Atavismes

         Il y a sous mes ongles des entrées vers le passé atavique de l’humanité.  Elles sont glorieusement importantes.  Résident dans ce passé des réservoirs de force, des formes ingénieuses de vivre et les clés de nos caractéristiques présentes, nous, humains de l’ère policée.  Caractéristiques… beautés, fougues, mollesses… idées solidement enracinées…  Mes atavismes sont précieux, ils expliquent et transcendent mes instincts présents, qui parfois sont les chaines mêmes qui me lient aux limites de mon vécu, aux mesquineries, qui me font participer à la stagnation de ma civilisation… parfois, leur essence, à mes atavismes, alimente ces instincts forts qui font de moi un homme libre et créateur, un canal sublime.

         Dans ce passé qui est le terreau sur lequel le présent bâti le futur, il y a l’histoire de mes ancêtres et des autres souches d’humanité, et il y a mes atavismes, que je partage avec l’ensemble des humains, à divers degrés, et que je crois être aussi forts, sinon plus, que l’histoire et son héritage de culture et d’idées, moins profondément enracinés que mes atavismes et leurs mouvements qui semblent irradier de mes os mêmes.

         Les élans sublimes de ce qui est déjà inscrit dans les os… parfois c’est cela qu’il vaut mieux suivre.  La flexibilité est une mauvaise manie si elle nous livre sans cesse aux courants de surface que sont les tendances de pensées et d’actions de nos contemporains.  Il y a, inscrit au sein du corps même, des sources vives et des tensions essentielles qui signifient beaucoup plus que tous les bâtis de l’acquis culturel…  Instincts de race, atavismes agissants ; il y a des voix/voies en nous qui ne se réduisent pas aux constructions culturelles intégrées dans cette vie.

Tiré d'un texte plus long, paru sur http://www.ratures.net/yanb_blog/