Au dernier message

aile68

Au dernier message de la journée, au dernier soupir, au dernier regard, non il n'est pas mort le poète, il est juste endormi, chercher le code, chercher la flamme qui ouvrira la boîte magique, la boîte secrète qui délivre tant de rimes et de vers libres. Commencer une phrase en sachant ce qu'on veut dire, en sachant où aller malgré la quête qui nous anime, qui nous enflamme. Et en même temps taire ce qu'on veut cacher, un certain passé, ou un présent qui imagine un futur pas si lointain, pas si certain. Appeler "merveille", le premier bébé de la famille, l'aîné, le centre du monde, celui autour duquel le soleil tourne et tourne, c'est la vie quoi! Aujourd'hui, j'ai croisé une grand-mère qui sait pourquoi elle se lève le matin, la famille, les enfants, le travail en dernier lieu parce que ça ne compte pas, ne compte pas, disait-elle, et elle avait raison, ça compte, mais face à la famille, les enfants, ce n'est rien. Donner aussi naissance à autre chose, des trucs chouettes ou moins chouettes, qui comptent ou ne comptent pas ou si peu, un texte, une chanson, une musique lyrique, tant qu'on éprouve des émotions ça compte, ça compte. Imaginer qu'on a fait une rose en sucre, qu'on a donné à boire suffisamment à des fleurs, des légumes, et l'arbre qui pousse dans le parc, soigneusement cerclé de fil de fer.

Au dernier appel de la forêt, au dernier soupir de la montagne avant qu'elle s'endort, triste sort! Tenir le bon bout, tenir bon, tenir tout court, l'art de l'éloquence est-elle synonyme de belles paroles, bien sûr que non, l'éloquence est bien plus puissante que de mièvres paroles, mielleuses ou encore séduisantes en un mot: trompeuses. L'éloquence défend des idées, des gens, des institutions, elle est même noble, abracadabra où ai-je mis mon chapeau? Je m'amuse avec les mots, laissez-moi trouver des jeux de mots, billevesées, anagrammes et, et... Le terme "et" est cruel quand il ne donne pas suite à la phrase qu'on écoutait. Cette dernière se suspend alors, comme au-dessus d'un précipice et on reste pendu aux lèvres de celui qui parlait...

Signaler ce texte