix d’elle-mêmeParce que l’homme ne peut la sauver du sienNi de son sacrificeIl faut accepter celaParce que cela estSans malParce que cela est1Novembre 1996Un sourire te vient aux lèvresMais je ne vois pas ton cœurLes larmes me viennent aux yeuxMais tu ne vois pas mon âmeA toi l’eau flamboyanteA moi l’humide étincelle.Les fausses consolations sont mes amies fidèlesJe dormais profondémentJe n’étais pas néeEt j’ai entendu un rire lointainEt voulu vivre pour luiJ’ai couru si longtempsCherché ce quasi-rêveQue j’ai perdu le souffleMon cors tombeMes yeux fuientJ’entends encoreJe suis perdueCe rire qui n’existe pas.La douleur est làEternellementMuetteElle me dévisageImmobileElle me défigureMuetteEternellementImmobileJe suis là10 novembre 1996 (Délire)Fut un temps où j’ai perdu du tempsOù j’ai perdu mon tempsMaintenant je passe le temps à pleurer le temps perduJ’y passe mon temps et irrémédiablement j’en perds,Mais pas tout dans la mesure où j’anticipe le temps où je pleurerai ce temps…Qui sera perdu dans peu de temps – le temps de pleurer le temps d’antan, précisémentAutant dire que je n’aurai pas entièrement perdu ce temps en le perdantJ’aurai même gagné du temps.Finalement, je suis en avance sur mon temps…Faux dialogue« Je regrette mes paroles…- Mais je sais que tu les regrettes, puisque tu les pensais…- Je ne peux pas lui en vouloir !- Allons, allons, on peut toujours en vouloir à quelqu’un. Et puis ça fait du bien parfois de cesser de se prendre pour objet… »Comme disait mon père en me considérant avec tristesse : « on ne se refait pas ».Je considère ma mère comme une amie… une amie un peu immature, certes, mais une amie quand même.21 novembre 1996 (tournée des bars avec R. et K.)Refuser demain pour qu’aujourd’hui arrive à terme…L’ivresse, un répit temporelMême si le temps aboli ne dure pasUn moment sans importanceAPESANTEchapper au temps de la réalité, se sentir croire à cette illusion parce que fugitive comme la vérité.La sensation comme PREUVEEt VIVRE sur ces preuvesEnfin délivrée de toute exigence de certitudeMoment condamnable par ceux qui se suffisent…Cet amour universel qui nous traverse…Douter de lui plutôt que de nous, attitude si peu logique…Oui, oui, oui la vérité douloureuse est toujours plus chère que toute fuiteEtre dé-traqué…Novembre 1996…J’ai touché à ton corpsMais je n’ai pas touché ton cœurJe voudrais te toucher seulement des yeuxDe peur que tu aies froid29 novembre 1996Partout la tombée de cette neige comme une nuitCette neige qui promettait de recouvrir la ville pour la faire disparaîtreCette merveilleuse menteuse.Plonger dans une histoire,S’y noyer presque,Et s’apercevoir que finalement le réel nous ramène à nous-mêmesA moins que ce ne soit l’inverse, cela revient au même,Au même point irrémédiable qui est peut-être, perspective désolante, la vie…Et se retrouver avec un hier, qu’on ne peut oublier,Avec ce qu’on ne peut éviter, un lendement,Avec des personnes autour de nousEt en nous3 décembre 1996Avoir conscience de la réalitéEt subir l’une et l’autreSans pouvoir se soustraire à aucune.La haine comme un gouffre insatiableJamais repue de douleursEnfantant sa nourritureImmortelleSe suffisantBouche avide.Comment peut-on me trouver frileuseAlors que chaque matinMe voit faire le pari de moi-mêmeLe temps passeEt inexorablement je resteFidèle à moi-mêmeEt pourtantComment oserais-je dire que jamaisJe ne me suis trompéeTu es capable d’amourMême si tu combats très bien tes rêvesCar ils sont certainement plus endurants que ta peur17 janvier 1997Ce soirJ’entends une voix impersonnelle me direCe qui estEt je rêveQue je meurs dans une tempête de sableEt c’est une agonie atroceAlors je voudrais juste que quelqu’un me serre dans ses brasTrès fortJusqu’à ce que je ne respire plusLa reconnaissance…Soulager son ego comme une urine à la face du mondeCette envie, d’une vessie inépuisableExtrait de nouvelle (une de plus…)« Tu es dans mon méconscient ; pour moi tu n’existes pas réellement à un niveau conscient et jamais tu n’atteindras mon inconscient. Je ne te vois pas, je ne t’entends pas.Quand je te baise, j’imagine que je fais l’amour à d’autres. »Tout passait. C. ferma les yeux. Tout passait. Coulait. La boue passait comme du miel.8 janvier 1997Je viens de pénétrer un autre univers Et il est terrifiantLe froid qu’il y fait est voulu entretenu aimé.Il n’y existe aucun bruit, le silence, à partLointaine une respiration.Lourde sourde terrible.J’avais cru déjà y accéderMais j’étais encore dans le mienEt je ne savais pas à quel pointPar-delàLa douleur, la claqueDe l’humilitéEncore.Reddition (à des mains doctorales et compétentes) imminenteJe déteste penser.Je pense – une pensée penseSans arrêtAlors je fuis dans les oublis possiblesTéléphagie, alcool, discussions creuses, boulimie – complaisanceL’indécence de la douleurSon dénuement, sa nuditéSon dépouillement de souche morteTellement évidente qu’exhibée.9 janvier 1997 (intitulé « la matin après la nuit »)1Je suis videJ’ai l’impression que je le suis à nouveauAlors que je le suis toujoursQuoi faireQuoi pouvoirJ’ai tenté de comprendre le silenceDe l’éprouver viableEt sainEt paisibleMais il est irrémédiablementUne absenceUn videUne coupure un déchirement une ruptureUne plaie saignanteJe sens en moi la fissureS’élargir inexorablementEn une débâcle qui me laisse encore glacéeJe n’ai plus de sangEt pourtant j’avance je parle je visCe cauchemar d’enfanceMaintenue par l’espoir des autres en vieImpossibleDouloureuse à rendre fouEt par leur désespoirEtouffant13 janvier 1997Roman. - Je n’ai rien à toi ?Moi. – Eh bien… à part mon cœur, et mon âme… Mais tu peux les garder, je ne m’en sers pas.2Se réconcilier avec soi-mêmeLe ParadisJ’avais jamais vu ça sous cet angle…La mort comme unité définitive, paix.S’attacher…Les cordes vont nous serrer les os.Tout se perd, c’est sûrTout se crée, c’est possibleMais rien ne se transforme jamaisMa vie a été chercherMais chercher a été attendreDésertéePar les pensées qui m’avaient envahie…La croix consolatriceLa grâce consolanteReste couchéeCe matin encore…C’est quand on se trouble qu’on est le plus transparent…Janvier 1997 (délire)Faire rire une femme…Etre celui qui amuse, se faire le jouetPour être le joueur…Etre mauvais joueurFaire des paris qui sont déjà faitsLes hommes qui mettent leur têteEntre les seins d’une femmePas pour s’y blottirPour s’y cacherEt qui mettent leurs doigtsEntre leurs jambesPas pour découvrirPour débusquer1Fin janvier 1997Connais-toiConnais tes erreursTon malMa maladie n’est pas un calcul (j’arrive à avoir doublement raison ! anormal…)Je suis amoureuse de moiParce que je suis amoureuse de MontherlantEt que Montherlant est amoureux de lui.Allusion à un mec (aussi facile que moi…) l’été d’avantDans mon enfanceJ’ai couché dans des hôtels inconnusPour des amours comateusesEn rêvant de comas amoureuxJ’étais responsable de mes actesCauchemardesques.Anorexie…SoifFaimQuand j’ai faimQuand j’ai faim je me sens tellementBelleGrêle frêle belleBêlementsBêtes crisJe m’entends et je me hurle aprèsInsupportable douleurJe rentre chez moi- tombe – comme dans une tombe,et que tout cesse, que tout cesse…Cris2 février 1997 (décision d’aller en clinique)JE SAIS CE QUE JE DIS…Comme si l’état schizoïde découlait de l’anorexieTa moitiéMême si tu ne le sais pas,Ça ne change rien à la réalitéLa fantaisie, la patience… et les attributs femelles.Je me suis senti jouir de les revêtir,Avec un fol amusement de « renversement carnavalesque »,Mais je suis tombéeDans un piège de l’image, à l’opposé de celui que je connaissais.Oui, toujours un immense éclat de rire, mais étoufféDans le lointain,Alors que coulait le bruit plus fort, étourdissant de la douleurEt un épuisement terribleEt encore la vague submergeante de l’amour infiniJe mime des comportementsJe mime des discoursJe mime des savoirsMais je ne sais rienDes sensationsSauvez-moi de cet espritTant que je sais encore que je suisMoi, moiParce que le doute est chaque jour plus fortEt déchirantAvant, jusqu’au 9 février 1997 (Entrée en clinique le 5)A propos de l’humilité d’un travail sur soi – l’aération de s’ouvrirRoman : estimerais-tu avoir quelque chose à (y) perdre ?Je me retrouve en butte à une de ces pensées évidentes et que l’on méprise à ce titre – car la vérité est couverte de poussière, c’est-à-dire à tenir un discours dont je sais – et dont tu sais – qu’il est vain, parce que je ne PEUX rien vouloir POUR toi. Chacun n’est irrémédiablement que lui – et encore, avec peine.Comme je saigneDe voir ce que j’aimeDisparaîtreAlors que tous le croient encoreLàComme ces lumières d’étoiles mortes à des distances infinies…Comment penser ne pas te perdreAlors que tu veux que personne ne t’ait,Alors que personne ne t’a,Même pas toi, même plus toi,Malgré ce que tu crois peut-être, peut-être encore…Prendre conscience des choses ET les intégrer pour les dépasser…Comment ne pas le croireDevant tant d’êtres surnaturellement lucidesEt fragilisés, entravés par leur clairvoyanceAu point de rester immobiles comme les plus aveugles du royaumeLeurs paupières de géants – sombres et clairesMortesDe s’être trop levées au cielNe pas en guérir mais apprendre à vivre avec ses blessures…Accepter la réalité de certaines meurtrissures, de mutilation, le moins douloureusement possible, N’EST PAS laisser chaque nouvelle plaie béer, s’écouler, se putréfier… Combien d’âmes gangrènées d’avoir mal entendu cette phrase et combien d’autres d’avoir épuisé leurs forces à contre-courant.Tu fais partie de ces gens dont on sait qu’ils attendent, dont on sais qu’on a toujours quelque chose à devoir leur prouver, alors que personne n’a rien à prouver à personne. Qui jugent. De qui condamnent.L’exigence doit exister. Mais doit être acceptable.L’exigence de perfection qu’on a vis-à-vis de soi et qu’on étend aux autres…Y renoncer n’est pas autre chose qu’une conquête de l’intelligence1.Justifier son arbitraire aux yeux de ceux auxquels on le fait subir par le fait qu’on se le fait subir à soi-même… Quelle déraison.Ce soleil n’est pas toute la lumièreA bas l’idéalTrop haut pour être vraiMortifèreAux pensées comme des IcareRendues au solAlors que tant d’autres étoiles vivesVivent dans la nuit.En ma confusion en amourJ’ai rêvé plus que d’alliance, de fusionParce que toujours j’ai aimé fondre, fondre plutôt que fonderEn larmes en fin de compte.Je vois que j’ai tout confondu au nom de cet alliage d’alchimisteFouPur et mol métal précieux pierre de mielMaladie de poète altéréSe tromperSe détromperSe posséderSe posséderS’aimerIl faut vivre pour vivre, et non pas vivre pour vivre (merde : l’existence précède l’essence…1)Dimanche 9 février 1997Je rêve d’océans stupéfiésDe mère, pilier pétrifiéNueSous un chapeau immensePère de ciel étioléEn croixComme deux ombres qui se sont trompéesSur la mer une mer qui ne brûle pasAu fond du ciel un soleil qui ne peut être noyéEcrins comme des reposoirs.Une protection ne peut être plus qu’une surface.Lundi 10 février 1997 (Pendant l’enfermement. Souvenirs d’humiliations.)Comment ai-je pu survivreComment ai-je pu oublierJusqu’à aujourd’huiJusqu’à iciEn cet endroit où toutes les choses remontentComme si elles ne devaient jamais s’arrêterComme des cadavres initialement lestésToutes ces choses qui remontentMais dont les mutilations sont intactesQui dans un rictus ambigu s’exhibentParce que rien ne remonte innocemmentCes choses que j’avais inconcevablement oubliéesAu fond de moiDans la vaseQui remontentComme des cauchemars revenantCet enfouissement de tant de chosesCe limon malodorantQue même j’ai aimé, au nom d’une rêvée fertilité,Pour m’en enfuirDevenant fossoyeur de moi-mêmeEt tombeau égalementCouronné d’aucune fleurL’ouverture de la conscience, sur elle mêmeEt plus j’ouvre les yeux plus je vois le charnierDevant moi s’étendre au loinComme si mes yeux ne devaient jamais cesser de s’agrandirAu spectacle du ravageDe mon propre acharnementMonstrueuxInsoutenableA perte de vueSous mes yeuxQue je n’ai plus le droit de fermerMalgré mes larmesJe vois chaque émotion que j’ai laissé pourrirSi impitoyablementQue je ne me reconnais pasMême en les regardantChaque émotion que j’exhumeQue j’ai reniée comme une chair avortéeEt dont je ne peux plus que disperser la poussièreA l’air libreMoi la mère de mes actesQui ne m’ont pas survécuAccepter cette absence de passé,Et cette absence de présent,Cette obscurité dont j’ai recouvert la nudité de mon malEn faire le deuilEt faire la lumièreEn ouvrant les yeuxMardi 11 février 1997Assez des sommeils artificielsVainsEt absurdesEt dérisoires.Pour s’épanouirLes fleurs du mal ont exigé tant de pleursEt tant de fumierOnt tant fait chanter le coqQu’à la fin sa voix s’est casséeEt son âmeCousuePrivée de boucheBeautéMa sueur suinte« Souffrée »Comme le mur des cavesFil décousuEn couches de monstres sans visageSans âgeSans nomLe point était serréEt je deviens passageJe livreEt c’est moiDélivrée Sans liensEcartelée Je me sens vacillerEt j’ai peur de m’éteindrePrise de vertigeDu haut de moi-mêmeAu bord de la chuteDu haut de moi-mêmeOù l’air se fait rare.1ères angoisses de l’enfermement : mains moites1Rien ne bougeJe baisse les yeuxSur ma mainMa paume offerteA mon regardBrilleComme dans l’obscuritéTendueJe ferme les yeuxRien ne bruitLe corps« Naturel… »Indépendant jusqu’à l’indifférenceSuinte son cycleComme un sexe son sale sangMoiteLa paume marquéeLa penséeSouille son centreSeuleArtificielleCe lion russe1NaïfPuni d’avoir rêvéParce que rêver est toujours trop rêverEt parce que le rêve n’est pas la réalitéIl est fatalement condamné.Ce temps qui n’a pas fait l’expérience.MentezMais emplissez le silenceCouvrez-le comme une nuditéDe honteMercredi 12 février 1997Le monde, immense boucheDents entre sang et pourritureDents de lait et fausses dentsSourires éclatants et rires jaunesRonde immobileMon amour qui a failliMe coûter la vieQui ne s’est jamais détenduAu point de s’oublierMon amours toujours avec luiEntre nousNous n’avons pas les mêmes gênes…Dans le trouble une éclaircieUne brêcheComme des paupières devenues transparentesPriver d’espaceD’horizonA en élargir d’autresMoins le temps passe, et moins je souffreJe reconnais ces heuresRecroquevilléesCreuse au creux du vague jourEntre deux marées d’un sang d’encreDes étangsDe faux-semblantsAujourd’hui je sais que le temps fuitSeulementLes êtres qui vivent réellementAlors qu’il poursuit implacablementLes autresAvec la meilleure volonté du monde possible,Venue iciSans personneEt contre tout le mondePenserQue se relâcher n’est pas lâcherEt que s’efforcer n’est pas forcer.Pensées profondes !Paradoxalement dans l’ivresseC’est le fond de la pensée qui fait surfaceUn regard de merlan battu…On ne respire pas l’intelligence : au contraire, on la pue.En matière de reconnaissance, le regard et l’œil sont aux hommes intelligents ce que le trou du cul et le flair sont aux chiens.CitationsIl ne suffit pas d’avoir de l’esprit. Il faut en avoir encore assez pour s’abstenir d’en avoir trop (André Maurois)Le monde paraît comique à ceux qui pensent, et tragique à ceux qui sentent (Horace Walpole dans le Monde selon Garp)Tout notre malheur est de n’être pas des saints (L. Bloy)Jeudi 13 février 1997Nouveau nœud d’une idylleDont le cordon menace déjà de rompreDans le sangDu plus liéDe fausses promessesD’avenirsQui ne tiennent pasJusqu’à l’aubeUn clin de penséeLent comme celui des yeux d’un chatA la souriante sérénité alanguieLà où tout brûleSamedi 15 février 1997Nous sommes, et le monde avec nous,Le temps de quelques verresMoins vrais et plus beauxJe gîs dans le sangDe toutes ces années dévidéesVidéesJour à jourComme de complaisants princes hémophilesEt iciL’écoulement du temps si ralentiQu’on le croirait se fermerUne femme de marbreComme un rêve mortelGisant de glaceAu teint pâliLa lumière penchée sur elleEt qu’elle renvoie froidementLundi 17 février 1997Jamais plusJe ne verraiLa lumière du jourDe la même façonToutes les choses sont baîllonnéesComme les hautes douleursElles se tiennentDeboutSur une même corde absenteAux nœuds coulés jusqu’à leur gorgeSerréeToutes les choses sont retenuesComme des motsOtages de la pudeurLiéesIndéfectiblementMercredi 19 février 1997D’abord vouloir vivre un rêve,Et rêver sa vie…Puis jouer sa vie- doublementSe manquer- une fois de plus.Une boucheA nourrirEt des mots Qui manquentVendredi 21 février 1997J’attends des jours meilleurs,J’attends l’étéJ’attends un enfant,J’attends l’amourJ’attendsDieuJe m’attendsA toutQu’ils arriventQu’ils passentMa mémoire n’étant pasCe qu’elle n’a jamais étéJe suis l’ombre du douteComment apprendrePar ce que je n’ai plusRoman…Ce que tu m’as ditM’a fait tellement malEt pourtant tellement moinsQue ce que tu ne m’as pas dit1Lettre à R.2Triste de te quitter, alors que cela ne change rien pour aucunApports – souffrance/rienIronie que celui qui aime quitte et que l’autre n’en ressente pas l’utilitéTendresse ? Sans amours ? – Propre-amourPlus belle chose que je puisse te souhaiterDécision forcée/sans forceOn ne peut secouer l’autre en disant « aime-moi », et on ne le peut pas plus en demandant « m’aimes-tu »…Mars 1997Sentiment et sexe, si mal mariésMariés pourtant indéfectiblementComme s’ils ne pouvaient se passer l’un de l’autre- le toit et le foyerla flamme et la cendreL’épectase plus que l’ataraxie- mort plaisante plus que plaisir mortel.Toi dont les yeux sont si clairsQu’ils captent toute la lumièreEt renvoient toute l’ombreFlamboyantes visionsCrinièresSur l’échine tordue d’un horizonAmoureuse, Malade, TombéeRouge bouteille. Noir sang.Pour Sophie (découragée)Aie confiance en moiJe te voisJe vois objectivement combien tu prends les choses dans le mauvais sensEt à travers ta douleur combien je fais de mêmeIl faut à tout prix ne pas se ronger au sujet de choses qu’on ne peut maîtriserSeul le temps peut aider parallèlement à l’effortIl ne reste qu’à être patiente, et le plus sereine possible dans la patience- Ok, ce n’est pas facile de ne pas se faire du malLes hypothèses sont pis que sériles, et gratuitesS’aimer… Si tu penses comme Laure pour moi, alors je pense comme moi pour toi.28 mars 1997Vous dîtes qu’après la nuitIl y a le matinMais l’aube n’empêche pasQue la nuit soit longueEt noire29 mars 1997Dans ce parcL’amour de soi, c’est la solitudeAlors le partagePeut être juste celui de cette solitudeJe te le jureToutes les concessions ne sont pas des compromisMoiQui ai confondu effort et sacrificeQui justement me suis compromise1er avril 1997Si vous êtes mes semblablesJe vous hais tousJe préfèrerais ne pas savoir ce que je saisA chaque être suffit sa peine9 avril 1997J’ai cru que l’amour permettait d’aimerMais peut-être que c’est aimer qui permet l’amourRêve du matin1Deux corps sur le solNusSanglantsLa tête de la femme près d’une cheminéeLe visage dépourvu d’yeux et de nezEt un portrait plus loin de ses traits manquantsLe corps de l’homme meurtri lui aussiAu milieu de la pièce salePuis des scènes de violence et de sexe mêlésL’homme qui hurle et qui frappeLa femme qui hurle et qui saigneNusDes murs jaunesSouillésUn monde de terreur sans trêveDe l’alcoolEnfin une scène, floue, brouilléeL’angle du mur et du plafondSi bas oppressantTâché de vomissures et de sang mêlés eux aussiTâche de vert, de jaune, de brun et de rougePuis vertigineusement les couloirs et les piècesVus d’un regard ivre et maladeMaculésDes spasmesL’homme est là soudain avec une autre femmeAssoiffée elle aussiDans la cuisine une fenêtreDes gens dehors nombreux sur une place pavéeCes gens agités et bruyants sous une averseMon père parlant avec deux jeunes filles et riant avec ellesDans la cuisine retour brutalL’intensité de la peur qui monteDevant eux la peur de la punitionElle doit être pianiste car elle dit absurdement qu’elle a trouve un peu de travail, elle dit :« Pour le défilé du grand couturier Lacroix… pour le Lacroix »et elle répète ce nomce mensonge.13 avril 1997Notre père doit nous voir, d’en basSur SophieTu es la douceurTu es comme une larme d’airTu renvoies tout, comme un miroir magique,L’amour que tu inspiresDouxComme un souffle sur l’eauSans début ni finTu irradiesFantasme sur personneJe t’aimeNoyéePeau et baiserSueur et saliveSoudureMouvements ralentisSouffles précipités15 avril 1997 (Une de mes premières « permissions : désillusion avec RomanJe suis en villeLe bruit du vent est comme celui de la merJe suis dans le désertIl me parle d’attentes qu’on peut toujours attendreIl me parle d’amourLe bruit de la mer est comme celui de mon cœur17 avril 1997Je règle mes pas avec les mots- les mots qui n’existent paset qui manquentqui me manquent$AssumanceSalon de la clinique : des femmes, dont une schizo pianiste…Ce matinDans le salonDans le soleilDans la fuméeCe temps figéDans la musique du pianoCe matinComme tous les joursIciCe temps figéComme tous les joursDepuis toujoursDepuis toujoursCet air dans la fuméeCette fumée dans le salonCe salon dans le matinCe matin dans le temps figéCe temps figé dans l’airIciJe ne te hais pas pour ce que tu esMais je t’aime contre ce que tu esJe te hais pour ce que tu n’es pasEt je me hais pour ce que je suis encoreJe me hais déjà pour ce que je ne suis pas24 avril 1997Je joueJe joue un jeu ambiguParce que je suis toujours un peu perdueCela rend le jeu jouableJe joueUn jeu jouable mais ambiguParce que je n’ai pas la force d’être moi-mêmeJe suis toujours un peu perdueFaible et $J’ai compris l’automutilation :Ce n’est pas une autre douleur,Physique pour augmenter ou compenser la mentale,Mais une douleur autre,Symbolique pour concrétiser la mentale – l’ancre dans la réalité.Moins une punition qu’un appel. Un signe.Nos lapsusNous nous somme connues par le biais d’un trou (tour) de parc (Sophie)T’en as marre d’hier (d’ici) ? (Yseult)J’ai pas arrêté d’avaler (de cavaler) de tout le week-end (Moi)Un magasin où je mangeais (vendais) des dentelles (Sophie)J’ai pris une folle (feuille) de papier (Fred)Ton dessert (dessin) (Moi)Ma mère a commencé à avoir de l’activité (affectivité) (Fred)Je suis allé me faire pisser (Yseult)Il me faut croire au bien-vivre, à la résolution du mal-vivre…A quoi d’autre ?? A Dieu ? A l’amour ?Autrui en soi est une illustration : il faut être soi DANS LES AUTRES, et pas l’inverse, cette invation, cette pénétration, cette dévoration…L’angoisse. Dans ce busTous ces gensSi laidsTous ces gensEt moiDebout dans la chaleurCes regardsLa vie est laideComme si je l’avais oubliéL’odeur des alcooliquesDes femmes écoeurantesInsupportableFuirIl faut les éloigner de moiM’éloigner d’euxNous nous sommes mêlésEt leurs souffrances sont mes souffrancesLeurs joies sont mes souffrances Mes souffrances sont toujours mes souffrancesEt mes joies ne sont toujours pas mes joiesTout est fauxToutMême l’amour que j’éprouveArrêter tout celaSans fuir ?L’amour dans le silenceL’amour entendu dans le noirPensée en mouvement, mouvement circulaireJe ne peux pas promettre de changer, parce que je n’en ai pas les moyens – je pense juste promettre d’essayer.Sortie – mi-mai 1997Je regarde les photos prises à la clinique, et je ne les vois que maintenant... Toutes agglutinées, étreintes sans cesse… Proies d’une joie comme folle, d’une hystérie… « Entre nous », mots sécurisants de confiance, de chaleur… Mais tout cela par défaut, par peur, par manque. Et notre fusion, celle de nos vies lamentables, était un traumatisme que je ne pouvais éviter, sans personnalité.Les médecins qui voient juste… Comme c’est humiliant, comme c’est bon. Un peu d’humilité. Je sens que ne plus être touché par l’humiliation est une grande force, et je m’aperçois qu’en me croyant humble depuis si longtemps je m’étais trompée…Pour moi être maigre c’est être fragile de façon visible, comme leurs automutilations. J’aime cette idée de correspondance irrépressiblement. Ce sentiment de vide si fort est la preuve que je ne suis pas construite ; et que j’aie pu avoir un SEMBLANT de vie et de personnalité me fascine. L’angoisse éprouvée quand j’ai perdu du poids était une angoisse devant un phénomène physique incontrôlé mais aussi devant la structure hospitalière, une influençabilité… Même sans l’être, je me sentais capable tellement j’avais peur. J’aime les incessants sous-entendus des entretiens : le médecin m’agresse : « tu avais une déception sentimentale parce que l’infirmière te faisait la gueule ? », il dénonce ma prétention et ma tendance à me placer systématiquement dans l’affectif et me dit que je dois apprendre à dépasser les contrariétés, à les accepter ; « oui, de toute façon ici on l’apprend très bien », et il sait que dans cette soumission il n’y a que de l’agression… Ce qui fais que je suis encore dans l’affectif…Et mon excitation à lui expliquer que la grenouille que j’ai cousue, c’est symboliquement moi… N’est-ce pas encore la jubilation du contrôle ? Cette grenouille « irrésistible », qui a « l’air tellement minable qu’elle est adorable’ », impossible à équilibrer parce que trop molle : la bourre tombe soit dans le corps, soit dans la tête, mais jamais ne se partage équitablement…Il y a des analyses nouvelles : mon refus parano de faire dos à une salle dans les lieux publics m’avait toujours paru un souci de moi. Mais en fait c’est exactement l’inverse : la peur des autres (de préférence infondée… ), irrépressible.Quand je ne me préoccuperai plus des autres, ma « place » (et je pèse mes mots, bien sûr…) sera indépendante d’eux. Je me soucierai seulement moi.Une vie qui tourne autour de LuiComme un vautour… devant une chair morteAccepter l’autre, c’est ne rien en attendre, peut-être…Aujourd’hui encore, je suis dans l’erreur puisque tu es ma fin25 avril 1997 (Souvenir de Sophie et moi)Je la considèreEt moi à côté d’elle sur le litEt je ne vois rien d’autre que deux petites filles perdues.Elle aussi a arrêté de grandir, il y a très longtempsNous sommes ainsi, nous jouons à la vie, nous pouvons faire si bien semblant, mais nous sommes tellement pleines de peur, nous avons tellement mal, qu’en réalité nous ne bougeons plus depuis très longtemps.Nous jouons encore ensembleAlors même que nous essayons de ne plus jouerMais toutes les choses nous sont tellement étrangèresLointainesNous sommes perduesLa petite fille part ce matinElle est partieAu milieu des fousNous sommes restéesEt les fous ont crié : « tout le mal que vous me faites, je vous le ferai »Un enfant seulQui observe les autresEn est distraitObserve la vieRetranchéIl voit les choses sans les vivreEt quand il veut vivreIl ne peut que mimer ces chosesEt sentir qu’il ne vit pasSeulParmi les vivantsArtificielIl ne peut pas dire qu’il mimeIl le fait si bien qu’on ne le croirait pas.?? Souvenir de clinique9h10. J’ai ma mère au téléphone. Je lui dis que je l’aime pour qu’elle arrête de me parler – de me torturer. Je prends un café et j’ai envie de courir jusqu’au parc. Mais j’y vais au pas. L’impression d’avoir une camisole, alors que mon enfermement est bien plus vaste et bien plus étroit en même temps. J’ai bu la moitié du café sans m’en apercevoir. Une maladie déclarée, une déclaration. Comment l’affirmer autrement. Je suis à l’hôpital. Et les gens croient toujours que je suis normale. Disent que tout va bien. Et je suis à l’hôpital.Je pleur tout ce que je sais et il est 9h30 du matin dans le parc ensoleillé. Il y a des fleurs et du bruit et du vent. Et c’est complètement irréel. Je pleur et des gens malades traversent le parc devant moi. Cette fille qui passe me regarde et me voit. Je me souvient du jour où je suis passée devant elle. Alors qu’elle pleurait toutes ses larmes. Je l’avais regardée et je l’avais vue. C’est complètement irréel. Tout ce mal dans le parc. Tout le mal dans ce parc. Je rentre et je vois une silhouette repliée derrière sa fenêtre fermée. Je la regarde et je lui fais un très petit signe et je lui souris. La silhouette me renvoie le même signe et le même sourire. Je rentre et je me demande si ce n’est pas à moi que j’ai envoyé tout cela. Les petites filles essaient de se consoler.La petite fille se regarde dans la glace pour se maquiller. Se déguiser. Sa pensée dit : « On ne peut pas vivre sans croire à ses illusions » ; elle pense au départ de l’autre petite fille qui lui a dit « cette illusion restera entre nous », et la contradiction dans les termes-mêmes font qu’elle entend la phrase autrement soudainement. Aux toilettes la pensée dit que c’est lui qui se vide, comme si ce n’était pas elle, alors c’est à lui qu’elle en veut, comme si ce n’était pas à elle. Elle dit ensuite « fais attention à la manière dont tu t’habilles – maquilles- déguises – caches – masques – et fais VOIR », elle dit « méfie-toi tu sais ce qu’ils pensent si tu t’habilles en noir » mais c’est vrai que toutes les petites filles ici adorent le noir. Si tu mets des vêtements moulants… et tu ne le veux pas parce que c’est vrai… ou trop amples… » , et une seconde la pensée s’arrête frappée par elle-même et elle ajoute « C’est vrai, maintenant que j’y pense, tu n’as que ça, des vêtements trop serrés ou trop amples, trop courts ou trop longs », ma pensée dit ça et c’est moi qui prends peur, parce que je veux lui dire que ma pensée dit ça et c’est moi qui prends peur, parce que je veux lui dire que personne n’a de vêtements autres ici, et que je me rends compte que ça va dans son sens. Je recherche mon fils en essayant de ne pas penser à ce que ma pensée a pensé… terrible lapsus : « il faut que j’écrive des choses absolument importantes »…On entre dans ma chambre… La petite fille dit : « Je veux un bisou de Magou ». Elle dit aussi qu’elle était comme ça tout à l’heure, en se courbant et en se serrant dans ses bras, parce qu’elle était dans l’angoisse d’une crise. Elle me regarde toujours et la phrase reste là au milieu de la chambre, mes mais sont moites, je pense juste que ça doit être très fort, parce qu’elle me l’a fait penser, je ne sais pas si elle veut me donner de sa peur ou si elle éprouve juste une sorte de jubilation malade, là en face de moi. Elle me propose de sortir, à 13h, il est 12h30, j’ai envie d’une cigarette, je ne sais pas quoi répondre, j’ai mal au ventre.Toutes ces petites filles, ces petites filles malades… Qu’est-ce qui est mal ? Qu’est-ce qui est sale ? Il faut être pur, il faut être pur esprit. Toutes ces petites filles réduites à leur seul esprit… Puissant, tout-puissant, divin… le contraire du mal, n’est-ce pas à hurler de rire.La souffrance isoleEt je suis seule depuis toujoursDans les murs du cloîtreDébut juin 1997 - Rozier : parents de RomainMonstrueuseEt invisiblesFaut-il qu’on me perdeMais je refuse de me perdreJe suis tout ce que j’aiEncoreIl faut que du temps passeNous ne sommes pas là pour rire n’est-ce pas ?Les monstres font des monstresPourrais-je me retromperPlus que je ne l’ai jamais fait ?Je vous connaisJe vous ai déjà rencontré(s)Si souventMoiComme un souvenirSiVagueLointainJe me souviensJ’étaisJ’étaisMa douleur me crache au visageVouloir partager sa vieUn rêveVouloir percer son mystèreLe vider sur moiM’y plonger avec avidité13 juin 1997 1Ce nuage n’est qu’un voile sur le corps blancL’ombre sur le visageDans la chair une fleur de souciAux lèvres bleuesSous cet œil qui flambeLe nombril de la rueJ’ai senti cette volonté tendue entre puissance et impuissanceImmenseMais je n’étais que trop dense et ancréeLèvres de givreŒil de sable4 juillet 1997Sous les trésors effeuillésIl faut prendre à nouveau du cheveu de l’angeA la bouche de la bête.A la 1ère heure de la 16ème lettre (14 juillet 1997)Morte. Mais personne ne s’en apercevait. Il suffisait d’habiter la vie. Je ne pouvais plus inventer une histoire pour me révéler, je ne pouvais plus que me crier, et je me pleurais.Laver ces objets souillés fut une épreuve prodigieuse, à nouveau. Les mains dans ma culpabilité, la face contre, rouge sang. La vermine resurgie.Père, que connaissez-vous de ma vie, fouillée par des griffes humaines, mon corps peint de meurtrissures noir sang.Ma peau marquée, comme pour pallier ma mémoire absente, manquante, ma peau mémoire de ce qui fait ma réalité et l’attache à la vie.Dieu vide, « trace » à la lutte contre l’oubli, à la fuite d’un souvenir aussi ; car m’échappe seulement ce que je voudrais retenir. Et les hommes le savent.Alors j’imagine que mes meurtrissures sont des tatouages, que mes tatouages sont des meurtrissures ; alors ma peau devient ma mémoire consciente… Je regarde mon corps prise de vertige et de dégoût ; nous ne nous aimons pas, puisqu’il est lui et que je suis moi. Pourtant lui aussi a peur, ses poils se hérissent et sa sueur transpire pendant que je le fixe. Je ne me suffis plus, et je n’en finis pas de me perdre. Le monde tourne en moi sans [même] exister.1er août 1997Amour, amour, souffrance immuableSur moi dérisoireComme un ventre de pierreSous une bouche de sel23 août 1997Livrée et délivréeJ’ai confondu le soleil en espritC’est la lumière la vie et la chaleur l’IdéeEt jamais l’inverse6 septembre 1997Affermir et affirmer, le démenti des déments14 septembre 1997Il n’y a qu’une seule chose pire qu’affronter le Réel, c’est le fuir. Oui, oui, oui.22 octobre 1997Le jour est le prétexte de la nuit.La pulsion de vie telle et la pulsion de mort fécondeA ? ma mère et mon pèreJe suis cette rencontreL’eau brûle et la terre est glacéeLe ciel est bleu et traversé d’éclairsLa nuit est d’un calmeSouveraine de sentir le règneEt son ricanementScintille de toutes ses dents moiréesSans bruit et sans finMais l’amour n’est pas dans le corps.4 novembre 1997Angoisse, où es-tu ? Quand tu n’es pas là, j’ai peur…Fais-moi - mal ou bien - quelqu’un si peu intéressé par sa vie qu’il le soit par la mienneCar vouloir l’idéal c’est chercher l’échec, évidence criante ????Lettre d’encouragement pour Sophie (25 novembre 1997)C’est quelque chose que nous savons toutes, tout au fond – et n’est-ce pas cela qui nous tue –Que rien ne peut se faire sans nous et sans lutteLa solitude est cette conscience d’être dépourvu de destin et démuni d’autrui,Cette conscience que rien ni personne ne nous sauveraSi nous avons abdiqué devant l’effort inhumainTout ce que j’espère, tout ce que je veux absolument croire,C’est que les efforts les pires sont les premiers efforts,Les premiers après ces jours et ces jours d’inertie comme un seul jour,Comme un désert sans fin humaine.Que l’avancée est pire que la traversée même,Jusqu’au matin où ces efforts, mués par une violence digne de Dien en habitude ?,Le cogito, le sensio ??credoN’en sont plus.Je tends devant moi à bout de brasCet espoir comme un crucifixPendant que s’abat toujours la nuit de démons J’ai enfanté cette nuit et je la tuerai.25 novembre 1997Nous n’avons pas le choixNous n’avons pas de fatigue, nous n’avons pas peurNous n’avons pas de vide, nous n’avons pas malNous n’avons pas le choixNousNous nous reconnaissonsNous méritons de ne pas mourirComme les autresDépourvus de peur au point de vivre, vivreComme tous les autresSi nombreux, je le saisParce que je les ai tous enviés29 novembre 1997Le monstre c’est l’aliénéL’aliéné c’est le coupableC’est ce que dit « la Bouche d’Ambre » (poème de Victor Hugo)« Le monstre se connaît lorsque l’homme s’ignorele monstre est la souffrance, et l’homme est l’action »Toujours la fauxTe fend le cœurDépartDont tu es victime, corps…Dans le ciel la nefÔte à ma vie son courage ;Où est ma partDomptée toujours…Tu es seule quand SaphoTe tend des bras de pierreSi seul le vide t’accapareDon de soi qui sans soi ne vaudra rien.1er décembre 1997ResteMes secrets sont immensesLes plus sus et les moins partagésLe souffle du temps soulève les poussières brûlantes de ma penséeJe rêveNe cesse pas2 décembre 1997 - Un lâcher de nerfsNatacha2Tu as construit le chaosExistais-tu avant luiLe génie suintait de toiEt tombait sur le solPour y être bu sans bruitVas-tu dans un temps que tu connaisOù un lieu que tu désiresÔ confusion entre joie et humourÔ continue torsion du Réel,PerversionJ’ai fait par la force, la violenceDu RéelUne pauvre chose mutilée et souffrante,InfirmeQui ne peut à jamais plus que faire détourner les regards de dégoût infini et se tordre et tordre à son tour.10 décembre 1997 – Lettre à SophieLes chutes et relèves de moral me font comprendre que je suis encore dans une logique de la récompense, dans une confusion de l’avoir et l’être… Mais le doute est mort sur un point : j’ai (…) l’assurance que chaque matin fait passer chaque nuit ; le miracle est mais sans en être un, car les contingences sont la matérialisation de la durée (et le miracle, c’est l’immédiateté ; la magie ; l’illusion), car la soustraction au temps est la mort. Cette vision est véritablement une surprise… La pensée est une non-soumission aux contingences et finalement à la « vraie vie ». Le reste est vide ; il n’y a en fait pas de « seconde vie ». Le vide qu’il faut combler à tout prix, avec tout ce qui vient à sa portée, liquide, solide ou humain… A ennemi monstrueux, effort monstrueux.Au nom de quoi peut-on exiger de nous un tel effort ? Mais… En fait, personne ne l’exige puisque effectivement, personne ne le peut, il n’y a que nous, que nous pour nous.16 décembre 1997Ô3 oui la nuit est longue et noireEt j’en ai assez de toutes ces aubes ?Auxquelles on m’a fait croireDont tout n’a jamais fait que me parler, avec ou sans langageQuand j’aurai cet alcool dans les veines, et ces veines tranchéesÔ le malheur est d’avoir rêvéEt aujourd’hui j’ai trop vuQue tout n’est jamais que ce que nous admettonsLe monde n’est possible que dérisoireIl nous faut rendre notre message élégant4.19 décembre 1997Mes insuffisances sont des plaiesOuvertes et couvertes de sel et de mouches…Et leurs excréments sont plus fertiles que tous mes rêves26 décembre 1997J’ai violenté au nom de mes rêves- Sans peut-être même m’éveiller à cette atrocité -A mes amants j’ai présenté mes rêves, puis mes excuses de les leur avoir infligésIls étaient tellement ancrésIl fallait que d’autres les supportentMes rêves sont tellement lourdsLourds comme des jambes de glace, lourds comme une âme pétrifiéeIls ne meurent pas, et ils tuent.AvantIl me semble que j’avais l’esprit traversé d’autant de pensées dans ??? comme dans un espace très vaste et plein de sensations plus fortes ; comme si la force de celles-ci s’était affaiblie au fil de l’étendue de celui-là.Mon manichéisme change sa peau. Il n’y a que les faibles et les forts, et j’attends un fort bon pour le croire ; la différence avec ce que j’ai cru – mais que n’ai-je pas cru, moi la cynique – c’est que les faibles aussi sont .. ?????5La folie c’est volet sans ailesLa faute est croire que la survie, c’est plus beau que la vie.1er janvier 1998Il me semble nourrir l’angoisse dans le creux de mon ventreElle me devient familièreJe l’avais trouvé comme on se cherche.Je ne me fais pas confiance ; même, je me soupçonne…L’effet-miroir cruel sujet de réflexion !Je me sens divinement bien… Eveillée comme si j’étais avec quelqu’un…2 janvier 1998, 1 heure du matinMa passion est morte, elle est tombéeComme le vent, privée de souffreComme de l’arbre le fruit mortLes amours les plus légères sont les amours mortes, elles ne pèsent que vivantes Détachement. Je ne te reproche plus ma douleur, ma passion a cessé, pour la 1ère fois maintenant je cherche l’amourAimer, même trop, même mal, est faux ?? , je le criais déjà depuis ma douleur, je le chuchote encore de ma sérénitéJe regarde ce que j’étais et j’ai pitié de moi, et cette morte que je suis peut-être encore me regarde aussi et pleure mais de joie et de fierté, je le dis sans honte, mois qui n’étais plus capable depuis longtemps que d’orgueilDu haut de ma douleurDu centre de ma joieSe donner / Pour n’être plus à soiSe donner / A qui ne voulait rienSouffrir, le vouloir. CesserLe seul acte qui moralement n’était pas le mien, et que j’ai fait, je ne le regrette plus parce que je me suis pardonnée ; je me suis pardonnée parce que je ne savais pas ce que je faisais, et parce que mes victime et complice ne
a préfixe grec ki veut dire "absent", dc ici ss structure; "des" sous-entend k'il y a eu structure et ke tu l'as (ou on l'a) détruite... sinon rien à voir ac Astruc, et je suis verte de ne pas avoir pensé à l'homophonie... là en l'occurence je voulais juste dire ke je comptais (un jr, ds 1 autre vie) ne pas en rester à un bête déroulemt chronologike, ms (en + de virer plein de trucs, formuler autremt par ci par là, etc) ms grouper, thématiser.... bref. voilou :)
désolée c encore + "astructuré" ke prévu, tt était par ordre chronologike et je n'avais pas remanié, ms là la mise en page a sauté c carrément illisible... :((( je v demander à kkn ki s'y connaît en informatike de mettre ça "mieux"...............
a préfixe grec ki veut dire "absent", dc ici ss structure; "des" sous-entend k'il y a eu structure et ke tu l'as (ou on l'a) détruite... sinon rien à voir ac Astruc, et je suis verte de ne pas avoir pensé à l'homophonie... là en l'occurence je voulais juste dire ke je comptais (un jr, ds 1 autre vie) ne pas en rester à un bête déroulemt chronologike, ms (en + de virer plein de trucs, formuler autremt par ci par là, etc) ms grouper, thématiser.... bref. voilou :)
· Il y a plus de 12 ans ·magda-rosemer
et tu crois ke chuis pleine aux as? aah, ces artistes, tjrs à planer.... lol
· Il y a plus de 12 ans ·magda-rosemer
désolée c encore + "astructuré" ke prévu, tt était par ordre chronologike et je n'avais pas remanié, ms là la mise en page a sauté c carrément illisible... :((( je v demander à kkn ki s'y connaît en informatike de mettre ça "mieux"...............
· Il y a plus de 12 ans ·magda-rosemer