Attisés

Christian Lemoine

Les débris de la rengaine brûlent encore, stigmates du goudron fondu. Les bonnes gens offusquées dérivent sur leur sommeil frustré dans la clameur des étincelles. Il en va d’une escouade de véhicules blancs bardés de lignes bleues et rouges. Il en va des engins de chantier bordant les nouveaux itinéraires des banlieusards, voulus par les zélotes du transport collectif qui ne connaissent que la voiture de service et le chauffeur soumis. Il en va de symboles médiocres, d’ennemis au rabais, de sbires pointés du doigt outil des oligarques amateurs de marionnettes. Ceux-ci, qui urinent des substances explosives et s’étonnent des incendies. Ils suscitent des excités intraitables et crient au scandale des pillages et des brasiers. Des nuits de crachats, de déprédations ; des nuits bleues ou rouges, des nuits de bruits et d’éclats aux portes des antres de relégation. Non pas dans la jouissance satisfaite mais effarouchée des opulents, mais derrière les vitrines de leur propre sécheresse, images inversées des étalages obèses qu’ils n’osent aller éventrer de peur de s’en trouver ensevelis. Il en va de singer la surprise, quand le triangle du feu se nourrit des morts prématurées.
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