Attraction
vatomuro
Le quatuor joue Beethoven tandis que la dernière fusée en partance pour la nouvelle planète habitable brûle les derniers litres de carburant Terrien pour s'échapper une dernière fois de la gravité Terrestre et je jette un dernier coup d'œil par le hublot vers le bleu de nos océans que nous quittons et que nous ne reverrons jamais - Pas ceux là en tout cas.
Et à mesure que mon visage se déchire face à la poussée de notre cage de métal je crispe mon cœur en pensant à Mozart, Van Gogh, Michel Ange, Rimbaud et tous les autres que nous laissons en bas, je pense au génie qui s'embrasera dans quelques milliards d'années, soufflé par l'implosion du Soleil, happé par la nébulosité destructrice, je pense à notre mort à tous et je souris, car la fin de toute chose rassure car elle annule la gravité des moments.
Petit à petit notre planète devient une luminosité parmi tant d'autres dans l'obscurité sidérale et je me surprends à sentir déjà la disparition dans mon intérieur de notre paradis terrestre et je veux crier mais mon scaphandre ne laisse passer aucun son et je me dis qu'il n'y a rien de pire que d'abandonner l'endroit où l'on est né et que rien ne pourra plus jamais me consoler, si ce n'est la pensée d'un autre endroit où le vent soufflerait dans les feuilles de la même façon qu'il soufflait là bas, en bas, quand il traversait les arbres de mon jardin.